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Message Publié : 03 Juin 2008 22:43 
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Thucydide
Thucydide

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Mais je ne suis pas hystèrique, moi.
Il est souhaitable, en effet, de fermer le fil, je suis bien d'accord.
Cela contribuerait à calmer tout le monde. D'autant que tout a été dit sur SG pour le moment.
Vue la tournure de la discussion, il est clair que le dernier mot doit revenir au modérateur, étant donné que d'aucun souhaite l'avoir, ce qui pourrit le fil...
à bientôt peut-être


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Message Publié : 04 Juin 2008 5:44 
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Citer :
''Le plus ancien texte imprimé connu est un rouleau porte-bonheur bouddhiste découvert en 1966 près de Kyonju en Corée mais imprimé en Chine dans la première moitié du VIIIe s'' Issu du site suivant: http.huyghe.fr/actu_377.htm
Donc les chinois sont bel et bien les inventeurs de l'imprimerie et non les Coréens d'une part tout comme mon cher Plantin-Moretus

Il s'agit de xylographie à caractères mobiles, pas de caractères mobiles en métal. Lisez votre propre lien et relisez mon premier point. (Mais les Chinois qui en avaient fait des essais avaient abandonné la technique en raison de leur papier trop mince qui ne supportait pas la pression).
Citer :
je ne vois pas ce que l'imprimerie vient voir avec les apports de la civilisation arabo-musulmane à l'Occident chrétien. (Je ne l'ai jamais écrit dont ce que vous avez quoté)

Euh... il ne fallait pas en parler alors: votre message du 3/06 à 19:33 avant dernière ligne, voilà ce que j'ai "quoté".


Mais bon, 15 pages de débat serein et fructueux, puis 7 pages de foire d'empoigne; plusieurs intervenants ont apparemment décidé que le sujet était épuisé.
Il est donc fermé en attendant que les esprits se calment et que comme le dit Duc de Raguse ci-dessus, de nouveaux développements alimentent cette affaire.

_________________
Tous les désespoirs sont permis


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Message Publié : 15 Juin 2008 1:16 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Je me permets de poster cela, qu'on pourrait ajouter au fil Gouguenheim, c'est nouveau, il me semble, depuis le verrouillage.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=40997

http://www.valeursactuelles.com/public/ ... le_id=2672

_________________
Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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Message Publié : 15 Juin 2008 2:01 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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J'ai oublié de mentionner le fait que l'auteur de l'article d'Agora Vox renvoie à notre forum :

Citer :
Pour le récapitulatif et le suivi de l’affaire, je renvoie au blog de Pierre Assouline et à Passion-Histoire.

_________________
Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

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Message Publié : 01 Juil 2008 17:26 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
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Sylvain Gouguenheim s'explique dans le dernier numéro du magazine Lire:


Citer :
Dans Aristote au Mont-Saint-Michel, l'historien remet en cause l'idée selon laquelle le Moyen Age renoua avec la pensée grecque grâce à l'Islam. Son essai a suscité de vives critiques. Il y répond.

Où en êtes-vous de votre situation personnelle?

La situation est difficile lorsqu'on se trouve être l'objet d'une médiatisation qu'on n'a pas cherchée. Médiatisation parfois élogieuse mais aussi excessivement négative puisque, comme vous le savez, elle a pris la forme de pétitions hostiles, ad hominem, ce qui ne me paraît pas relever du mode normal de la discussion scientifique. Il y a des choses plus faciles à vivre. Mon avenir professionnel prend la forme d'un point d'interrogation. Mon directeur a réuni un comité d'experts pour évaluer le contenu scientifique de mon livre. A la lumière de son rapport, il déterminera ce qu'il convient de faire. Heureusement que l'on se découvre, dans cette adversité, autant d'amis que d'ennemis. Donc, ça équilibre.

Quel est votre grade dans l'Université?

Je suis agrégé d'histoire. J'ai été dix ans professeur en collège et en lycée, puis je suis devenu maître de conférences à l'université de Paris-I durant onze ans, avant d'être élu comme professeur des universités à l'ENS-LSH de Lyon, il y a quatre ans.

Vous n'êtes pas normalien. Cela vous pose-t-il des problèmes?

Je ne suis pas normalien, en effet, ce qui est assez rare dans le corps professoral d'une grande école. Sans doute aux yeux de certains n'ai-je pas de légitimité à être où je suis; mais j'ai aussi au sein de cette école le soutien de plusieurs collègues, particulièrement appréciable en ce moment, ainsi que de nombreux étudiants.

Que vous inspire la liste de ceux qui ont signé la pétition contre vous?

Vu la vitesse à laquelle les deux pétitions ont été diffusées et les signatures recueillies, je ne suis pas sûr que tous les signataires aient eu le temps de lire le livre. Certains se le sont même procuré après coup auprès de mon éditeur! Par ailleurs, la grande majorité des pétitionnaires ne peuvent pas prétendre être spécialistes du sujet, ni même du Moyen Age.

Comment expliquez-vous cette sorte de coalition hostile?

Le livre remet en cause une vulgate. Dés qu'on parle de l'identité de l'Europe ou de l'Islam, même au Moyen Age, et qu'on exprime des remarques non conformes à l'air du temps, on s'expose à la polémique. Cela, c'est un élément d'ordre idéologique. Il y a, ensuite, les éléments personnels dont nous avons parlé. Et puis il y a, sans doute, des phénomènes d'enjeu de pouvoir qui n'épargnent pas les mondes académiques. Il n'a échappé à personne qu'en attaquant mon livre, on attaquait dans le même mouvement la directrice de la collection du Seuil où il est publié. Il faut savoir que pour certains historiens le fait que la prestigieuse collection de L'Univers historique soit dirigée par une philosophe est jugé insupportable (à une époque où l'on fait l'éloge de l'interdisciplinarité...). Ceux-là oublient qu'être éditrice, c'est un métier! Ajoutez-y le ressentiment qui peut naître d'un manuscrit refusé et vous avez les ingrédients ordinaires du règlement de comptes.


Si l'on aborde le fond de votre ouvrage, Aristote au Mont-Saint-Michel, peut-on dire que vous soutenez les deux thèses suivantes: premièrement, la transmission du savoir grec en Occident ne doit rien ou peu à l'Islam et, deuxièmement, l'Islam des Lumières est largement un mythe?


Sur la première thèse, je serai nuancé. D'abord, je précise que je m'adresse au grand public et non à des spécialistes car ce sont des éléments connus que je produis. Ensuite, l'idée répandue qu'entre le VIIIe et le XIIe siècle les Occidentaux n'avaient guère connaissance du savoir grec et qu'ils n'y ont eu accès que par un unique canal de transmission, l' «intermédiaire arabe», cette idée mérite d'être amendée. Sans rien inventer - car encore une fois je m'appuie sur de nombreux travaux -, je fais valoir que la filière directe de traduction des textes du savoir grec (philosophie, mathématique, physique) a été plus précoce qu'on ne le dit. En sous-évaluant cette filière directe, on surévalue l'autre et mon propos est de rééquilibrer les choses, non de promouvoir un «choc des civilisations»!

Quelqu'un comme Rémi Brague ne dit pas autre chose. J'ai noté dans son Au moyen du Moyen Age cette formule: «La Renaissance intellectuelle européenne est antérieure aux traductions de l'arabe. Celles-ci n'en sont pas la cause mais l'effet.»

En effet, la chronologie est importante. Les traductions d'Antioche ou du Mont-Saint-Michel sont réalisées avant celles de Tolède. Vu de loin, il est vrai que c'est, en gros, la même période. Mais il y a environ cinquante ans d'écart: c'est bien «avant» et non pas «après». Plus largement, et même si, comme historien, je dois me garder des métaphores, je suis sensible à cette idée de Rémi Brague selon laquelle les Européens auraient eu «soif» de retrouver la Grèce.

Vous avez lu Rémi Brague mais aussi... René Marchand, ce dont vos accusateurs vous font grief. Vous conviendrez qu'avec ces deux auteurs on ne se situe pas au même niveau d'exigence intellectuelle. Pourquoi des références si disparates?

D'abord, la référence à René Marchand c'est «une» référence sur... deux cent soixante-quinze. On me l'a en effet reprochée et je m'en suis expliqué. J'ai rencontré René Marchand car ses compétences en philologie arabe m'avaient intéressé. Nous avons eu des échanges sur des questions de traduction. J'ai tiré de son livre Mahomet, contre-enquête une phrase qui rappelait les travaux sur l'hagiographie médiévale auxquels j'avais collaboré, et qui me paraissait scientifiquement pertinente.

Au fond, vous estimez que l'Islam est moins lumineux qu'on ne le dit, tandis que le Moyen Age occidental serait moins obscur qu'on ne le croit.

Il faut cesser de mépriser le Moyen Age, en effet. Ce qui me gêne dans l'expression «Islam des Lumières», c'est que, pour le grand public du moins, elle fait penser aux Lumières du XVIIIe siècle. Or, cette analogie est anachronique. Car, s'il y a indiscutablement des sciences arabes et si le savoir grec traduit dans le monde islamique prend toute sa part dans leur éclosion, on ne trouve pas, jusqu'à plus ample informé, dans la pensée médiévale arabo-musulmane de critique rationaliste, voire athée de la religion, qui est un signe distinctif des Lumières et qui se formulera d'ailleurs six siècles plus tard.

Une des figures de cette mythologie de l' «Islam des Lumières» est la fameuse «Maison de la Sagesse», aux IXe et Xe siècles, où, si l'on en croit certains auteurs contemporains dont Mohammed Arkoun que vous citez, les trois religions monothéistes auraient su cohabiter dans une harmonie exemplaire.

C'est une idée à laquelle j'ai longtemps cru. Je l'ai même enseignée. Au sujet de cette fameuse «Maison de la Sagesse», on trouve deux thèses contradictoires. Pour certains, les califes de Bagdad auraient réuni des lettrés des trois religions dans un esprit de dialogue religieux et de recherche scientifique. Pour d'autres, c'est une fiction: ce qui était discuté dans cette Maison, c'était la grande affaire de l'Islam en cette période, celle ouverte avec le mutazilisme qui soutenait que le Coran n'était pas «incréé». C'était une querelle théologique spécifique à l'Islam à laquelle les autres religions n'ont pris aucune part.

Pourquoi est-ce si important du point de vue de l'histoire des civilisations de pouvoir accéder aux oeuvres d'Aristote?

Ce fut, momentanément, important pour la réflexion métaphysique et scientifique. Comprenons-nous bien: j'en fais un critère de distinction, non de supériorité. L'Inde ou la Chine n'ont jamais été hellénisées et nul n'envisage de contester leur grandeur. Par ailleurs, je dis dans ma conclusion que, heureusement, nous n'en sommes pas restés à Aristote. Il n'y aurait pas eu de sciences modernes si on n'en était pas sorti. Donc la question de la traduction en latin d'Aristote est celle, toute simple, des conditions d'accès au savoir grec jusqu'au XIIe siècle. Ni plus ni moins.

Pourquoi diable évoquez-vous en annexe de votre livre la personne de Sigrid Hunke dont les premiers travaux se placent sous le signe du national-socialisme et qui, après guerre, va se faire une spécialité d'apologiste de l'Islam?

Je n'ai jamais dit que Sigrid Hunke était un auteur considéré comme sérieux par les islamologues et je ne confonds pas ses élucubrations avec leurs travaux. Je voulais simplement attirer l'attention sur le fait que son livre, toujours réédité, est abondamment cité dans des ouvrages de vulgarisation, et qu'on a là un spécimen de littérature antichrétienne dont les musulmans raisonnables et éclairés se passeraient bien.

Qu'en est-il de votre présence sur le site Internet Occidentalis classé à l'extrême droite?

J'ai eu, au cours de l'écriture de mon livre, l'occasion d'en transmettre des éléments à plusieurs correspondants. L'un d'entre eux les a-t-il communiqués à d'autres personnes qui, elles, les auraient adressés au site en question? Je n'en sais rien. Quant à moi, il est évident que je n'avais aucun intérêt à faire ça. Quand on m'a appris la présence sur ce site de textes qui m'étaient attribués, j'ai pris conseil sur le parti à adopter. J'ai finalement choisi de demander au directeur du site de les enlever, ce qu'il a fait. Mes adversaires ont alors vu dans cette opération la marque d'une complicité! Vous voyez, ma situation est simple: présent sur le site, je suis coupable; absent, je suis de mèche!

Que répondez-vous à ceux qui mettent en cause votre compétence?

Que nous sommes dans un pays libre, et que j'ai le droit de faire un livre de vulgarisation. Je suis spécialiste du Moyen Age. Certes, ma spécialité c'est l'histoire du christianisme, des ordres militaires, et non l'Islam abbasside ou la philosophie. Mais j'ai travaillé sur les XIe et XIIe siècles, fait des cours sur la renaissance carolingienne, publié un livre sur l'an mil et un autre sur une abbesse savante du XIIe siècle. Cette période ne m'est pas étrangère. Bref, même si je ne suis pas un spécialiste du sujet au sens académique, j'en ai une connaissance suffisante pour proposer à la discussion des idées. Voyez-vous, cette question de la compétence est assez plastique. Par exemple, je n'ai rien publié sur Byzance mais, depuis deux ans, à Normale sup' Lyon, j'ai fait un cours d'agrégation sur «Byzance, économie et société, VIIIe-XIe siècle», et personne ne s'en est ému. Ainsi, cela arrange des gens que je fasse des cours sur un sujet auquel je ne «connais rien», mais cela gêne quand je fais un livre sur un sujet qui relève partiellement de ma «spécialité». La leçon est qu'il est périlleux de commettre un essai dans un domaine où les passions font bon ménage avec la science.

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Message Publié : 09 Juil 2008 1:47 
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Hérodote
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Inscription : 10 Mai 2008 12:16
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Nicolas Weill s'est entretenu avec Kurt Flash, et donne quelques éléments sur la réaction de l'historien allemand sur le livre « Aristote au Mont Saint-Michel » dans l'article « Kurt Flasch : un regard "démembré" sur le Moyen Age » publié dans Le Monde des livres du 3 juillet 2008, consultable sur internet à l'adresse :

http://www.lemonde.fr/livres/article/20 ... _3260.html

Sylvain Gouguenheim a été interviewé par L'Express. Cette interview publiée le 12 juin 2008 est consultable à l'adresse :

http://www.lexpress.fr/actualite/societ ... 10622.html


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Message Publié : 09 Juil 2008 1:51 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Merci Husky.

J'ajoute que la dernière livraison de la NRH propose un article de 3 pages serrées sur ce livre.
Ainsi que de nombreuses allusions dans d'autres articles du même numéro. On sent une sorte de "culture d'entreprise" :wink:

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Message Publié : 09 Juil 2008 2:04 
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Hérodote
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Inscription : 10 Mai 2008 12:16
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Il y a aussi l'émission « Répliques » sur France Culture, le 28 juin 2008, où Alain Finkielkraut, Rémi Brague, et Dominique Urvoy ont commenté le livre et les questions qu'il soulève.

Cette émission est écoutable sur internet à partir du lien "écoutez" sur la page http://www.radiofrance.fr/chaines/franc ... n_id=63794


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Message Publié : 11 Juil 2008 14:00 
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Hérodote
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Inscription : 10 Mai 2008 12:16
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On peut aussi ajouter à la liste des réactions au livre, celle de Dag Nikolaus Hasse, professeur à l'institut de philosophie de l'université de Würzburg, qui signe un article intitulé « Pseudowissenschaft vom Abendland » et publié dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 19 juin.


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Message Publié : 11 Juil 2008 20:14 
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Philippe de Commines
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Husky a écrit :
On peut aussi ajouter à la liste des réactions au livre, celle de Dag Nikolaus Hasse, professeur à l'institut de philosophie de l'université de Würzburg, qui signe un article intitulé « Pseudowissenschaft vom Abendland » et publié dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 19 juin.


Pourriez-vous nous en proposer une rapide synthèse ?

Merci par avance.

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Message Publié : 12 Juil 2008 18:50 
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Eginhard
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Inscription : 01 Déc 2007 12:34
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Il serait bienvenu d'avoir d'autres réactions, notamment de médiévistes, des orientalistes notamment mais pas uniquement.

Merci par avance. Je préfère ne rien rajouter d'autre.

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''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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Message Publié : 12 Juil 2008 19:12 
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Eginhard
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Inscription : 01 Déc 2007 12:34
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Juste une dernière chose: j'ai cherché en vain le rapport de la commission qui devait jugée l'ouvrage de Gouguenheim et je ne l'ai pas trouvée sur le net.

Je crois qu'elle s'était tenue le 27 juin dernier. Merci par avance si une personne la trouve et la poste.

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Message Publié : 12 Juil 2008 19:54 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
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Localisation : Paris
Le rapport n'a en effet pas été rendu public à ce jour. Le Monde des Livres d'avant-hier y a cependant consacré quelques lignes:

Citer :
A la suite de la virulente polémique ouverte dans le monde universitaire par la publication d'Aristote au mont Saint-Michel, de Sylvain Gouguenheim (Seuil, « Le Monde des livres » des 4 et 25 avril), un comité composé de membres extérieurs du conseil scientifique de l'Ecole normale supérieure de Lyon et du directeur du Centre d'histoire et d'archéologie médiévales (Ciham) s'est réuni, le 19 juin, pour examiner l'ouvrage. Après avoir rappelé « la liberté d'opinion et d'expression qui caractérise l'activité des enseignants chercheurs », le comité a ensuite regretté que « les thèses présentées dans l'ouvrage n'aient fait l'objet d'aucune présentation scientifique au sein de l'Ecole ou de l'équipe de recherche de l'auteur ». Il a invité Sylvain Gouguenheim « à participer à des discussions scientifiques autour des thèses développées dans son ouvrage ».


On doit me le faire parvenir prochainement, je le publierai ici même si j'y suis autorisé.

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 Sujet du message : L'historien à abattre
Message Publié : 16 Juil 2008 21:51 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Un article sur l'affaire Gouguenheim dans le Figaro, agrémenté d'une photo, une fois n'est pas coutume.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... attre-.php

Le Figaro a écrit :
L'historien à abattre

Depuis trois mois, un essai sur les racines de l'Europe signé de l'universitaire Sylvain Gouguenheim sème la discorde dans le milieu intellectuel.

Sylvain Gouguenheim a l'air fatigué, comme après plusieurs nuits sans sommeil. S'il avait su que son livre déchaînerait de telles passions, peut-être s'y serait-il pris autrement. Des livres, il en sort à la pelle ; mais, avec un titre pareil Aristote au Mont-Saint-Michel : les racines grecques de l'Europe chrétienne , comment ne s'est-il pas méfié ? «Racines», «grecques», «chrétienne» : des mots malsonnants aux oreilles d'une gauche bien-pensante pour laquelle l'Europe ne peut être que sans identité ni frontières.

Cet homme n'imaginait pas qu'il y ait encore en France une police de la pensée. Il a depuis quelques semaines deux pétitions d'universitaires contre lui et subit toutes sortes d'injures. Agrégé d'histoire et germaniste, Sylvain Gouguenheim enseigne l'histoire médiévale à l'École normale supérieure de Lyon. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont un sur les chevaliers teutoniques. Tout allait bien pour lui jusqu'au jour où il s'est piqué de se mêler d'une question hautement sensible : celle, fameuse, de «l'Islam des Lumières». En un mot : entre le IXe et le XIIe siècle, cette civilisation aurait constitué, notamment avec Averroès, un modèle de tolérance et de curiosité intellectuelle, pendant que l'Occident subissait le joug d'une Église obscurantiste et de croisés barbares. Lisant les ouvrages des spécialistes, Gouguenheim entreprend des recherches sur ce qu'il considère comme une vérité partielle, voire partiale. Dans Aristote au Mont-Saint-Michel, publié fin mars, il prétend montrer que, si Averroès a bien été le grand commentateur d'Aristote que l'on sait, il n'a été ni le seul ni le premier. Une autre «filière» a existé qui via Byzance et la Sicile et jusqu'au Mont-Saint-Michel où se trouvait un atelier de copistes au XIIe siècle a transmis l'œuvre du philosophe à travers un autre canal de traductions. Il affirme aussi que, dans le monde musulman, les penseurs grecs traduits en arabe l'ont été, avant tout, par des chrétiens, syriaques notamment. Il rappelle, comme d'autres l'ont fait avant lui, notamment les historiens Pierre Riché ou Jacques Heers, que le «Moyen Âge» occidental n'est pas cet âge sombre que certains se sont complus à dépeindre. La Renaissance a été précédée d'une «renaissance carolingienne» où l'influence de la pensée grecque était déjà significative. Enfin, il formule une question cruciale : pourquoi les Arabes qui ont eu accès à l'héritage grec n'en ont-ils pas fait le même usage que les Européens ?

Sous d'autres cieux, Aristote au Mont-Saint-Michel aurait suscité de doctes débats de spécialistes. En France, où le terrorisme intellectuel a de beaux restes, son succès réactive une de nos spécificités nationales : la machine à discréditer. Le 28 avril, une pétition signée par 200 personnes anciens élèves et enseignants de l'ENS de Lyon, mais aussi personnel universitaire et section syndicale du FSU (sic) accuse Sylvain Gouguenheim d'avoir «commis au minimum une faute, qui procède d'un grave manquement aux principes fondamentaux de la déontologie universitaire pour n'avoir à aucun moment, dans aucun des lieux collectifs, fait état de sa recherche en cours».

Bientôt l'affaire sort des cénacles universitaires. D'autres chercheurs choisissent Libération pour exprimer leur «stupeur» dans une lettre signée, entre autres, par Alain de Libéra, l'auteur de Penser au Moyen Âge. Les gardiens de la doxa sortent de leurs gonds. Le 5 mai, c'est Télérama qui sonne la charge : Gouguenheim est accusé de couver un «répugnant dessein» : celui de «réduire à néant la notion même d'arabité» (sic). D'autres lui reprochent le fait que des sites d'extrême droite aient exploité à son insu des passages de son livre à des fins partisanes. La chasse à l'homme est en cours.

Profondément affecté par ces attaques publiques, Gouguenheim interrompt ses cours. Il est d'autant plus blessé qu'il connaît les instigateurs des pétitions, «signées par des gens qui n'avaient pas lu le livre et l'ont demandé après coup». Ce qu'admet Jean-Claude Zancarini qui a fait circuler la pétition de l'ENS de Lyon. «Gouguenheim n'a pas les compétences requises, ni en grec ni en arabe, il est sorti de son domaine pour des raisons idéologiques évidentes», affirme ce spécialiste de Machiavel, qui reconnaît que ses collègues se sont contentés de «faire confiance» aux organisateurs de la mise au pilori. Il est vrai que Gouguenheim ne se contente pas de se référer aux travaux de Rémi Brague, helléniste incontestable et professeur de philosophie du Moyen Âge, et de Dominique Urvoy, auteur d'une monumentale Histoire de la pensée arabe et islamique sommités que les pétitionnaires se gardent bien de mettre en cause , il a aussi accepté les contributions d'un essayiste arabisant, René Marchand, se réclamant du gaullisme et ne faisant pas mystère de sa hantise de la progression de l'islam en Europe. Horresco referens !

Si le livre de Gouguenheim avait été publié chez un éditeur marginal, le «délit» serait passé inaperçu. L'ouvrage eût été jugé inoffensif. Mais, au Seuil, une enseigne prestigieuse classée «à gauche», c'en est trop aux yeux de ses détracteurs, pour qui ce livre est une provocation dans la maison ayant publié Barthes, Lacan et Badiou. Circonstance aggravante : l'ouvrage a été défendu avec chaleur par Roger-Pol Droit dans Le Monde ! «Au Seuil, mon livre était passé sans difficulté ni opposition, explique Gouguenheim, mais il n'est pas impossible que l'émoi suscité ait provoqué un branle-bas de combat.» Propos confirmés par Patrick Boucheron, qui dirige une collection dans cette maison d'édition, mais n'a pas hésité à signer la lettre de Libération, reprochant à Gouguenheim d'avoir fait un «travail d'amateur fondé sur la compilation et l'a priori».

Marqué au fer rouge de la suspicion

Outré par ces attaques, Jacques Le Goff, médiéviste de renommée mondiale, soutient l'accusé. «Son livre est intéressant, quoique discutable», dit-il, remarquant au passage que les plus grands médiévistes se sont abstenus de signer les appels à la vindicte. D'autres prennent plus franchement sa défense. Invité par Alain Finkielkraut à débattre sur France Culture, Rémi Brague explique que le mérite de ce livre est «d'avoir braqué les projecteurs du grand public sur des questions réservées aux spécialistes»… Des intellectuels comme Malek Chebel, auteur d'un Manifeste pour un islam des Lumières, ou Abdelwahab Meddeb déclarent ne pas souhaiter discuter du livre. «Je ne l'ai pas lu, mais son a priori ne me paraît pas intéressant», se contente de dire Malek Chebel. «Je ne veux pas participer à la diffusion d'un mauvais livre dont l'actualité éditoriale ne cesse de démentir la thèse» renchérit Abdelwahab Meddeb.

À Lyon, après la tempête, l'institution universitaire semble vouloir calmer le jeu. Réuni le 19 juin, le conseil scientifique de l'École normale supérieure de Lyon «regrette que les thèses présentées dans l'ouvrage n'aient pas fait l'objet d'une présentation au sein de l'École et appelle à rétablir un climat de confiance au sein de la section histoire médiévale». De leur côté, les élèves de Sylvain Gouguenheim ont signé une pétition de soutien de leur professeur. Mais le mal est fait. Voilà l'auteur marqué au fer rouge de la suspicion. N'était-ce pas l'intention première des pétitionnaires ?

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 Sujet du message : Re: L'historien à abattre
Message Publié : 17 Juil 2008 0:23 
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Salluste
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Ouille ouille ouille...
Le Figaro a écrit :
(...) des mots malsonnants aux oreilles d'une gauche bien-pensante pour laquelle l'Europe ne peut être que sans identité ni frontières.
(...) une police de la pensée.
(...) En France, où le terrorisme intellectuel a de beaux restes,
(...) une de nos spécificités nationales : la machine à discréditer.

Au Figaro, on n'a pas peur des mots. Et on a de grandes idées bien arrêtées. Un peu comme ces ahuris de détracteurs-gaucho-terroristes, finalement...

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« Que de choses ont été vécues sans avoir été dites ! » Paul Veyne.


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