Dupleix a écrit :
Il me semble qu'après la catastrophique capture de Jean II à Poitiers, il y a eu une forte tendance de ses successeurs à éviter le combat physique (Charles V, Charles VI, Charles VII et Louis XI).
Cette prudence s'estompe avec les guerres d'Italie, et le retour d'une démonstration chevaleresque où le roi doit se faire passer pour un chevalier. Avec, à nouveau, la catastrophique capture de François Ier à Pavie.
Ensuite, les derniers Valois régnants ont également évité la bataille (sauf peut-être Henri II ? En tout cas sa mort au tournoi a dû faire encore plus réfléchir ses successeurs).
Henri IV est une exception, il faut dire qu'il commence sa carrière militaire comme "simple" roi de Navarre. Je me demande s'il participe physiquement aux combats après la capture de Paris.
Henri d'Anjou, serte alors qu'il n'était que le frère du roi, participait à des batailles, Catherine de Médicis se plaignait même que les officiers laissent le prince de s'exposer un peu trop face au danger. Mais une fois roi, comme s'il avait changer de personnalité de façon radicalement opposé, il reste éloigné des champs de bataille, laissant parfois ses
mignons (entendait par ce mot, ses fidèles), s'occuper de la sale besogne à leur risques et périls. Ainsi, Anne de Joyeuse mourut à Coutras (20 octobre 1587).
Henri IV se servit de sa présence sur la champ de bataille dans la propagande même de la monarchie française: on un roi guerrier qui restaure la paix et la concorde dans le royaume.
Si les derniers rois de la maison des Valois ne se rendent pas sur le champs, c'est avant tout lié soit à leur âge (il évident que François II ne fut pas apte pour ce genre "d'escapade" vu son âge), où à la protection de Catherine de Médicis. Aussi, le champ de bataille étant le théâtre de multiples assassinats (François de Guise, par exemple), et que la sécurité de la personne royale n'est même plus assuré dans ses lieux de résidences (depuis 1560, le roi fait l'objet de plusieurs tentatives d’enlèvement par les huguenots), je pense que les grands officiers de la Couronne, en plus de la reine-mère, voulaient éviter à tout prix une exposition aussi brusque; et, comme vous le dite, la mémoire de la bataille de Pavie est assez vivace. Henri d'Anjou, quand Charles IX est roi, puis François d'Alençon puis d'Anjou, quand c'est Henri III, sont tout de même assez téméraires. Henri devient un personnage très important au conseil royal de son frère, et les batailles qu'il livre contre les huguenots lui permet de prendre le contrôle du parti catholique et de devenir important. Puis François, fait quasiment la même chose (sauf que son l'appuie de sa mère, il n'a aucune ascension politique), prenant la tête du parti des malcontents; quelques temps avant sa mort, il essaie une campagne en Flandres (où les protestants étaient prêt de le couronner, alors qu'ils luttaient contre Philippe II).
La fin du XVIe voit donc une image paradoxale de la direction de la bataille par un prince ou un autre homme très important: c'est à la fois une position fragile (on peut être capturer ou expirer), mais ça permet une telle visibilité que ça devient un acte de propagande. Aussi comme le roi ne peut plus forcément assister lui même aux batailles, en raison des dangers et des multiples fronts (à l'est, et au sud, principalement), c'est lors de la décennie 1580 que le "
Te Deum royal", véritable cérémonie de religion royale ou le roi seul est glorifier comme la seule source de victoire, puisqu'il a la grâce de Dieu (par le sacre). Ce fut d'abord pour essayer de mettre fin à l'ascension du duc de Guise, mais je pense qu'il y a aussi l'enjeu de renouveler la propagande royale. Ne pouvant plus s'appuyer sur l'image du roi-chevalier, chevauchant au devant de ses troupes pour renverser l'ennemi, Henri III trouvait à autre moyen de remettre sous un nouveau jour l'image du roi-guerrier, qu'il essayer de muter en roi-stratège (après tout, si on suit la logique, le roi étant chef suprême de l'armée, la victoire des subordonnés, dont le duc de Guise, n'est permis que par l'intelligence du roi et de la bénédiction divine du roi).