mitra13 a écrit :
par quelle sacro sainte "limite" , la mythologie ferait exception à un brassage / échange / emprunts entre les populations ?
Bis repetita, je n’ai rien contre des influences, mais contre les bricolages bidons balancés comme des vérités ou des évidences sans le moindre effort documentaire ni la moindre réflexion pour vérifier au moins superficiellement la pertinence de la comparaison. C’est cette facilité (copier deux trois âneries tirés d’un site quelconque) et cette désinvolture qui m’agace. Des influences ou des liens il y en a (le chant de Kumarbi évoqué par Zunkir en est un excellent exemple), mais ils s’argumentent avec rigueur et prudence.
mitra13 a écrit :
Ma source c'est, en autre, Herodote :
"Presque tous les noms des dieux sont venus d'Égypte en Grèce. . . Je ne fais, à cet égard, que répéter ce que les Égyptiens disent eux-mêmes. . . . "
- amusant comme les citations changent… « pour cela je me réfrère à Herodote: "Ogygès, roi fameux et légendaire de Béotie, tenait son nom d'Ogygie. . . . . Donc philologiquement, le plus ancien déluge grec - Ogygès - est affilié à une tradition égyptienne - selon Hérodote. » Je répète, Hérodote n’a jamais évoqué ça….
- Enfin une vrai citation d’Hérodote (II.50) ! Merci, elle illustre à merveille mes propos et répond parfaitement au passage de DIorore susmentionné, à savoir que la légende coloniale est une création égyptienne de circonstance….
- De quand datent Manéthon et Diodore ? à quel courant historiographique se rattachent-ils ? et mieux encore, qui est Manéthon et quel est son but historiographique ?
Les peuples polythéistes méditerranéens quand ils se rencontrent se livrent systématiquement à ce que les Romains appelleront l’
interpretatio, c’est-à-dire qu’ils « traduisent » les noms des divinités qu’ils rencontrent en y suppléant leur propre mythologie, sur des caractéristiques plus ou moins secondaires ; sans qu’il y ait dans un premier temps forcément assimilation ; ce sera l’Héraclès des Tyriens, l’Arès Thrace, le Cronos Libyens, etc. Evidemment, cela ne sous-entend aucun "copiage" d'un peuple ou de l'autre, et les choix d'homonymie, d'ailleurs souvent contredits par d'autres écrivains, laissent parfois pantois, souvent arbitraires avant d'être validé par la tradition historiographique. Dans un second temps seulement si les contacts sont très importants s’opèrent une synthèse, sur la base de de ces traductions. C’est le travail ici des Alexandrins qui de deux divinités (ou plus) n’en feront qu’une avec des mythes communs, en gommant les différences soit en sabrant simplement certains aspects, soit en les expliquant par des moyens plus ou moins tortueux (par exemple les têtes animale des dieux égyptiens, car les dieux fuyant Typhon se déguisèrent en animaux pour lui échapper…) ; dans le cas le plus aboutit, on arrive à une divinité nouvelle, comme Sérapis, mais l’Osiris et l’Isis honoré à Rome n’a plus grand rapport avec l’original non plus. Manéthon, prêtre égyptien de langue grecque, est un de ces ouvriers qui vont helléniser les traditions historiques et mythologiques égyptiennes (comme Bérose le fera pour la Babylonie, Philon pour la Phénicie, etc). Diodore est quand à lui l’héritier de plus de deux siècles de syncrétisme, opéré avec un grand soucis du détail par l’école Alexandrine très soucieuse de placer tout ça dans un cadre chronologique fixe : du coup, ils se retrouvent avec une demi-douzaine de Dionysos, trois-quatre Héraclès, quatre déluges successifs…
Si le « débat » ne devient pas plus argumenté, ou tout simplement sérieux (lire de fausses citations d'Hérodote m'a mis particulièrement en colère), tu te trouveras d'autres interlocuteurs plus patients.