Bonjour,
Si le concept de totalitarisme n’est pas applicable en l'état aux sociétés primitives (sans Etats aboutis), on peut peut être se demander s’il n’existait pas, mais sous une autre forme.
En effet, au paléolithique, on retrouve des statuettes essentiellement féminines (
déesses mères ) qu’on avait eu un peu rapidement tendance à opposer au monothéisme masculin plus tardif.
Ces sociétés qui progressivement vont tendre à un inégalitarisme hiérarchisé que l’on peut observer dans les différences ornementales des tombes retrouvées plus tard signerait un mouvement progressif et lent vers une centralisation élitiste de la société. Ceci poussé à son extrême mènerait à un alignement des croyances éclatées auparavant sur une restriction par étapes des panthéons (polythéisme, hénothéisme, monolâtrie puis monothéisme).
Or ce qui est intéressant à relever, c’est la corrélation chronologique avec la naissance des grands empires du 1er millénaire av J-C. On voit en Chine émerger l’empire des Han, en Inde les Maurya, au Moyen-Orient les Assyriens et les Babyloniens etc. Alors, ces empires sont loin d’être monothéistes, bien au contraire mais certaines tendances à la centralisation cultuelle ont été mises en évidence par de nombreux spécialistes du fait religieux. On sait qu’à Babylone au 1er millénaire, les différentes divinités n’auraient été finalement que diverses expressions du dieu Marduk, on voit aussi que le zoroastrisme est né au sein d’un empire(et inspira peut être en partie les elites juives) ...
Faut-il rappeler l’hypothèse maintenant majoritairement admise que le monothéisme juif aurait été une façon de légitimer un retour au royaume unifié mais là, sous l’égide de Juda et Jérusalem ? Hasard ?
On peut même remonter avec Freud au 2ème millénaire avec Aménophis IV, peut être plus proche de l’hénothéisme que du monothéisme, mais la tendance reste la même et nous sommes dans le nouvel empire Egyptien,et question imperialisme... Alors, culte de la personnalité ( déjà initié par
Naram Sin par ex), volonté de contrôler tous les étages de la société, militarisation du régime (
Guerre et paix en Assyrie : religion et impérialisme, de Frederick Mario Fales, Paris, Cerf, 2010, 246 p), et tout ça au nom d’un impérialisme étroitement lié à l’universalisme religieux. Le totalitarisme et ses avatars, dans le temps et dans l’espace, ne sont-ils pas une réalité intrinsèquement liées à la nature humaine ?
On aurait tout aussi bien pu parler de la concomittence étroite de la naissance de l’islam et de son empire. Et je laisse le soin au frileux Pédro
de nous expliquer en quoi l’Empire romain et le christianisme ont eu besoin l’un de l’autre dans leurs aspirations mutuelles à l’universalité.
Le désenchantement du monde, remis en cause par D R Dufour peut etre compris comme une évolution/mutation du religieux, ce qui porrait expliquer les totalitarismes athées modernes.
Si les moyens techniques et le principe de réalité limitent indubitablement la notion de totalitarisme dans les sociétés anciennes, l’uniformisation des esprits ne laissant aucune latitude à des alternatives dogmatiques ne pourraient-elles pas s’interpréter ainsi ? Une question.
Bien à vous