Bonjour,
je peux apporter quelques elements de réponses quant aux règles.
Mon mémoire de master 2 s'intitule "Les pouvoirs du sexe faible, symbolismes corporels et perception du quotidien feminin dans le Poitou rural, 1850-1950". J'ai souhaité balayer tous les aspects de la vie de tous les jours dans une optique basée sur le corps, les croyances et les symbolismes.
En ce sens, je me suis consacrée aux "mystères de l'intimité féminine" à savoir les règles en tant que rite de passage, mais aussi en tant que moment important dans le foyer et l'économie domestique (la femme ne peut pas cuisiner, laver le linge etc...). J'ai évoqué les moyens de protection ainsi que le vocabulaire très spécifique et lourd de sens employé ("voir", "marquer")...
J'ai eu la chance de bénéficier de sources directes, à savoir des témoignages recueillis par un ethnologue à partir des années 1950. Il a interrogé des femmes très agées à l'époque (certaines avaient plus de 80 ans). Elles livrent sans tabou leur intimité, leur sexualité, leur éducation... Ces témoignages sont enregistrés sur bandes magnétiques.
Voici un extrait de mon M2 :
"Ainsi, l’usage commun était de protéger jupes et jupons par des linges. Ceux-ci étaient découpés dans des vieux draps, des vieux vêtement ou des vieilles chemises comme le souligne Adeline Geaudrolet :
« Nous, on mettait des vieilles guenilles, des queues de chemise des gars, et boute… ça faisait bien l’affaire, puis on lavait tout ça. »
Dater cette pratique est une fois de plus presque impossible. On peut supposer qu’il s’agit d’un usage ancestral, dès l’instant où la femme avait à disposition des linges en surplus. Or, ce fut chose rare jusqu’au XIXème siècle. Comment les femmes se protégeaient-elles auparavant ? Peu de sources et de témoignages renseignent le chercheur à ce sujet. Des hypothèses ont longtemps été émises par les ethnologues jusqu’à ce que Michel Valière se penche sur la question. Une fois encore, c’est Adeline Geaudrolet qui, dans son témoignage, livre cet aspect si tabou de l’intimité :
« Nos grand-mères étaient pas fières, elles, c’était pas comme ces jeunes qui gaspillent tout. Des serviettes, trois ou quatre par jour, et elles jettent. […] Nos grand-mères, c’était mieux, elles mettaient rien. Il arrivait qu’on trouvait des lirettes de sang par terre.
- Qui qu’ol est, m’man?
- Eh t’occupe pas, ol est la chienne qu’est malade!
Ou les poules, ou les canards… Elles nous disaient n’importe quoi, quand on était drôlière. Mais il arrivait qu’elles croisent leur chemise entre leurs jambes, comme ça, c’était plus propre quand même. Mais j’ai vu dire, par défunt mes grands-mères, que dans le temps, c’était des feuilles de chou qu’elles mettaient, et même des fois, elles mettaient un bouchon de paille, une poignée de paille, si vous aimez mieux. Et ça allait comme ça. » "
Si vous souhaitez d'autres renseignements ou une bibliographie par exemple; n'hésitez pas à me contacter! Pour une fois que je trouve des gens interessés par mon sujet de recherche!!!
janis
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