D'abord, je crois qu'il faut distinguer les deux questions :
I. Le Coran cite-t-il le Roman d'Alexandre ?
Je pense qu'on peut répondre sans hésiter : oui. Les similitudes du passage entre le Coran et l'oeuvre du Pseudo-Callisthène sont trop frappantes.
Du reste, un autre passage est commun aux deux livres : celui du cuisinier et des poissons frits qui reprennent vie.
(J'aimerais mettre en regard les deux textes, mais autant le Coran est accessible sur le net, autant les liens vers le Roman d'Alexandre pointent vers les sites de ventes de livres.
Quelqu'un peut-il s'en charger ?)
Comment le Coran peut-il citer un texte profane ? Sans tenir compte de la problématique de la Révélation, qui est une question de foi, certains historiens pensent que l'Arabie du VIIe siècle était très hellénisée (rappelons que l'Egypte, la Perse, la Mésopotamie et la Syrie était imprégnées de culture héllenistique). Il aurait donc été surprenant que l'Arabie, reliée à ces pays par ces caravanes, ne le soit pas.
Youssef Seddigh, dans
Nous n'avons jamais lu le Coran, va même plus loin en évoquant des rites dionysiaques et des rituels dédiés à une divinité assimilée à Appollon.
II. A qui fait référence le Roman d'Alexandre ?
On est d'accord qu'il ne s'agit pas de l'Alexandre historique
Le nom de "2 cornes" pourrait faire référence à Alexandre orné des deux cornes d'Amon, et des pièces de monnaies le représentent justement avec deux cornes. Mais on sait aussi que les héros mésopotamiens étaient souvent représentés eux aussi, avec deux cornes. Il est donc possible que ce roman puise sa source dans des légendes mésopotamienne, qui pourraient se rapporter à d'autres rois (perses, mèdes...).
D'ailleurs, Alexandre s'est peut-être fait représenter avec des cornes justement pour s'approprier ses légendes. Qui sait ?
Toujours est-il que la légende d'un roi enfermant ses ennemis peut se rapporter aux rois moyen-orientaux et perses ayant lutté contre les invasions cimmériennes.
D'autre part, il est fait mention dans les deux textes d'une muraille qui aurait été construite. Or, Xénophon, dans son
Anabase, mentionne des bouts de murailles que son armée doit contourner, preuve que certains souverains ayant régné sur la Mésopotamie (assyriens ? perses ?) ont essayé de se protéger des nomades de la même manière qu'en Chine.
III. Conclusion
Pour résumer : le personnage de "Dhoul Qarnayn" est hellénistique dans le plus pur sens du terme. A quel personnage réel correspond-il ?
Nous ne le saurons jamais, ma théorie étant qu'il s'agit de plusieurs rois confondus en un seul.