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Message Publié : 19 Oct 2006 18:42 
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Salluste
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Merci Léonidas, mais je m'interroge surtout sur l'embaumement des roi de France :wink:


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Message Publié : 19 Oct 2006 19:27 
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Grégoire de Tours
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Ceci peut déjà donner une petite idée des techniques utilisables... Ames sensibles s'abstenir !


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Le connétable Bertrand peut s'enorgueillir, à titre posthume d'être sans nul doute le seul défunt du monde à posséder quatre tombeaux. Non quatre tombeaux successifs mais quatre résidences effectives pareillement authentiques.
Il avait eu la mauvaise idée de mourir à la mi-juillet, au temps des fortes chaleurs, après avoir exprimé le désir d'être enseveli à Dinan en Bretagne. Cela posa des problèmes d'embaumement.
A Chateauneuf-de-Randan (Lozère), on laissa mariner le corps selon une recette rudimentaire, quelques heures dans le vinaigre. Ensuite on fréta une voiture et on le mit en route dans son cercueil de chêne, encadré par ses chevaliers qui le pleuraient comme un père. C'était la saison, où comme disent les crémiers la marchandise tourne vite. Après dix heures de voyage quand on atteignit Le Puy il fallut bien se rendre compte d'une chose : en dépit du vinaigre le connétable sentait. Il sentait même très fort. On le déposa dans l'église des Jacobins et beaucoup d'habitants, informés de son passage, vinrent rendre hommage au grand capitaine.

Au Puy le corps est embaumé, . A Montferrand, l'embaumement se révèle insuffisant : il faut faire bouillir les chairs pour les détacher des os et les ensevelir dans l'église . Au Mans, qu'on gagne par voie d'eau, un officier du roi apporte l'ordre de conduire le corps à St-Denis : le squelette lui est alors remis.

Le lendemain matin, les moines constatèrent qu'il ne pouvait continuer son voyage sans de nouveaux assaisonnements. On le sortit donc de son emballage, on le coucha sur une table, on l'ouvrit proprement à la manière d'un poisson, le cœur fut placé dans une boîte de plomb la Ventrada scellée en une cavité pratiquée dans la muraille de la chapelle consacrée à Ste Anne. les entrailles sont prélevées et enterrées dans l'église des Jacobins, aujourd'hui St Laurent. C'est là son premier tombeau. On peut le voir en gisant, les mains jointes, couvert de son armure, moins le casque qu'on ne donnait qu'aux guerriers tombés sur le champ de bataille, avec cette épitaphe :
"Ci-gist honorable et vaillant messire Bertrand CLAIKIN, comte de Longueville, jadis connétable de France qui trépassa l'an MCCCLXXX, le XIIIème jour de juillet".Les consuls du Puy le régalèrent d'un service magnifique dans lequel 25O torches brûlèrent durant toute la cérémonie. La bière était couverte d'un drap d'or bordé de noir et brodé de ses armes. Un maître en théologie du collège prononça son oraison funèbre.

Le lendemain, le cercueil se mit en route. Il fallut deux jours pour atteindre Montferrand par un temps orageux qui n'arrangeait pas les choses. Le duc de Berry avait ordonné aux consuls, notables, moines et abbés montferrandais de rendre à la glorieuse dépouille tous les honneurs qui lui étaient dus. Une procession interminable de religieux, civils, hommes d'armes alla attendre le convoi funèbre sur la route d'Issoire et elle l'accompagna chez les frères mineurs. Et là, une fois encore il fallut reconnaître une terrible évidence : Les assaisonnements du Puy n'avaient pas résolu le problème et Bertrand Du Guesclin puait plus que jamais.

On décida donc de recourir aux grands moyens. Les cordeliers retroussent leurs manches, prennent dans la cuisine le plus vaste de leur chaudron, le remplissent d'eau à mi-hauteur et le mettent sur le feu. Se bouchant le nez ils s'efforcent ensuite d'y introduire le cadavre. Les chairs en sont flasques et noirâtres, mais les articulations bloquées, les membres raides sont comme des morceaux de bois. On arriva enfin à faire bouillir le cadavre, (avec des choux ? me demanda un plaisantin dans le car !) on enleva des os toutes les chairs qui furent ensuite inhumées dans l'église des Cordeliers détruite en 1793 par les révolutionnaires qui dispersèrent les cendres du connétable. Tel fut le second tombeau dans l'église des Cordeliers. Ce qui restait - les os seuls- réintégra la caisse trop grande. On boucha les vides avec de la laine. Puis le convoi reprit la direction de la Bretagne, honoré en tous lieux par des processions de gens en larmes.

Au Mans, arriva une lettre du roi ordonnant que le connétable fut enterré à St-Denis au pied du tombeau préparé pour lui-même comme s'il eut été son propre fils. .Et ce fut la troisième sépulture de messire Bertrand. Charles V ne le laissa pas longtemps seul. Quelques jours plus tard il le rejoignit dans la basilique.
Quant au coeur, dans sa boîte de plomb, il fut transporté à Dinan en l'église des Jacobin, aujourd'hui église Saint-Sauveur . Et ce fut le quatrième tombeau.

Alors que les rois de France n'avaient que trois tombeaux (coeur, entrailles, corps) Du Guesclin, eut donc quatre monuments funéraires, dont deux avec des gisants : l'un au Puy représentant le connétable avec la barbe qu'il devait porter au moment de sa mort et l'autre à St-Denis où il montre un visage imberbe.

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Il n'est pas sur notre sol une chose qui soit plus utile que ces sublimes monuments qui ne servent à rien (Emile Mâle).


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Message Publié : 19 Oct 2006 19:45 
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Salluste
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Très intéressant Le Slynx, quelles sont vos sources?


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Message Publié : 19 Oct 2006 19:48 
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Grégoire de Tours
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Eryce a écrit :
Très intéressant Le Slynx, quelles sont vos sources?


Ce texte vient de ce site internet :

http://www.centraliens.net/clubs/genealogie/textes/curiosites.html

Mais il est conforme aux descriptions que j'avais lues dans divers ouvrages sur la vie (et la mort !) deBertrand du Guesclin.

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Message Publié : 19 Oct 2006 20:07 
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Cela vient peut être des Chroniques de Froissart?


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Message Publié : 19 Oct 2006 20:24 
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Grégoire de Tours
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Eryce a écrit :
Cela vient peut être des Chroniques de Froissart?


Je ne pense pas, Eryce, j'ai vérifié, Froissart en parle, mais de manière fort succincte... Il signale juste l'événement.

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Il n'est pas sur notre sol une chose qui soit plus utile que ces sublimes monuments qui ne servent à rien (Emile Mâle).


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Message Publié : 19 Oct 2006 23:12 
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Au moyen-âge, l'habitude se prit de démembrer les corps des saints en particulier, de certains rois également.
La nécessité de disposer des reliques pour des maisons religieuses, comme les monastères, la consécration des églises etc...induisait un nombre conséquent de reliques. Le démembrement était une solution pour subvenir à la "demande" !


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Message Publié : 22 Oct 2006 15:47 
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J'ai trouvé d'autres renseignements sur l'embaumement des rois de France:

Leur rituel compliqué, un peu mystérieux, remontait aux origines de la monarchie et avait été définitivement fixé, dans ses grandes lignes, pour les obsèques de Saint Louis.
Le premier médecin et ses aides, assistés du premier chirurgien, qui n'avaient pas un instant quitté le chevet du moribond, constataient d'abord officiellement son décès.
On dévêtait et lavait le corps, puis on prenait une empreinte du visage.
Le moule étant sec, on y coulait de la cire, afin d'obtenir un masque mortuaire d'une poignante vérité.
Si cependant le roi avait succombé à une maladie contagieuse, telle que la variole ou la peste, on le mettait en bière immédiatement. Tel fut le cas pour Louis XV, atteint de la variole le 27 avril 1774 et mort le 10 mai.
Il ne fut pas exposé en public, on le conduisit à Saint Denis dans le caveau des Bourbons, lequel fut muré sur l'heure.

Au contraire, si le roi mourait de vieillesse ou de maladie non épidémique, on exposait sa dépouille revêtue des habits de cérémonie, visage à découvert, dans une salle d'honneur du palais.
Des mains pieuses plaçaient la couronne sur sa tête, la main de la justice et le sceptre dans ses mains raidies.
Il demeurait symboliquement sur ce lit de parade, puis le confiait aux embaumeurs.


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Message Publié : 22 Oct 2006 16:13 
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Pour ceux et celles que ce sujet intéresse, le livre de M. Gaude-Ferragu, D’or et de cendres, la mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen-Âge, Septentrion, 2005 est incontournable.
Sur le thème plus précis du traitement du corps, le chapitre III de la seconde partie (pages 93 à 135) est exactement dans votre propos :

I Une mort très chrétienne
La rédaction du testament
La mort politique du prince
La réception des derniers sacrements
Les manifestations du deuil

II Les préparatifs mortuaires
Les organisateurs de la cérémonie
L’annonce du décès

III L’exposition publique du prince
La toilette funèbre
L’exposition du prince à visage découvert

IV Le corps momifié
« La cuisine des funérailles »
Le vêtement du mort
Le cadavre caché

V La veillée funèbre

_________________
Tous les désespoirs sont permis


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Message Publié : 22 Oct 2006 18:53 
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Salluste
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La pratique de leur art, destiné à conserver intact le visage et le corps des disparus, n'avait jamais cessé depuis qu'il avait atteint son apogée, sous les anciens Egyptiens: mais leurs secrets, bien gardés s'étaient perdus.
On savait cependant qu'ils ôtaient au maximum les parties corruptibles, muscles, cervelle, viscères, puis utilisaient la déshydratation comme facteurs premier de la conservation des corps.


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Message Publié : 23 Oct 2006 15:30 
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Salluste
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J'ai trouvé d'autres renseignement sur les rituels:

Les prêtres d'Ammon, sous la XXIe dynastie, pratiquaient rituellement seize ouvertures:
- Une à chaque bras, avant-bras, cuisse, jambe, une de chaque côté de la bouche pour permettre de rembourrer les joues, deux à l'intérieur de la bouche, afin de pouvoir placer de l'étoupe dans le cou sans l'endommager, l'ethmoïde étant percé, ils y introduisaient par les narines, un crochet recourbé, qui extrayait la cervelle, ils énucléaient les yeux, ouvraient largement le flanc gauche pour ôter les viscères.
Une dix-septième et dernière ouverture, facultative celle-là, pouvait être pratiquée longitudinalement au bas du sacrum, en vue d'arracher les masses charnues situées de chaque côtés.

Les cavités ainsi ménagées, notamment celle de l'abdomen, étaient lavées au vin de palme, puis essuyées et bourrées d'une poudre grisâtre, en partie insoluble dans l'eau, contenant des sulfates, des chlorures, de la soude, de la chaux, du fer.

Avant la mise au point de cette technique, on remplissait les cavités d'aromates pilés, de myrrhe broyée, d'huile de fleurs d'acacia, de toutes sortes de parfums, des résines aromatiques et de bitume, ce qui conférait à la momie une peau luisante, comme vernissée, et noirâtre.

Les corps, ne contenant plus que le squelette, des tendons auxquels adhéraient encore quelques faisceaux musculaires et la peau, le tout bourré de limon desséché, étaient enfin entourés de bandelettes de grande longueur (jusqu'à 1 200 m), imprégnées de gommes ou de résines.
Elles enveloppaient d'abord chaque membre, puis après avoir rapproché les jambes et croisé les bras sur la poitrine, le corps tout entier, comme on emmaillotait au Moyen-âge les petits enfants.


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 Sujet du message : Respect.
Message Publié : 23 Oct 2006 17:08 
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Eginhard
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A propos du respect des cadavres, des morts, j'ai une petite historiette à raconter.
Un jour, ma grand-mère passait dans un cimetière. Elle vit un employé municipal qui fouillait dans un cercueil sorti d'une fosse et une dame qui lui disait : "Fouillez bien, je suis certaine qu'elle portait la bague !".
Comme quoi, une fois mort, nous ne sommes plus grand chose ! (j'ose espèrer que la dame n'allait pas à l'église :lol: )


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Message Publié : 23 Oct 2006 18:27 
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Salluste
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Comme quoi les pilleurs de tombe ont fait des émules... :roll:

Contrairement à ce qu'on a souvent écrit, des embaumements continuèrent à être pratiqués, mais sous une forme sommaire et selon des techniques inefficaces, aux époques gallo-romaines et franque: Grégoire de Tours cite le cas de la reine Arnégonde, de Dagobert Ier, de Charlemagne.
On s'attachait plus à éviter les mauvaises odeurs qu'à assurer une conservation prolongée des corps.
L'embaumement de Charlemagne consista seulement, selon le récit d'Eginard, à "remplir son sépulcre de parfums, d'aromates, de baume et de musc".


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Message Publié : 24 Oct 2006 20:51 
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Salluste
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Inscription : 14 Mars 2006 15:55
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Ces méthodes primitives firent tristement leurs preuves lors du transport du corps de l'empereur Charles le Chauve, décédé en Italie.
Après l'avoir pareillement embaumé ses principaux officiers le mirent dans un cercueil et s'en vinrent par petites étapes à Saint Denis.
L'abondance des parfums ne put empêcher la puanteur qui devint si excessive qu'on fut contraint de mettre le corps dans un tonneau, à l'intérieur enduit de poix, non sans l'envelopper de plusieurs cuirs.
Mais rien n'y fit :lol:
Force fut de l'enterrer dans le cimetière du monastère. Il y demeura sept ans, puis on l'amena enfin à Saint Denis, dnt il avait de son vivant comblé la basilique de bienfaits.


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Message Publié : 25 Oct 2006 1:43 
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Inscription : 09 Mai 2006 18:17
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Localisation : Metz
Peut-être l'oeuvre de l'anthropologue Louis-Vincent Thomas pourra-t-elle vous intéresser. Je pense en particulier à son livre Le cadavre publié chez Complexe mais hélas épuisé. (Voir en bibliothèque.)

PJ


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