Deshays Yves-Marie a écrit :
Citer :
Puisque nous en sommes à parler du f, qui saurait pourquoi cette lettre prenait la place du s dans le français ancien ?
Il conviendrait de cibler le problème :
- Qu'entend-on par "français ancien" (à ne pas confondre avec "ancien français"!)?
- Avant la diffusion de textes imprimés, rencontre-t-on la même confusion entre s/f dans les cursives manuscrites (alphabets en lettres gothiques ou en onciales, par exemple)?
- La confusion est-elle présente dans toutes les polices de caractères imprimés?
- N'y a-t-il pas eu influence, en retour, de l'orthographe imprimée sur l'orthographe manuscrite?
- La confusion graphique est-elle forcément le reflet d'une confusion phonétique?
- Au moment de la normalisation distinguant nettement le S et le F, certains mots ont-ils conservé par erreur le F au lieu du S graphiquement et phonétiquement?
- De même que pour F et S, l'usage conjoint du U et du V pour traduire indifféremment les lettres u et v, ou du I et du J pour les lettres i et j, n'entraînait pas forcément de confusion dans la prononciation des mots (par exemple Palais de IVSTICE / JVSTICE / JUSTICE ou IUSTICE).
Pour avoir étudié pas mal de vieux papiers, je pense que la confusion s/f n'est que visuelle et uniquement imprimée. Pour vous répondre YMD:
- Avant l'imprimerie, certains types d'écritures manuscrites font en effet des S une forme assez proche du f (il est difficile de la rendre ici avec uniquement un clavier).
- Par la suite, l'imprimerie reprend ce système et l'on utilise la même lettre pour figurer les deux sons, ce qui n'indique en rien une homophonie. Pareillement, les choses varient au cours des temps, et au XVIIIe s. par exemple je n'ai que rarement rencontré ce système.
- De même, on trouve fréquemment des double S (comme en allemand) dans des textes français jusqu'à la fin du XVIIIe.
- L'imprimerie n'a par la suite aucune influence sur l'écriture manuscrite. Quand l'écriture se délie (c'est à dire quand plus de gens savent écrire, qu'ils écrivent sur papier moins cher que le parchemin et ne se soucient donc plus de gagner de l'espace, bref quand écrire devient l'acte banal qu'il est demeuré jusqu'à nos jours), les s ressemblent de plus en plus à ceux que nous ferions à l'écrit aujourd'hui, avec toutes les nuances que cela comporte selon les écritures.