Enki-Ea a écrit :
Je lis membres au pluriel dans le passage que vous citez. La question est de savoir que signifie ce pluriel. 10? 1 000? 1 000 000? En tout cas, ce ne semble pas signifier la mort d'un seul membre, comme vous l'affirmez.
Bien vu.
Huyustus a écrit :
Dans les faits, on peut ensuite toujours chipoter sur la dimension du massacre qui fera reconnaître à la société qu'un génocide a eu lieu ; il est probable en effet qu'un gouvernement qui massacrera de la sorte quelques personnes avant d'être empêché sera plutôt accusé de "meurtres et tentative de génocide" que de "génocide".
La dimension du massacre ne compte pas pour les spécialistes. Le massacre Sebrenica et ses 6.000 musulmans assassinés a été officiellement condamné comme
génocide. L'ardeur des Australiens à exterminer 5.000 Tasmaniens est parfaitement assimilable à un
génocide.
En revance, la mort planifiée et quasi-industrielle de 25 millions de Soviétiques ou de 70 millions de Chinois par les régimes pseudo-communistes ne sont pas considérées ni considérables comme des génocides. On a inventé le terme de "politicide" pour désigner ces meurtres mûs par les intentions ou les utilités politiques et "démocides" pour désigner tout massacre par une autorité légale, y compris les génocides et "politicides".
A ce titre, le massacre cambodgien, bien qu'officiellement condamné comme "
génocide", n'en est pas un (vais-je aller en prison ?) mais constitue un "politicide".
Même si cet
ignoble massacre comporte des
épisodes génocidaires (extermination planifiée d'éléments "étrangers à la culture khmère"),
histoire de préciser que j'argumente bien sur des bases juridiques et historiques et non sur une posture négationiste.
Huyustus a écrit :
Mais je ne vois pas en quoi cette zone de "flou" permettrait de dire que la définition du génocide serait vague et fourre-tout. Elle me semble au contraire très précise.
Il suffit de préciser que le massacre est "planifié par une autorité légale".
Huyustus a écrit :
Et il semble que la communauté internationale ne voyait pas d'obligation à prévenir les génocides avant 1944
Tout à fait, le concept de
génocide avant la découverte des camps de concentration nazis est
anachronique, même si le
génocide arménien, pour y revenir, avait développé un curieux malaise d'inédit et d'absence de qualifications appropriées.
En droit français, on ne peut condamner un crime avant sa prise en compte législative. Peut-on historiquement qualifier d'un terme juridique un événement avant sa prise en compte législative ? Je pense que oui à partir du moment où les définitions se rencontrent. Peut-on condamner pénalement les génocides antérieurs à 1944, c'est un autre débat...
Wikipedia a écrit :
Par génocide, nous entendons la destruction d'une nation ou d'un groupe ethnique. »
Nous ne sommes plus sur une "partie". Je pense que la considération d'une "partie" du groupe doit être entendue comme partie de la population globale, par exemple TOUS les Arméniens de Turquie ou TOUS les "Juifs" d'Europe, qui constituent une partie de la population globale, laquelle n'est pas forcément ciblée dans son ensemble. Je pense donc qu'il s'agit de "l'ensemble d'une partie" plutôt que d' "une partie de l'ensemble".
Huyustus a écrit :
La destruction de Carthage peut-elle être qualifiée de génocide ?
Je dirais que non dans la mesure où la destruction de la ville seule était visée, pas la survie de Carthaginois dont nombres furent emmenés en esclavage ou vaguement dispersés dans les contrées africaines. Mais il y a eu massacre et c'est un politicide.
Huyustus a écrit :
Celle de Troie, pour mythique qu'elle soit ?
Massacre
spontanné, par colère, vengeance et ivresse de la victoire de vaincus. Je dirais massacre mais pas
génocide.
Huyustus a écrit :
Le voyage de Tamerlan au Moyen-Orient ?
C'est plutôt du politicide, il ne tuait que les opposants et les résistants sans distinction d'appartenance ethnique ou religieuse.
Je qualifierais de génocides le massacre des Italiotes du Pont, la croisade contre les Albigeois, la désertification des trois empires d'Asie centrale par Gengis Khan et certains épisodes des guerres de religion (Saint-Barthélémy notamment) en Europe.
Huyustus a écrit :
Que peut-on dire sur ce plan de la mentalité et des valeurs dominantes de la société ottomane des Jeunes Turcs au moment de l'effondrement du califat ? Cela pourrait éclairer le débat au delà des faits qui permettent de répondre techniquement à la question.
Les Jeunes Turcs, devant l'éclatement de l'Empire ottoman, avaient la trouille d'un éclatement supplémentaire dus à la trahison d'éléments non intégrés de l'Empire au profit des alliés de la Première Guerre mondiale : les Grecs, les Arméniens et les Araméophones de l'Empire.
Il semble hélas que ces citoyens grecs, arméniens et araméophones se montraient parfaitement patriotes à l'égard de l'Empire et
rien ne permet d'affirmer que quelques-uns ourdissaient un complot anti-turc durant la Grande Guerre.
Cette crainte paranoïaque semble ne provenir que des délires irrationnels et infondés des nationalistes turcs, mais a pourtant motivé la suppression de populations civiles loyales à la Turquie (au moins durant cette guerre).