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 Sujet du message : Athena reine ou déesse ?
Message Publié : 22 Juil 2005 0:39 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 01 Juil 2004 20:40
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D'abord je note que nous sommes sur le forum mythologie, ce qui veux dire que pour moi ce que je recherche ce n'est pas une vérité historique mais en connaitre plus sur le mythe ou la légende.

Donc, voici un texte qui c'est propagé sur le net dernièrement notament auprès de la communauté maghrebine, on y parle d'une certaine reine Athéna reine des tritonides et qui aurai conquit le royaume héllenique et aurait donner sont nom a la ville d'Athène, au début je croyais ce texte tout simplement faux jusqu'a ce que je découvre un extrait des Euménides d'Éschyle.

Que connaissez vous sur le royaume des tritonides et de la reine Athéna ?

Citer :
Athena, reine berbère de l’antiquité


A une époque très ancienne, un royaume berbère existait appelé "tritonide", qualificatif qui rappelle curieusement "Triton", une divinité africaine que les grecs identifiaient à "Poséidon"le dieu de la mer décrit sous la forme d’un homme à queue de poisson avec pour attribut une conque au son retentissant.

Nous savons également que le Triton est un animal batracien proche de la Salamandre et qu’il aurait vécu en Berbèrie aux abords des fleuves dont l’un porte de nos jours son nom. Ce dernier prenant sa source des monts du tassili (peuplé aujourd’hui de berbères touaregs algériens) a disparu avec l’assèchement du sahar, mais il reste toutefois des oueds dont le "Igharghar" qui longe les villes de Ouargla et de Tougourt pour finir sa course dans des chotts (Merouane et Melhir par exemple).

Les villes du royaume des Tritonides ont été ensevelies par des dunes de sable dans le grand erg occidental au sud-ouest algérien, et abritaient une grande civilisation qui dépassait celle de l’Égypte antique. De plus ce royaume était gouverné par des femmes qui pratiquaient le matriarcat mais qui n’était toutefois pas une forme d’opposition à l’homme contrairement à celui des Amazones, car

les Tritonniennes ne sacrifiaient pas leurs garçons mais au contraire les protégeaient, d’autant qu’elles n’exprimaient guère un idéal viril basé sur la cruauté.

La civilisation des Tritonides a été anéanti justement par les Amazones qui ne pouvaient pas s’acclimater d’un matriarcat rival par une forte armée estimée à 70000, Myrica, la reine des Amazones, envahira le royaume des Tritonides et l’anéantira. Tous les hommes seront exécutés, les femmes et les enfants seront soumis à un humiliant esclavagisme. La reine berbère ainsi vaincue, Athena Trironide, aurait vécu quant à elle près du lac "Triton". d’essence civilisatricee et les habitants de cette contrée la nommaient "Nit".

Athéna avait d’autre part colonisé le royaume hellénique, brûlant sa capitale même. Cette dernière sera reconstruite par les berbères tritonnides qui lui donneront le nom de la reine "Athènes".

Née en Afrique du nord, cette souveraine se verra préparé par ses sujets une égide qui était une cuirasse qu’elle revêtait et qui deviendra par la suite sont attribut principal. Ce nom "égide"a donné naissance au terme berbère "Ighid"qui signifie "chevreau", un terme que les berbères (kabyles, chaoui, chleuh...) utilisent encore pour désigner cet animal, qui fournissait la matière dans laquelle était taillée l’égide.

Le culte d’Athéna était prépondérant dans la petite syrte située au nord de la lybie habité par des berbères. En effet, deux tribus locales célébraient tous les ans au bord du lac Triton un rite de litholobie (1). Athéna symbolisait la guerre, les armes, la raison, ainsi que l’esprit qui temporise la force brutale.

Ayant présidé les arts et les lettres, Athéna introduira l’olivier et la fabrication de l’huile non seulement en Berbèrie mais dans le bassin méditerranéen oriental. L’histoire lui doit également l’invention du char à deux roues Athéna connue sous le nom de "thin hinan"est aujourd’hui enterrée à abalessa en compagnie de sa servante "Takamats". Sa tombe continue de recevoir des pèlerins touaregs qui lui vouent un culte sans précédent.

(1)= combat de pierres. Les jeunes filles se battent avec des pierres et s’affrontaient aussi au bâton en l’honneur de la reine Athéna. Cette coutume a été instituée par les hommes. Celles qui mourraient des suites des blessures reçues étaient considérées comme des fausses vierges. Après le duel, chaque camp ornait la plus belle jeune fille d’un casque corinthien et d’une armure, et la faisait monter sur un char et la promener autour du lac...Triton.


extrait des Euménides d'Éschyle Scène 05
Citer :
ORESTÈS:
Certes, je suis instruit par mes maux, et je sais de nombreuses purifications, et quand il faut parler et quand il faut se taire. J'ai appris d'un savant maître ce que je dois dire ici. Le sang s'est assoupi et s'est effacé de ma main et la souillure du meurtre de ma mère a disparu. Elle était récente encore quand, à l'autel du divin Phoibos, elle a été enlevée par les purifications, les porcs expiatoires une fois égorgés. Mon récit serait long si je disais tous les hommes vers qui je suis allé depuis et à qui ma présence n'a fait aucun mal. Le temps détruit tout en vieillissant. Et, maintenant, je supplie avec une bouche pure Athènaia, reine de cette terre, afin qu'elle me vienne en aide. Elle se rendra ainsi, sans combat, et moi-même et la terre et le peuple des Argiens, fidèles et dévoués. Soit qu'aux pays Libyens, vers les bords du Tritôn, son fleuve natal, visible ou invisible elle vienne en aide à ceux qu'elle aime; soit qu'aux plaines de Phlégra, elle passe en revue son armée, comme un chef courageux, qu'elle vienne ! car un Dieu entend de loin ; et qu'elle m'affranchisse de mes maux !


Dans le site perso d'un certain Michel Behagle j'ai trouvé aussi ceux ci:

Citer :
Athéna (Minerve). Pour les Grecques, elle était la déesse de la sagesse. Son nom d’origine est « Athéna Tritogénéia », ce qui signifie qu’elle était originaire du lac Triton, situé dans l’actuelle Libye ou au sud de la Tunisie. Il est fort possible qu’elle soit en fait le souvenir d’une reine guerrière qui régnait dans cette région, dans l’antiquité. Les jeunes filles, des tribus libyques proches du lac triton, pratiquaient en son honneur un rite dit de litholobie. Il s’agit d’un combat à coup de pierres, et la légende prétendait que celles qui en mourraient été de fausses vierges. Ce rite s’est perpétué jusqu’à nos jours dans certaines régions d’Afrique du Nord, où il est associé aux rogations de la pluie. On a également la preuve que les romains en Italie, pratiquaient un rite analogue en l’honneur de Minerve. L’Athéna libyenne est sans doute la déesse guerrière Tanit, carthaginoise. C’est peut-être Nit, que les Libyens adoraient et qui était représentée portant un bâton garni de deux flèches croisées. Cette déesse guerrière existait déjà au quatrième millénaire en Egypte antique, mais son culte connut en Egypte son apogée au septième siècle avant J.-C., quand les imazighen libyens dominaient l’Egypte. Le nom grec d’Athéna était à l’origine « Athénya » qui peut être mis en rapport avec le verbe tamazight ny, ney, (« regarder, voir, examiner »). On comprend dès lors le sens de cette divinité aux yeux pers, qui signifie la pénétration par l’intelligence. Ceci explique qu’elle était souvent représentée par une chouette. D’autres éléments plaident en faveur de son origine en partie amazighe. Elle passe pour avoir introduit l’olivier chez les peuples méditerranéens, et inventé la fabrication de l’huile. Encore aujourd’hui, l’olivier est considéré comme un arbre quasiment sacré par les Imazighen. On lui attribue également l’invention du char, et on sait maintenant que le char à deux roues est une invention amazighe. Athéna est donc loin de n’être que grecque ou romaine. Elle mérite le statut de déesse méditerranéenne.


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 Sujet du message : Athéna
Message Publié : 13 Avr 2008 17:23 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 12 Fév 2008 9:32
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Bonjour, je cherche des information sur la Déesse Athéna, où peut-on avoir des infos fiables sur elle? Merci!


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 Sujet du message : Re: Athéna
Message Publié : 13 Avr 2008 17:34 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Qu'entendez-vous par "des infos fiables"? Concernant une divinité, vous n'aurez guère de témoignages historiques!

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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 Sujet du message : Re: Athéna
Message Publié : 13 Avr 2008 17:50 
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Tite-Live
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Inscription : 14 Déc 2007 13:07
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Bonjour,
Peut-être que ces quelques livres vous seront utiles:

* Louis BRUIT ZAIDMANN & Pauline SCHMITT PANTEL "La religion grecque dans les cités à l'époque classique"
* Nicole LORAUX "Les enfants d'Athéna"
* J.P VERNANT "Les ruses de l'intelligence"

Ce ne sont pas à proprement parler des ouvrages SUR Athèna... mais vous y trouverez beaucoup d'informations sur la déesse.

_________________
"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne


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 Sujet du message : Re: Athéna
Message Publié : 13 Avr 2008 18:06 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Si la question est d'ordre mythologique, il n'y a pas 36 solutions, il faut lire les Antiques, à commencer par les classiques Homère et Hésiode, et non des commentateurs contemporains qui ont tendance à simplifier et unifier une mythologie qui est tout sauf simple. Par contre pour tout ce qui est culte, intégration dans la cité, etc, les Modernes sont parfaits.

Pour une première approche, un bon dictionnaire de mythologie fait l'affaire. Je conseille en particulier le Grimal, qui a l'avantage de citer très abondemment les sources antiques dont s'inspire l'article, ce qui permet d'accéder facilement à la source, et donc de nuancer voir de corriger ses résumés.

Si c'est l'Athéna libyenne qui t'intéresse de prime abord, Hérodote et surtout Diodore, entre autres, décrivent abondemment ces mythes. Je peux te renvoyer à des références plus précises si tu le souhaites.


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 Sujet du message : Re: Athéna
Message Publié : 13 Avr 2008 19:22 
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Tite-Live
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Inscription : 14 Déc 2007 13:07
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Je suis d'accord avec Thersite: si c'est l'aspect Mythologique pur qui vous intéresse, tournez vous effectivement vers les sources (peut être encore plus Hésiode qu'Homère, non ?).

Si c'est l'aspect civique, anthropologique qui vous intéresse ... j'ai déjà donné mes idées.
Et dans ce dernier cas, vous pouvez, de manière général, vous référer aux classiques de J.P. VERNANT "Mythe et pensée", "Mythe et société" ... qui font toujours, je crois, référence en la matière.

En espérant avoir été utile à quelque chose ... ;)

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne


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 Sujet du message : Re: Athéna
Message Publié : 13 Avr 2008 19:42 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Un petit extrait de la Théogonie:

Hésiode a écrit :
Quand les bienheureux immortels, après avoir courageusement combattu pour l'empire contre les Titans, eurent terminé cette guerre pénible, ils engagèrent, d'après les conseils de la Terre, Zeus Olympien à la large vue, à saisir le pouvoir et à commander aux dieux. Zeus leur distribua les honneurs avec équité.
Ce roi des immortels choisit pour première épouse Prudence, la plus sage de toutes les filles des dieux et des hommes. Mais lorsque Prudence fut sur le point d'accoucher d'Athéna, déesse aux yeux pers, Zeus, l'abusant par de flatteuses paroles, la renferma dans ses propres flancs, selon les conseils de la Terre et de Ciel couronné d'étoiles, qui voulaient empêcher qu'au lieu de Zeus, un autre des dieux immortels s'emparât de l'autorité souveraine ; car, suivant l'arrêt du destin, Prudence devait lui donner des enfants fameux par leur sagesse : d'abord la vierge aux yeux de chouette, Athéna Tritogénie, égale à son père en force et en prudence, puis un fils qui, rempli d'un superbe courage, deviendrait le roi des dieux et des mortels. Zeus prévint un tel malheur en cachant Prudence dans ses flancs, afin que cette déesse lui procurât la connaissance du bien et du mal.

_________________
Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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 Sujet du message : Re: Athena reine ou déesse ?
Message Publié : 16 Avr 2008 11:52 
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Inscription : 23 Avr 2004 16:02
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Une description claire d'Athéna, ainsi que de ses rapports avec tous les autres Olympiens, se trouve également dans Mythologies, de Edith Hamilton.

_________________
« L'âge que nous vivons est dangereux ; comme il serait ennuyeux s'il ne l'était pas. » John Steinbeck
« Liberté implique responsabilité. C'est pour ca que la plupart des hommes la redoutent » G.B.Shaw


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 Sujet du message : Re: Athena reine ou déesse ?
Message Publié : 24 Avr 2008 14:57 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Je reviens sur ce sujet pour répondre à Antinéa et faire une petite mise au point sur l’Athéna Libyenne qui souffre beaucoup ces derniers temps de récupérations nationalistes de tout ordre, s’inspirant d’une tradition parmi d’autres tout en faisant volontairement abstraction de tous les éléments qui ne concordent pas. Classique…

Les Berbères n’ont pas le monopole, loin de là.
Les partisans du tout africain aussi jouent avec Athéna. Sauf que pour eux (toujours « preuves » à l’appui, avec en particulier des merveilleux arguments linguistiques), Athéna est une déesse Egyptienne (n’oublions pas que pour eux, l’Egypte est noire), comme le prouve l’étymologie ht nt, « temple de [la déesse égyptienne] Neith [sur le Delta] » à l’origine d’Athéna. Tandis que l’expression pr th n, « maison de la splendeur » donne le Parthénon ! Et Bernal de préciser d’ailleurs que 25% du vocabulaire grec est d’origine égyptien. Dire que des litres d’encre ont coulé pour démontrer que ces fadaises n’ont aucune réalité… :rool: Sans pour autant nier une influence égyptienne profonde, bien entendu, mais ne tombons pas dans les excès ridicules…
Le jour où les Basques décideront qu’ils sont au centre du monde et à l’origine de toute civilisation, nul doute qu’un érudit sera en mesure de démontrer que Athéna est un mot d’origine basque – enfin, si ce n’est déjà fait. ;)

Et comment en arrivent-ils (je ne nuance pas, je les mets tous dans le même panier) à matraquer ces affirmations avec tant de fougue et de certitude (cf. taper « Berbère » et « Athéna » sur Google, et voilà 2760 sites reprenant sans nuance la même histoire…) ? En déformant les faits, en oblitérant systématiquement le contexte, en manipulant honteusement la chronologie, en s’appuyant sur des « études » linguistiques trafiquées (c’est pratique la linguistique, elle vient toujours au secours de toutes les thèses, même les plus farfelues).

En fait, toute la légende tourne autour d’un épithète obscur d’Athéna, Athéna Tritogénie. Or un lac Tritonis est signalé en Libye, donc une partie de la légende a été placée en ces contrées.

Pour commencer, un petit rappel salutaire : les légendes libyennes d’Athéna n’apparaissent qu’au VIe siècle (et encore, pas sûr que Pindare y fasse référence ; disons début Ve assuré), pas avant. Ni Hésiode ni Homère n’y font la moindre référence, alors qu’eux-même usent souvent de l’épithète « Tritogénie » pour désigner la déesse. Même l’Odyssée, qui voit pourtant Ulysse traîner sur la côte de la Libye, patrie supposée de sa protectrice Athéna, n’y fait aucune allusion alors que les occasions ne manquent pas. Etonnement, ce silence éloquent n’a jamais surpris les partisans du nom étranger…

Tout tourne en fait autour de son épithète, « Tritogénéia » ou « Tritonis », les deux semblant équivalant. Le problème est que les Grecs eux-mêmes n’en comprennent plus le sens, comme souvent dans les épithètes divins.
Diodore I.12.7-8 (au sujet des interprétations hellénistiques des prêtres égyptiens) :
Enfin, l'air était appelé Athéna qu'ils ont crue fille de Zeus et toujours vierge, parce que l'air est incorruptible, et qu'il s'étend jusqu'au sommet de l'univers; car Athéna était sortie de la tête de Zeus. Elle s'appelle aussi Tritogénie, des trois changements que subit la nature dans les trois saisons de l'année, le printemps, l'été et l'hiver.
Diodore V.72.3 :
La mythologie dit aussi que Athéna naquit de Zeus dans l'île de Crète à la source du fleuve Triton, d'où lui est venu le surnom de Tritogéne. On voit même encore un temple de cette déesse auprès de ces sources et dans le lieu même de sa naissance.
D’autre mettent ce surnom en relation avec Triton, la divinité marine, comme Apollodore, etc.

L’ interprétation la plus courante est celle la rattachant à un lieu appelé Triton ou Tritonis.

Mais de tels lieux, il y en a beaucoup, pas seulement en Libye !
- en Crète, comme l’a signalé Diodore dans l’extrait précédent.
- en Béotie (Pausanias IX.33.7 : Un torrent peu considérable coule auprès ; on lui donne le nom de Triton, à cause de la tradition qui veut qu’Athéna ait été élevée auprès du fleuve Triton ; les habitants du pays disent que c'est vers ce fleuve-là même, et non vers celui de la Libye qui prend sa source dans le lac Tritonis, et va se jeter dans la mer de Libye.).
- en Arcadie près d’Aliphères, Pausanias VIII.26.6 : Aliphères a pris son nom d'Aliphéros autre fils de Lycaon. Ses temples sont au nombre de deux, dont l'un est dédié à Asclépios, l'autre à Athéna, déesse à laquelle ces peuples ont une dévotion singulière, persuadés qu'ils sont qu'elle est née chez eux et qu'elle y a été nourrie. C'est dans cette idée qu'ils ont érigé un autel à Zeus Lochéate, c'est-à-dire à Zeus qui accouche de Athéna, et ils ont donné le nom de Tritonis à une fontaine à laquelle ils attribuent tout ce que l'on dit du fleuve Triton.
- en Egypte, c’est aussi un autre nom donné au Nil, selon Pline V.4.3
Et j’en ai sans doute loupé… Ainsi, un lac Tritonis ou une source du même nom est signalée en Thessalie, mais je n’ai pas trouvé la référence.

Enfin, effectivement, il est aussi placé en Libye, selon une tradition qui va s’imposer progressivement.
Une remarque cependant : même en Libye, les Grecs ne savent absolument pas où ce trouve ce lac Tritonis et ce fleuve Triton. Hérodote lui donne une localisation très précise, dans les Syrtes, et voit visiblement dans le Chott el Djerid le Lac Tritonis de la légende. Mais Diodore lui nous place ce lac Tritonis sur la façade océanique de la Maurétanie, dans une description qui ressemble diablement à l’Atlantide de Platon. D’autres comme Strabon, XVII.3.20 le place en Cyrénaïque, à l’est de Bérénicé !
En résumé, le Lac Tritonis est placé quelque part en Afrique, mais pas à un endroit précis, l’interprétation d’Hérodote n’ayant visiblement pas fait l’unanimité. Un peu comme la Nysa de Dionysos qui est placé au choix en Libye, en Inde, en Phrygie, en Arabie, etc. La mythologie s’appuyant sur une géographie imaginaire (s’inspirant certes des connaissances géographiques des contemporains mais très déformées, comme le montre les pérégrinations d’Ulysse). Tous comme les Hyperboréens d’Apollon, les Ethiopiens ou les Pygmées de Zeus, les Indiens de Dionysos, l’essentiel est de placer ces lieux mythique le plus loin possible aux frontières de l’imaginaire grec. Et la Libye est un de ces « bouts du monde », d’où les légende d’Atlas, d’Antée, des Hespérides qui s’y situent. Elles n’ont pas de réalités géographiques, mais en prendront au fur et à mesure que les explorations postérieurs progressent, les Grecs cherchant alors à situer exactement ces lieux mythiques. D’où l’assimilation d’Atlas à la chaîne de montagne, d’où le déplacement probable des Colonnes d’Héraclès de la Sicile à Gibraltar, d’où les multiples « Caucase » des Grecs sensés être la montagne de Prométhée, le nom se rapportant en gros à toutes les chaînes de l’est asiatique.

Quelques détails sur la légende de l’Athéna libyenne ; une fois dépouillée des appropriations nationalistes absurdes, elle reste très riche et intéressante.

Les deux principales sources sont Hérodote et Diodore, mais la tradition d’Athéna en Libye est souvent attesté (par exemple dans l’extrait d’Eschyle présenté) et à donné lieu à des légendes largement contradictoires dont l’article proposé par Antinéa fait un harmonieux mélange en rajoutant quelques détails de son cru !. Comme tout le monde peut le constater, ces légendes n’ont pas grand chose voir rien en commun si ce n’est leur géographie approximative.

Hérodote IV.180 : il place le premier le lac Tritonis très exactement, l’assimilant au Chott el-Djerid, ouvrant une tradition qui aura beaucoup de succès… Cette « Athéna », authentiquement libyenne, est une fille de « Poséidon » et de « Tritonis ». A remarquer que les Libyens ne l’appellent pas « Athéna », et que plus qu’une influence libyenne sur la mythologie grecque, il est surtout représentatif d’une influence hellène superficielle sur les pratiques cultuelles de ces populations (rappelons que les Grecs multiplient les tentatives de colonisation des Syrtes).
CLXXX. Immédiatement après les Machlyes, on trouve les Auséens. Ces deux nations habitent auteur du lac Tritonis ; mais elles sont séparées par le fleuve Triton. Les Machlyes laissent croître leurs cheveux sur le derrière de la tête, et les Auséens sur le devant. Dans une fête que ces peuples célèbrent tous les ans en l'honneur de Athéna, les filles, partagées en deux troupes, se battent les unes contre les autres à coups de pierres et de bâtons. Elles disent que ces rites ont été institués par leurs pères en l'honneur de la déesse née dans leur pays, que nous appelons Athéna ; et elles donnent le nom de fausses vierges à celles qui meurent de leurs blessures. Mais, avant que de cesser le combat, elles revêtent d'une armure complète à la grecque celle qui, de l'aveu de toutes, s'est le plus distinguée; et, lui ayant mis aussi sur la tête un casque à la corinthienne, elles la font monter sur un char, et la promènent autour du lac. Je ne sais de quelle façon ils armaient autrefois leurs filles, avant que les Grecs eussent établi des colonies autour d'eux. Je pense cependant que c'était à la manière des Égyptiens. Je suis en effet d'avis que le bouclier et le casque sont venus d'Égypte chez les Grecs. Ils prétendent que Athéna est fille de Poséidon et de la nymphe du lac Tritonis, et qu'ayant eu quelque sujet de plainte contre son père, elle se donna à Zeus, qui l'adopta pour sa fille.

Hérodote IV.188-189 : cette même Athéna libyenne est considérée comme spécifique aux riverains du lac Tritonis, une originalités par rapport à leurs voisins. A remarquer que Hérodote est très curieux, et très fier de ses déductions : il se pose comme un innovateur (« je crois aussi ») dans le parallèle qu’il établit entre les mythes grecs et les traditions locales, il ne s’inscrit pas pour ces détails d’une tradition, il en crée une. Le rapprochement onomastique (déjà !!) de l’égide et du nom libyen des chevreau est un hasard qui le ravit et qui corrobore selon lui sa théorie, d’où les détails qu’il présente pour justifier son audace.
CLXXXVIII. Les sacrifices des nomades se font de cette manière : ils commencent par couper l'oreille de la victime (cela leur tient lieu de prémices), et la jettent sur le faîte de leurs maisons ; cela fait, ils lui tordent le cou : ils n'en immolent qu'au Soleil et à la Lune. Tous les Libyens font des sacrifices à ces deux divinités ; cependant ceux qui habitent sur les bords du lac Tritonis en offrent aussi à Athéna, ensuite au Triton et à Poséidon, mais principalement à Athéna.
CLXXXIX. Les Grecs ont emprunté des Libyennes l'habillement et l'égide des statues de Athéna, excepté que l'habit des Libyennes est de peau, et que les franges de leurs égides ne sont pas des serpents, mais des bandes minces de cuir : le reste de l'habillement est le même. Le nom de ce vêtement prouve que l'habit des statues de Athéna vient de Libye. Les femmes de ce pays portent en effet, par dessus leurs habits, des peaux de chèvres sans poil, garnies de franges et teintes en rouge. Les Grecs ont pris leurs égides de ces vêtements de peaux de chèvres. Je crois aussi que les cris perçants qu'on entend dans les temples de cette déesse tirent leur origine de ce pays. C'est en effet un usage constant parmi les Libyennes, et elles s'en acquittent avec grâce.


Diodore III.53-55 : le récit des guerres des Amazones libyennes originaires du lac Tritonis, mais sans lien direct avec Athéna. Légende visiblement tardive, dans la tradition hellénistique qui veut « historiciser » la mythologie, tout en intégrant les récits traditionnellement laissés à leurs comparses asiatiques. Dans d'autres extraits que je ne présente pas (il y en a déjà assez !) Athéna est mise à la tête des Amazones comme Dionysos à la tête des Libyens hommes dans leur guerre contre les Titans (III.71). La part d'origine libyenne de ces légendes semble bien mince (si il y en a, seule la géographie plaide pour une éventuelle influence libyenne ici) par rapport aux énormes emprunts aux légendes antérieures hellènes.
LIII. […] Selon la tradition, les Amazones habitaient une île appelée Hespéra, et située à l'occident, dans le lac Tritonis. Ce lac, qui est près de l'Océan, qui environne la terre, tire son nom du fleuve Triton, qui s'y jette. Le lac Tritonis se trouve dans le voisinage de l'Ethiopie au pied de la plus haute montagne de ce pays-là, que les Grecs appellent Atlas, et qui touche à l'Océan. L'île Hespéra est assez spacieuse, et pleine d'arbres fruitiers de toutes espèces, qui fournissent aux besoins des habitants. Ces derniers se nourrissent aussi du lait et de la chair de leurs chèvres et de leurs brebis, dont ils entretiennent de grands troupeaux ; mais ils n'ont pas encore appris l'usage du blé. Entraînées par leurs instincts guerriers, les Amazones soumirent d'abord par leurs armes toutes les villes de cette île, excepté une seule nommée Méné, qu'on regardait comme sacrée. Cette ville était habitée par des Ethiopiens ichthyophages ; on y voyait des exhalaisons enflammées, et on y trouvait quantité de pierres précieuses, du genre de celles que les Grecs appellent escarboucles, sardoines et émeraudes. Après cela, les Amazones subjuguèrent dans les environs, beaucoup de tribus de Libyens nomades et bâtirent, dans le lac Tritonis, une ville qu'elles appelèrent Chersonèse d'après son aspect.
LIV. Encouragées par ces succès, les Amazones parcoururent plusieurs parties du monde. Les premiers hommes qu'elles attaquèrent furent, dit-on, les Atlantes, le peuple le plus civilisé de ces contrées, et habitant un pays riche et contenant de grandes villes. C'est chez les Atlantes, et dans le pays voisin de l'Océan, que, selon la mythologie, les dieux ont pris naissance ; et cela s'accorde assez avec ce que les mythologues grecs en racontent ; nous en parlerons plus bas en détail. Myrina, reine des Amazones, assembla, dit-on, une armée de trentre mille femmes d'infanterie, et de vingt mille de cavalerie ; elles s'appliquaient plus particulièrement à l'exercice du cheval, à cause de son utilité dans la guerre. Elles portaient pour armes défensives des peaux de serpent, car la Libye produit des reptiles énormes. Leurs armes offensives étaient des épées, des lances et des arcs. Elles se servaient fort adroitement de ces dernières armes, non seulement pour l'attaque, mais encore pour repousser ceux qui les poursuivaient dans leur fuite. Après avoir envahi le territoire des Atlantes, elles défirent d'abord en bataille rangée les habitants de Cerné, et poursuivirent les fuyards, jusqu'en dedans des murs. Elles s'emparèrent de la ville et maltraitèrent les captifs, afin de répandre la terreur chez les peuples voisins. Elles passèrent au fil de l'épée tous les hommes pubères, réduisirent en esclavage les femmes et les enfants, et démolirent la ville. Le bruit du désastre des Cernéens s'étant répandu dans tout le pays, le reste des Atlantes en fut si épouvanté que tous, d'un commun accord, rendirent leurs villes, et promirent de faire ce qu'on leur ordonnerait. La reine Myrina les traita avec douceur, leur accorda son amitié et, à la place de la ville détruite, elle fonda une autre ville à laquelle elle donna son nom. Elle la peupla des prisonniers qu'elle avait faits de tous les indigènes qui voulaient y demeurer. Après cela, les Atlantes lui donnèrent des présents magnifiques et lui décernèrent publiquement de grands honneurs ; elle accueillit ces marques de leur affection, et leur promit de les protéger. Comme les Atlantes étaient souvent attaqués par les Gorgones, établies dans le voisinage, et qui de tout temps étaient leurs ennemies, la reine Myrina alla combattre les Gorgones dans leur pays, à la prière des Atlantes. Les Gorgones se rangèrent en bataille ; le combat fut acharné ; mais enfin les Amazones l'emportèrent, tuèrent un grand nombre de leurs ennemies, et ne firent pas moins de trois mille prisonnières. Le reste s'étant sauvé dans les bois, Myrina, voulant entièrement détruire cette nation, y mit le feu ; n'ayant pas réussi dans ce dessein, elle se retira sur les frontières du pays.
LV. Comme une nuit les Amazones, enflées de ce succès, faisaient la garde avec négligence, les Gorgones, leurs prisonnières, se saisirent de leurs épées et en égorgèrent un grand nombre. Mais étant bientôt entourées par les Amazones et accablées par le nombre, elles furent toutes tuées après une résistance vigoureuse. Myrina fit brûler sur trois bûchers les corps de ses compagnes tuées, et elle fit élever avec de la terre trois grands tombeaux qui s'appellent encore aujourd'hui les tombeaux des Amazones. Les Gorgones s'étant multipliées dans la suite, furent aussi attaquées par Persée, fils de Zeus ; Méduse était alors leur reine. Enfin, les Gorgones ainsi que la race des Amazones furent exterminées par Héraclès, lorsque, dans son expédition de l'Occident, il posa une colonne dans la Libye, ne pouvant souffrir, qu'après tant de bienfaits dont il avait comblé le genre humain, il y eût une nation gouvernée par des femmes. On rapporte que le lac Tritonis a entièrement disparu par suite des tremblements de terre qui ont fait rompre les digues du côté de l'Océan. Myrina, après avoir parcouru avec son armée une grande partie de la Libye, entra dans l'Egypte où elle se lia d'amitié avec Horus, fils d'Isis, qui était alors roi du pays. De là, elle alla faire la guerre aux Arabes, et en extermina un très grand nombre. Ensuite, elle subjugua toute la Syrie ; les Ciliciens allèrent à sa rencontre en lui offrant, des présents, et lui promettant de se soumettre volontairement à ses ordres. Myrina leur laissa la liberté, parce qu'ils étaient venus se rendre spontanément. C'est pour cela qu'on les appelle encore à présent Eleuthero-Ciliciens. Après avoir fait la guerre aux peuples qui habitent le mont Taurus, et qui sont remarquables par leur force, elle entra dans la grande Phrygie, située près de la mer, et ayant parcouru avec son armée plusieurs contrées maritimes, elle termina son expédition au bord du fleuve Caïque. Dans le pays conquis, elle choisit les lieux les plus propres à la fondation des villes ; elle en construisit plusieurs, parmi lesquelles il y en a une qui porte son nom. Elle donna aux autres villes les noms des Amazones qui avaient commandé les principaux corps d'armées ; telles sont les villes de Cyme, de Pitane et de Priène ; celles-ci sont situées au bord de la mer ; elle en fonda plusieurs autres dans l'intérieur du pays. Elle soumit aussi quelques îles, et particulièrement Lesbos, où elle fonda la ville appelée Mytilène, du nom de sa sœur qui avait pris part à l'expédition. Pendant qu'elle allait subjuguer d'autres îles, son vaisseau fut assailli par une tempête ; et, implorant pour son salut la mère des dieux, elle fut jetée dans une île déserte ; suivant un avertissement qu'elle avait eu en songe, elle consacra cette île à la déesse invoquée, elle lui dressa des autels et lui institua des sacrifices. Elle donna à cette île le nom de Samothrace, qui, traduit en grec, signifie île sainte. Quelques historiens soutiennent que cette île s'appelait d'abord Samos et que depuis elle fut appelée Samothrace par les Thraces qui l'habitèrent. Quoi qu'il en soit, lorsque, selon la tradition, les Amazones eurent gagné le continent, la mère des dieux transporta dans cette île, qui lui plaisait, des colons pour la peupler, et entre autres ses fils, les Corybantes, dont le père n'est révélé qu'aux initiés dans les mystères. Cette déesse leur enseigna les mystères qui se célèbrent encore aujourd'hui dans cette île, et y consacra un temple inviolable. A cette époque, Mopsus de Thrace, banni de sa patrie par Lycurgue qui en était roi, envahit le pays des Amazones avec une armée. Sipylus, Scythe de nation, banni de même de sa patrie, la Scythie, limitrophe de la Thrace, se joignit à l'expédition de Mopsus. Une bataille eut lieu ; les troupes de Mopsus et de Sipylus remportèrent la victoire. Myrina, la reine des Amazones, et la plupart de ses compagnes furent massacrées. Il y eut par la suite plusieurs autres combats dans lesquels les Thraces demeurèrent vainqueurs ; et ce qui resta de l'armée des Amazones se retira dans la Libye. Telle fut, selon la mythologie, la fin de l'expédition des Amazones.


Diodore III.70 : Athéna Tritogénie fille de Gaia, nourrice de Dionysos ; il s’intègre dans tout un long chapitre de Diodore qui fait des dieux (tous les dieux) des hommes, rois, ministres ou généraux libyens ou égyptiens. Toujours la même volonté (tardive) d’inscrire la mythologie dans l’histoire.
LXX. Ce fut dans cette grotte qu'Ammon déposa son fils, et qu'il le donna à nourrir à Nysa, fille d'Aristée. Il désigna, pour surveiller l'éducation de cet enfant, Aristée, homme remarquable par son esprit, par sa sagesse, et par son instruction variée. Afin de le garantir contre les embûches de Rhéa, sa marâtre, Ammon en confia la garde à Athéna, qui venait de naître de la Terre, sur les rives du fleuve Triton, d'où elle fut surnommée Tritonis. Selon le récit des mythologues, cette déesse fit vœu de garder une virginité perpétuelle, et à tant de sagesse, elle joignit un esprit si pénétrant, qu'elle inventa un grand nombre d'arts. Robuste et très courageuse, elle s'adonna aussi au métier des armes, et elle fit beaucoup d'exploits mémorables. Elle tua l'Egide, monstre terrible et tout à fait indomptable ; il était né de la Terre et vomissait de sa gueule une masse de flammes. Ce monstre parut d'abord dans la Phrygie, et brûla toute la contrée qui, encore aujourd'hui, s'appelle la Phrygie brûlée. Il infesta ensuite le mont Taurus, et incendia toutes les forêts jusqu'à l'Inde. Après cela, retournant vers la mer, il entra dans la Phénicie, et mit en feu les forêts du Liban. Ayant ensuite traversé l'Egypte et parcouru les régions occidentales de la Libye, il tomba, comme la foudre, sur les forêts des monts Cérauniens. Il mettait en feu toute la contrée, faisant périr les habitants, ou les forçant à s'expatrier, lorsque parut Athéna qui, surpassant les hommes en prudence et en courage, tua ce monstre. Depuis lors elle porta toujours la peau de l'Egide sur sa poitrine, soit comme une arme défensive, soit comme un souvenir de sa valeur et de sa juste renommée. La Terre, mère de ce monstre, en fut irritée : elle enfanta les géants qui furent plus tard vaincus par Zeus avec le secours de Athéna, de Dionysos et des autres dieux.

Parmi les nombreuses autres textes, Pausanias est intéressant, car il recoupe en partie certaines des données et prouve que la légende de l’origine libyenne s’est bien imposée.

Pausanias, Attique, 14.6 reprend directement la légende rapportée par Hérodote, et y ajoute un détail personnel : les yeux bleus viennent de son origine marine ! En fait, dès Homère, Athéna est qualifiée de déesse aux yeux pers, aussi énigmatique que son surnom Tritogénie, mais qui semble faire référence à la couleur de la mer, donc gris-bleuté ; la couleur de ses yeux est donc bien antérieur à l’apparition de la tradition libyenne, et sans lien avec elle. Néanmoins, les liens entre Athéna et Poséidon se retrouvent ailleurs, en particulier en Arcadie, mais dans cette contrée, Poséidon n’est pas un dieu marin.
Le temple d’Héphaïstos est au-dessus du Céramique et du portique royal ; connaissant ce qu'on raconte de la naissance d'Erichthonios, je n'ai point été surpris de voir dans ce temple la statue d’Athéna auprès de celle de d’Héphaïstos, et en voyant la couleur bleue foncée des yeux de la déesse, j'ai reconnu que c'était une tradition Libyenne. Les Libyens disent en effet que Athéna était fille de Poséidon et de la nymphe du lac Tritonis, et c'est pour cela qu'elle a, comme Poséidon, les yeux couleur d'eau de mer.

Pausanias, Corinthie.21 :
Indépendamment des fables, voici ce qu'on raconte de Méduse. Elle était fille de Phorcos, après la mort duquel elle devint reine des peuples des environs du lac Tritonis ; elle commandait les Libyens lorsqu'ils allaient à la chasse ou à la guerre, et marcha à leur tête à la rencontre de Persée, qui avait avec lui quelques troupes d'élite du Péloponnèse. Elle fut tuée par trahison durant la nuit, et, quoiqu'elle fût morte, Persée fut tellement frappé de sa beauté, qu'il lui coupa la tête pour la faire admirer aux Grecs. Proclès, Carthaginois, fils d'Eucratès, croit la tradition suivante plus vraisemblable que la première. Les déserts de la Libye produisent beaucoup de monstres dont l'existence paraît incroyable à ceux qui en entendent parler. On y trouve, entre autres, des hommes et des femmes sauvages, et Proclès assura avoir vu un de ces hommes qu'on avait amené à Rome. Il conjecture donc qu'une femme de cette espèce s'étant égarée, vint aux environs du lac Tritonis, dont elle désolait les habitants, jusqu'à ce que Persée l'eût tuée. Comme cette contrée est consacrée à Athéna, le bruit se répandit que cette déesse avait aidé Persée dans son entreprise. Vous remarquerez dans Argos, vers le monument de la Gorgone, le tombeau de Gorgophone, fille de Persée.

Toutes les traditions qui veulent faire d’Athéna un personnage réel, reine ou guerrière d’une contrée de Libye, sont donc toutes tardives, d’une époque où la mode voulait que les légendes aient un fond de réalité à retrouver (lire à ce titre les délires de Parthénios rationalisant les mythes anciens). Ces textes sont des reconstitutions anachroniques dont le processus de création est bien mis en évidence par Proclès par exemple, au nom de la "vraisemblance"; c’est donc à plus forte raison un anachronisme d’en déduire que Athéna est une princesse berbère…

Un dernier mot sur l’assimilation de Tanit à Athéna : elle ne repose sur rien (si ce n’est encore une fois une vague analogie onomastique), Tanit est assimilée dans les textes grecs à Héra, épouse de Zeus comme Tanit l’est pour Baal Ammon. Cf. par exemple les traités entre Hannibal et Philippe.


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 Sujet du message : Re: Athena reine ou déesse ?
Message Publié : 24 Avr 2008 18:35 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
Message(s) : 576
Localisation : Région parisienne
En plus de rationnaliser leur propre mythologie, les Grecs collent des noms et des histoires qui leurs sont connus à des réalités étrangères, sans doute pour mieux se les rendre familières, peut-être aussi parce que leur pensée de la différence n'est pas du tout similaire à la nôtre : quitte à tordre une réalité, autant la faire ressembler le plus possible avec leurs propres référents ! A cet égard, le texte d'Hérodote est lumineux : il souligne les marques d'exotisme, certes, mais le processus d'assimilation à Athéna est particulièrement sensible : c'est une déesse à priori guerrière et vierge, qui porte armure avec égide et casque, comme la parthenos d'Athènes. On remarque qu'on n'aura jamais le nom autochtone de cette Athéna lybienne.
Alors, est-elle d'abord un fantasme grec ? :wink:

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 Sujet du message : Re: Athena reine ou déesse ?
Message Publié : 20 Déc 2008 13:41 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 01 Juil 2004 20:40
Message(s) : 240
Localisation : Paris
Avec des mois de retard, je remercie Thersite pour son excellente réponse argumenté, analysée et bien recherchée à ma question originale. Je ne sais pas comment je ne me suis pas aperçue de la réponse pendant tout ce temps.

Merci encore

_________________
Ce qui m'intéresse, c'est la vie des hommes qui ont échoué car c'est le signe qu'ils ont essayé de se surpasser
Georges Clemenceau


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