En son temps j'avais commencé à investiguer ce thème... Je met en ligne ce que j'avais trouvé xous forme de synthese de plusieurs sources, en espérant que certains membres içi ont aussi etudié ce sujet et pourront completer , corriger , ou d'autres decouvrir ce thème. ***
Dans la mythologie sumerienne, apkallum, est un titre porté par Ea à la cour divine, nous permettent de rattacher le mythe d'Adapa à celui des Sept Sages antédiluviens. Une tradition, malheureusement presque entièrement disparue, voulait en effet que des conseillers aient été présents auprès des rois antédiluviens, dans le même rapport qui unissait Ea aux grands dieux du panthéon. Au temps historiques, des lettrés occupaient des positions semblables auprès de certains rois, et avaient acquis une telle renommée que l'on a conservé leurs noms. Les savants d'Uruk, à l'époque séleucide, derniers gardiens de la tradition mésopotamienne autochtone, traçaient leur lignée jusqu'à ces ancêtres célèbres, et, au-delà, jusqu'à Adapa et Ea. Un texte remarquable, mais malheureusement isolé, nous en donne la liste. Il s'agit de W 20030,7, d'époque séleucide, publié par J. Van Dijk en 1962
A l'époque du roi Ayalu, iPan était apkallu, A l'époque du roi Alalgar, iPanduga était apkallu, A l'époque du roi Ammelu''anna, Enmeduga était apkallu, A l'époque du roi Ammegalanna, Enmegalamma était apkallu, A l'époque du roi Enme->uSumugalanna, Enmebulugga était apkallu, A l'époque du roi Dumuzi le Berger, Anenlilda était apkallu, A l'époque du roi Enmeduranki, Utu^abzu était apkallu. [Après le Déluge], pendant le règne d'Enme(r)kar, Nungalpiriggal était apkallu,
Evenement inconnu : [celui qu'IStar] fit descendre des cieux dans l'Eanna. La lyre de bronze [dont le ...] est de lapis-lazuli, oeuvre de Ninagal, [il fit. Dans le ...], séjour de ..., on plaça la lyre devant Anu.
A l'époque du roi Gilgames, Sîn-leqe-Unnlni* était ummânu, A l'époque du roi Ibbi-Sîn, Kabtu-il-Marduk était ummânu, A l'époque du roi ISbi-Erra, Sidu, alias Enlil-ibni, était ummânu, A l'époque du roi Abi-ESuh, Sû-Gula et Taqis-Gula étaient ummânu, A l'époque du roi ..., Esagil-kini-apla était ummânu, A l'époque du roi Adad-apla-iddina, Esagil-kîni-ubba était ummânu, A l'époque du roi Nabuchodonosor, Esagil-kini-ubba était ummânu, A l'époque du roi Assarhaddon, Aba-Enlil-dari était ummânu, celui que les Ahlaméens (Araméens) appellent Ahiqar, [alias7] Niqaqurusû.
Auteur et datation de la tablette: [Tablette] d'Anu-bëlsunu, fils de Nidittu-Anu, descendant de Sîn-leqe-unnini, [prêtre kalû] d'Anu et d'Antum, citoyen d'Uruk. (Ecrit) de sa propre main. [Uru]k, le 1 0 du mois Ayyâru, l'an 147. Antiochos était roi. Celui qui révère Anu n'emportera pas cette (tablette). La tablette date du 10 du mois d'avril-mai 165/4 (l'an 147 de l'ère séleucide), sous le règne d'Antiochos IV Epiphane (175-164/3).
Les rois antédiluviens figurent tels quels dans la Liste Royale sumérienne (LRS dans le tableau ci-dessous). Ils ont également été cités par Bérose, un prêtre de Bël-Marduk, qui transcrivit en grec, vers 280, une partie de la tradition babylonienne dans ses Babyloniakan.
On peut tracer à partir de ces sources le tableau suivant la liste de ces 7 sages antédilluviens:
Ayalu = Oannès Alalgar = Annèdotos AmmeliPanna = Euedôkos Ammegalanna = Eneugamos EnmeliSunnga- lama = Eneuboulos Dumuzi-SlPA = Anèmentos Enmeduranki =Odakôn
Les savoirs détenus par les Apkallu (un peu long désolé mais c'est nécessaire pour bien comprendre ce que sont les Apkallu) Comme l’explique F. Joannès, dans son article sur les Sages de Mésopotamie : « La mentalité mésopotamienne, ne faisant pas du progrès l’élément moteur de son histoire, a souvent insisté sur l’idée de révélation, la plupart du temps d’origine divine : c’est dans cette optique qu’il faut situer le rôle dévolu aux tout premiers apkallu. Si le Déluge marque la frontière entre temps mythique et temps historique, l’intervention des apkallu représente une étape antérieure, mais tout aussi décisive, celle du passage de l’état de nature à l’état civilisé. C’est par eux qu’ont été communiquées à l’humanité, en une seule fois, les bases techniques et intellectuelles qui fondent la société humaine et permettent à l’homme civilisé de se situer par rapport à la nature et aux non-civilisés . » Ainsi en va-t-il du rôle de l’Oannès de Bérose, connu sous un autre nom, Adapa, dans la tradition mythologique plus ancienne : « Cet apkallu antédiluvien, […] est le prototype du Sage transmettant à l’humanité les techniques civilisatrices initiées par le dieu Éa. Adapa est présenté comme étroitement attaché au culte de ce dieu et à la ville d’Eridu, que les Sumériens tenaient pour la plus ancienne, dont il fut le premier “prêtre-purificateur”. Toujours en rapport avec Éa, il est également à l’origine des connaissances et des pratiques médicales et magiques qui délivrent des maladies » Il était donc le premier des Apkallu, ce groupe de sept sages antédiluviens qui ont transmis aux hommes toutes sortes de savoirs d’origine divine dont ils étaient dépositaires. Ils ont joué le rôle de héros civilisateurs et étaient révérés comme tels. Bérose énumère dans son texte qui doit reprendre la ligne d’un mythe très ancien et perdu, celui des Sept Sages, le type de savoir qu’Oannès délivre aux hommes : « [Oannès]… passant ses jours parmi les hommes, sans prendre la moindre nourriture, leur apprit l’écriture, les sciences et les techniques de toute sorte, la fondation des villes, la construction des temples, la jurisprudence et la géométrie ; il leur dévoila pareillement la culture des céréales et la récolte des fruits : en somme, il leur donna tout ce qui constitue la vie civilisée. Tant et si bien que, depuis lors, on n’a plus rien trouvé de remarquable (sur ce chapitre). Au coucher du soleil, ce même monstre Oannès replongeait en la mer pour passer ses nuitées dans l’eau, car il était amphibie » En raison de tous leurs savoirs, de leur existence antédiluvienne, les apkallu sont considérés comme des « carpes saintes », créatures d’Éa, le très intelligent dieu et maître de l’Apsû, la nappe d’eau douce placée sous la surface de la terre dans la cosmologie mésopotamienne. Ainsi, un lien se dessine entre eau et savoir. En effet, des eaux douces primordiales où prennent leur source tous les cours d’eau qui irriguent le pays dans les mythes mésopotamiens, qui sont premières dans les cosmogonies, de ces eaux semble venir le savoir. Les Apkallu, êtres créés par Enki / Éa, sont comparés aux carpes divines dans le Poème d’Erra par exemple en (I, 162) : Ces Sept Apkallu de l’Apsû, « carpes » saintes, Qui, pareils à Éa, leur maître, Ont été adornés par lui d’une ingéniosité extraordinaire13… ou encore dans un fragment de rituel théurgique14 : Ces Sept Apkallu, carpes venues de la Mer… Ces Sept Apkallu, « créés » dans la Rivière, Pour assurer le bon fonctionnement Des plans divins concernant Ciel et Terre… D’après le commentaire que J. Bottéro donne de ce passage, il est évident que le mythe des Sept Sages, fait intervenir ces personnages pour « expliquer comment Enki / Ea s’y était pris pour communiquer aux humains la culture et la civilisation […], qu’il avait, et lui seul, mise au point, en vue de réaliser ses desseins “concernant ciel et terre”, autrement dit la bonne marche de l’univers en vue d’assurer aux dieux une vie opulente et sans tracas. Il lui avait suffi, pour cela, en plein “temps mythique” et antédiluvien de préparation du monde et des hommes tels qu’ils devraient fonctionner régulièrement depuis les débuts de “temps historiques”, postdiluviens, d’envoyer ici-bas, à la suite, ces héros civilisateurs, au courant de ses secrets et chargés d’apprendre et propager aux hommes ses techniques »15. Ainsi apparaît dans cette tradition mythologique l’idée que les dieux n’ont pas révélé directement aux hommes le savoir, mais que ce dernier a été transmis par des personnages de la plus haute importance, les Apkallu, qui ont joué le rôle indispensable de pédagogues auprès des hommes qui ensuite ont été à même de le transmettre à leurs descendants de génération en génération. On peut alors établir, d’après les textes mythologiques, la façon dont le savoir divin s’est transmis aux hommes : Si l’on remonte aux origines, explique F. Joannès, on trouve donc les apkallu (en sumérien ABGAL), Sages mythiques qui, aux temps antédiluviens, sortirent de la mer pour révéler aux hommes la science, les arts et les techniques. Ils sont donc détenteurs d’un Savoir primordial, qu’ils tiennent essentiellement du dieu Éa. Le mot ABGAL / apkallu, dont l’étymologie reste inconnue, désigne prioritairement les Sept premiers des Sages antiques, d’origine non humaine : ce sont des êtres hybrides, mi-hommes mi-poissons. Y ont ensuite été associés quatre autres apkallu d’origine humaine, postérieurs au Déluge. Ils sont les prototypes directs des ummânu, seconde catégorie de Sages, qui associent également sagesse et science. Le terme apkallu fonctionne parfois comme un titre divin, appliqué le plus souvent au dieu Éa et à son fils Marduk/ Asalluhi. Puis, à l’époque historique, apkallu désigne un prêtre, spécialisé dans le maniement de l’eau ou de l’huile […]. Les sept premiers apkallu initièrent les hommes à la civilisation, puis, lorsque le Déluge se produisit, regagnèrent leur élément d’origine, l’Apsû, monde des eaux douces et domaine du dieu Éa. « dans l’image traditionnelle qui en est donnée, les apkallu jouent un rôle bénéfique et protecteur de l’humanité ; ils servent de prolongement à l’action du dieu Éa pour initier les hommes à un certain nombre de techniques, et apparaissent également comme des génies bienfaisants, maîtres de la purification par l’eau […] »18. Cela leur permet de jouer un rôle d’exorcistes. Sur les bas-reliefs néo-assyriens, on voit des apkallu semi-humains jouer le rôle normalement dévolu aux exorcistes-conjurateurs pour protéger le roi : ils utilisent de l’eau pour procéder à des ablutions protectrices avec une pomme de pin. Ainsi est-ce en raison de leur caractère hybride et de leur statut d’intermédiaire entre les dieux et les hommes que les premiers Apkallu se sont vu conférer une fonction apotropaïque. Si l’on trouve les Apkallu présents dans les rituels de purification par l’eau, on les rencontre également dans les opérations magiques d’animation des statues des dieux. En effet les Apkallu savaient fabriquer des statues de dieux. Ils maîtrisaient l’art de les maintenir en bon état, ce qui permettait au dieu de rester dans la statue et ainsi de protéger son sanctuaire et sa ville. Car les Apkallu savaient non seulement élever une statue, mais encore lui donner vie, c’est-à-dire faire s’incarner le dieu dans son effigie. Pour cela il leur fallait connaître les opérations rituelles avec l’eau qui étaient adéquates. Cette consécration, explique F. Joannès, se faisait au cours de cérémonies appelées « lavage de la bouche » (mîs pî, KA. LUH. (H) U. DA) et « ouverture de la bouche » (pît pî, KA. DUH. (H) U. DA) : par des rituels accompagnés de prières, on purifiait l’ouverture par laquelle s’introduisait l’esprit divin pour venir habiter la statue19. Donc le savoir des Apkallu sur ce point est de la plus haute importance, puisqu’il permet aux hommes d’accueillir en leurs villes leurs divinités protectrices qui peuvent ainsi efficacement repousser ennemis et malheurs éventuels.
|