Sur les jésuites en France, quelques notes prises à la lecture d'un article de David Colon :
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=HP_004_0007Après la loi sur les associations de 1901, les jésuites français vivent un semi-exil et entrent dans la clandestinité. En 1906, ils fondent l'Union sociale des ingénieurs catholiques et affirment leur influence auprès des ingénieurs français mais, en 1913, la loi sur le recrutement de l'armée interdit aux élèves ayant accompli trois ans d'études à l'étranger de se présenter à Saint-Cyr et Polytechnique - ce qui met au ban les collèges jésuites de Belgique.
Dans l'entre-deux-guerres, les groupes jésuites se multiplient au sein des grandes écoles : HEC et l'Ecole d'électricité et de mécanique industrielle en 1923, l'Ecole coloniale et les classes préparatoires de Henri IV en 1927. Pour Colon, cette renaissance du mouvement jésuite est confrontée d'une part à l'anti-jésuitisme de la droite maurrassienne, d'autre part à la concurrence menée par les dominicains dans la création de groupes universitaires (comme à la Faculté de lettres de la Sorbonne, reprise aux jésuites par les dominicains en 1934).
Les années 1930 sont marquées par la querelle entre la Fédération française des étudiants catholiques (FFEC) de tendance conservatrice et la Jeunesse Etudiante Catholique (JEC) plus progressiste. D'ailleurs, la JEC naît du désaccord de certains révérends jésuites avec la radicalisation de la FFEC lorsque le Père Emile Janvier en prend la tête en 1928. En 1930, la FFEC condamne publiquement la JEC et parvient à ses fins en 1931, en noyautant les formations de la JEC avec ses propres membres. Réunies, la JEC et la FFEC glissent lentement vers la gauche dans la seconde moitié des années 1930, au point que la Jeunesse communiste tente une alliance à l'hiver 1935 contre l'augmentation des droits universitaires.
Pour Colon, les jésuites français parviennent à survivre à l'ordonnance du 20 août 1940 grâce au soutien de certains de leurs anciens élèves à Vichy, parmi lesquels Henry du Moulin de Labarthète, Charles Vallin et Pierre Goutet.