J'ai bien fait une recherche sur le site: la place qu'à le cimetière ou lieux symboliques de nos morts dans notre vie. Je n'ai pas trouvé matière à réponse pour mes questions. Histoire du cimetière: prémices, évolutions. Quel enseignement familial, éducatif et scolaire sur ce haut lieu d'hommage à nos ancêtres et de la connaissance de la mort, étape utime de nos infimes vies! Quelle place accordons-nous à ces endroits connus, symboliques, mythiques, craints, respectés, ou saccagés ?

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La vie est un long fleuve tranquille.

Bonjour,

Intéressant. Déjà un premier livre :

- LAUWERS, Michel, La naissance du cimetière, Aubier, Paris, 2005.

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne

Jérôme Baschet, dans La Civilisation Féodale, décrit la mutation que connut la société européenne vers l'an Mil, quand les gens se regroupèrent en villages, construits en pierre, centrés sur l'église et le cimetière.
D'une certaine manière, les morts restaient ainsi parmi les vivants, comme symbole de la continuité de la communauté. Et l'église assurait la liaison entre les deux mondes.

Il n'est pas anodin qu'à notre époque comme dans l'Antiquité, le cimetière soit repoussé à la périphérie des villes.

Dans un autre ordre d'idée, il ne faut pas oublier de dire qu'au Moyen-Âge dans certaines villes, les cimetières servaient de refuge la nuit aux brigands, car des règles empêchaient la garde d'y pénétrer.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

"Tu sais qu'on agrandit le cimetière?"
"Eh oui, la vie continue!..."

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Vercingétorix, né sous Louis-Philippe, battit les Chinois un soir à Roncevaux... (air connu)

HIC PATRIAE FINES SISTE SIGNA
HINC CETEROS EXCOLVIMVS LINGVA LEGIBVS ARTIBVS

Le fameux cimetière des Saints Innocents à Paris. Le cimetière étant un lieu sacré bénéficie des mêmes immunités que les églises, donc les hommes en armes ne peuvent y pénétrer.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII

Les cimetières, en pays musulmans (et particulièrement en Egypte), comportent souvent des édicules équipés pour accueillir les survivants tenus de rendre de longues visites aux tombes à dates fixes (le 40ème jour après l'inhumation, par exemple). La famille du défunt (ou de la défunte) y campe. Quand ce "campement" se pérennise (comme une alternative à la crise du logement), on obtient la situation actuelle de la "Cité des Morts" au Caire...

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Une évolution du regard des vivants sur la mort se produit en Europe à partir du 18è siècle. Jusque là, la vision chrétienne demeure. Les cimetières sont groupés auprès des églises en plein centre ville. Le cérémonial est réduit et il n'y a pas de belles tombes, les morts continuent en effet leur vie au ciel et la famille ne songe pas à honorer ses morts qui sont enterrés sans dalle, voire en groupe, pour quelques années, sauf les nobles et les personnalités pour qui l'idéal est de reposer dans l'église ou le monastère, à défaut, le plus près possible, avec une pierre tombale. C'est ainsi que Mozart est enterré dans une fosse commune, sans croix et sans inscription, à Vienne, sans présence de sa femme ni de personne.
Les cimetières en centre ville sont dénoncés au 18è comme insalubres et donc dangereux. Partout en Europe on va les fermer et ouvrir de nouveaux terrains à la périphérie. Ils sont construits par les villes en France à partir de la fin du siècle. Par ailleurs la vision de la mort est sécularisée et chaque famille demande un cérémonial de deuil, une tombe pour une durèe plus longue, avec un emplacement réservé, un cercueil de qualité, une dalle avec inscription, une croix. On pleure le défunt de la maison à la tombe, la mort est un malheur, un prêtre procède à la cérémonie tout du long . C'est la nouvelle conception romantique de la mort, toujours en vigueur mais allégée de plus en plus.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

La thématique du cimetière, pour l'époque médiévale du moins - celle que je connais la moins mal - est en effet très riche car elle s'inscrit en plein dans la dynamique actuelle autour de la réflexion sur l'espace. Le livre de Lauwers, s'inspirant entre autre des thèmes développés par Alain Guerreau (tout comme celui de Baschet, que vous faites bien, je crois, de citer), explique que le cimetière chrétien est une réalité historiquement datable : d'où la "Naissance du cimetière".

Monique Bourin l'évoque aussi dans ses livres où elle traite de l'inecclesiamento : il existe un moment de resserrement des "liens sociaux", probablement entre le Xème et le XIIème siècle, où on enterre de plus en plus les morts à proximité des vivants. Le cimetière est alors un espace de vie, que l'on le traverse au quotidien, bien qu'il y existe des règles nombreuses. On y trouve tout un monde d'artisans variés (métiers dégageant des odeurs) et les règlements y fleurissent (pour interdire qu'on y plante des habitations, qu'on fasse en sorte que les animaux n'y rentrent pas, etc. il faut revoir Lauwers pour ces questions), de même que les conflits (les enterrements dégagent un certain bénéfice, entre autre pour les chanoines).
L'histoire du cimetière est donc intimement liée à celle de l'Eglise (et de l'église, cf. Dominique Iogna-Prat).

Il faut que je relise pour mieux contribuer.
Cordialement.

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne

Mais alors, que prépare notre République pour nos morts dans l'avenir? Quels projets architecturaux pour nos futures villes? Quelles éducations laïques pour cette étape dans nos établissements scolaires? ....le grand vide?

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La vie est un long fleuve tranquille.

La pratique de la crémation semble se répandre (l'Eglise l'autorise ; pas le monde juif ni le monde musulman) et les "projets architecturaux" concernent aussi désormais l'aménagement d'espaces verts pour la conservation des urnes funéraires.
Les établissements scolaires laïques ont-ils à intervenir pour gérer, non pas les modalités de début et fin de vie, mais leur "sens" ? Plutôt que devant un grand vide, on se trouve dans des franges ambiguës où le domaine privé (et éventuellement "religieux") et le domaine public (et éventuellement "laïque") se rencontrent...

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Les cimetières sont une compétence municipale.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Certes... mais les responsables municipaux n'en sont pas moins des humains, des citoyens, des personnes!

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).