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 Sujet du message : L'ossianisme
Message Publié : 28 Sep 2005 15:32 
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J'aimerai en savoir un peu plus sur l'ossianisme, qui fut si en vogue dans l'Europe du premier XIXe siècle.

Est-il inventé de toutes pièces?
Prend-il appui sur d'autres mythologies?
Quels en sont les grandes caractéristiques?

_________________
"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 29 Sep 2005 12:18 
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Thucydide
Thucydide
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Inscription : 24 Juin 2005 21:37
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Pour moi c'était un courant littéraire assez proche du romantisme.
Mais peut être ne parlez vous pas de la même chose?


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Message Publié : 29 Sep 2005 13:46 
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Plutarque
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Pour répondre à votre question (enfin j’espère) Florian, voilà ce qu’on pourrait dire du développement de l’ossianisme (et du contexte de sa naissance) et des mouvements qui lui sont contemporains en Europe…

Quelques mots sur le contexte de ce développement.

Le contexte révolutionnaire.

En août 1789, c’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dans laquelle l’Homme populaire change de statut juridique, il est désormais l’égal des autres hommes.

Image
La leçon de labourage
Vincent
musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
Ce tableau est présenté au salon de 1798, on y voit un noble rendant hommage au travail du paysan. C’est un tableau de célébration.

Le contexte romantique.

Ce phénomène naît à peu près en même temps dans l’intégralité de l’Europe, sauf en France où il arrive avec un léger décalage. On est en rupture par rapport au Neo-Classicisme. On est en rupture totale avec l’ouvrage de Winckelmann, La réflexion sur l’imitation des antiquités de la Grèce. Le romantisme prône l’irrationnel. Cela consiste en une mise à l’honneur de la mythologie septentrionale qui laisse une large place au mystère et au fantastique. Le romantisme développe également un goût pour l’épopée et une recherche du pathétique qui permet une exaltation de la passion et des sentiments. On assiste à une multiplication de l’irrationnel par le drame qui peut aller jusqu’à la folie et grâce également à une réalité plus terne.
Autrefois le peuple était le creuset des superstitions, le romantisme lui offre un nouveau rôle.

L’éveil des nationalités.

Les guerres napoléoniennes avaient pour but la libération des peuples du joug des tyrans, mais les nations vaincues vont montrer la volonté d’affirmer leur indépendance culturelle. On est en rupture avec la tradition de l’Europe française. C’est l’époque de la mise en place d’appropriation des cultures nationales. On recherche les racines populaires le plus loin possible. Pour certain pays, on va voir l’obligation de la création des racines, on va parler de « l’invention de la tradition ». On invente sa mémoire, c’est ce que vont faire Mac Pherson en Ecosse et Hersart de la Villemarqué en Bretagne. Une nation est un plébiscite de tous les jours, lié à un culte des ancêtres et comme le disait Ernest Renan en 1882 « les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes ».

Le retour aux sources : la collecte des traditions.

Les enquêtes sur les parlers : l’abbé Grégoire.

Le Traité de Villiers Cotteret en 1539 instaure le français comme langue nationale du royaume, mais ce l’est uniquement pour les actes officiels et c’est également la langue de la cour, c’est à dire que l’usage du français est réservé à une élite.
Napoléon I va imposer la nécessité de communiquer en français pour que tout le monde puisse comprendre les grandes décisions de l’état.
L’abbé Grégoire va faire une enquête pour le compte de l’Assemblée Nationale sur l’usage des patois. Comment se déroule cette enquête ? Il va faire circuler un questionnaire en quarante trois points portant sur les patois, le degré d’instruction, les croyances et sur les mœurs des anciennes provinces. Le 4 juin 1794, il publie son Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser la langue française.
On voit avec l’exemple de l’abbé Grégoire l’intérêt porté aux langues vernaculaires non dans un but scientifique mais dans un but de connaissance pour un meilleur anéantissement.

Le collecte des poésies : Mac Pherson.

James Mac Pherson est le fils d’un paysan écossais qui devient précepteur. Il étudie la littérature écossaise et dans une idée de recherche des raines populaires va inventer une mythologie autour d’un barde celte qu’il baptise Ossian. En 1761 il publie un recueil appelé Fingal, ancien poème épique en six livres avec d’autres poèmes composés par Ossian, le fils de Fingal, traduits du gaélique par James Mac Pherson.
On rentre dans un nouveau type de littérature qui est celle de la légende nécessaire. L’Angleterre ne place plus les sources de sa nation dans le monde gréco-romain mais chez les celtes, c’est un déplacement des racines.
Le général Bonaparte est passionné par le mythe d’Ossian dont il emporte toujours une copie avec lui lors de ses campagnes. En 1800, il va commander deux tableaux pour sa résidence de la Malmaison.

Image
Ossian évoque les fantômes au son de la harpe sur les bords du Lora
baron Gérard
château de Malmaison

Image
Les ombres des héros morts pour la patrie reçues par Ossian dans le paradis d’Odin
Girodet
château de la Malmaison.
Dans ce dernier tableau, il faut noter le rapprochement que fait Girodet en plaçant les figures des généraux de l’Empire morts au combat dans un contexte mythologique.

La collecte des chants : Herder et Hersart de la Villemarqué.

C’est Herder qui met à l’honneur cette recherche. C’est un prussien fortement influencé par le mythe d’Ossian et qui sera à l’origine du mouvement de l’âme du peuple (volksgaest).
La recherche des langues s’accompagne du développement d’une véritable culture, celle du peuple. « Leurs chants sont les archives du peuple, trésor de sa science et de sa religion, se sa théogonie et de sa cosmogonie, des hauts faits de ses ancêtres et de sa propre existence, le reflet de son cœur, l’image de sa vie domestique, de la douleur à la joie, de son berceau à la tombe. »

Hersart de la Villemarqué est né en 1815 à Quimper, il se sent rapidement investi d’une mission nationale qui est celle de la collecte des chants traditionnels de la Basse Bretagne, il publie le Barzaz Breiz.
Le Barzaz Breiz se compose de trois types de chants : les chants historiques, les chants religieux et les chants d’amour. Il y a cinquante trois textes publiés en 1839.
Image
Hersart de la Villemarqué se rend par la suite en Ecosse et au Pays de Galles, et lors de ces voyages, il se rend compte de la similitude entre les trois cultures et il pense que le gaélique a pour langue souche le breton. Il place ainsi la Bretagne à un niveau supérieur à celui de la Grande-Bretagne et il prétend que l’Armorique est le seul lieu où l’on puisse encore entendre la langue celte des origines. La Basse Bretagne est un conservatoire des traditions et elle possède de fortes ressources nationales.
En France, c’est la Chanson de Roland qui va supplanter les traditions développées par la Villemarqué. En 1837, des chercheurs français découvrent dans la bibliothèque de l’université d’Oxford une chanson de geste composée entre 995 et 999 et qui est signée TU ROLDUS. Roland présente toutes les caractéristiques du héros national.

La collecte des contes : Grimm et Luzel.

Jacob Grimm (1785) et son frère Wilhelm (1786) vont rapidement se mettre en contact avec l’Académie Celtique d’Allemagne en proposant de faire une collecte des contes pour prouver l’origine celte de la nation prussienne. Leur projet est refusé, ils vont alors les collecter de manière indépendante. Ils mènent une véritable enquête pour la constitution d’un fond commun européen. C’est une œuvre gigantesque, véritable référence scientifique. En 1812, ils publient Contes d’enfants et du foyer, en 1835 c’est la Mythologie Allemande et en 1852 le Dictionnaire Allemand.
François Marie Luzel ambitionne de faire pour les contes bretons ce que les Grimm ont fait pour l’Allemagne. Pendant quarante ans, il collecte des contes. Il a beaucoup cherché et a beaucoup trouvé car chaque conte a une multitude de variantes et il les veut toutes. Il dira : « j’ai été le premier a donne des visions correctes et parfaitement exactes de nos contes bas bretons ». Il vise l’exhaustivité et l’authenticité.

_________________
"Je ne me dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller."
29 mai 1789


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Message Publié : 20 Oct 2005 8:17 
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Thucydide
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Passionnant sujet…

Existe te t’il un lien entre ce mouvement intellectuel et l’Académie Celtique de 1804 ; qui deviendra l’Académie des Antiquaires –prendre en son sens du 19em-, que l’on peut rapprocher avec l’Antiquariant Society de Londres de 1680 ?

Eric.

_________________
Il n’y a que deux puissances au monde ; le Sabre et l’Esprit, à la longue le sabre est toujours vaincu par l’Esprit.


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Message Publié : 25 Oct 2005 19:21 
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Plutarque
Plutarque
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Inscription : 09 Juin 2004 23:02
Message(s) : 187
Localisation : Massy (91) / Grenade (31)
Probablement, au même titre que l'Académie Celtique allemande, je pense que l'Académie Celtique française essayait de démontrer que l'origine des traditions populaires françaises n'étaient pas seulement le fait de la gréco-romanité (je me demande même si là j'invente pas un mot...lol), mais que l'on pouvait trouver une origine plus "nationale" à notre culture...

_________________
"Je ne me dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller."
29 mai 1789


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Message Publié : 25 Oct 2005 21:21 
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Thucydide
Thucydide
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Inscription : 01 Mai 2002 14:58
Message(s) : 53
Localisation : Bondy 93
L'Antiquaraint Soceity comabatait le systhéme de droit divin... je pense, que vue ceux qui la composait -l'Académie Celtique'- les buts étaient les mêmes...

Eric.


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