Pour les rois de Macédoine, la royauté implique un comportement héroïque au combat: ils ne doivent pas seulement diriger, leur place est à la tête des troupes, au premier rang où ils doivent faire la preuve permanente de leur valeur, leur aretê : leur légitimité est à ce prix. Ainsi, Philippe II n'aurait pas du régner, il n'était à l'origine que le régent ; mais ses exploits lui assurèrent le trône, le roi "légitime" Amyntas IV s'efface devant lui (chose rares, ils ont l'air de bien s'entendre, l'un devenant le beau-fils de son aîné; il vivra des jours heureux jusqu'au règne d'Alexandre) ; de la même manière, Alexandre impose son statut face à ses rivaux grâce à ses exploits martiaux de ses deux premières années du règne. A plus forte raison, les Diadoques tiennent encore une fois leur légitimité et bientôt leur royauté à leurs exploits (ainsi, la bravoure personnelle de Ptolémée en 321 lui assure définitivent la possession de l'Egypte). Nous somme là en présence d'une conception archaïque, homérique, de la royauté; la conséquence est un nombre impressionnant de rois macédoniens morts au combat, et les rares qui meurent différement sont couturés de toute part, leur donnant l'allure de vieux gladiateur : par exemple Philippe, qui souffrait (pour les blessures que l'on connait) d'une fracture de la clavicule ; d'une flèche dans l'oeil qui l'éborgna à Méthone ; d'un coup de sarisse dans la cuisse par les Triballes, ce qui le rendit boiteux.... Idem pour le fiston, Alexandre: je cède la parole à Plutarque, Sur la Fortune d'Alexandre, I.2: "A ma première affaire, en Illyrie, je reçus une pierre au front, et je fus frappé d'un coup de massue à la nuque. Ensuite, sur les bords du Granique, j'eus la tête presque fendue d'un cimeterre. A Issos, une épée me traversa la cuisse. A Gaza, je fus atteint d'une flèche à la cheville du pied, et je me démis l'épaule en tombant lourdement de ma selle. A Maracanda, un dard me brisa l'os de la jambe. Et, pour parler du reste, dans les Indes que de blessures je reçus, que d'ennemis furieux j'affrontai ! Chez les Aspasiens, je fus frappé à l'épaule; chez les Gandrides, à la cuisse; chez les Malliens, à la poitrine par une flèche dont le fer resta dans la plaie, et par un coup de massue derrière la tête, quand vinrent à se rompre les échelles appliquées contre la muraille. La Fortune m'enferma seul dans une ville ennemie; et ce fut non pas à de glorieux adversaires, mais à des Barbares obscurs qu'elle accorda la faveur insigne de m'y surprendre. Et si Ptolémée ne m'eût couvert de son écu, si Limnaios ne fût tombé sous une grêle de traits en s'élançant au-devant de moi, si les Macédoniens, à force de courage et d'énergie, n'avaient renversé les murailles, il aurait fallu que cette bourgade barbare et sans nom devînt la sépulture d'Alexandre !"
PS pour Atlante: Hannibal n'est pas un roi !
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