Vu l'ampleur de la digression sur le sujet "Vierges noires", j'ouvre un nouveau sujet... encore...
Récapitulons:
Jezabel a écrit :
[…] quand on oublie la cause d'un fait, on invente une explication.
Ainsi les Danaïdes étaient des déesses de la pluie déversant leurs jarres célestes. Sisyphe était un roi de Corinthe ayant fondé sa ville en apportant des blocs de pierre à flanc de colline.
Thersite a écrit :
[…] tu es certaine des interprétations des Danaïdes ou de Sisyphe ? Elles me semblent... étranges, d'autant que le mythe du tonneau des Danaïdes apparaît plus récemment dans la tradition que le mythe du crime (châtiment inconnu d'Homère par exemple).
Jézabel a écrit :
C'est une thèse de Salomon Reinach.
Thersite a écrit :
Salomon Reinach, Orpheus, 1909 ? Celui qui affirme par acte de foi « autant de sornettes. Voici je crois la vérité […] les Danaïdes avaient, sans doute par des procédés magiques, amené des chutes de pluie en Argolide ; on les représenta arrosant le pays à l’aide de vases percés, etc. » sans s’appuyer sur le moindre texte ou découverte archéologique (page 132 sq. de sa réédition de 2002) ? et qui dans les années qui suivront se passionnera pour Glozel ? Franchement : oublie-le, il fait plus de la science-fiction que de l’histoire !
Jézabel a écrit :
Mais dans "Cultes Mythes et Religions", postérieur à Orpheus, il émet cette hypothèse plus vraisemblable de nymphes de la pluie.
Deshays Yves-Marie a écrit :
Les hypothèses de Salomon Reinach ont-elles ébranlé l'ensemble des études ultérieures dues à des chercheurs appliquant des méthodes de type universitaire? Constituent-elles encore une référence sérieuse auprès de la communauté scientifique internationale contemporaine?
Qui le cite encore à l'heure actuelle? Pour quels enjeux?
Jézabel a écrit :
Deshays Yves-Marie a écrit :
Les hypothèses de Salomon Reinach ont-elles ébranlé l'ensemble des études ultérieures dues à des chercheurs appliquant des méthodes de type universitaire?
On ne peut ébranler que ce qui est antérieur.
Citer :
Constituent-elles encore une référence sérieuse auprès de la communauté scientifique internationale contemporaine?
L'Histoire n'est pas affaire de science mais d'érudition.
Citer :
Qui le cite encore à l'heure actuelle? Pour quels enjeux?
Les amateurs de mythologie ne courent pas les médias.
Fylgia a écrit :
Jézabel a écrit :
Mais dans "Cultes Mythes et Religions", postérieur à Orpheus, il émet cette hypothèse plus vraisemblable de nymphes de la pluie.
Les nymphes de la pluie chez les Grecs sont les Hyades.Je suis désolée mais si, on peut ébranler des études antérieures, l'Histoire est une science humaine, et les amateurs de mythologie sont nombreux en particulier sur le net. En outre le travail de Salomon Reinach a été cité par Freud.
Jezabel a écrit :
Fylgia a écrit :
Les nymphes de la pluie chez les Grecs sont les Hyades.
Et qu'est-ce que cela change ? C'est seulement à partir de cette nouvelle interprétation du remplissage des jarres comme châtiment que les Danaïdes prennent ce nom.
Citer :
Je suis désolée mais si, on peut ébranler des études antérieures, l'Histoire est une science humaine, et les amateurs de mythologie sont nombreux en particulier sur le net. En outre le travail de Salomon Reinach a été cité par Freud.
Et alors ?
Deshays Yves-Marie a écrit :
Citer :
L'Histoire n'est pas affaire de science mais d'érudition.
L'une n'exclut pas l'autre... et pourtant, sur le présent sujet, nous avons de plus en plus l'air d'ignorer superbement et l'une et l'autre! Pauvre Histoire!
Fylgia a écrit :
Pouvez-vous apporter une preuve que les Danaides et les Hyades sont les mêmes nymphes?
Aspasie mineure a écrit :
Les Danaïdes tirent leur nom du fait qu'elles sont les filles de Danaos. Rien à voir avec la pluie ou l'eau (y'aurait-il eu confusion avc les Naïades, de la part de Reinach ?). La plus ancienne mention est chez Eschyle (les Suppliantes).
Jezabel a écrit :
Aspasie mineure a écrit :
Les Danaïdes tirent leur nom du fait qu'elles sont les filles de Danaos.
Et si c'était l'inverse ? Les Grecs n'auraient-il pas inventé Danaos et une invraisemblable histoire de roi d'Egypte par erreur étymologique ?
Au lieu de "dana-ide" (descendante de Danos) ne faut-il pas lire "da-naide" ?
Et donc nous avons une racide IE da- (donner) ayant donné en grec dai-mon (divinité = pourvoyeur) et une racine nau- relative à l'eau et ayant donné naïade et le latin navis et natare.
Deshays Yves-Marie a écrit :
Citer :
Et si c'était l'inverse ?
Effectivement! Pourquoi faire compliqué quand on peut faire inextricable?
Jézabel a écrit :
C'est limpide quand on connaît un minimum de grec.
Thersite a écrit :
Ce qui est surtout limpide, c'est que Danaos, roi d'Argos, est connu dès Homère (les Danaens, descendants de Danaos, comme synonyme d'Argiens); que les Danaïdes, filles de Danaos, princesses d'Argos, n'apparaissent que plusieurs siècles après (Eschyle, Ve), et que la mention de leur châtiment aux Enfer, le fameux tonneau des Danaïdes à l'origine de tes multiples "et si" n'apparaît que très tardivement, au Ier de mémoire, à vérifier.
Recenser les textes et les mettre en ordre chronologique, c'est la base pour toute un tant soi peu sérieuse. Visiblement, ni toi ni Reinach ne vous êtes donnés cette peine...
Jézabel a écrit :
Et bien ce que tu dis corrobore mon analyse.
Aspasie mineure a écrit :
Jézabel a écrit :
Au lieu de "dana-ide" (descendante de Danos) ne faut-il pas lire "da-naide" ?
Et donc nous avons une racide IE da- (donner) ayant donné en grec dai-mon (divinité = pourvoyeur) et une racine nau- relative à l'eau et ayant donné naïade et le latin navis et natare.
Sauf que dans une racine "nau-", il y a le "u" (ou "v" ou "w", une semi-consonne dans certaines langues indo-européennes), présent dans "hydôr" ("eau" en grec), dont il n'y a aucune trace dans "danaide", "-ide" étant un suffixe propre aux adjectifs ou subtantifs créés à partir d'un substantif, c'est très courant en grec. Autrement, autant dire que tous les mots grecs se terminant par "-ide" ont rapport à l'eau.
Jézabel a écrit :
C'est limpide quand on connaît un minimum de grec.
Et quand on n'invente pas des étymologies
Jézabel a écrit :
Aspasie mineure a écrit :
Autrement, autant dire que tous les mots grecs se terminant par "-ide" ont rapport à l'eau.
Mais non : "-ide" est l'adjectif. C'est "naw-" qui est le substantif.
Mais autant le -w- va se maintenir avant une consonne (nautes, naumachia, naukrator), autant un imprononçable "nauide" va devenir "naïde" ou "naïade".
D'ailleurs l'IE pau- a donné "païs" (enfant) et non "pauis."
Il a de même donné le latin "pauper" où la consonne maintien le -w-.
Et avec "puer", c'est le "a" qui disparaît et non le -w-.
Fylgia a écrit :
Dans le mythe, il est indiqué que Danaos a envoyé ses filles apportées de l'eau à la ville. Ne pourrait-ce donc pas être juste un jeu de mots de la part des Grecs entre dana-ide et da-naide sans pour autant qu'ils aient associés danaides et hyades?
Jézabel a écrit :
Voici une information corroborant la thèse de divinités des sources antérieures à la version du châtiment aux Enfers.
Merci de se cantonner cette fois aux Danaïdes, quitte à ouvrir un nouveau sujet si un thème abordé en passant mérite développement...