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 Sujet du message : Minos, Pasiphae, Phaidra
Message Publié : 18 Mars 2006 6:21 
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Salluste
Salluste

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ANSELIN a écrit :
Il semble donc qu’il y ait des incompatibilités que RACHET questionne avec subtilité, s’interrogeant sur le sens réel des contrastes offerts par « Europe la sombre, Pasiphae la lumineuse, Phèdre la brillante » […]

C’est à AUTRAN que revient une fois de plus de rappeler que le sens de Min en dravidien ne s’arrête pas seulement à poisson, mais s’étend à l’étoile et caractérise tout ce qui brille. Et AUTRAN en conclut d’autant plus justement que Phèdre et Pasiphae doivent leur nom au Min, que l’île de la Crète elle-même porte celui d’Asteria, « l’étoile », dans Pausanias.

En fait, c’est toute la parenté du Min qui relève de cette analyse. Minos, « le Poisson, l’Etoile, le Brillant » a épousé Pasiphae, « celle qui brille pour tous », et a pour fille « Phaidra », la Brillante, pour fils Lukastos, Glaukos et Deuka-lion. Autant de Min, comme Asterios, son arrière petit-fils, roi de Milet en Carie. L’examen poussé des trois noms confirme qu’ils traduisent en grec, précisément en grec archaïque, le titre de Min.

Lukastos est formé sur luk- et astu, ce dernier terme désignant les acropoles (Astupalaia la phénicienne…). L’Iliade situe « la blanche Lukastos » en Crète. Lukos est la forme archaïque de Leukos, « brillant, par suite blanc […] Lukastos est donc la « ville haute du Min », où Lukos figure le titre minoen. Deukalion, père d’Idoménée, est un nom construit sur la même racine Leuk-, avec également le même sens de « brillant » (BAILLY, 717, deukos, « brillant »). Glaukos enfin épuise la liste des traductions minoennes (BAILLY, 171, glaukos, « brillant, sans idée de couleur déterminée »). Argos ne veut pas dire autre chose enfin, bienqu’extérieur à la mouvance minoenne proprement dite –BAILLY lui donne le sens le sens de « brillant » (BAILLY, 113).

Toutes ces équivalences, nullement gratuites, forment en définitive un véritable réseau d’indicateurs de la présence dravidienne. A notre connaissance en effet, il n’existe qu’un seul groupe de langues où un même mot signifie « brillant, étoile » : le groupe dravidien. L’emblème des Pandiyan de l’Inde dravidienne et celui des Minoens (particulièrement ceux des Cyclades) est également le même, le poisson. C’est encore le seul groupe de langues où il constitue un homophone « d’étoile » et où son pictogramme soit utilisé, comme l’a montré Asko PARPOLA, (Aru Min, les Six Etoiles, s’écrit avec six barres et le signe du poisson).

Chez les dravidiens, le roi, dont le caractère céleste est indiscutable, n’est pas désigné comme Etoile ni Brillant. La confusion est due à l’emblème ichtyomorphe des Termiles des Cyclades et des Tamils du Pandinatu. Le proto-dravidien résout l’énigme : dès Mohenjo Daro il écrit l’étoile (DED 4422 : binye, dieu de l’orage (malto)) ; vinu, minu (telugu) ; vin, ciel (tamul, malayalam) et (DED 3994 : binko, étoile (kur)) ; min, brillant, étoile (tamul) – d’où sanskrit mina avec le signe du Poisson (DED 3999 : min, poisson (tamul) ; minu (telugu)).

Cette norme énonciative est cultivée par tous les héritiers des tamuls : ceux de Grèce, où la fille d’Argos le Brillant est Kelano la Noire, où Lukos le Brillant est le fils de Kelaino la Noire ; ceux de l’Inde où le Noir Krsna a pour compagnon Arjuna le Brillant (BERGAIGNE, 99), le troisième des Pandavas, fils de Draupadi surnommée Krsna, la Noire (BERGAIGNE, 122). Le sanskrit et le grec ne se rejoignent ici que parce qu’ils racontent la même histoire tamule, celle des Pandions ou Minavan, et non parce qu’ils puiseraient à un fonds commun indo-européen des énoncés qui y sont inconnus ailleurs (par exemples des cultures latines ou scandinaves).

[ "Le mythe d'Europe, de l'Indus à la Crète", éd. Anthropos, Paris, 1982, pp157-158]


L'auteur que je viens de citer a défendu (mais continue-t-il de ce faire?) la thèse d'une origine dravidienne des Minoens et autres populations préhelléniques ; en se fondant principalement sur des ressources philologiques et archéo-linguistiques. Qu'en est-il aujourd'hui de cette théorie en général? Existe-t-il des travaux/publications récents de cette filiation théorique?

_________________
"La langue est la boîte noire de toute civilisation"
Alain ANSELIN


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