Isidore a écrit :
C'est la dimension planifiée qui semble poser problème, tout en reconnaissant qu'il y eut des crimes de guerre (cf. jugement de certains reponsables politiques turcs après la guerre).
La planification me paraît indéniable.
L'histoire inhumaine - Massacres et génocides des origines à nos jours, de Guy Richard (Armand Colin Editeur), cite de nombreuses lettres de témoins (entre autres, diplomates américains et européens, y compris des alliés allemands) et des épisodes qui lèvent toute ambiguïté.
Entre autres, les Arméniens de l'armée ottomane étaient regroupés dans les mêmes unités militaires. Puis ces unités furent toutes désarmées en prétextant leur affectation à des tâches logistiques non combattantes. Les soldats arméniens furent ensuite tous abattus. Une fois ces soldats abattus, le massacre proprement dit des populations civiles par les officiels turcs et leurs auxiliaires kurdes commença. Ce désarmement et cette extermination
méthodiques des soldats arméniens comme obstacles possibles et problables de l'extermination prévue est une des preuves de la planification.
L'ouvrage relate d'autres preuves de cette planification.
Isidore a écrit :
Merci Géopolis, pour le point sur la survivance des arméniens au sein des esclaves turcs (peut-on parler d'esclaves à cette poque en Turquie ?)
Esclave est le terme consacré, avant et durant cette époque, même si le statut varie selon la géographie et l'Histoire.
Isidore a écrit :
même si je crois qu'ils furent intérgrés dans des familles turques (cf. une des filles adoptives d'Ataturk si ma mémoire est bonne).
C'est une issue possible pour les femmes esclaves en terre d'islam. Certaines deviennent concubines. Et la culture turque s'est montrée relativement assimilatrice dans l'Histoire (janissaires, etc.).
Donc si l'on présuppose que la survie n'est pas négociable dans un
génocide, le
génocide arménien peut paraître incomplet.
D'un autre côté, comme souvent dans les cultures péri-méditerranéennes, les lignées maternelles
ne comptent pas. Dans le
génocide arménien, la survie des
mâles arméniens n'était pas négociable, sauf peut-être dans de rares cas de bébés mâles. On pourrait dire, par anachronisme, que le chromosome Y des hommes dits arméniens en Turquie était particulièrement visé.
Ce qui fait que, dans l'intention, nonobstant la survie tolérée de quelques femmes, filles et nourrissons "qui ne comptent pas", le massacre était total et génocidaire.
Par comparaison, chez les nazis ou les génocidaires hutus rwandais, l'ensemble de l' "engeance" cible devait être exterminé, sans exception de sexe ou d'âge.