Karolvs a écrit :
SENATVS POPVLVSQVE ROMANVS.
"Que" est attaché à "populus". Pas à "romanus".
charles martel a écrit :
Vous avez tout à fait raison, mais comment a t-on pu le savoir, puisque les romains ne séparaient pas les lettres (je crois)?
Je me suis mal exprimé. Je ne voulais pas dire que "que" est acollé à "populus". Je voulais dire qu'il se
rapporte à populus et pas à romanus.
Cela, on le sait parce qu'on peut observer dans la littérature latine des milliers d'exemples qui le confirment :
"... pacem tranquillitatem otium concordiamque afferre" : ...apporter la paix, la tranquilité, le repos et la concorde. (Cicéron)
"...terra marique..." : sur terre et sur mer
"domi bellique" : en paix (à la maison) et à la guerre
"ferro ignique" : par le fer et par le feu.
C'est pourquoi Félix Gaffiot a pu écrire dans son inégalable dictionnaire de Latin que tous les latinistes connaissent, que le "que" latin est une conjonction copulative enclitique (= mot d'une seule syllabe ajouté à la fin d'un mot) qui lie le dernier d'une série de termes juxtaposés. D'ailleurs, je crois qu'il existe (ou plutôt a existé) des grammaires faites par des grammairiens de l'antiquité.
Revenons à notre exemple S.P.Q.R. : "que" ne peut pas lier "populus" et "romanus", car "populus" est un nom et "romanus" un adjectif. L'expression n'aurait pas de sens ("le sénat, le Peuple et romain" ?!!)
Si on veut aller plus loin dans l'analyse, on peut aussi faire remarquer que la conjonction "que" a pour effet de mettre l'adjectif romanus "en facteur commun" : les romains auraient aussi pu écrire "senatus et populus romanus", mais cela aurait sonné moins bien ; un peu comme si le sénat avait été moins "romain que le peuple". Ces 4 mots SENATVSPOPULUSQUEROMANVS (que les romains abrégeaient sur leurs monuments et enseignes officiels en S.P.Q.R. –avec des points séparatifs) sont tout un programme politique (cf. patriciat et peuple…)
Quoi qu'il en soit, si "populus" et "que" n'étaient pas attachés dans la graphie, il est certain qu'ils l'étaient dans la prononciation.