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 Sujet du message : Les Apkallu sumériens
Message Publié : 19 Mai 2011 21:06 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 26 Fév 2011 9:10
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Localisation : france
En son temps j'avais commencé à investiguer ce thème...
Je met en ligne ce que j'avais trouvé xous forme de synthese de plusieurs sources, en espérant que certains membres içi ont aussi etudié ce sujet et pourront completer , corriger , ou d'autres decouvrir ce thème.
***

Dans la mythologie sumerienne, apkallum, est un titre porté par Ea à la
cour divine, nous permettent de rattacher le mythe d'Adapa à celui
des Sept Sages antédiluviens. Une tradition, malheureusement
presque entièrement disparue, voulait en effet que des conseillers
aient été présents auprès des rois antédiluviens, dans le même
rapport qui unissait Ea aux grands dieux du panthéon. Au temps
historiques, des lettrés occupaient des positions semblables auprès
de certains rois, et avaient acquis une telle renommée que l'on a
conservé leurs noms. Les savants d'Uruk, à l'époque séleucide, derniers
gardiens de la tradition mésopotamienne autochtone, traçaient
leur lignée jusqu'à ces ancêtres célèbres, et, au-delà, jusqu'à Adapa
et Ea.
Un texte remarquable, mais malheureusement isolé, nous en
donne la liste. Il s'agit de W 20030,7, d'époque séleucide, publié par
J. Van Dijk en 1962

A l'époque du roi Ayalu, iPan était apkallu,
A l'époque du roi Alalgar, iPanduga était apkallu,
A l'époque du roi Ammelu''anna, Enmeduga était apkallu,
A l'époque du roi Ammegalanna, Enmegalamma était apkallu,
A l'époque du roi Enme->uSumugalanna, Enmebulugga était apkallu,
A l'époque du roi Dumuzi le Berger, Anenlilda était apkallu,
A l'époque du roi Enmeduranki, Utu^abzu était apkallu.
[Après le Déluge], pendant le règne d'Enme(r)kar, Nungalpiriggal était apkallu,

Evenement inconnu : [celui qu'IStar] fit descendre des cieux dans l'Eanna. La lyre de bronze
[dont le ...] est de lapis-lazuli, oeuvre de Ninagal,
[il fit. Dans le ...], séjour de ..., on plaça la lyre devant Anu.

A l'époque du roi Gilgames, Sîn-leqe-Unnlni* était ummânu,
A l'époque du roi Ibbi-Sîn, Kabtu-il-Marduk était ummânu,
A l'époque du roi ISbi-Erra, Sidu, alias Enlil-ibni, était ummânu,
A l'époque du roi Abi-ESuh, Sû-Gula et Taqis-Gula étaient ummânu,
A l'époque du roi ..., Esagil-kini-apla était ummânu,
A l'époque du roi Adad-apla-iddina, Esagil-kîni-ubba était ummânu,
A l'époque du roi Nabuchodonosor, Esagil-kini-ubba était ummânu,
A l'époque du roi Assarhaddon, Aba-Enlil-dari était ummânu,
celui que les Ahlaméens (Araméens) appellent Ahiqar,
[alias7] Niqaqurusû.

Auteur et datation de la tablette:
[Tablette] d'Anu-bëlsunu, fils de Nidittu-Anu, descendant de Sîn-leqe-unnini,
[prêtre kalû] d'Anu et d'Antum, citoyen d'Uruk. (Ecrit) de sa propre main.
[Uru]k, le 1 0 du mois Ayyâru, l'an 147. Antiochos était roi.
Celui qui révère Anu n'emportera pas cette (tablette).
La tablette date du 10 du mois d'avril-mai 165/4 (l'an 147 de l'ère
séleucide), sous le règne d'Antiochos IV Epiphane (175-164/3).

Les rois antédiluviens figurent tels quels dans la Liste Royale
sumérienne (LRS dans le tableau ci-dessous). Ils ont également été
cités par Bérose, un prêtre de Bël-Marduk, qui transcrivit en grec,
vers 280, une partie de la tradition babylonienne dans ses Babyloniakan.

On peut tracer à partir de ces sources le tableau suivant la liste de ces 7 sages antédilluviens:

Ayalu = Oannès
Alalgar = Annèdotos
AmmeliPanna = Euedôkos
Ammegalanna = Eneugamos
EnmeliSunnga- lama = Eneuboulos
Dumuzi-SlPA = Anèmentos
Enmeduranki =Odakôn

Les savoirs détenus par les Apkallu
(un peu long désolé mais c'est nécessaire pour bien comprendre ce que sont les Apkallu)

Comme l’explique F. Joannès, dans son article sur les Sages de Mésopotamie : « La
mentalité mésopotamienne, ne faisant pas du progrès l’élément moteur de son histoire, a
souvent insisté sur l’idée de révélation, la plupart du temps d’origine divine : c’est dans
cette optique qu’il faut situer le rôle dévolu aux tout premiers apkallu. Si le Déluge marque
la frontière entre temps mythique et temps historique, l’intervention des apkallu représente
une étape antérieure, mais tout aussi décisive, celle du passage de l’état de nature à l’état
civilisé. C’est par eux qu’ont été communiquées à l’humanité, en une seule fois, les bases
techniques et intellectuelles qui fondent la société humaine et permettent à l’homme civilisé
de se situer par rapport à la nature et aux non-civilisés . » Ainsi en va-t-il du rôle de l’Oannès
de Bérose, connu sous un autre nom, Adapa, dans la tradition mythologique plus
ancienne : « Cet apkallu antédiluvien, […] est le prototype du Sage transmettant à l’humanité
les techniques civilisatrices initiées par le dieu Éa. Adapa est présenté comme étroitement
attaché au culte de ce dieu et à la ville d’Eridu, que les Sumériens tenaient pour la
plus ancienne, dont il fut le premier “prêtre-purificateur”. Toujours en rapport avec Éa, il est
également à l’origine des connaissances et des pratiques médicales et magiques qui délivrent
des maladies »
Il était donc le premier des Apkallu, ce groupe de sept sages antédiluviens qui ont
transmis aux hommes toutes sortes de savoirs d’origine divine dont ils étaient dépositaires.
Ils ont joué le rôle de héros civilisateurs et étaient révérés comme tels. Bérose énumère
dans son texte qui doit reprendre la ligne d’un mythe très ancien et perdu, celui des Sept
Sages, le type de savoir qu’Oannès délivre aux hommes : « [Oannès]… passant ses jours
parmi les hommes, sans prendre la moindre nourriture, leur apprit l’écriture, les sciences et
les techniques de toute sorte, la fondation des villes, la construction des temples, la jurisprudence
et la géométrie ; il leur dévoila pareillement la culture des céréales et la récolte
des fruits : en somme, il leur donna tout ce qui constitue la vie civilisée. Tant et si bien que,
depuis lors, on n’a plus rien trouvé de remarquable (sur ce chapitre). Au coucher du soleil,
ce même monstre Oannès replongeait en la mer pour passer ses nuitées dans l’eau, car il
était amphibie »
En raison de tous leurs savoirs, de leur existence antédiluvienne, les apkallu sont considérés
comme des « carpes saintes », créatures d’Éa, le très intelligent dieu et maître de
l’Apsû, la nappe d’eau douce placée sous la surface de la terre dans la cosmologie mésopotamienne.
Ainsi, un lien se dessine entre eau et savoir. En effet, des eaux douces primordiales
où prennent leur source tous les cours d’eau qui irriguent le pays dans les mythes
mésopotamiens, qui sont premières dans les cosmogonies, de ces eaux semble venir le
savoir.
Les Apkallu, êtres créés par Enki / Éa, sont comparés aux carpes divines dans le Poème
d’Erra par exemple en (I, 162) :

Ces Sept Apkallu de l’Apsû, « carpes » saintes,
Qui, pareils à Éa, leur maître,
Ont été adornés par lui d’une ingéniosité extraordinaire13…
ou encore dans un fragment de rituel théurgique14 :
Ces Sept Apkallu, carpes venues de la Mer…
Ces Sept Apkallu, « créés » dans la Rivière,
Pour assurer le bon fonctionnement
Des plans divins concernant Ciel et Terre…
D’après le commentaire que J. Bottéro donne de ce passage, il est évident que le
mythe des Sept Sages, fait intervenir ces personnages pour « expliquer comment Enki / Ea
s’y était pris pour communiquer aux humains la culture et la civilisation […], qu’il avait, et
lui seul, mise au point, en vue de réaliser ses desseins “concernant ciel et terre”, autrement
dit la bonne marche de l’univers en vue d’assurer aux dieux une vie opulente et sans tracas.
Il lui avait suffi, pour cela, en plein “temps mythique” et antédiluvien de préparation du
monde et des hommes tels qu’ils devraient fonctionner régulièrement depuis les débuts
de “temps historiques”, postdiluviens, d’envoyer ici-bas, à la suite, ces héros civilisateurs,
au courant de ses secrets et chargés d’apprendre et propager aux hommes ses techniques »15.
Ainsi apparaît dans cette tradition mythologique l’idée que les dieux n’ont pas révélé
directement aux hommes le savoir, mais que ce dernier a été transmis par des personnages
de la plus haute importance, les Apkallu, qui ont joué le rôle indispensable de pédagogues
auprès des hommes qui ensuite ont été à même de le transmettre à leurs descendants de
génération en génération. On peut alors établir, d’après les textes mythologiques, la façon
dont le savoir divin s’est transmis aux hommes :



Si l’on remonte aux origines, explique F. Joannès, on trouve donc les apkallu (en sumérien
ABGAL), Sages mythiques qui, aux temps antédiluviens, sortirent de la mer pour révéler aux
hommes la science, les arts et les techniques. Ils sont donc détenteurs d’un Savoir primordial,
qu’ils tiennent essentiellement du dieu Éa. Le mot ABGAL / apkallu, dont l’étymologie reste
inconnue, désigne prioritairement les Sept premiers des Sages antiques, d’origine non humaine :
ce sont des êtres hybrides, mi-hommes mi-poissons. Y ont ensuite été associés quatre autres

apkallu d’origine humaine, postérieurs au Déluge. Ils sont les prototypes directs des ummânu,
seconde catégorie de Sages, qui associent également sagesse et science. Le terme apkallu

fonctionne parfois comme un titre divin, appliqué le plus souvent au dieu Éa et à son fils Marduk/
Asalluhi. Puis, à l’époque historique, apkallu désigne un prêtre, spécialisé dans le maniement
de l’eau ou de l’huile […]. Les sept premiers apkallu initièrent les hommes à la civilisation, puis,
lorsque le Déluge se produisit, regagnèrent leur élément d’origine, l’Apsû, monde des eaux
douces et domaine du dieu Éa.
« dans l’image traditionnelle qui en est donnée, les apkallu jouent un rôle bénéfique
et protecteur de l’humanité ; ils servent de prolongement à l’action du dieu Éa pour
initier les hommes à un certain nombre de techniques, et apparaissent également comme
des génies bienfaisants, maîtres de la purification par l’eau […] »18.
Cela leur permet de jouer un rôle d’exorcistes. Sur les bas-reliefs néo-assyriens, on voit
des apkallu semi-humains jouer le rôle normalement dévolu aux exorcistes-conjurateurs
pour protéger le roi : ils utilisent de l’eau pour procéder à des ablutions protectrices avec
une pomme de pin. Ainsi est-ce en raison de leur caractère hybride et de leur statut d’intermédiaire
entre les dieux et les hommes que les premiers Apkallu se sont vu conférer une
fonction apotropaïque.
Si l’on trouve les Apkallu présents dans les rituels de purification par l’eau, on les rencontre
également dans les opérations magiques d’animation des statues des dieux. En effet
les Apkallu savaient fabriquer des statues de dieux. Ils maîtrisaient l’art de les maintenir en
bon état, ce qui permettait au dieu de rester dans la statue et ainsi de protéger son sanctuaire
et sa ville. Car les Apkallu savaient non seulement élever une statue, mais encore lui
donner vie, c’est-à-dire faire s’incarner le dieu dans son effigie. Pour cela il leur fallait connaître
les opérations rituelles avec l’eau qui étaient adéquates.


Cette consécration, explique F. Joannès, se faisait au cours de cérémonies appelées « lavage
de la bouche » (mîs pî, KA. LUH. (H) U. DA) et « ouverture de la bouche » (pît pî, KA. DUH. (H)
U. DA) : par des rituels accompagnés de prières, on purifiait l’ouverture par laquelle s’introduisait
l’esprit divin pour venir habiter la statue19.
Donc le savoir des Apkallu sur ce point est de la plus haute importance, puisqu’il permet
aux hommes d’accueillir en leurs villes leurs divinités protectrices qui peuvent ainsi
efficacement repousser ennemis et malheurs éventuels.


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 19 Mai 2011 21:22 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 26 Fév 2011 9:10
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Je laisse digérer le "pavé" :mrgreen: car ensuite ce theme nous amenera directement vers
l'organisation et la transmission du Savoir à l'epoque sumerienne , mais aussi l' organisation politique et enfin comment la longue tradition mésopotamienne a pu se perpétuer dans le monde hellénistique, puis dans les conceptions judaïques, gnostiques ou chrétiennes. Mais il faut y aller etape par etape :wink:


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 19 Mai 2011 22:06 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 09 Juin 2010 14:22
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Citer :
Puis, à l’époque historique, apkallu désigne un prêtre, spécialisé dans le maniement
de l’eau ou de l’huile


Ne nous précipitons pas pour y voir les prémices de l’onction sacrée, ou bien ?



Citer :
les Apkallu savaient fabriquer des statues de dieux. Ils maîtrisaient l’art de les maintenir en
bon état,


rôle qui incombera plus tard aux souverains chez les hittites.

Citer :
c’est-à-dire faire s’incarner le dieu dans son effigie. Pour cela il leur fallait connaître
les opérations rituelles avec l’eau qui étaient adéquates.


pas besoin de leur souffler dans les narines à celles-là ?



Citer :
Je laisse digérer le "pavé" car ensuite ce theme nous amenera directement vers
l'organisation et la transmission du Savoir à l'epoque sumerienne , mais aussi l' organisation politique et enfin comment la longue tradition mésopotamienne a pu se perpétuer dans le monde hellénistique, puis dans les conceptions judaïques, gnostiques ou chrétiennes. Mais il faut y aller etape par etape


tout un programme, je suis tout ça de près ;) .


Bien à vous.

_________________
et tout le reste n'est que littérature


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 20 Mai 2011 6:42 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 26 Fév 2011 9:10
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Localisation : france
Intéressant Yongle tes premières interventions sur le sujet ;)

Est ce qu'il faut y voir les premisses de l'onction sacré ?
Dans le contexte "apkallu" l'eau et l'huile sont utilisées à des fins normalement dévolu aux exorcistes-conjurateurs
ils utilisent de l’eau pour procéder à des ablutions protectrices avec une pomme de pin.
C'ets plus liée à la medecine , à la protection du roi , pour prevenir des maladies (les maladies ayant été longtemps considérés
dans l' histoire de l' homme comme des demons)

Sur le net vous verrez de nombreuses representation en tapant apkallu (representés sous diverses forme - homme poisson - homme a tete d'aigle et ailés , hommes ailés , etc...).
Initiallement c'etait un costume de poisson. Car evidemment on peut fortement douter du caractère réellement hybride des apkallu. Ce sont des hommes -pretres qui prennent un costume. La description d' Oannes par Bérose ne laisse pas planer le doute, je n'ai plus l'extrait exact mais de memoire c'etait " sous la tete de poisson il avait une tete d' homme et une voix d'homme etc..."

Image

Mon avis personnel est que ça a en effet fortementy inspiré des rites sacerdotaux ultérieur.
***

Pour le hittites je en savais pas c'ets un lien intéressant.

***
Pas les narines chez eux :wink: mais on est pas loin - c'est par la bouche que pénètre l'esprit divin dans les statues (on peut y voir là aussi un lien avec certains mythes de la création de l' homme en effet) , d'ou les fameuses céremonies d' ouverture de bouche et de lavage de bouche !

Je reprends mes anciennnes notes ce week end pour poursuivre et développer ce sujet :wink:


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 20 Mai 2011 7:07 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
mitra13 a écrit :
En son temps j'avais commencé à investiguer ce thème...
Je met en ligne ce que j'avais trouvé xous forme de synthese de plusieurs sources, en espérant que certains membres içi ont aussi etudié ce sujet et pourront completer , corriger , ou d'autres decouvrir ce thème.
***

Dans la mythologie sumerienne, apkallum, est un titre porté par Ea à la
cour divine, nous permettent de rattacher le mythe d'Adapa à celui
des Sept Sages antédiluviens. Une tradition, malheureusement
presque entièrement disparue, voulait en effet que des conseillers
aient été présents auprès des rois antédiluviens, dans le même
rapport qui unissait Ea aux grands dieux du panthéon. Au temps
historiques, des lettrés occupaient des positions semblables auprès
de certains rois, et avaient acquis une telle renommée que l'on a
conservé leurs noms. Les savants d'Uruk, à l'époque séleucide, derniers
gardiens de la tradition mésopotamienne autochtone, traçaient
leur lignée jusqu'à ces ancêtres célèbres, et, au-delà, jusqu'à Adapa
et Ea.
Un texte remarquable, mais malheureusement isolé, nous en
donne la liste. Il s'agit de W 20030,7, d'époque séleucide, publié par
J. Van Dijk en 1962

A l'époque du roi Ayalu, iPan était apkallu,
A l'époque du roi Alalgar, iPanduga était apkallu,
A l'époque du roi Ammelu''anna, Enmeduga était apkallu,
A l'époque du roi Ammegalanna, Enmegalamma était apkallu,
A l'époque du roi Enme->uSumugalanna, Enmebulugga était apkallu,
A l'époque du roi Dumuzi le Berger, Anenlilda était apkallu,
A l'époque du roi Enmeduranki, Utu^abzu était apkallu.
[Après le Déluge], pendant le règne d'Enme(r)kar, Nungalpiriggal était apkallu,

Evenement inconnu : [celui qu'IStar] fit descendre des cieux dans l'Eanna. La lyre de bronze
[dont le ...] est de lapis-lazuli, oeuvre de Ninagal,
[il fit. Dans le ...], séjour de ..., on plaça la lyre devant Anu.

A l'époque du roi Gilgames, Sîn-leqe-Unnlni* était ummânu,
A l'époque du roi Ibbi-Sîn, Kabtu-il-Marduk était ummânu,
A l'époque du roi ISbi-Erra, Sidu, alias Enlil-ibni, était ummânu,
A l'époque du roi Abi-ESuh, Sû-Gula et Taqis-Gula étaient ummânu,
A l'époque du roi ..., Esagil-kini-apla était ummânu,
A l'époque du roi Adad-apla-iddina, Esagil-kîni-ubba était ummânu,
A l'époque du roi Nabuchodonosor, Esagil-kini-ubba était ummânu,
A l'époque du roi Assarhaddon, Aba-Enlil-dari était ummânu,
celui que les Ahlaméens (Araméens) appellent Ahiqar,
[alias7] Niqaqurusû.

Auteur et datation de la tablette:
[Tablette] d'Anu-bëlsunu, fils de Nidittu-Anu, descendant de Sîn-leqe-unnini,
[prêtre kalû] d'Anu et d'Antum, citoyen d'Uruk. (Ecrit) de sa propre main.
[Uru]k, le 1 0 du mois Ayyâru, l'an 147. Antiochos était roi.
Celui qui révère Anu n'emportera pas cette (tablette).
La tablette date du 10 du mois d'avril-mai 165/4 (l'an 147 de l'ère
séleucide), sous le règne d'Antiochos IV Epiphane (175-164/3).

Les rois antédiluviens figurent tels quels dans la Liste Royale
sumérienne (LRS dans le tableau ci-dessous). Ils ont également été
cités par Bérose, un prêtre de Bël-Marduk, qui transcrivit en grec,
vers 280, une partie de la tradition babylonienne dans ses Babyloniakan.

On peut tracer à partir de ces sources le tableau suivant la liste de ces 7 sages antédilluviens:

Ayalu = Oannès
Alalgar = Annèdotos
AmmeliPanna = Euedôkos
Ammegalanna = Eneugamos
EnmeliSunnga- lama = Eneuboulos
Dumuzi-SlPA = Anèmentos
Enmeduranki =Odakôn

Les savoirs détenus par les Apkallu
(un peu long désolé mais c'est nécessaire pour bien comprendre ce que sont les Apkallu)

Comme l’explique F. Joannès, dans son article sur les Sages de Mésopotamie : « La
mentalité mésopotamienne, ne faisant pas du progrès l’élément moteur de son histoire, a
souvent insisté sur l’idée de révélation, la plupart du temps d’origine divine : c’est dans
cette optique qu’il faut situer le rôle dévolu aux tout premiers apkallu. Si le Déluge marque
la frontière entre temps mythique et temps historique, l’intervention des apkallu représente
une étape antérieure, mais tout aussi décisive, celle du passage de l’état de nature à l’état
civilisé. C’est par eux qu’ont été communiquées à l’humanité, en une seule fois, les bases
techniques et intellectuelles qui fondent la société humaine et permettent à l’homme civilisé
de se situer par rapport à la nature et aux non-civilisés . » Ainsi en va-t-il du rôle de l’Oannès
de Bérose, connu sous un autre nom, Adapa, dans la tradition mythologique plus
ancienne : « Cet apkallu antédiluvien, […] est le prototype du Sage transmettant à l’humanité
les techniques civilisatrices initiées par le dieu Éa. Adapa est présenté comme étroitement
attaché au culte de ce dieu et à la ville d’Eridu, que les Sumériens tenaient pour la
plus ancienne, dont il fut le premier “prêtre-purificateur”. Toujours en rapport avec Éa, il est
également à l’origine des connaissances et des pratiques médicales et magiques qui délivrent
des maladies »
Il était donc le premier des Apkallu, ce groupe de sept sages antédiluviens qui ont
transmis aux hommes toutes sortes de savoirs d’origine divine dont ils étaient dépositaires.
Ils ont joué le rôle de héros civilisateurs et étaient révérés comme tels. Bérose énumère
dans son texte qui doit reprendre la ligne d’un mythe très ancien et perdu, celui des Sept
Sages, le type de savoir qu’Oannès délivre aux hommes : « [Oannès]… passant ses jours
parmi les hommes, sans prendre la moindre nourriture, leur apprit l’écriture, les sciences et
les techniques de toute sorte, la fondation des villes, la construction des temples, la jurisprudence
et la géométrie ; il leur dévoila pareillement la culture des céréales et la récolte
des fruits : en somme, il leur donna tout ce qui constitue la vie civilisée. Tant et si bien que,
depuis lors, on n’a plus rien trouvé de remarquable (sur ce chapitre). Au coucher du soleil,
ce même monstre Oannès replongeait en la mer pour passer ses nuitées dans l’eau, car il
était amphibie »
En raison de tous leurs savoirs, de leur existence antédiluvienne, les apkallu sont considérés
comme des « carpes saintes », créatures d’Éa, le très intelligent dieu et maître de
l’Apsû, la nappe d’eau douce placée sous la surface de la terre dans la cosmologie mésopotamienne.
Ainsi, un lien se dessine entre eau et savoir. En effet, des eaux douces primordiales
où prennent leur source tous les cours d’eau qui irriguent le pays dans les mythes
mésopotamiens, qui sont premières dans les cosmogonies, de ces eaux semble venir le
savoir.
Les Apkallu, êtres créés par Enki / Éa, sont comparés aux carpes divines dans le Poème
d’Erra par exemple en (I, 162) :

Ces Sept Apkallu de l’Apsû, « carpes » saintes,
Qui, pareils à Éa, leur maître,
Ont été adornés par lui d’une ingéniosité extraordinaire13…
ou encore dans un fragment de rituel théurgique14 :
Ces Sept Apkallu, carpes venues de la Mer…
Ces Sept Apkallu, « créés » dans la Rivière,
Pour assurer le bon fonctionnement
Des plans divins concernant Ciel et Terre…
D’après le commentaire que J. Bottéro donne de ce passage, il est évident que le
mythe des Sept Sages, fait intervenir ces personnages pour « expliquer comment Enki / Ea
s’y était pris pour communiquer aux humains la culture et la civilisation […], qu’il avait, et
lui seul, mise au point, en vue de réaliser ses desseins “concernant ciel et terre”, autrement
dit la bonne marche de l’univers en vue d’assurer aux dieux une vie opulente et sans tracas.
Il lui avait suffi, pour cela, en plein “temps mythique” et antédiluvien de préparation du
monde et des hommes tels qu’ils devraient fonctionner régulièrement depuis les débuts
de “temps historiques”, postdiluviens, d’envoyer ici-bas, à la suite, ces héros civilisateurs,
au courant de ses secrets et chargés d’apprendre et propager aux hommes ses techniques »15.
Ainsi apparaît dans cette tradition mythologique l’idée que les dieux n’ont pas révélé
directement aux hommes le savoir, mais que ce dernier a été transmis par des personnages
de la plus haute importance, les Apkallu, qui ont joué le rôle indispensable de pédagogues
auprès des hommes qui ensuite ont été à même de le transmettre à leurs descendants de
génération en génération. On peut alors établir, d’après les textes mythologiques, la façon
dont le savoir divin s’est transmis aux hommes :



Si l’on remonte aux origines, explique F. Joannès, on trouve donc les apkallu (en sumérien
ABGAL), Sages mythiques qui, aux temps antédiluviens, sortirent de la mer pour révéler aux
hommes la science, les arts et les techniques. Ils sont donc détenteurs d’un Savoir primordial,
qu’ils tiennent essentiellement du dieu Éa. Le mot ABGAL / apkallu, dont l’étymologie reste
inconnue, désigne prioritairement les Sept premiers des Sages antiques, d’origine non humaine :
ce sont des êtres hybrides, mi-hommes mi-poissons. Y ont ensuite été associés quatre autres

apkallu d’origine humaine, postérieurs au Déluge. Ils sont les prototypes directs des ummânu,
seconde catégorie de Sages, qui associent également sagesse et science. Le terme apkallu

fonctionne parfois comme un titre divin, appliqué le plus souvent au dieu Éa et à son fils Marduk/
Asalluhi. Puis, à l’époque historique, apkallu désigne un prêtre, spécialisé dans le maniement
de l’eau ou de l’huile […]. Les sept premiers apkallu initièrent les hommes à la civilisation, puis,
lorsque le Déluge se produisit, regagnèrent leur élément d’origine, l’Apsû, monde des eaux
douces et domaine du dieu Éa.
« dans l’image traditionnelle qui en est donnée, les apkallu jouent un rôle bénéfique
et protecteur de l’humanité ; ils servent de prolongement à l’action du dieu Éa pour
initier les hommes à un certain nombre de techniques, et apparaissent également comme
des génies bienfaisants, maîtres de la purification par l’eau […] »18.
Cela leur permet de jouer un rôle d’exorcistes. Sur les bas-reliefs néo-assyriens, on voit
des apkallu semi-humains jouer le rôle normalement dévolu aux exorcistes-conjurateurs
pour protéger le roi : ils utilisent de l’eau pour procéder à des ablutions protectrices avec
une pomme de pin. Ainsi est-ce en raison de leur caractère hybride et de leur statut d’intermédiaire
entre les dieux et les hommes que les premiers Apkallu se sont vu conférer une
fonction apotropaïque.
Si l’on trouve les Apkallu présents dans les rituels de purification par l’eau, on les rencontre
également dans les opérations magiques d’animation des statues des dieux. En effet
les Apkallu savaient fabriquer des statues de dieux. Ils maîtrisaient l’art de les maintenir en
bon état, ce qui permettait au dieu de rester dans la statue et ainsi de protéger son sanctuaire
et sa ville. Car les Apkallu savaient non seulement élever une statue, mais encore lui
donner vie, c’est-à-dire faire s’incarner le dieu dans son effigie. Pour cela il leur fallait connaître
les opérations rituelles avec l’eau qui étaient adéquates.


Cette consécration, explique F. Joannès, se faisait au cours de cérémonies appelées « lavage
de la bouche » (mîs pî, KA. LUH. (H) U. DA) et « ouverture de la bouche » (pît pî, KA. DUH. (H)
U. DA) : par des rituels accompagnés de prières, on purifiait l’ouverture par laquelle s’introduisait
l’esprit divin pour venir habiter la statue19.
Donc le savoir des Apkallu sur ce point est de la plus haute importance, puisqu’il permet
aux hommes d’accueillir en leurs villes leurs divinités protectrices qui peuvent ainsi
efficacement repousser ennemis et malheurs éventuels.



Ce texte vient d'un autre forum. En êtes-vous l'auteur ? Si ce n'est pas le cas, merci de citer vos sources.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 20 Mai 2011 9:49 
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Grégoire de Tours
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ça depend quel(s) forum(s) lol - donnez moi le en Mp et je vous dirais

Franchement j'avais compilé plusieurs sources , articles , extraits et sites il ya quelques temps sur ce thème.
A l' epoque je ne connaissais de site aussi specialisé histoire et suffisament général (mythes, religions, toutes les anciennes civilisations) pour
le rediffuser sur le net afin de les etudiers à plusieurs et en details, avec des avis qualifiés.

Je m'excuse platement :mrgreen: de ne pouvoir retrouver l'intégralité des sources aujourd'hui. Pour la suite de l'etude j'ai noté un auteur fort qualifié
que je pourrais citer et rendre hommage ! je vous l'indiquerais des que le sujet s'orientera sur son etude.


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 20 Mai 2011 15:49 
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Grégoire de Tours
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si l'article est nommé " les 7 sages antédiluviens" c'est bien moi . Mais bon c'etait dans une autre optique de recherche et de public qu'içi.


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 20 Mai 2011 22:48 
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Grégoire de Tours
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bien. si vous me permettez de poursuivre, Les apkallu nous amène a reflechir sur la Transmission du savoir dans le modèle sumerien - impact sur les religions actuelles

Via leur modèle antediluvien des 7 sages , les sumeriens vont durablement influencé toutes les civilisations suivantes.

Entièrement tournés vers le passé, ils se vantaient de posséder un savoir qui leur venait « d’avant le Déluge », directement issu des dieux et transmis par eux au principal héros civilisateur, Adapa ( pour mémo adapa = Oannes , le premier des Apkallu, le premier sage antédiluvien)

On retrouve un schema qui est commun a beaucoup de mythologies dans le monde: celui des heros civilisateurs , servant d'intermediaire entre hommes "sauvges" et Dieux pour apporter sur terre toute sorte de savoirs "divins"
indispensables pour quel' homme puisse evoluer, progresser et structurer sociétés et civilisations.


nous savons que le costume en forme de poisson était l’apanage des prêtres exorcistes voués au dieu Ea, dieu de la Sagesse et de la Connaissance. Sumer et le culte d' EA (un dieu de type "promothéen" utilisant la ruse pour apporter le savoir desdieux aux hommes) met ainsi en place une longue tradition de prêtres et de savants qui se transmettront cette connaissance. C’est parmi eux que se trouveront tous les grands savants, prêtres et exorcistes, tous les grands conseillers royaux, à commencer par les Sept Sages, compagnons des rois les plus antiques.

grand patron des médecins, des astrologues et des exorcistes, en somme de tous les détenteurs du savoir le plus caché, le plus secret. Il préside aussi au destin de ceux que nous nommons les « scribes », en réalité les grands intellectuels ou académiciens de l’époque (ummānu), ceux qui avaient maîtrisé tous les secrets de l’écriture et pouvaient en jouer comme les grands rabbins juifs jouaient de la Torah dans les Midrash.



Nous retrouvons la même approche dans les textes mésopotamiens. De nombreuses tablettes, contenant des œuvres diverses, mais le plus souvent des commentaires cultuels ou ésotériques, portent un colophon interdisant leur accès au non-initié (celui qui ne sait pas) et exigeant de l’initié (celui qui sait) d’en prendre grand soin.

C'est sans doute le debut des ecoles des mystères



Ce savoir était certainement l’apanage d’un groupe relativement restreint d’académiciens. Les lettres de l’époque néo-assyrienne nous dépeignent remarquablement les activités de ces savants et leur mode de vie et de pensée. Ils sont organisés en cinq « domaines »:

* ṭupšarrūtu art de l’écriture et astrologie
* bārūtu divination (essentiellement l’hépatoscopie)
* āšipūtu exorcisme et magie
* asūtu médecine
* kalūtu chants et lamentations


Ceux qui appartiennent à ces cinq domaines sont les Sages, les « philosophes », dont le modèle par excellence est Adapa. Un texte administratif daté des environs de 650 énumère nommément 7 astrologues, 9 exorcistes, 5 devins, 9 médecins, 6 lamentateurs, 3 augures, 3 savants égyptiens (ḫarṭibī) et 3 scribes égyptiens. Il s’agit vraisemblablement là de l’ensemble du personnel académique du palais de Ninive à cette époque, en tout cas ses membres les plus importants. A la tête de chacune de ces cinq Disciplines se trouve un chef (un Grand, rabû, cf. le terme rabbin), mais le principal d’entre eux était sans nul doute le rab ṭupšarri ou rab ummāni « le Grand Scribe » ou « Grand Sage », que l’on nommait l’ummānu du roi. Celui-ci siégeait au cabinet restreint du roi, en compagnie du souverain et des 7 grands ministres, un total de 9 personnes dont dépendaient les destinées de l’empire assyrien. Ce cabinet restreint était organisé sur le même modèle que l’assemblée des Grands Dieux, le roi jouant dans le monde matériel le rôle du maître du panthéon. Chaque ministre avait, lui aussi, sa contrepartie divine, son modèle céleste. Le Grand Académicien représentait bien sûr le dieu Ea sur terre.



Cet homme, avec son équipe de savants subordonnés à lui, était responsable de la santé physique et morale de l’empereur. Il était chargé de scruter l’univers à la recherche des messages divins porteurs de présages, mais aussi et surtout, d’y apporter la réponse adéquate. Tout présage possède en lui sa solution. Comme l’écrit Balasî, le Grand Académicien du prince héritier au roi : « Il y a eu un tremblement de terre. C’est mauvais signe. On doit accomplir le rituel contre les tremblements de terre et tes dieux éloigneront le mauvais présage : ‘ Ea l’a fait, Ea peut le défaire ’. Celui qui a causé le tremblement de terre a aussi créé le rituel qui permet de s’en prémunir ». Le Grand Ummānu était en quelque sorte le gardien ou le conseiller spirituel du roi.

Tous ces grands savants, même s’ils ne siègent pas au conseil restreint, ont le privilège de pouvoir communiquer directement avec le roi. Celui-ci n’était certainement pas ignorant de toutes ces matières. Il avait reçu l’enseignement de l’ummānu lorsqu’il était prince héritier et continuait à être conseillé par le Grand Académicien.

Les savants se réclament généralement d’une lignée célèbre. Ils se disent descendants de grands hommes du 2e millénaire et principalement de Sîn-leqe-unnīnī, à qui on attribue la rédaction de la version finale de l’Epopée de Gilgameš. De là, la lignée arrive à Gabbu-ilāni-ēreš, Grand Académicien d’Aššurnasṣirpal II au IXe siècle, puis à Nabû-zuqup-kēna, l’ummānu de Sargon II et de Sennacherib vers 700. Souvent, la transmission se fait de père en fils. Dans d’autres cas, il doit s’agir d’adoption ou de filiation « intellectuelle » plutôt que réelle.



La tradition de ces grands Savants associés au souverain s’est perpétuée jusqu’à l’époque hellénistique. Ils étaient considérés comme les émules des Sept Sages dont la légende voulait qu’ils eussent conseillé les Rois antédiluviens.




Si l’on suit les théories de l’assyriologue finlandais Simo Parpola, le cabinet restreint, avec à sa tête le Roi et le Grand Ummānu, représentait, dans le monde matériel, l’assemblée des Grands Dieux, avec à sa tête les dieux Anu et Ea. Ils étaient symbolisés dans les palais assyriens par l’Arbre de Vie, sous la forme d’un schéma que l’on retrouvera dans la Kabbale avec l’Arbre des Séfirot. Cette construction est organisée en trois triades superposées, dont chaque point est occupé par un dieu (ou, dans la version humaine, par un ministre). Ces neuf dieux symboliseraient les neuf émanations du dieu Aššur, lui-même divinité transcendante et immanente, représenté sous la forme du Soleil Ailé, celui dont on dit qu’il est « le roi de tous les dieux, créateur de lui-même (autogène), le père des grands dieux, celui qui est exalté dans l’Abysse, le roi du ciel et de la terre, seigneur de tous les dieux, qui a engendré les Igigi et les Anunnaki, constructeur de la voûte du ciel et du fondement de la terre, créateur de l’univers, qui séjourne dans les pures constellations, le premier des dieux, celui qui décrète les destins » A la base de l’Arbre Divin se trouve le Roi, lien cosmique entre le monde divin et le monde matériel. Au centre de l’Arbre, position privilégiée par excellence, se trouve la déesse Ištar, ( ça correspond aussi à la vision gnostique de Sofia cachée au centre de l' arbre dans la génèse gnostique (cf ecrit sans titre apocryphe qui reviste la génèse) symbolisée dans le Cabinet Royal par le Grand Eunuque.

Dans ce cadre, Ištar est réellement l’une des figures essentielles et fondamentales du panthéon assyrien. Elle est à la fois fille, sœur et mère des huit autres Grands Dieux. Elle est également l’épouse, la mère et la fille du dieu transcendant, Aššur lui-même. Elle forme en quelque sorte avec Aššur et le Dieu-Fils, Nabû, la Trinité assyrienne.


C’est elle qui s’exprime principalement par la bouche des prophètes. Ainsi un oracle adressé au roi Assarhaddon dit ceci

« Ne crains rien, Assarhaddon !
Je suis Bēl (le Seigneur). En te parlant, je veille sur les poutres de ton cœur. Lorsque ta mère t’a donné naissance, 60 grands dieux se tenaient à mes côtés pour te protéger. Sîn était à ta droite, Šamaš à ta gauche. 60 grands dieux se tenaient autour de toi pour te vêtir.


On voit dans ce texte remarquable, Ištar s’adresser au roi en prenant successivement la forme de Bēl (c’est-à-dire Marduk ou Aššur), d’Ištar et de Nabû : on peut y voir le prototype du Père, du Fils et du Saint Esprit dans la tradition chrétienne. Ištar est au centre de la religion assyrienne, comme elle siège au centre de l’Arbre Sacré assyrien, prototype de la Séfira que les Kabbalistes nommeront Tiféret, « Beauté ». Elle est androgyne et porte la barbe : « Comme Aššur, elle porte la barbe et est revêtue d’une aura brillante »
(figure christique ?)

Toujours selon Parpola, elle aurait été la figure centrale d’un culte mystique et initiatique, que l’on pourrait appeler les Mystères d’Ištar. Les initiés de ce culte, comme leurs émules plus tardifs des cultes d’Attis et de la Dea Syria, cherchaient à atteindre l’union mystique avec Dieu (ici Aššur) par son intermédiaire, en pratiquant toutes sortes de rites de purification et de mortification allant jusqu’à l’émasculation volontaire. De là le rôle prééminent joué par les eunuques à la cour des rois d’Assyrie.



Dans ce cadre, qui demande à être encore affiné et confirmé en partie, la transmission de la Connaissance joue bien évidemment un rôle central. Tout le canon de la littérature scientifique, mais aussi les grandes œuvres littéraires, comme l’Epopée de Gilgameš ou la Descente d’Ištar aux Enfers, font partie intégrante des Mystères assyriens. On comprend mieux la motivation extraordinaire des savants à copier et à recopier ces textes qui leur étaient profondément sacrés, car ils contenaient l’exposé de la Voie menant à la Divinité.



C’est probablement surtout vrai de la Descente d’Ištar, dont les parallèles avec le mythe gnostique chrétien de l’Exégèse de l’Ame laissent supposer qu’il représentait la Descente de la Déesse, prototype de l’Ame Cosmique ou de la Sophia, dans le monde matériel et sa renaissance ensuite, suivie de la réunion avec son père, le Créateur. En pénétrant dans le monde matériel, Ištar apporte avec elle la Connaissance.

tous ces liens qui se tissent, semble-t-il, avec les religions et les philosophies postérieures à l’empire assyrien sont bien réels et non le produit de l’imagination de certains. Mais de trop nombreuses coïncidences permettent d’entrevoir comment la longue tradition mésopotamienne a pu se perpétuer dans le monde hellénistique, puis dans les conceptions judaïques, gnostiques ou chrétiennes.


les tenants de cette très ancienne philosophie ont encore maintenu leur enseignement dans le monde proche-oriental et méditerranéen pendant quelques siècles, mais, devant la montée du christianisme, les doctrines païennes ont lentement mais sûrement reculé. Elles restent encore détectables dans les écrits de la Kabbale, dont les premiers textes apparaissent précisément au XIIe siècle. A travers le prisme très différent de la Kabbale, les conceptions assyriennes, toujours revues, enrichies et complétées, réinterprétées sont peut-être bien arrivées jusqu’à nous.

:arrow: pour une connaissance encore plus approfondie sur ce theme je conseille vivement de lire Philippe Talon, « La transmission du savoir en Mésopotamie ancienne », Civilisations


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 21 Mai 2011 10:19 
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Pierre de L'Estoile
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Le fil que vous venez d’ouvrir a toutes les chances de devenir passionnant,on attend encore les spécialistes qui, à n’en pas douter,ne vont pas tarder…
MITRA13, vous relevezles trois formes d’Ishtar en y voyant l’ancêtre de la Trinité chrétienne. Outre que cela me paraît bien lointain – mais après tout pourquoi pas ? – Est-ce que vous ne pensez pas que le fait que les sumériens adoraient déjà une trinité à proprement parler :
- An, le dieu du ciel
- Enlil, le dieu de la terre
- Enki, le dieu des eaux souterraines
est aussi pertinent ?
Sinon, vous nous parlez d’émasculation sans pour autant relever l’étonnante postérité des eunuques dans l’Histoire. Est-ce volontaire, est ce un oubli ? Ou en connaît-onde plus anciens ?
Sur le sujet voici un bouquin qui pourrait éventuellement vous intéresser :
« Learning and teaching medicine and exorcism at Uruk in the Hellenistic period », Textes et instruments scientifiques anciens élaborés dans un contexte d’enseignement : situations, usages, fonctions (titre provisoire, l’ouvrage sera en anglais), Boston Studies of Philosophy of Science [parution prévue en 2011].

Bien à vous.

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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 21 Mai 2011 11:24 
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Grégoire de Tours
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Pour la triade des dieux sumeriens j'ai une autre explication. Je ne l'associé pas vraiment à un prototype de sainte trinité.
mais plus à une structure de pensée des sumériens.

C'est un peu complexe à demontrer mais les sumeriens adopte une conception ternaire en association deux idées extremes et une idée moyen terme entre ces 2 extrêmes.
Cette conception ternaire se retrouve dans son panthéon dominé par 3 divinités An (le haut) , Enlil (le milieu) , Enki (le bas)

Pour le theme des Enuques , j'ai laissé le champ libre parce que je souhaitais avoir d'autres temoignages du role des enuques dans l' histoire des civilisations postérieures. Sinon le geste d'emsculation est associé à d'autres mythe de la création comme un geste divin permettant de separer la terre, des cieux , au moment de la création.


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 22 Mai 2011 8:07 
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Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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C'est quand même malheureux (scandaleux ?) de citer ici in extenso des passages d'articles glanés sur le net sans indiquer que cela est fait. C'est quelque chose qui ne se fait pas, en plus du point de vue légal ça doit poser problème. Et il n'y a pas d'excuse valable concernant l'oubli des références, puisqu'elles se retrouvent vite via un moteur de recherche.

Donc voilà :
* http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/prepri ... 132009.pdf : Christine Dumas-Reungoat, "Êtres hybrides détenteurs de savoir en Mésopotamie et en Grèce : éléments de comparaison entre Apkallu et Telchines", dans Schedae 13/2, 2009.
* http://civilisations.revues.org/index734.html : Philippe Talon , "La transmission du savoir en Mésopotamie ancienne", Civilisations 52/1, 2004.


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 22 Mai 2011 9:14 
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Pierre de L'Estoile
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... Quel dommage, une discussion qui s'annonçait si palpitante. :'(

Bien à vous.

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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 22 Mai 2011 9:38 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Fév 2011 9:10
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Zunkir a écrit :
C'est quand même malheureux (scandaleux ?) de citer ici in extenso des passages d'articles glanés sur le net sans indiquer que cela est fait. C'est quelque chose qui ne se fait pas, en plus du point de vue légal ça doit poser problème. Et il n'y a pas d'excuse valable concernant l'oubli des références, puisqu'elles se retrouvent vite via un moteur de recherche.

Donc voilà :
* http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/prepri ... 132009.pdf : Christine Dumas-Reungoat, "Êtres hybrides détenteurs de savoir en Mésopotamie et en Grèce : éléments de comparaison entre Apkallu et Telchines", dans Schedae 13/2, 2009.
* http://civilisations.revues.org/index734.html : Philippe Talon , "La transmission du savoir en Mésopotamie ancienne", Civilisations 52/1, 2004.



C'ets pas tellement le fait de glaner ( je pense que personne içi n'est capable de rediger quoi que se soit concernaant ce sujet tres technique , puisque je ne l'ai jamais vu sur votre forum avant ce fil...
Ce qui est intéressant c'ets de le comprendre et de l'analyser de façon personnelle. Je vous ferais remarquer que j'ai cité philippe Talon...

Ceci dit si ça tourne à la polemique , j'arrête de m'exprimer sur ce sujet , et je livrerais mes analyses personelle ailleurs. pas de souci ;)


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 22 Mai 2011 19:08 
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Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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En fait le problème c'est que quand on est noyé sous des citations à rallonge d'articles scientifiques qui ne sont même pas explicites (genre des guillemets), on se demande bien où est la part "personnelle" des interventions. Il vaut mieux citer clairement les passages repris d'articles (avec la fonction citation normale), si c'est trop long renvoyer au lien de l'article en indiquant la page. Ensuite on pourra mieux repérer le côté "personnel". Parce que là il n'y a même pas à polémiquer bien loin : ce genre de pratique c'est pas loin d'être du vol de travail scientifique, ou du détournement, en tout cas quelque chose à proscrire impérativement. J'espère que cela a été fait plus par naïveté qu'autre chose, mais en tout cas ce n'est plus à refaire.


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 Sujet du message : Re: Les Apkallu sumériens
Message Publié : 23 Mai 2011 0:10 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Fév 2011 9:10
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Ok. Pour parler des apkallu il fallait une presentation complète qui nous serve de base avant de succiter des analyses, questions et commentaires plus personnels. Si je livre mon analyse sans cette base ça aurait été complètement incomprehensible , surtout sur un sujet meconnu par 99 % des gens!
Pourtant au depart du sujet j'avais bien precisé : "Je met en ligne ce que j'avais trouvé, en précisant qu'il s'agissait d'une synthèse de plusieurs sources " , en aucun moment j'ai dit que c'etait un travail personnel ! si ce n'est un travail de recherche de ce qui s'etait ecrit sur le sujet sur le net.

Oui j'avais déjà fait cette compil pour un autre forum , qui n' a pas une vocation historique ( qui ne me demander pas de montrer patte blanche en citant systematiquement mes sources...)

Maintenant si vous souhaitez ma synthèse personnelle du sujet là voici:

:arrow: Apkallu correspond à un modele de 7 sages se revendiquant de filiation divine , c'est un modèle d'organisation politique qui va considérablement influencé les civilisations de l' antiquité

:arrow: Apkallu sont considérés commes des héros civilisateurs et c'est là aussi un modèle commun a pas mal de mythologie ou des etres "surnaturel" ou "hybrides" viennent apporter les clés de la civilisation aux hommes

:arrow: Apkallu sont des intermediares entre dieux et les hommes , tout comme les rois sumeriens et les futures royautés qui suivront dans l' histoire des hommes. Ce ne sont plus les Dieux qui vont directement influer la destiné des hommes , ils utilisent des intermediaires, et c'ets une evolution majeure dans les croyances qui vont aboutir peu à peu au Monotheisme . on s'eloigne en effet d'un modele polytheiste ou les dieux vivent aux milieux des hommes, sont tres proches et interventionnistes directement.

:arrow: Apkallu a aussi une influence sur les premières religions , puisque dans la periode historique "post deluge" on va dire, ce sont les prêtres d' EA qui reprennent le flambeau , avec leurs costumes d'homme poisson tres bien decrit par Bérose à propos du mythe/ histoire de Oannes. (j'ai lu personnellement pas mal d'étude sur Bérose et les retranscriptions de ses ecrits par Flavius Jospéhe et Eusèbe de Césarée )
C'est cette lignée de pretre qui je pense institue comme on a parlé avec Yongle , les onctions sacrées , mais aussi le culte D' EA qui va etre ensuite "diabolisé" par les hebreux , comme le serpent , et dans d'autres mythes comme promethée.

:arrow: La tradition initié par ses Apkallu qu'on voit souvent representé en etres ailés , encadrant l'arbre de vie , avec une pomme de pin à la main va considérablement servir de modèle aux religions qui vont suivre.

Et notamment l'ecole des mystères d' Ishtar (qui se trouve au centre de cet arbre). L' histoire d' Ishtar est une copie conforme des mythes d' Isis et d' Osiris:
Isis = Ishtar = Semiramis (1 reine babylonienne)
Osiris = Nimrod ( 1 roi baylonien)
Seth = Shem (l'ennemi de Osiris / Nimrod qui le decoupe en 14 morceaux...)
Cette histoire est utilisée pour legitimer au peuple une religion de culte solaire (Baal = Nimrod , roi sumerien) et lunaire (Semiramis) , qui sera aussi et de façon déformée àl' origine des religions judeo-chretienne.

Tu vois du travail personnel j'en fourni, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs, et déjà bien comprendre ce qui a été etudié par d'autres avant de se lancer dans ce type d'analyse.


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