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 Sujet du message : L'instituteur et son image
Message Publié : 16 Jan 2008 22:37 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Bonsoir,

L'image de l'instituteur "classique", celle figée par la IIIe République, les lois Ferry et le souvenir d'une école encore utile à "l'égalité des chances", l'image forgée par les multiples hommages rendus par les Camus ou Pompidou, parvenus au sommet par le dévouement d'instituteurs sévères mais justes ne fut pas toujours la même.
De meme quand on lit beaucoup de récits populaires et plus ou moins réalistes, où l'instituteur est un "personnage" dans la petite ville de campagne, aux côtés du maire et opposé au châtelain forcèment royaliste et au curé forcèment réactionnaire. En général, dans ces romans, il y a aussi un brave médecin qui ne fait pas de politique lui, mais ce n'est pas le sujet. Or, si je ne me trompe, le maître ne fut longtemps qu'un subalterne.

Mon sujet c'est plutôt de voir comment a évolué l'image et la fonction de l'instituteur, du maître d'école.
Cette réflexion m'est venue du fait que l'éducation a toujours été liée historiquement à la religion (y compris chez les "minorités": je pense aux Juifs, chez lesquels l'enseignement passait avant tout par une étude consciencieuse de la Torah). Puis, peu à peu, sous l'influence de la Révolution Française, de la Seconde République et enfin, des lois Ferry, le "maître" s'émancipe totalement de la tutelle cléricale pour en devenir souvent l'un des plus farouche opposant.

Ceci dit, je fus surpris de constater, au cours de mes lectures, que même dans les fondations éducatives laïques du XVIIIème s. les plus inspirées par les Lumières et dans les régions les plus et les mieux éduquées, la religion restait importante au point que le maître, encore peu avant la Révolution, n'est guère plus qu'un bedeau de luxe accessoirement chargé d'enseigner aux enfants, en tout cas, si j'en crois Guy Cabourdin dans "Quand Stanislas régnait en Lorraine":
"Les contrats, d'un endroit à l'autre, ne variaient guère et mettaient tous l'accent sur les activités qui l'amenaient à assister le curé: enseigner le catéchisme, sonner les cloches, tenir la sacristie."
Sait-on si les instituteurs furent en conséquence si cléricaux que cela, en particulier au cours de la Révolution (et notamment dans la rédaction des fameux cahiers de doléances)?

Je sais que ce sujet ouvre des pistes dans un peu tous les sens, mais je ne doute pas que vous ayez beaucoup de choses à m'apprendre sur ce vaste sujet qu'est "le maître d'école".

En vous remerciant tous par avance!

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 16 Jan 2008 23:01 
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Plutarque
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Localisation : Toulouse
Ah la belle figure de l'instituteur de la IIIème République, celui qui a réussi à éradiquer toute culture en dehors de celle de l'Etat parisien, celui qui a administré génération après génération le poison du nationalisme qui permettra d'envoyer tant de corse, de basque, de savoyards et autres français mourir dans les tranchées pour la gloire de la patrie...

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L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.


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Message Publié : 16 Jan 2008 23:12 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
A quel moment ai-je écrit "la belle figure"? Chacun ses opinions, et même si je comprends les opinions régionalistes fortes, ce forum n'est pas là pour faire de la politique, merci.

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Message Publié : 17 Jan 2008 0:02 
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Plutarque
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Inscription : 04 Fév 2007 9:08
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Localisation : Toulouse
J'ai juste transmis ce que m'évoque le rôle historique du "maître d'école".

P.S : Les morts pour la patrie de la PGM sont de toutes les régions de France.

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Message Publié : 17 Jan 2008 0:12 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Fort bien. Et à mon avis, votre vision de ce rôle, s'il correspond sans doute à une partie de la réalité, pêche par deux aspects: elle est très réductrice et semble envisager la Guerre Mondiale comme une fin, un projet concerté, presque un complot.

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Message Publié : 17 Jan 2008 0:22 
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Plutarque
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Inscription : 04 Fév 2007 9:08
Message(s) : 175
Localisation : Toulouse
La volonté de l'Etat de conforter son emprise sur le territoire à travers ses agents ne résulte pas d'un complot mais du comportement naturel de tout organisme.

La PGM est naturellement un phénomène complexe mais si l'on cherche à le réduire au maximum, il apparait que le seul gagnant de ce phénomène est l'Etat. Il a, à cette occasion, accru énormément son emprise sur le pays en dirigeant une partie de l'activité économique, en s'appropriant une part croissante de la richesse (nette hausse des dépenses publiques en pourcentage du PIB), et en prenant le contrôle de la monnaie, spoliant ainsi les détenteurs de capitaux.

Je sais, c'est une vision réductrice mais la science est réductrice et elle a le mérite de la cohérence !

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Message Publié : 17 Jan 2008 0:26 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
Message(s) : 3549
Localisation : Lorrain en exil à Paris
Qui plus est, mon message initial portait plutôt sur l'évolution de l'instituteur et de son image entre le XVIIIe et le XXe s. que sur la vision que vous homme du XXIème s., qui estimez entre autres que "l'Etat est le problème", en avez. Mais bon, pourquoi pas... :roll:

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Message Publié : 18 Jan 2008 17:37 
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Eginhard
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J'apporte davantage de questions que d'informations :

- le terme d'instituteur était il employé sous l'ancien régime , ou a-t-il était sinon créé, du moins consacré par la loi du 12 décembre 1792 , créant le corps des instituteurs ?

- Sous l'ancien régime , les maîtres d'école étaient-ils nécessairement des clercs laïcs , nommés , ou dont la nomination était approuvée par les autorités religieuses ? j'ai souvenir d'une lecture parlant d'une telle nomination , et je me demandais si c'était une généralité.

Pour l'image du maître d'école avant la IIIème république , vous pouvez lire , même si c'est du roman , histoire d'un sous maître ,d'Erckmann et Chatrian .


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Message Publié : 18 Jan 2008 17:45 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Res publica a écrit :
J'apporte davantage de questions que d'informations :

- le terme d'instituteur était il employé sous l'ancien régime , ou a-t-il était sinon créé, du moins consacré par la loi du 12 décembre 1792 , créant le corps des instituteurs ?


Je ne l'ai jamais vu en tout cas, on trouve plutôt "maître d'école". Si j'en crois le livre de Cabourdin, on trouve également le titre de "régent des petites écoles".


Citer :
- Sous l'ancien régime , les maîtres d'école étaient-ils nécessairement des clercs laïcs , nommés , ou dont la nomination était approuvée par les autorités religieuses ? j'ai souvenir d'une lecture parlant d'une telle nomination , et je me demandais si c'était une généralité.


Toujours selon le même chapitre dumême livre, il semble que le maître signe un contrat avec la communauté villageoise, mais sous impulsion et surveillance du curé.

Merci pour votre conseil de lecture, cela fait longtemps que je n'ai pas remis le nez dans Erckmann-Chatrian.

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Message Publié : 18 Jan 2008 17:59 
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Eginhard
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Inscription : 21 Juin 2006 16:38
Message(s) : 825
Localisation : Vosges
Alfred Teckel a écrit :
Toujours selon le même chapitre du même livre, il semble que le maître signe un contrat avec la communauté villageoise, mais sous impulsion et surveillance du curé.


A propos de ces contrats , voici quelques extraits de celui signé par le nouveau maître d'école de la paroisse de Charly ( en Champagne ) en 1780 :

"... Il est défendu d'avoir les cheveux aussi longs que ceux du commun des laïcs et de manger dans les cabarets de leur résidence, de jouer en public du violon!, d'aller aux danses populaires sous peine de révocation...
"... saura tout son catéchisme par coeur ainsi que les chants, rubriques, cérémonies de l'église... Avant tout fournira un témoignage avantageux de sa conduite, signé du Curé de la Paroisse et sera capable d'enseigner à Lire et Ecrire en même temps que les premiers éléments de la Doctrine...
"... il recevra de la Fabrique 150 livres par année, versées par quartier, peu plus peu moins! sans préjudice du casuel et de ses assistances...
"...reçois dons, selon l'occasion, d'une part des honoraires versés par le Clergé..."
"... de plus aura l'eau bénite tous les dimanches... et il se rendra dans toutes les maisons de la localité et des écarts pour pratiquer l'aspersion. En retour ..."recevra une offrande...". Aura aussi droit "...à discrétion et libéralité des habitants... la quête des vins dans tous les pressoirs". Il ne lui sera pas interdit "...de donner son coup d'épaule au moulinet ...", et pourra de la sorte récolter cinq à six pièces de vins dans les bonnes années et "...recevra de ceux qui n'ont ni vignes ni vin, : vingt sols par année, payables par quartier..."
"... sera exempt, et son Sous-Maître et organiste aussi, de toutes les charges publiques comme le prieur-Curé : ni taille, ni accessoires, ni capitation...


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