Ah ? Je serai influencé par une pensée chrétienne à l’insu de mon plein gré ? Probable. Où ? Au fait, tu parles de quoi finalement, du culte privé ou du culte public ? Je suis perdu…
Du culte public de Mars et du syncrétisme avec Arès sinon effectivemment dans le domaine privé, il est possible de voir un syncrétisme culturel et non cultuel.
Quelles sources ? Un exemple ?
La politique d'Auguste par Mécène par exemple, c'est l'une des bases, si on ne la connait pas on peut pas parler des cultes dans l'Empire.
Certes, il s’agit là de mon plaisir et de l’essentiel de mes loisirs. Maintenant, j’ai aussi d’autres projets à cœur que Mars, et je n'ai pas non plus accès à toute la documentation, en particulier épigraphique et archéologique. Par ailleurs, c’est là l’intérêt du forum : il n’est nullement question ici d’une quelconque relation entre maîtres qui savent et élèves ignorants qui gobent, les premiers enseignant aux seconds. Au contraire, c’est un lieu de débat, d’échange, où chacun construit une argumentation avec ses exemples. Le raisonnement prime finalement sur la connaissance factuelle, du moins, c’est ma façon de vivre ce forum. Là où cela devient intéressant, c’est lorsque deux personnes d’un avis différent opposent leurs arguments ; mes meilleurs souvenirs proviennent de ce type d’échange, qui obligent à se remettre en question et de creuser, sans forcément trouver une réponse satisfaisante. A condition qu’il y ait effectivement débat, ce qui n’est pas le cas ici : tu ne discutes pas, tu lances quelques affirmations sortis d’un chapeau magique, et hop, débrouillez-vous. Dommage.
Je comprend, je suis venu pour lire un peu les sujets, celui-ci j'y travaille donc j'ai répondu par reflexe aussi je préfère des échanges sur d'autres points historiques. J'aime aussi ce type d'argumentation mais les citations deviennent trop lourdes en histoire ; j'ai échangé de même sur le forum surdoués-info mais la réflexion, cela dépend avec qui on la partage. Je n'ai pas de croyance, d'aucune sorte, et je pense de manière logique. Mes arguments sont le fruit de mon analyse des sources ; je te donne justement mon point de vue, je n'ai pas vocation à t'enseigner ou te convaincre.
Euh… Où ? N’ayant pas le temps cette semaine de relire les 14 livres attribués à César, je me suis contenté d’une recherche par mot clé, à savoir Mars. Une seule et unique référence directe au dieu (!), dans César, BG.VI.17 : 17. Le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure : ses statues sont les plus nombreuses, ils le considèrent comme l’inventeur de tous les arts, il est pour eux le dieu qui indique la route à suivre, qui guide le voyageur, il est celui qui est le plus capable de faire gagner de l’argent et de protéger le commerce. Après lui ils adorent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. Ils se font de ces dieux à peu près la même idée que les autres peuples : Apollon guérit les maladies, Minerve enseigne les principes des travaux manuels, Jupiter est le maître des dieux, Mars préside aux guerres. Quand ils ont résolu de livrer bataille, ils promettent généralement à ce dieu le butin qu’ils feront ; vainqueurs, ils lui offrent en sacrifice le butin vivant et entassent le reste en un seul endroit. On peut voir dans bien des cités, en des lieux consacrés, des tertres élevés avec ces dépouilles ; et il n’est pas arrivé souvent qu’un homme osât, au mépris de la loi religieuse, dissimuler chez lui son butin ou toucher aux offrandes : semblable crime est puni d’une mort terrible dans les tourments. Rien de comparable à tes conclusions, ni à un quelconque rejet du panthéon celte bien au contraire puisque César les assimile, comme les autres, à des divinités latines communes. Aussi, si tu pouvais être un peu plus précis (titre, livre, paragraphe), je pourrais peut-être comprendre à quoi tu fais référence.
L'interpretatio romana c'est la pensée romaine sur la religion, puisque tu veux une argumentation sans connaissance, il faut se placer comme l'auteur et voir son but. Il s'adresse aux Romains pour célébrer ses victoires donc il nomme les dieux tel qui sont connus des latins et il précise le rituel guerrier pour bien montrer la nature des rituels barbares gaulois. C'est ainsi que je lis César comme probablement ceux de son époque qui ne connaissait que des clichés sur les Gaulois de ces régions. Il est bien évident pour tous les Romains que le dieu de la guerre ainsi vénéré n'est pas celui de Rome. Ce texte est celui du vainqueur ; fait la comparaison avec la conquête des Amériques : pour les européens les locaux étaient tous des indiens, tous des païens, etc... Les connaissances évoluent avec le temps mais les divinités en question n'apparaissent pas dans la statuaire gallo-romaine et les sources nous disent que la religion des druides fut interdite, les temples détruits, pillés notamment en raison des rituels incompatibles avec la religion romaine impériale. César qui voulait batir le plus grand temple de Mars au monde ne pouvait ignorer la réalité gauloise ; il explique simplement aux Latins la religion des vaincus de manière compréhensible. La politique impériale et donc la religion ne peut garder des pratiques contraire au droit latin dans le domaine public.
Mouais. Chez les Grecs aussi c’est un sacrilège, ce qui n’empêche rien, et ce dès les récits de la guerre de Troie… Entre la théorie et la pratique, il y a un soldat sans le sou qui n’a que rarement l’occasion de s’enrichir, qui se moque bien de la malédiction divine s’il peut assurer l’avenir de sa famille.
L'ouvrage sur troie n'a pas le même but ; les dieux sont divisés : il n'y a pas encore d'union des 12 grands dieux à cette époque archaïque.
Strabon, VIII.6.23, s’inspirant de Polybe : Polybe nous fait un récit pathétique de ce qui s’est passé lors de la prise de Corinthe. Il nous parle notamment du mépris manifesté par la soldatesque à l’égard des œuvres d’art et des monuments érigés comme offrande dans les sanctuaires. Etant présent en personne, il vit de ses yeux des tableaux jetés à terre et des soldats jouer dessus aux dames. Il mentionne parmi eux le Dionysos d’Aristéidès […] et l’Héraclès supplicié par la tunique de Déjanire. Nous n'avons pas vu ce dernier tableau, mais, en visitant le temple de Demeter à Rome, nous avons reconnu, au milieu des riches offrandes qu'il contenait, le Dionysos, chef-d’œuvre d'Aristeidès. Par malheur, ce temple a été récemment détruit par le feu, et dans l'incendie cette belle peinture a péri. La plus grande partie des oeuvres d'art que possèdent les temples de Rome à titre d'offrandes, et j'ajoute les plus belles, proviennent de Corinthe. On en retrouve aussi quelques-unes dans les différentes villes qui entourent Rome. Il est beau le respect scrupuleux des Romains pour la divinité…
Il est évident que ce n'est pas si simple, l'action des soldats est guidé par des usages religieux ; s'il y a offense par les actions de certains, des rituels sont organisés pour écarter la colère des dieux. Les offrandes religieuses sont toujours séparés des biens personnels mais il y a toujours des intérêts particuliers qui détournent les lois religieuses puisque les magistrats et les prêtes ne forment qu'un même organe du pouvoir. Remarques que les ouvrages pillés dans les temples finissent dans d'autres temples. Le temple d'une divinité respecté reçoit en général la restitution de ses offrandes après enquêtes du sénat ; de même les prodiges sont validés par une enquête et c'est de toute façon l'intérêt politique qui utilise le pouvoir du sacré pour justifier ses choix politique.
Après coup, certes, l’action laisse la place à la négociation et les sénateurs peuvent jouer les offusqués et rendre au compte-goutte une infime partie des œuvres volées, comme dans la Sicile des années 210 après les pillages odieux de Marcellus. Cela ne fait pas pour autant disparaître les pillages, les spoliations, les destructions de temples dont les divinités étaient tout à fait reconnues à Rome (pour preuve d’ailleurs, le passage illico de statues et autres ustensiles de cultes dans les temples romains !).[/quote]
Les dieux étaient connus mais ils n'étaient pas romains puisqu'ils n'avaient pas de temple à Rome ; c'étaient des dieux d'autres cités ayant des fonctions similaires. Il n'y a pas syncrétisme cultuel à ce niveau même si le syncrétisme culturel existe par le rayonnement du monde hellénistique. La brutalité guerrière est d'ailleurs encadré par les rituels des armes et des arcs de triomphe qui lavent les impuretés des guerres.
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