pilayrou a écrit :
L'expression "an 40".
"Ca arrivera en l'an 40" (c'est à dire jamais).
Les royalistes insurgés de la Révolution parlaient de l'an 40 de la République, c'est à dire une année qui n'existerait pas.
Pour ma part, je n'ai jamais entendu cette expression.
C'est plutôt l'expression "s'en moquer comme de l'an Quarante" à laquelle on a donné cette explication.
Mais je vous livre l'explication très intéressante recopiée sur un autre forum il y a quelques mois :
JGL a écrit :
S’en moquer comme de l’an quarante
La langue française compte quelques joyaux, parmi lesquels cette admirable expression : « se soucier ou se moquer de telle ou telle chose ou de quelqu’un comme de l’an quarante ». Le « Dictionnaire de l’Académie », dans la sixième édition (XIXe siècle), la qualifie de proverbiale et familière et y donne le sens de « cela m’est complètement indifférent ». Elle est à peu de choses près synonyme de « se soucier de quelqu’un ou de quelque chose comme d’une guigne », la guigne étant au sens propre une cerise et, au sens figuré, une chose insignifiante, qui n’a pas plus de valeur ou d’importance qu’un clou ou, comme on dit familièrement, des clous ! Ces expressions se disent à propos de ce à quoi on n’attache pas d’importance ou de qui laisse indifférent. Au fil des siècles, le sens de « l’an quarante » a perdu de sa force, entre autres raisons, parce que ces mots, n’étant plus compris, ont été déformés.
Littré, qui était républicain et positiviste, relève « se moquer de quelque chose comme de l’an quarante » à l’entrée « moquer » de son Dictionnaire de la langue française. Il y donne une origine fantaisiste qui est plus conforme à ses partis pris idéologiques qu’à la réalité : « Je m’en moque comme de l’an quarante, sous–entendu de la république, dicton employé par les royalistes pour exprimer qu’on ne verrait jamais l’an quarante de la république ». Il est possible, et sans doute exact, que des royalistes aient employé cette expression à laquelle ils ont fait dire ce qu’elle ne signifiait pas, mais ils ne l’ont pas inventée. En effet, cette expression est attestée en ancien français, alors que la possibilité que la France puisse devenir une république n’était évoquée par aucune personne sensée.
Toujours au XIXe siècle, Pierre Larousse, qui était anticlérical militant, imagine dans son « Dictionnaire » une signification toute différente, antireligieuse bien entendu : « On suppose que cette expression vient des craintes superstitieuses (il s’agit de la peur de l’an mil, qui a eu plus de réalité chez les historiens du XIXe s. qu’elle n’en a eu dans les faits, et qui illustre la superstition historique) généralement répandues dans le commencement du XIe siècle. On prétendait que Jésus-Christ n’avait assigné à son Eglise et au monde qu’une durée de mille ans et plus. Une opinion accréditée voulait que ce terme expirât en l’an 40 du XIe siècle (pourquoi 1040 ? En bonne logique, elle aurait dû expirer en l’an 1033). Mais lorsque l’époque redoutable fut passée, on ne fit plus que rire de ces craintes puériles ». C’est surtout Pierre Larousse qui en rit, neuf cents ans plus tard, et qui, par arrogance de « libre penseur », qualifie ces craintes imaginaires de « puériles ».
L’an quarante dont il est question n’a rien à voir avec quelque date que ce soit. Il ne désigne pas l’an XL de la République, ni l’an 1040 de l’ère chrétienne. Il est étranger à tout autre calendrier ou comput. Ces deux mots sont une déformation de l’Alcoran ou de l’Al Coran, le livre saint des musulmans. Celui qui dit « je me soucie du ciron comme de l’an quarante » signifie qu’il n’attache aucune importance au ciron, exactement comme s’il était l’Alcoran, comme on disait jadis en français, ou le Coran, comme on doit dire depuis que les orientalistes ont exigé que soit francisé en « le » l’article arabe « al ». « S’en moquer comme de l’an quarante » n’est pas la seule expression populaire ou familière dans laquelle se trouve employé, déformé ou non, le mot « Alcoran ». Littré relève, à l’entrée « Alcoran », l’expression « je n’y entends pas plus qu’à l’Alcoran », avec la signification « je n’y entends rien », l’Alcoran étant dans les mentalités populaires le comble de l’obscurité.
Pendant des siècles, le peuple français, qui est sage et avisé, a affirmé avec force qu’il se moquait de l’Alcoran et de l’islam, et les élites, qui ne se croyaient pas supérieures au peuple, ont partagé la même indifférence, allant même jusqu’à exprimer une allégresse insolente à l’encontre du livre et des croyances des musulmans. Il suffit de lire les grands écrivains qui pendant des siècles ont tenu sur l’islam, sur Mahomet, sur les musulmans, sur la Turquie, sur les Turcs, etc. des discours que les bien pensants d’aujourd’hui jugeraient « islamophobes » (mot anglais fabriqué en 1980 par un ministre de Khomeiny qui reprochait aux journalistes occidentaux d’écrire des articles hostiles, non pas à l’islam, mais à la politique xénophobe et fasciste de la République islamique d’Iran) et qui leur vaudraient mépris, procès à répétition, lynchage public, ainsi qu’en font l’expérience Houellebecq, Fallaci ou Dantec.
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JGL
J'ai coupé un passage très pertinent, mais qui tomberait facilement sous l'accusation de hors-sujet, sinon sous d'autres.