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Message Publié : 12 Mars 2010 9:30 
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Jean Mabillon
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Je pense que l'on peut faire rentrer ce sujet, qui touche aux rapports entre l'humanité et les pierres précieuses, dans l'histoire des moeurs. Portés ou appréciés par presque tous les plus grands personnages de l'histoire, ces petits "caillous" en ont vu des événements ou des drames, des gens se battre pour eux...

Pour commencer, je voudrais signaler un très bon site sur l'histoire de certaines pierres précieuses: http://www.lamanchette.com

Entre autres:

Le Youssoupoff, la bonne étoile du prince Felix

Le Youssoupoff est un superbe diamant de Golconde, également appelé l’Etoile polaire en raison de la taille en étoile (stellar cut) de son pavillon, qui rend la pierre exceptionnellement brillante. Elle est si symétrique qu’elle peut reposer sur sa pointe, dont la colette est pourtant très étroite. Avec son poids de 41, 28 carats métriques, le Youssoupoff est l’un des plus beaux diamants au monde.

Le diamant est acquis au XIXe siècle par la princesse Tatiana Youssoupoff, fille du comte de Ribeaupierre, émigré français sous la Révolution. Elle-même, puis sa fille unique Zénaïde (1861-1939), sont à l’origine de la plus fabuleuse collection personnelle de pierreries du XIXe siècle. La famille Youssoupoff est alors réputée “plus riche que le tsar”, grâce aux dividendes de placements effectués dans plus de 3000 sociétés, et aux revenus de domaines immenses dont l’étendue se chiffre en millions d’hectares. Une des propriétés des Youssoupoff, sur la mer Caspienne, s’étend alors sur 250 km de long. Dans le palais du 94, quai de la Moïka à Saint-Pétersbourg deux chambres fortes aménagées dans les sous-sols, et auxquelles on accède par un corridor secret depuis la galerie des tableaux, abritent des amoncellements de joyaux évalués à 300 millions de francs-or.

Lors de la révolution de 1917, le fils de Zénaïde, le prince Felix Youssoupoff (1887-1967) emporte avec lui l’Etoile polaire, parmi d’autres joyaux - notamment la perle Périgrina - et quelques toiles de maîtres. La vente de la pierre à Cartier (Londres) en 1924 permet au prince exilé de créer à Paris sa propre maison de couture, Irfé. Les modèles - et les parfums - créés par le prince Felix sont alors connus pour leurs lignes androgynes. La mode est aux robes et aux coiffures “à la garçonne” pour les femmes, tandis que triomphe un idéal masculin à la virilité très maquillée, incarnée à l’écran par Rudolph Valentino.

Né en 1887, Son Altesse Sérénissime le prince Felix Felixovitch Youssoupoff est connu pour sa beauté ambigüe d’éternel adolescent. Doté d’une grande intelligence et de goûts artistiques très sûrs, diplômé d’Oxford, il scandalise très jeune la cour du Tsar par sa vie dissolue. Marié à la grande-duchesse Irina Alexandrovna, nièce de Nicolas II, avec laquelle il forme un couple très soudé, il affirme néanmoins très tôt sa bisexualité, collectionnant les conquêtes féminines et masculines. On lui prête notamment une liaison avec le grand duc Dimitri Pavlovitch, cousin germain du tsar Nicolas II. Lors d’une soirée petersbourgeoise, travesti en chanteuse légère, il est reconnu par les somptueux joyaux puisés dans l’écrin de sa mère, la princesse Zénaïde.

En 1916, il dirige le complot qui assassine le célèbre Grichka Raspoutine, un mystique errant et inquiétant qui, par les soins qu’il prodigue au tsarévitch, le jeune fils de Nicolas II, acquiert une influence considérable sur la Tsarine et le Tsar. Devant la résistance de Raspoutine au cyanure, le prince Felix et les conjurés tirent sur lui trois coups de feu dont l’un l’atteint au front : le “staretz” respire pourtant encore. Les conjurés le jettent alors dans un trou pratiqué dans la glace qui couvre la petite Neva. Exilé en 1919, Felix Youssouppoff est resté jusqu’à sa mort en 1967 une figure mondaine et artistique éminente de la patrie de son arrière-grand-père, la France. Il reste toute sa vie hanté par la mort sauvage de Raspoutine, qui lui cause des cauchemars incessants. Comment ne pas être frappé en effet par le constraste terrible entre le mystique hirsute et l’androgyne gracile ? Entre la délicatesse luxueuse des Youssoupouff et le meurtre effrayant du moine ? André de Fouquières raconte, dans les années 20, sa rencontre avec Youssoupoff : “Je vis ce jour-là un jeune homme pâle, assis à une table de bridge, en face de la grande-duchesse Anastasie. Comme on me présentait, il me tendit, le plus gracieusement du monde, une main fine, aristocratique et délicate, que je pris, sans savoir alors que c’était cette main-là qui avait poussé sous les blocs de glace qu’emportait la Néva, la tête du moine maudit ! Et j’entendis nommer le prince Youssoupoff”. (in Cinquante ans de panache, Ed. Pierre Horay, 1951, p. 227-228).

Il publie en 1927 J’ai tué Raspoutine puis, dans les années 50, ses Mémoires.

Quant au diamant Youssoupoff, il est vendu en 1928 à lady Detering, épouse du fondateur de la Royal Dutch Shell. Mis aux enchères après sa mort, en 1980, par Christie’s, il a trouvé preneur à plus de 5 millions de dollars.


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Message Publié : 12 Mars 2010 9:53 
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Plutarque
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Très intéressant...Je ne connaissais pas cette histoire!


Je citerais aussi le Régent et le Hope,célèbres pierres précieuses ayant connu bien des vicissitudes.

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Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. Charles Baudelaire


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Message Publié : 12 Mars 2010 16:28 
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Eginhard
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Milady a écrit :
Je citerais aussi le Régent et le Hope,célèbres pierres précieuses ayant connu bien des vicissitudes.


Ah , le Hope ...le diamant qui porterait malheur ! Du moins si on en croit ce résumé trouvé sur le net :

Jean de Tavernier, un aventurier, le (le Hope ) vendit à Louis XIV. Mal lui en a prit : la légende raconte qu’il fut dévoré peu après par des chiens dans une forêt des environs de Versailles.

Nicolas Fouquet, surintendant des finances du royaume, eu le privilège de le porter lors d’une fête : le lendemain il fut arrêté et emprisonné jusqu’à la fin de ses jours. Le Roi Soleil accorda le même privilège à Madame de Montespan : Elle tomba peu après en disgrâce. Un siècle plus tard Marie-Antoinette et son amie la princesse de Lamballe ne purent résister à la tentation de porter l’étrange diamant : la première fut guillotinée et la seconde fut violée, massacrée et déchiquetée en prison. Dérobé à la Révolution, on retrouva le joyau à Amsterdam en 1830. Il fut racheté par un financier britannique, Henri Thomas Hope. Le malheur s’empara de ses descendants : Francis Hope, Duc de Newcastle, offrit le diamant à son épouse l’actrice May Yohe. Il fut ruiné et cette dernière le quitta… avant de mourir de misère (à son tour) dans les ruelles des docks sordides de Newcastle. En 1901, son nouvel acquéreur, un joaillier américain, fit faillite.

Le diamant tomba alors entre les mains du français Jacques Collot : il devint fou et se suicida. Il avait peu avant vendu le joyau au prince Poniatowski, de Varsovie : celui-ci tua sa maîtresse dès qu’elle eut porté le diamant pour la première fois… avant de s’écrouler à son tour, poignardé par un révolutionnaire. Le « Hope » échoua alors dans la poche d’un bijoutier grec, qui le revendit à un sultan turc : rapidement, le premier mourut en tombant dans un précipice et le second, après avoir tué sa femme, perdit son trône. En 1909, Halid, nouvel acquéreur du Diamant bleu, mourut noyé en mer. En 1912 les McLean le rachetèrent : morts, ruines et divorces furent le lot de la famille. Madame McLean, épouvantée, déclara que « tous nos malheurs ont commencé avec l’achat de ce diamant ». Et c’est alors que Harry Winston, un des plus grands diamantaires au monde, en prit possession en 1949. Le mauvais sort semble s’être arrêté depuis. L’histoire montrera que Harry Winston pas plus que Denise Darcel n’ont connu de malheurs particuliers, même si l’actrice dut interrompre sa carrière à Hollywood après avoir refusé certaines avances. Le joaillier new-yorkais a fait don du Diamant bleu au Smithsonian Instuitute de Washington. Aujourd’hui encore il y est visible, dans une pièce réservée


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Message Publié : 12 Mars 2010 18:51 
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Le Hope a une particularité très intéressante et que j'ai découverte la semaine dernière sans un documentaire sur France 5. Les diamants bleus ont cette couleur à cause d'un élément chimique : le bore. La présence du bore change les caractéristiques physico-chimiques du diamant. Un diamant normal est un assez piètre conducteur, mais il est un excellent conducteur thermique. C'est l'un de ses usages dans l'industrie. Un diamant bleu est un très bon conducteur thermique et un excellent semi-conducteur. Divers industriels essayent de créer des diamants industriels qui pourraient être utilisés en microinformatique.
La limite actuelle en microinformatique est due à l'échauffement des puces en silicium. Avec du diamant, ce problème disparait. Des essais très prometteurs ont été faits et si l'industrie arrive à les faire passer au stades industriel, dans 20-30 ans, ce sont des puces de diamants qui battront au cœur de nos ordinateurs.

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Message Publié : 13 Mars 2010 23:40 
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Jean Mabillon
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Res publica a écrit :
Ah , le Hope ...le diamant qui porterait malheur ! Du moins si on en croit ce résumé trouvé sur le net
...
8-| C'est incroyable. Je savais qu'on parlait d'une "malédiction" mais à ce point... Cependant, j'ai un gros doute: tout ceci est-il avéré?
Je vois déjà une erreur: Jean-Baptiste Tavernier n'est pas mort dans les bois autour de Versailles mais à Moscou bien des années plus tard.


A propos du joyau de la Smithsonian Institution, j'ai lu quelque part que c'était l'objet le plus visité du monde. :?:


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Message Publié : 14 Mars 2010 23:43 
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Eginhard
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Enki-Ea a écrit :
Cependant, j'ai un gros doute: tout ceci est-il avéré?


Euh... pas sûr :oops: Je n'avais guère pris le temps de vérifier celà avant de vous le "balancer" ; sur un autre site , sont évoquées encore bien d'autres "victimes" du fameux diamant : je crois qu'on devrait se contenter de savoir qu'il existe une légende noire du diamant bleu :wink:


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Message Publié : 15 Mars 2010 1:23 
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Il y a bien une légende noire qui entoure le Hope. Mais comme disait un scientifique au sujet d'une autre légende noire : "Vous savez, je peux prendre une cuillère en argent d'un service d'une grande famille et prétendre qu'elle porte bonheur ou malheur. ... Et vous le démontrer de manière quasi irréfutable!" Ou quelque chose de similaire. Si vous le désirez, il est facile de lier une légende noire à n'importe quoi.

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Message Publié : 15 Mars 2010 11:18 
Le Hope est sûrement la pierre précieuse la plus connue. C'est en 1668 que le roi Louis XIV l'avait achetée à Jean-Baptiste Tavernier qui revenait alors des Indes. Il se trouva sur l'insigne de la toison d'or après une demande de Louis XV. Or, le diamant disparut en 1792. Mais il semble avoir été retrouvé en 2007. De fait, il était tout simplement exposé à la Smithsonian Institution de Washington (Harry Winston en avait fait don au musée) ! où on l'avait affublé du nom de Hope, en référence à Henry Philip Hope qui l'avait acquis au début du XIXème siècle.

On a pu parler d'étranges pouvoirs concernant ce diamant. Wiki parle d'une fin tragique pour Tavernier, Fouquet qui l'a possédé (apparemment pour un dîner) et a été emprisonné en septembre 1661.


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Message Publié : 15 Mars 2010 12:32 
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Jean Mabillon
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Averm a écrit :
Le Hope est sûrement la pierre précieuse la plus connue. C'est en 1668 que le roi Louis XIV l'avait achetée à Jean-Baptiste Tavernier qui revenait alors des Indes. Il se trouva sur l'insigne de la toison d'or après une demande de Louis XV. Or, le diamant disparut en 1792. Mais il semble avoir été retrouvé en 2007. De fait, il était tout simplement exposé à la Smithsonian Institution de Washington (Harry Winston en avait fait don au musée) ! où on l'avait affublé du nom de Hope, en référence à Henry Philip Hope qui l'avait acquis au début du XIXème siècle.
On a pu parler d'étranges pouvoirs concernant ce diamant. Wiki parle d'une fin tragique pour Tavernier, Fouquet qui l'a possédé (apparemment pour un dîner) et a été emprisonné en septembre 1661.
Heu... oui, on a parlé de tout cela juste au-dessus... :wink:


Res Publica, il semble en fait que la légende de la malédiction ait vraiment commencé avec la parution d'un livre - « The Mystery of the Hope Diamond » - par May Yohe (épouse de Francis Hope Pelham-Clinton-Hope), où elle explique ses déboires par la malédiction du diamant.
Ceci dit, si la "malédiction" pendant l'Ancien-régime ressemble plus à une farce qu'autre chose - de tous ses possesseurs, seuls Louis XVI et Marie-Antoinette ont connu des moments... difficiles ; les malédictions de Tavernier ou Fouquet relèvent de la légende, Louis XIV et louis XV n'ont pas eu de problèmes -, il semble quand même qu'il y ait eu une certaine accumulation aux XIXème et XXème... hmm hmm...


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Message Publié : 16 Mars 2010 12:27 
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Jean Mabillon
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Parlons un peu du plus gros diamant jamais découvert: le Cullinan sud-africain.

De 3106 carats (ou la taille d'un poing! 8-| ), il fut découvert en 1905 à Premier Mine en Afrique du Sud. La mine appartenait à Thomas Cullinan, d'où le nom.

L'anecdote de son transfert à Londres est connue et superbe : un leurre fut mis en place (un faux Cullinan prenait place sur un navire fortement surveillé tandis que le vrai diamant était tout simplement envoyé par la poste en paquet ordinaire !

Edouard VII envoie la pierre à Amsterdan et confie à Joseph Asscher le soin de tailler le diamant; au premier coup, le couteau d'acier se brise ! Finalement, le diamant est clivé en plusieurs parties (neuf au total), les deux plus gros morceaux donnant le Cullinan I et Cullinan II. On peut voir ici les 9 morceaux du Cullinam original:

Image

Le Cullinan I - aussi appelé Grande Etoile d'Afrique (Great Star of Africa) - reste le plus gros diamant au monde après le Golden Jubilee. Son poids est de 530.2 carats. Il a pris place sur le sceptre impérial britannique, à la Tour de Londres.
Le Cullinan II - ou Petite Etoile d'Afrique (Lesser Star of Africa) - fait 317,4 carats.

A noter enfin que cette fabuleuse mine Cullinan continue à sortir des pierres exceptionnelles:
http://www.leblogluxe.com/2009/09/decou ... u-sud.html


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Message Publié : 31 Mars 2010 10:06 
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Jean Mabillon
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Le Grand Condé a-t-il appartenu au... Grand Condé? Rien n'est moins sûr.

L’inventaire dressé au décès du Prince en 1686 ne mentionne pas ce diamant et le diamant rose n'apparaît pour la première fois qu'en 1713 quand Anne de Bavière, belle-fille du grand général, le lègue à son propre petit-fils, Louis-Henri de Bourbon. Toutefois, la taille de la pierre, qui s’incrit parmi les premières tailles brillant, comme le Wittelsbach, semble indiquer le XVIIème siècle.

En 1886, le Duc d'Aumale lègue le château de Chantilly et ses collections (dont le diamant) à l'Insitut de france.

Image

En 1926, le diamant se retrouve au centre d'une célèbre affaire de vol :

Six millions de francs dans une pomme : le vol du Condé !

Suzanne Schiltz, femme de chambre du Metropol Hotel, boulevard de Strasbourg à Paris, est chargée par son patron de la délicate mission de fouiller les bagages d’une chambre. L’hôtelier, qui craint les voyageurs qui déménagent à la cloche de bois, a parfois recourt à cette pratique indiscrète. Les deux jeunes Alsaciens qui occupent la chambre ont éveillé la méfiance du commerçant avisé, par leur conduite suspecte et leurs conciliabules qui laissent présager les mauvais payeurs.

Ce 20 décembre 1926, dans la deuxième valise, au milieu des vêtements, Suzanne Schiltz trouve une belle pomme rouge oubliée. Elle y mord à belles dents, et pousse un cri : la bouche en sang, elle recrache une pierre rose de 2 cm de long. Elle reconnait sans peine le Grand Condé, le diamant rose du Trésor de Chantilly.

La pierre illustre la une des journaux depuis qu’elle a été volée dans la nuit du 11 au 12 octobre 1926. La popularité du conservateur du château, en poste depuis 1925, assure également une grande publicité au fait divers: le maréchal Philippe Pétain.

Suzanne Schiltz prévient immédiatement son patron, qui alerte la Police, dont l’enquête s’enlisait depuis deux mois. Les deux jeunes Alsaciens - Léon Kaufer, 29 ans, négociant en poil de lapin angora, et Emile Souter, 21 ans - sont aussitôt “cueillis” au Metropol. On découvre que le casse de l’année a été mené par deux petites gouapes en mal d’argent. Un larcin d’une banalité affligeante reste à l’origine de pertes immenses.

Le 11 octobre 1926, Kaufer et Souter prennent le train gare du Nord à Paris, et arrivent à Chantily vers 20h. Les deux hommes traînent alors, jusqu’au château, une échelle volée sur l’hippodrome. Ils escaladent la tour du Trésor, cassent les vitrines et rentrent à Paris avec leur butin estimé à plusieurs millions en pierreries et métaux précieux. Le Condé, à lui seul, est alors estimé à plus de 6 millions de francs.

Les soixante-neuf objets dérobés subissent alors un sort tragique. Soucieux que ces bijoux ne soient pas reconnus, Kaufer et Souter en font sauter les pierres au couteau, à la va-vite. L’or et l’argent sont fondus, et les 684 diamants vendus à un prix défiant toute concurrence à une bijoutière, décidément bien peu curieuse, du boulevard de Strasbourg. Tout ce qui paraît encore trop identifiable est jeté dans la Seine! Des reliques inestimables disparaissent ainsi, emportées par le fleuve ou fondues, comme les deux ducats d’or qu’on retrouva sur la depouille du duc d’Enghien lorsqu’il fut exhumé des fossés de Vincennes.

Un autre sort attendait le Grand Condé. Invendable, parce que trop connu, il doit être envoyé à la retaille le 23 décembre, en Argentine. La gourmandise de Suzanne Schiltz, trois jours avant l’echéance, a sauvé le joyau.

Les deux voleurs sont traduits en justice en juin 1927. Une foule mondaine se presse au procès, qui se tient devant la Cour d’Assise de Beauvais. Les accusés, eux, jouent d’une célébrité acquise à la manière d’Erostrate, mais qui s’avère bien éphémère. Après trois jours d’audience, Kaufer et Souter sont condamnés respectivement à dix et huit ans de réclusion criminelle.

Les pierres retrouvées chez la bijoutière du boulevard de Strasbourg sont remontées dans une création originale, autour du diamant Penthièvre. Le retour des bijoux au Château de Chantilly est consigné dans un procès verbal du 29 juin 1927, mais le Grand Condé n’est plus, depuis ce vol, présenté au public. Alors que l’original est à l’abri au fond d’un coffre du château, qu’il ne doit, par disposition testamentaire, pas quitter. C’est une réplique qui peut être aujourd’hui admirée par le public.


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Message Publié : 31 Mai 2010 18:08 
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Jean Mabillon
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Allez, remontons un peu ce fil brillant de mille feux avec le Vert de Dresde.

D’un joli vert et taillé en poire, il pèse 40,70 carats. Cette pierre, en provenance des Indes, est acquise par l’Electeur de Saxe Frédéric-Auguste II en 1741. Montée d’abord sur une spectaculaire Toison d’Or, elle est remontée en agrafe de chapeau à la fin du siècle. Confisquée à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale par les troupes soviétiques, elle est exposée au Kremlin jusqu’en 1958, date à laquelle elle est restituée à la République Démocratique Allemande. On peut aujourd’hui l’admirer dans la fameuse salle de la Voûte verte à Dresde.


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Message Publié : 31 Mai 2010 19:17 
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Localisation : nederland
"L’artiste britannique Damien Hirst, figure emblématique de l’art conceptuel, a dévoilé sa dernière oeuvre: un moulage d’un crâne humain incrusté de diamants d’une valeur de 74 millions d’euros. :rool:
L’oeuvre, intitulée « For The Love Of God » (« Pour l’Amour de Dieu »), est la copie en platine d’un crâne du 18ème siècle, parsemé de 8.601 diamants, dont l’origine a été vérifiée pour s’assurer qu’ils ne proviennent pas d’un marché de contrebande"

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Ecrire l'Histoire, c'est foutre la pagaille dans la Géographie.
[Daniel Pennac]


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Message Publié : 01 Juin 2010 16:00 
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Localisation : Région Parisienne
Le vert de Dresde:

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 18 Nov 2010 18:51 
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Jean Mabillon
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L'actualité nous rattrape...

Jusqu'ici, le diamant ayant atteint la plus grande somme aux enchères était le Wittelsbach bleu, adjugé le 10 décembre 2008 pour 18 millions d'euros.

(...) pierre exceptionnelle par sa couleur, par ses dimensions - elle pèse 35,56 carats- et par sa taille, l’un des plus beaux témoignages de la révolution qui, du XVe au XVIIIe siècle, conduit à la taille “brillant”. Le Wittelsbach bleu, avec sa large table, sa couronne brillantée et son pavillon très facetté en étoile, est considéré comme le premier diamant de taille brillant attesté avant 1664. La trace de ce diamant remonte à 1664 lorsqu'il a été offert par le roi Philippe IV d'Espagne à sa fille, l'infante Margarita Teresa, peu de temps avant son mariage avec l'empereur Leopold Ier d'Autriche. Le diamant est ensuite entré en 1772 en possession des Wittelsbach, de la maison de Bavière. L’Electeur de Bavière Charles Albert von Wittelsbach qui entre en possession de la pierre bleue par son mariage en 1722, la tenait pour un précieux porte-bonheur. En 1931, il a été cédé à Christie's lors d'une vente mystérieuse au cours de laquelle la pierre a été remplacée par un vulgaire morceau de verre, raconte le musée d'histoire naturelle de Washington. Le Wittesbach-Graff est ensuite réapparu en Belgique en 1951 et présenté, sans attribution, à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958.
(...)
Jusqu’à la fin du XXe siècle, les bijoux sont fréquemment démontés, et les pierres retaillées sans état d’âme. Louis XVI ordonne en 1784 la retaille du quatrième Mazarin, qui passe ainsi d’une rose de 24,92 carats à un brillant de 14 carats, et Victoria fait superviser par le prince consort la retaille du Koh i Noor en 1852, perdant à jamais ce témoignage unique de l’art de la taille moghole au XVIIe siècle. Le Massimo, seul collier de diamants de la reine Marie-Antoinette conservé dans un écrin à ses armes, est dispersé pierre à pierre en 1971 par… Christie’s ! Le Wittelsbach lui-même a échappé de fort peu à une retaille en 1962 grace à la vigilance de Joseph Komkommer et de son fils Jacques, qui ont formellement identifié le joyau alors disparu et ont constitué un consortium de passionnés pour le racheter.
(...)


Désormais, c'est un diamant "sans histoire" qui détient le record du monde: 33 millions d'euros hier à Genève.

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http://www.elpais.com/articulo/cultura/ ... ucul_2/Tes


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