Bonjour à tous
Pour ma part je connais mieux le Haut-Moyen Age. Je sais que si le discours de l'église était (et est toujours) répressif vis à vis des moeurs sexuelles, le peuple lui n'était guère concerné par la morale chrétienne avant la Réforme protestante et la Contre Réforme Catholique du XVIIe siècle. Dans l'Antiquité Tardive (IIIe-VIe siècles), les lois romaines sont de plus en plus répressives vis à vis des adultères et pratiques dites déviantes mais elles ne concernent que la couche supérieure de la société (les honestories ou "honnêtes gens") tandis que les masses populaires en sont dispensées (les humiliores). Par exemple, dans une auberge, il est permis aux servantes de coucher avec qui elles veulent mais pas à la femme de l'aubergiste, qui risque la peine de mort si elle trompe son mari, et son mari une condamnation pour proxénétisme s'il ne dénonce pas ses infidélités. Mais même concernant les couches supérieures de la société, bien des gens devaient passer outre les lois. Par exemple au VIe siècle, à Constantinople a circulé un livre d'Aristénète qui en dit long sur les moeurs de la haute société byzantine: on dévoile des stratagèmes des femmes pour pouvoir tromper leurs maris, à des jeunes filles pour faire croire qu'elles sont toujours vierges au mariage, etc. Un passage de ce livre est très érotique: une scène de baignade d'un homme avec sa bien aimée, il faudra que je retrouve ce passage pour vous montrer que l'érotisme existait bien au début du moyen-âge.
Dans les légendes celtes du haut-moyen-âge, on voit par ailleurs que les hommes et les femmes chez les bretons se mariaient assez facilement, parfois le jour même de leur rencontre. Le mariage consistait alors en une fête au village avec banquet, danses, chants, beuveries. Il était consommé le soir même. Les bretons de cette époque pouvaient divorcer très facilement, y compris les femmes, et sans autre motif que la mésentente. Ainsi les couples se faisaient et se défaisaient. On sait que les moeurs celtiques concernaient toute l'Europe du Nord, Germains compris.
Les légendes bretonnes sont à l'origine des légendes arthuriennes écrites au XIIe s. (Chrétien de Troyes entre autres) et ces oeuvres contiennent de l'érotisme et en disent long sur les pratiques sexuelles de l'époque. Je ne suis pas spécialiste de ces récits et j'espère que des personnes de ce forum pourront nous éclairer sur ce sujet. Juste quelques exemples: dans Tristant et Iseult, une grande partie de l'histoire porte sur la liaison secrète des deux amants au nez et à la barbe du roi.
Je connais aussi des histoires qui concernent le VIe siècle en Gaule: l'évêque-historien Grégoire de Tours a été accusé lors d'un procès de diffamation à l'encontre de la reine Frédégonde. Il aurait dit qu'elle avait couché avec l'évêque de Bordeaux. Que cette accusation soit fondée ou non, elle montre qu'on attachait une grande importance à la fidélité de la reine. Ne vous étonnez pas qu'un évêque de ce temps ait pu être mêlé à des affaires de moeurs: les évêques du VIe siècle pouvaient être mariés et avoir des enfants (L'évêque de Nantes St Félix a été sommé par ses pairs de ne plus coucher avec sa femme, cette dernière refusait de faire lit à part quand son mari est devenu évêque).
_________________ Liberté l'histoire connait ton nom mais les hommes l'ont oublié.
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