Comment à travers les époques les individus perçevaient et se représentaient la nuit? Quelles sont les attitudes et les croyances de l'individu vis-à-vis de la nuit?

Bonjour Hadrien,

A défaut de pouvoir vous répondre de manière plus précise, je me permets de vous signaler deux ouvrages que j'avais aperçus en librairie (tout en vous précisant que je ne les ai pas lus) :

- Jean VERDON, La Nuit au Moyen-Âge, Perrin, 1998 [rééd. en poche, coll. « Pluriel »].

- Simone DELATTRE, Les Douze Heures noires : La Nuit à Paris au XIXe siècle, Albin Michel, coll. « L'Évolution de l'Humanité », 2000 [rééd. en format poche en 2004 chez le même éditeur].


Sinon, jetez un oeil au célèbre livre de Jean DELUMEAU, La Peur en Occident, Fayard [rééd. « Pluriel »]. Je me demande si l'auteur ne consacre pas quelques passages à la nuit (j'ai lu ce livre il y a plus de dix ans et j'avoue que mes souvenirs ne sont plus très frais. En outre, l'ayant prêté, je ne l'ai pas sous les yeux en ce moment).

PJ

Petite contribution :
La Nuit (in Hippolyte & Aricie) de Jean-Philippe RAMEAU :

O Nuit ! Qu'il est profond ton silence
Quand les étoiles d'or scintillent dans les cieux ;
J'aime ton manteau radieux ;
Ton calme est infini, ta splendeur est immense. (bis)

O Nuit ! Toi qui fait naître les songes,
Calme le malheureux qui souffre en son réduit !
Sois compatissante pour lui.
Prolonge son sommeil, prends pitié de sa peine,
Dissipe la douleur, nuit limpide et sereine. (bis)

Autre réaction à la nuit : celle de Blaise PASCAL ("Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie", in Pensées, 206).

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Bonsoir,



Je ne peux que vous recommander chaudement la lecture de ce livre, bourré d'anecdotes sorties des minutes notariales ou de justices. Vous suivez, François Villon, la nuit dans Paris, un vrai régal!!

Cordialement

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ne nous prenons pas au sérieux, il n'y aura pas de survivant (A. Allais)

Bonjour,

Je suis d'un avis totalement contraire sur le livre de Verdon.

Rapentat le décrit bien : des anecdotes, des anecdotes et des anecdotes, toutes issues de minutes de procès...Très peu d'analyse.

J'ai été très déçu, même si j'ai parfois beaucoup ri de certaines histoires.

Bonsoir,

Rapentat vous m'avez convaincu, les minutes me passionnent. X-Ray, j'ai cru lire dans votre déception, un bémol, dû à la cocasserie de certains récits, ça me conforte. Histoire, anecdotes et humour; J'achète illico.

je crois que ce que signifie X-Ray, et je le suis totalement, c'est que Verdon ne s'ennuie pas à analyser, à comprendre, il raconte. Sa sélection n'est pas celle d'un historien dans le sens où il ne va pas chercher à donner des outils pour comprendre, il ne va pas créer un corpus cohérent qu'il faudra analyser dans sa complexité, son aridité, ses lacunes. Il va tout simplement picorer chez d'autres auteurs des anecdotes amusantes pour divertir.

si on veut rire, il faut lire Verdon. si on veut comprendre quelque chose, il faut impérativement le dépasser

C'est ainsi que je l'avais compris et c'est la raison de l'achat de ce livre : me divertir. Même s'il ne part pas dans une analyse profonde, on trouve toujours, dans les minutes, deci-delà, des choses intéressantes et l'on se nourrit des us de la société de l'époque. On peut par la suite -comme vous le dites- faire une analyse, en allant chercher les outils nécessaires dans d'autres ouvrages, plus sèrieux, sur le même sujet si celui-ci nous interpelle. Alors soyons fou ! Je l'achête (en guise de parenthèse), cela me donnera certainement l'envie d'en savoir plus en acquérant le livre de S. Delattre par exemple.

et il existe aussi un titre dans la collection Découverte GALLIMARD

Verdon me fait penser, pour cet ouvrage, à ces historiens du XIX° qui publiaient les corpus sans vraiment les analyser (mine d'or pour les historiens actuels car ces auteurs ont sauver de nombreuses sources.)
Personnellement cela ne m'ennuie pas car j'ai la formation pour tirer mes propres conclusions. Mais, je sais que ce n'est pas à la porter de tous.
entre parenthèse c'est assez pratique ce genre de documentation pour les étudiants qui n'aiment pas mettre le nez dans les archives : la moitié du travail est fait.

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le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder (Oscar Wilde)

Un certain Alfred Teckel, bien qu'il aime mettre le nez aux archives, en sait quelque chose!

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."

Il n'y a pas que vous Alfred Teckel

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le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder (Oscar Wilde)

Dans La Civilisation féodale de l'an mil à la colonisation de l'Amérique (Aubier, 2004, réédition Flammarion, collection « Champs », 2006), Jérôme Baschet écrit : « L'alternance tranchée du jour et de la nuit n'échappe à personne. La nuit est un moment de peurs matérielles (les agressions sont plus aisées, ce qui en fait une circonstance aggravante aux yeux de la justice) et de peurs spirituelles (la nuit est l'occasion des pires manifestations du diable et des luttes les plus intenses contre les tentations). Objet d'inquiétude, la nuit peut être aussi, si le combat contre le mal est victorieux, un temps privilégié de rencontre avec Dieu. Comme dans toutes les sociétés où les moyens d'éclairage manquent, la dualité du jour et de la nuit a plus d'impact que dans le monde moderne, sans pour autant que la diabolisation de la nuit soit absolue au Moyen Âge ».

La nuit devait être important pour les gaulois car ceux-ci comptaient en nuits et non en jours.
Encore aujourd'hui, dans certains parlers locaux en France, on retrouve cette trace:
Par exemple, en patois chez moi, aujourd'hui se dit "anui".
Littéralement "cette nuit"...

Compter les jours d'un coucher du soleil au coucher du soleil suivant est une ancienne pratique (toujours en usage de nos jours dans le monde musulman [cf. le jeûne du ramadan] et dans la tradition juive [le chabat], et même judéo-chrétienne [les premières vêpres font, la veille, partie de la fête du jour suivant]) : il est plus facile d'observer le soleil se coucher car l'ensemble de la population est alors réveillée. En revanche, établir l'heure de minuit est beaucoup plus délicat...

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).