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Message Publié : 27 Mars 2010 19:45 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 01 Nov 2006 16:49
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Localisation : Triangle des bermudes
A partir de ces extraits tirés du site de L’Académie française, une question a émergé. Quand la langue française a-t-elle été parlée et écrite par la majorité de la population française ? Puis, à partir de quelle date peut-on dire que les trois quarts de la population française ont su écrire et parler le même langage ?

Citer :
Au Moyen Âge, la langue française est faite d’une multitude de dialectes qui varient considérablement d’une région à une autre. On distingue principalement les parlers d’oïl (au Nord) et les parlers d’oc (au Sud). Avec l’établissement et l’affermissement de la monarchie capétienne, c’est la langue d’oïl qui s’impose progressivement.
’extension de l’usage du français (et, qui plus est, d’un français qui puisse être compris par tous) est proportionnelle, pour une large part, aux progrès de l’administration et de la justice royales dans le pays. Inversement, l’essor de la langue française et la généralisation de son emploi sont des facteurs déterminants dans la construction de la nation française.
Deux articles de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier en août 1539, donnèrent une assise juridique à ce processus :
Article 110 : Afin qu’il n’y ait cause de douter sur l’intelligence des arrêts de justice, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il n’y ait, ni puisse avoir, aucune ambiguïté ou incertitude, ni lieu à demander interprétation.
Article 111 : Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus dans lesdits arrêts, nous voulons dorénavant que tous arrêts, ensemble toutes autres procédures, soit de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soit de registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques actes et exploits de justice, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties, en langage maternel français et non autrement.

Ma seule réponse n’a été que wikipedia, laquelle tire sa source de l'abbé Grégoire. Ce dernier, dans un rapport de juin 1794, révéla qu'on ne parlait « exclusivement » le français uniquement dans « environ 15 départements » (sur 83). Il a constaté que moins de 3 millions de Français sur 28 parlaient la langue nationale.

Ce sujet m’intéresse car il est en mesure de révéler le caractère pluriel des origines françaises et la jeunesse de son unité linguistique.

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Message Publié : 27 Mars 2010 20:38 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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Il faut attendre l'école de la IIIe république pour que tous les jeunes français apprennent à coup sûr le français et l'écrivent. Donc on peut dire que dans le courant des premières décennies du 20e siècle, donc il y a à peine un siècle, la grande majorité de la population sait parler et écrire français. A vue de nez, je n'ai pas de chiffres précis.


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Message Publié : 27 Mars 2010 20:53 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Citer :
Il a constaté que moins de 3 millions de Français sur 28 parlaient la langue nationale.


Que parlaient les autres ?

Citer :
Donc on peut dire que dans le courant des premières décennies du 20e siècle, donc il y a à peine un siècle, la grande majorité de la population sait parler et écrire français.


A ma connaissance, pendant la Première guerre mondiale, il n'y a pas eu de manière significative de problèmes de commandement liés à une méconnaissance excessive de la langue du supérieur par le subordonné. Par conséquent, on doit pouvoir dire qu'au moins en 1914, la grande majorité des Français maîtrise la langue nationale.


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Message Publié : 27 Mars 2010 21:23 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
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Localisation : Outre nulle-part
Cuchlainn a écrit :
Que parlaient les autres ?
[A ma connaissance, pendant la Première guerre mondiale, il n'y a pas eu de manière significative de problèmes de commandement liés à une méconnaissance excessive de la langue du supérieur par le subordonné. Par conséquent, on doit pouvoir dire qu'au moins en 1914, la grande majorité des Français maîtrise la langue nationale.
.

Dans les zones rurales, on parlait essentiellement le patois.
Quant à la Bretagne, la Corse et le Pays basque, la situation est plus compliquée. Ce ne sont plus des patois mais des langues.
Il y a le cas d'un soldat corse fusillé car il avait mal compris un ordre durant la Grande guerre. Mais il est vrai, l'enseignement obligatoire et le service militaire aidant, que la majorité des appellés parlaient et écrivaient le français. Cela explique en partie l'immense correspondance établie entre le front et l'intérieur ,et qui n'aurait guère été possible lors des conflits intérieurs.

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Message Publié : 27 Mars 2010 21:25 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
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Localisation : Outre nulle-part
Merci de corriger :
"majorité des appelés" dans mon message.

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Message Publié : 27 Mars 2010 21:26 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
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Localisation : Outre nulle-part
Et conflits "antérieurs".
Décidément. :oops:

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Message Publié : 27 Mars 2010 23:10 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 01 Nov 2006 16:49
Message(s) : 545
Localisation : Triangle des bermudes
C'est vrai que les archives militaires sont probablement en mesure de nous renseigner sur la question. Lors du service militaire, il y avait sûrement des tests d'aptitude à la compréhension de la langue? Des travaux existent-ils? Je n'ai rien trouvé sur SUDOC.

En plus, c'est vraiment intéressant pour comprendre l'histoire de France.

En 1550, les poètes de la Pléiade, Ronsard, Du Bellay et Peletier du Mans, se lancent dans le débat pour enrichir le français par le moyen d'emprunts à d'autres dialectes et défendent le français face aux langues anciennes grecques et latines. Cet objectif est théorisé dans le manifeste de Du Bellay: Défense et illustration de la langue française.


C’est ainsi qu’il m’a été permis de comprendre la raison e l’opposition de l’Académie française à la reconnaissance des langues régionales (en 1995 si je ne me trompe pas). L’Académie française, fondée en 1635, a un rôle très important dans l’unification linguistique française. Celui-ci a été défini dans l’article XXIV des statuts « la principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. »

A la Révolution Française, les décrets de l’Assemblée sont publiés dans tous les idiomes qu'on parle dans les différentes parties de la France. Cette attitude conciliante dénote, à mon avis, un rôle important joué par les régions dans la réalisation de cet événement majeur de la fin du 18ième s. Quelques années plus tard, face aux coûts de cette pratique, ils vont revenir à l’universalisme de la langue ;
Le 27 janvier 1794, Bertrand Barère de Vieuzac, déclare devant la Convention nationale que :

« La monarchie avait des raisons de ressembler à la tour de Babel; dans la démocratie, laisser les citoyens ignorants de la langue nationale, incapables de contrôler le pouvoir, c'est trahir la patrie... Chez un peuple libre, la langue doit être une et la même pour tous. »

Le rapport de l’Abée Grégoire y est aussi pour beaucoup. L’intitulé, je viens de le trouver, est suffisamment explicite « Rapport sur la Nécessité et les Moyens d'anéantir les Patois et d'universaliser l'Usage de la Langue française ».

Le saviez-vous, c’est seulement en 1992 que la langue française devient la langue de la République dans la constitution !

Quand aux 28 langues, il y a sûrement la réponse dans ce lien mais avec tous ces patois, je m’y suis perdu. :mrgreen:

Citer :

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Message Publié : 29 Mars 2010 7:35 
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Thucydide
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Inscription : 06 Sep 2007 9:19
Message(s) : 47
Vladtepes a écrit :
Cuchlainn a écrit :
Que parlaient les autres ?
[A ma connaissance, pendant la Première guerre mondiale, il n'y a pas eu de manière significative de problèmes de commandement liés à une méconnaissance excessive de la langue du supérieur par le subordonné. Par conséquent, on doit pouvoir dire qu'au moins en 1914, la grande majorité des Français maîtrise la langue nationale.
.

Dans les zones rurales, on parlait essentiellement le patois.
Quant à la Bretagne, la Corse et le Pays basque, la situation est plus compliquée. Ce ne sont plus des patois mais des langues.


Hum... Qu'est-ce qu'un patois et qu'est-ce qu'une langue alors ?

Pour la question initiale, il existe un certaine nombre d'études des années 1850 montrant pour quelques départements, dans chaque localité, quelle était la langue parlée et le degré de connaissance du français (entendent bien le français, très peu entendent le français, etc.).


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Message Publié : 29 Mars 2010 7:59 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 22 Mars 2010 19:04
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C'est négliger le bilinguisme ! Le patois dans la vie courante et le français dans les échanges.
Faudrait p't'êt' pas oublier l'apport de mots français dans le vocabulaire anglais après 1066.
Simple question de réflexion...

.


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Message Publié : 29 Mars 2010 8:22 
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Inscription : 15 Juin 2008 18:11
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Localisation : Civitas vellavorum
Cuchlainn a écrit :
A ma connaissance, pendant la Première guerre mondiale, il n'y a pas eu de manière significative de problèmes de commandement liés à une méconnaissance excessive de la langue du supérieur par le subordonné.


Oui, dans l'ensemble; mais il y eut des cas fâcheux de méprise avec par exemple des Bretons perdus, qui appelant pour savoir où était la tranchée française, se sont fait tués car les Français présents dans celle-ci les ont pris pour des Allemands...

Vladtepes a écrit :
Dans les zones rurales, on parlait essentiellement le patois.
Quant à la Bretagne, la Corse et le Pays basque, la situation est plus compliquée. Ce ne sont plus des patois mais des langues

Il n'y a pas que le breton, le corse et le basque comme langues "régionales"; il y a aussi l'alsacien, la catalan ou l'occitan par exemple. Utiliser le mot patois est réducteur et péjoratif.

Méandre a écrit :
Quand la langue française a-t-elle été parlée et écrite par la majorité de la population française ? Puis, à partir de quelle date peut-on dire que les trois quarts de la population française ont su écrire et parler le même langage ?

Pour la Haute-Loire, une enquête lancée par Victor Duruy en 1864, montre qu’à la veille de l’école obligatoire et du service militaire, 60 à 72% des habitants de la Haute-Loire ne parlaient pas français, et le pourcentage d’enfants ne sachant ni lire ni écrire le français était de 33 à 46,5%.
Je vais essayer de retrouver la carte nationale de cette enquête.

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Message Publié : 29 Mars 2010 18:37 
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Thucydide
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Inscription : 30 Avr 2007 18:53
Message(s) : 39
Code :
Au Moyen Âge, la langue française est faite d’une multitude de dialectes qui varient considérablement d’une région à une autre. On distingue principalement les parlers d’oïl (au Nord) et les parlers d’oc (au Sud)


Aucun linguiste ne considère aujourd'hui les "parlers d'oc" comme faisant partie de la langue française.

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Pèire Cardenal, 1215


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Message Publié : 29 Mars 2010 20:34 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Avr 2008 14:42
Message(s) : 2320
Citer :
Hum... Qu'est-ce qu'un patois et qu'est-ce qu'une langue alors ?

Je crois que c'est un sujet politique, pas linguistique. En Corse le Corse est devenu langue depuis qu'il y a des autonomistes. En réalité ils piquent à l'italien tous les mots abstraits.

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Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 29 Mars 2010 21:02 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
Message(s) : 1522
Localisation : Belgique
Re: Message du 27 Mars 20h45.

Un lien qui m'apparait intéressant sur l'évolution du français envers les dialectes est le suivant (après plus d'une heure de recherches sur le net avec des differentes combinaisons de mots... :wink: )
http://www.salic-slmc.ca/showpage.asp?f ... emenu=true
En cherchant pour la source de la page (ce qui n'est pas si facile selon moi au premier moment), j'ai trouvé:
http://www.salic-slmc.ca/
La page donne selon moi beaucoup des réponses à vos questions et en plus, quand on voit la source, est "honnête".
Et "salic" c'est: "Site de l'aménagement linguistique au Canada".

Cordialement,

Paul.


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Message Publié : 30 Mars 2010 6:37 
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Inscription : 15 Juin 2008 18:11
Message(s) : 313
Localisation : Civitas vellavorum
PaulRyckier a écrit :
Un lien qui m'apparait intéressant sur l'évolution du français envers les dialectes est le suivant (après plus d'une heure de recherches sur le net avec des differentes combinaisons de mots... :wink: )
http://www.salic-slmc.ca/showpage.asp?f ... emenu=true
Cordialement,
Paul.


En effet, la partition linguistique oc et oïl (qui correspond à la manière de dire « oui » au Sud et au Nord [les termes venant du latin hoc et hoc ille, « ceci »]) provient des Francs de Clovis qui adoptèrent vers 500, en raison de sa supériorité, la langue des vaincus, mais la parlèrent avec des habitudes germaniques. C’est surtout à partir des VII°-VIII° siècles que l’ancienne Gaule se divise en deux linguistiquement. Et le XI° siècle est généralement considéré comme la période achevant définitivement la formation des langues.
A noter que d'autres facteurs peuvent également expliquer cette divergence ("marches séparantes", latinisation plus ancienne, ...).

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Message Publié : 30 Mars 2010 12:22 
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Polybe
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Inscription : 06 Fév 2006 13:51
Message(s) : 95
Pour avoir entendu du gascon, ou de l'occitan, je doute fortement qu'il n'y ait pas intercompréhension au moins vague avec le français pour l'interlocuteur attentif si n'était l'accent...
Quant au basque, seul langue régional dont il reste des locuteurs monolingues en France me semble t'il , un arrière-arrière grand oncle a déserté de la première guerre, pour son procès il avait deux interprètes , incapable de comprendre le juge . Et il était de la côte donc a priori de la région la plus ouverte , pour dire que dans l'intérieur ça devait être compliqué de faire avancer la troupe...
C'est triste de voir des hommes partir se battre pour des intérêts que, pour le coup, ils sont dans l'incapacité totale de comprendre . Qu'est ce que l'alsace et la lorraine pour le paysan du Trégor et le berger des Aldudes ? Quand un grand oncle me parlait de nos ancêtres revenus de la première guerre il disait encore " il est revenu des guerres de France" , pour dire que l'identification a tardé longtemps dans les régions non-francophones .

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