Bonjour!
J' ai remarqué que les déesses et creatures feminines sont souvent au nombre de trois dans les mythes.
Heures, Grées, Moires, Gorgognes,...
Y a t il une raison particuliaire?
Les muses sont 7 ou 9 selon les mythes: ces nombres ont-ils une signification?
Et les 12 Olympiens?
Merci d' avance.

_________________
Cueille le jour, carpe diem

je ne sais pas si c'est symbolique mais on peut dire que c'est un ordre des choses dans cette civilisation en appartenance divine

_________________
la passion historique de ocelline

Dans la symbolique chretienne il y a les chiffres:
- 3 , la trinité , le christ rescussité le 3è jour
- 7, la semaine de 7 jours avec le dimanche jour de repos , allusion à la genèse
- 12, les 12 apotres et les 12 tribus d'Israel
- 10 , mais là j'en suis moins sûr , à part les 10 commandements ...?

Oui mais les Grecs n' étaient pas chrétiens. Je me demandais ce que ces nombres et chiffres signifiaient pour eux

_________________
Cueille le jour, carpe diem

Très anciennement il a existé des théories sur la valeur des nombres. D'après les pythagoriciens toute la réalité peut se réduire à des nombres, et à des harmonies. Le 10 est pour eux le nombre parfait, à cause de ses nombreuses propriétés remarquables.
Par exemple il y a autant de nombre premiers que de nombres non premiers dans le 10 :
Premiers : 1 2 3 5 7
Non premiers : 4 6 8 9 10
Les nombres expriment les figures géométriques : le point est un 1, la ligne est 2, le cube est 3. Les dieux sont associés à des nombres autant qu'à des figures géométriques.
Les pythagoriciens auraient aussi dégagé les lois de l'harmonie musicale, en la réduisant à des rapports numériques : le nombre 7 y prend une part importante.
Si tu veux te renseigner sur la symbolique des chiffres chez les grecs, je te conseille donc d'aller du côté de Pythagore.

En revanche, pour les mythes, il faut bien voir qu'ils sont largement antérieurs aux réflexions pythagoriciennes. Dans beaucoup de contes de fée, un motif est répété trois fois, ou bien, il y a trois personnages semblables, trois frères par exemple.
Je pense qu'il est vain de chercher une véritable signification à ces chiffres qui reviennent pourtant avec une grande insistance. Ils sont une manière de structurer le récit et la représentation.
Je suis bien convaincu que dans un conte, s'il y a 7 ou 12 frères, cela ne change pas grand chose : quand on va au delà de 3, cela forme un groupe dont les figures ne sont pas individualisées. Ainsi généralement ce sera le dernier né qui se distinguera des autres, un peu comme Kronos ou Jacob se distinguant de leurs 11 frères.
En somme le nombre ne répond pas une nécessité de signification, mais à une nécessité esthétique d'équilibre : ils sont importants pour composer une histoire, de la même manière qu'en architecture et en musique.

Il parait que le nombre 12 se réfère au nombre de mois solaires (30 à 31 jours) dans une année solaire, tandis que 13 se réfère au nombre de mois lunaires (28 jours) dans une année solaire (365 jours).

Certains auteurs interprètent les contes opposant le 13e aux 12 autres (la 13e fée de "La Belle-au-Bois-dormant" qui se venge pour avoir été oubliée) comme les réminiscences des luttes entre pouvoirs patriarcaux (des hommes basant leur année sur les mois solaires) et matriarcaux (des femmes basant leur année sur les mois lunaires, de durée similaire à l'intervale entre les menstruations). Quand le roi de "La Belle-au-Bois-dormant" place douze assiettes d'or, il s'agirait selon ces auteurs de la représentation des 12 mois solaires évinçant le 13e mois lunaire, et d'une allégorie du remplacement du pouvoir des femmes par celui des hommes.

Cette interprétation fait écho aux théories historiques alléguant que les sociétés primitives étaient matriarcales et furent remplacées par des sociétés patriarcales.

Peut-on broder avec la trahison du 12e apôtre, peut-on romancer avec la réapparition des mois lunaires en islam... ?

***

Comme le rappelle un personnage du Pendule de Foucault, on peut imaginer tout ce qu'on veut avec les nombres et inventer n'importe quel délire mystique.

Mais pourquoi des femmes en particulier?
Les Moires, Les Grées, Les Heures sont toutes des femmes...

_________________
Cueille le jour, carpe diem

certainement cas profit que l'oublie de la belle au bois dormant est due a ses femmes de son temps qui référe a ce changement expliqué par geopolis .

_________________
la passion historique de ocelline

Il y a aussi les trois cyclopes, les trois hécatonchires, les trois juges des enfers, les trois dieux qui se partagent le monde, etc.

Bon, bien il faut lire Dumézil si vous cherchez les triades.
Sinon d'un point de vue psycho, trois est le premier nombre pour lequel il faut faire un effort d'abstraction pour le concevoir. Jusque à deux c'est une perception immédiate, mais à partir de trois un effort intellectuel doit être fourni. D'ailleurs en grec ancien on distingue trois nombres : le singulier, le pluriel et le duel.

Les données réunies par Georges Ifrah dans son Histoire universelle des chiffres en deux volumes sous coffret (collection "Bouquins" chez Robert Laffont) situent à cinq (pas à trois) l'effort d'abstraction nécessaire pour avoir une vision instantanée globale d'un nombre d'objets ; à partir de cinq, on doit fractionner et compter 2+3 ou 3+2 ou 4+1 ou 2+2+1 etc.
Dans beaucoup de langues anciennes, on distingue 1, 2 et... "beaucoup"!
Plusieurs langues modernes distinguent effectivement le singulier, le duel et le pluriel.
Assez curieusement, dans certaines langues sémitiques (hébreu, arabe), on a le verbe au singulier pour 1, le verbe au pluriel de 2 à 10, puis, au delà... le verbe au singulier!

_________________
"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).