Le pourcentage de francophones et de flamands à Bruxelles est l'un des thèmes de disputes favoris des politiciens belges. Depuis 1962 (corrigez moi si j'ai faux), les recensements linguistiques sont interdits à Bruxelles.
Alors, on estime. Selon les flamands, les francophones représenteraient 60% (quand ce n'est pas 45%) de la population bruxelloise contre 20% de flamands et 20% d'allophones. Selon les francophones, ce serait 90% des bruxellois qui parleraient la langue de Molière, contre 10% de flamands. Les francophones s'appuient sur des sources officielles comme les déclarations d'impots où les plaques d'immatriculation (
http://www.synec-doc.be/francite/BXL/p04.html ).
Mais bref, la réalité est là : Bruxelles est actuellement très majoritairement francophone. Mais d'où vient donc cette francisation si l'on tient compte du fait qu'en 1830, Bruxelles était à 85% flamande ?
Lors de la conquète de la Belgique par les armées révolutionnaires, le français devient la langue officielle et exclusive de la Belgique, politique centraliste oblige. Dès lors, Bruxelles connait une forte immigration française. En 1815, la Belgique est annexée aux Pays Bas et Bruxelles vit à l'heure d'Amsterdam. Cela dit, le néerlandais, langue de peu d'interêt culturel à l'époque (comparé au français) n'arrive pas à s'imposer. Et, 1830, la Belgique devient un Etat indépendant, unitaire et exclusivement francophone. Le néerlandais est banni des administrations et l'Etat lance une politique de francisation très agressive dont Bruxelles se trouve aux premières loges. Le poids du français en Belgique réside dans son rôle international, dans la prospérité de la Wallonie, et aussi par la complicité des élites flamandes francophones. Le néerlandais est moqué, rabaissé, tandis que des wallons immigrent à Bruxelles. Résultat : Bruxelles se francise, car pour avoir un emploi dans l'adminisation, il faut parler français. Le néerlandais devient alors inutile et on l'oublie. En 1880, le rapport de force est de 50% francophones et 50% flamands. Cette francisation se poursuit tout le long du XX° siècle, malgrès l'émancipation flamande et la reflamandisation de la Flandre. Même si l'Etat belge est bilingue depuis 1898, l'avantage est toujours au français : pour qu'une commune soit déclarée bilingue, elle doit posséder au moins 30% de sa population qui parle l'autre langue. Cela avantage fortement la francisation de la périphérie bruxelloise. Les flamands veulent alors à tout prix bettoner les frontières de Bruxelles qui s'étalent dangereusement sur leur territoire. En 1962, l'Etat fédéral est crée et Bruxelles obtient des limites linguistiques fixes. En compensation, les francophones de la périphérie bruxelloise installés en Flandre obtiennent des "facilités" dans certaines communes, c'est à dire le droit de reçevoir leurs papiers administratifs dans leur langue. Aujoursd'hui les conflits sont toujours aussi intenses autour de ces "facilités". Tandis que les flamands veulent cesser le bilinguisme (qui avait au départ un statut provisoire), les francophones s'accorchent à leurs avantages et rêvent même d'intégrer ces communes à la région Bruxelles-capitale. Pendant ce temps, Bruxelles est devenue une grande ville internationale, sujette à une forte immigration qui s'est en grande majorité intégrée au français.