gregor a écrit :
Je parlais de la Grèce de la période archaïque et non achéenne.
Quand aux représentations, c'est bien simple : elles sont le fruit d'artistes qui obéissaient à un critère esthétique pour leurs représentations masculines. Ce critère tendait à représenter les hommes selon un idéal androgyne, éloigné de la réalité virile.
Je ne crois pas que ce soit un critère purement esthétique, et qu'il y ait un "idéal androgyne éloigné de la réalité virile" (je conteste surtout l'emploi que vous faites de l'expression "réalité virile" comme s'il s'agissait d'une nature donnée dès la naissance alors que les critères de virilité sont des constructions culturelles tout autant que les critères de féminité
).
En fait, l'ambivalence que vous remarquez dans la statuaire antique se retrouve dans la littérature grecque et en particulier dans l'épopée, où le héros qui se bat offre son corps aux coups, et ce corps revêt alors un aspect d'habitude réservé aux corps féminin : il est blanc, la peau est tendre, douce, fragile, elle est déchirée par les armes (flèches ou lances), etc... Le mot même pour qualifier les douleurs du guerrier _ et la gloire du combat _ est "ponos", qui qualifie également les douleurs de l'enfantement. Je pense que cette vision du corps masculin qui serait androgyne n'est pas réservé seulement à l'époque archaïque, car à mon sens, le choix des matières premières pour la statuaire est aussi important que la forme de la statue _ par exemple, le marbre d'un blanc éclatant me semble la matérialisation de la peau blanche et éclatante.
Si on suit Nicole Loraux (
les Expériences de Tirésias, un ouvrage passionnant !), il ne s'agit pas tant d'un idéal androgyne que de la réappropriation par l'homme du féminin, après avoir établi une séparation nette entre masculin et féminin. A noter que si l'homme peut se réapproprier le féminin pour devenir un humain complet, la femme ne peut pas s'approprier le masculin, l'ambivalence ne peut être le fait que de la jeune fille encore vierge, autrement dit dont le corps est encore intact.
Au fait, on parlait des cheveux lon/cheveux courts ?
A noter, chez les Romains, que les cheveux courts correspondent à la tempérance et à la civilité attendue du citoyen appelé à exercer une part du pouvoir civique : les cheveux longs chez un adulte signifient le "trop de soin" de son corps ou le "pas assez de soin" proche de la sauvagerie, en tout cas indiquent l'homme gouverné par ses passions, ce que ne saurait être le sévère citoyen !