abstention a écrit :
Citer :
C'est-à-dire qu'ils se sont emparés de cette définition parfois pour le moins gênante pour un historien lorsqu'il doit l'utiliser avant le XXème siècle.
Je ne sais pas quoi vous répondre. Faut-il renoncer à plaquer des définitions juridiques pénales contemporaines sur des situations antérieures au XXème siècle ? On pourrait en débattre. Mais ce fil concerne le XXème siècle.
Vaste débat ...
Des spécialistes, et les juristes sont des spécialistes de la chose judiciaire, inventent souvent des mots pour coller à un contexte précis. Ces mots sont parfois repris dans le langage général. Au début, leur sens est proche de celui défini par les spécialistes, puis ils se mettent à vivre leur vie. Parfois, ils sont repris par d'autres spécialistes, dans notre cas les historiens. J'ai une approche plus scientifique que littéraire. Dans de nombreuses thèses scientifiques, il y a des glossaires. Parce que ces mots ont un sens précis, plus précis que celui du langage général. La résilience pour un métallurgiste ne désigne pas la même chose que pour un psychologue. Malgré ses précautions oratoires, il arrive que des gens réagissent à ce que disent certains spécialistes en se basant sur leurs écrits, mais interprétés à travers le filtre du langage général et ça donne des procès d'intention (voire des procès réel) où ces spécialistes doivent expliquer que ce qu'ils ont dit ne veut pas dire ce qu'on leur fait dire.
Tout cela fait que je suis assez opposé à l'exploitation d'un terme qui a une signification précise chez certains par d'autres qui utiliseront leur propre définition et qui apporteront une grande confusion.
On connait déjà un grand nombre de cas. Par exemple, le terme révisionnisme. Il a une acceptation politique : un révisionniste, pour les partis révolutionnaires, est un dangereux contre-révolutionnaire qui s'est introduit dans le mouvement et qui cherche à détourner la masse du juste but de la lutte. Ce sens à été utilisé aussi par les journalistes qui ont ainsi nommé les gens qui nient l'existence de la Shoah. Pour les historiens, réviser l'histoire est une bonne chose : quand on respecte la méthode historique ! C'est à dire qu'on prend des faits nouveaux, qu'on les étudie, qu'on en discute entre spécialistes et qu'ensuite, ils nous aident à mieux expliquer la réalité d'un évènement. Donc, les historiens ont été bien embêté qu'on se serve de l'acceptation politique du mot pour nommer des négateurs de faits historiques avérés. Quelqu’un a donc proposer la création d'un terme plus juste pour définir ces négateurs : le négationnisme. Or, ce mot commence a être un peu galvaudé à toutes les sauces (encore une fois, merci aux journalistes qui adorent utiliser les mots, mais aussi les déformer ...).
Si les historiens se mettent à utiliser le terme génocide, même en se contentant d'utiliser la définition stricte des N.U., il est possible qu'il y ai au fil du temps des glissements entre la définition juridique et la définition historique. Dans la vraie vie nous savons que nous ne verrons jamais des textes avec des mentions telles que (selon la définition juridique) et (selon la définition historique)... Donc, à un moment, si on n'est pas dans le bon contexte, on n'arrivera plus à connaitre la pensée réelle du rédacteur => il faudra inventer un autre mot.