Les loisirs, durant la période déterminée, à savoir la Belle Epoque, crurent et se diversifièrent fortement. - Ce fut tout d'abord l'avènement du tourisme, non pas de masse certes puisque réservé à une élite fortunée voire aux classes moyennes aisées, et qui vint d'Angleterre autour notamment de Thomas Cook (1808-1892) qui fut véritablement un pionnier, un précurseur du tourisme dans sa forme primitive et qui créa en 1841 son entreprise, laquelle organisa le voyage de nombreux britanniques à l'exposition universelle qui se tint à Paris en 1855. Ainsi s'aménagèrent des stations balnéaires comme Arcachon dans le département de la Gironde qui fut vantée par les frères Emile et Isaac Péreire (célèbres banquiers et industriels) qui firent l'éloge du cadre de vie et insistèrent sur la "renaissance" physique et mentale permise par celui-ci. On peut aussi évoquer l'influence de l'impératrice Eugénie à Biarritz et du duc de Morny, demi-frère de l'empereur, à Deauville. Mais aussi Nice (française depuis le plébiscite de 1860) et Monaco (dans celle-ci, on peut parler d'un autre loisir, le jeu, qui est "boosté" par l'Allemand François Blanc): en un mot, la Côte d'Azur (le mot en lui-même date de 1887). D'autre part le tourisme alpin se développe-t-il également (Chamonix; création du Club Alpin en 1874). S'il reste que le tourisme à la Belle Epoque est un loisir rare, il n'en est pas moins vrai qu'il se diversifie et qu'il tend lentement à se démocratiser (démocratisation profitant aux classes moyennes fortunées).
- On continua de se rendre au théâtre mais les cafés chantants vinrent peu à peu le concurrencer. Ces derniers possèdent de fait l'avantage d'être moins contraignants que le théâtre. L'on peut par exemple y fumer, y entrer gratuitement, en sortir lorsque l'envie nous en prend. Aussi l'ambiance générale est-elle beaucoup plus décontractée (le théâtre reste rigide, alors quand on lui compare les chansons populaires d'une Thérésa par exemple, on en comprend mieux cette décontraction). En outre l'essor du café-spectacle est-il permis par un autre essor, celui de la musique qui est alors, sous la monarchie de Juillet, dans un véritable âge d'or. Assurément un prodrome du succès du music-hall.
- Le cinéma, dont les pères sont Auguste et Louis Lumière, lesquels font découvrir à un public alors peu nombreux, l'invention qu'ils ont mis au point. Cet art va vraiment susciter une grande passion auprès du grand public. Dès 1902, un autre Français, Georges Méliès, va tenter de manier les images et par là créer des "effets spéciaux". Il faut absolument voir son "Voyage dans la Lune", court-métrage de 14min réalisé cette année-là et dans lequel le professeur Barbenfouillis, incarné par Méliès lui-même, convainc des collègues de tenter de se rendre sur la Lune. Via une sorte de canon est propulsé un missile dans lequel les scientifiques sont entrés, missile qui atterrit dans l'œil droit de la Lune (l'image est devenue très célèbre) alors que les scientifiques sont bientôt capturés par d'étranges créatures, des Sélénites... Bref, c'est un loisir de masse bientôt exploité par les sociétés cinématographiques pionnières que sont Pathé et Gaumont. A noter aussi que le cinéma permet, grâce au Pathé-Journal crée en 1908, de connaître l'actualité. Des acteurs devinrent ainsi très célèbres, à l'instar de Max Linder.
- C'est aussi l'époque où les cirques continuent d'attirer de nombreux Français. Beaucoup avaient été créés dans la seconde moitié du XIXème siècle et leur succès ne se démentit pas à la Belle Epoque.
- Et enfin le sport qui devient un "sport spectacle et compétition", c'est-à-dire que les événements sportifs, organisés de manière à être non pas nécessairement des démonstrations mais des compétitions, attirent un nombre croissant d'individus à s'y intéresser. Il est assez étonnant de voir le nombre de compétitions sportives à grand succès qui furent créées dans un laps de temps très court: je pense notamment au Paris-Roubaix crée en 1896 par Théodore Vienne et qui voit la victoire cette année-là de l'Allemand Josef Fischer; aux Jeux Olympiques remis à la mode par Pierre de Coubertin et dont la première édition a lieu dans son berceau, à Athènes; de la coupe Davis (bon certes, nous ne sommes plus sur le territoire français) créée en 1901, du Tour de France en 1903 par Henri Desgrange (alors directeur du quotidien sportif l'Auto qui a vu le jour trois ans auparavant) et dont le premier vainqueur est Maurice Garin...qui avait été troisième lors de la première édition du Paris-Roubaix ! On aurait aussi pu évoquer le tournoi des cinq nations (1910) ou encore la Coupe de France de football (même si je déborde les bornes chronologiques puisqu'elle est créée en 1917), ou pourquoi pas la création des clubs de football: OM (1899), RC Lens (1906), OGC Nice (1908)...
Les loisirs furent donc pléthoriques et multipliables à souhait. Bricolage, escalade, randonnée, marche en firent partie également.
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