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Je ne trouve pas qu'il y ait beaucoup de femmes à qui l'on doit rappeler de se comporter de façon plus maternelle. Grosso modo, c'est un système qui fonctionne : la plupart des femmes font en sorte que leur enfant survive et arrive en âge de se reproduire, avec plus ou moins de réussite. Les négligences, les maltraitances etc n'empêchent que rarement l'enfant d'arriver en âge de se reproduire. Les cas que vous citez me semble assez exceptionnel et on en parle beaucoup parce qu'ils le sont.
Le rappel à l'impératif de maternité n'est généralement pas nécessaire: il y a un conditionnement culturel omniprésent, dans la culture populaire, dans la cellule familiale, dans les medias, qui propage la notion qu'une femme ne s'accomplit vraiment, ne trouve vraiment le bonheur que dans la maternité.
La maternité va encore de soi pour une femme, c'est une norme, une prescription dont le non respect désocialise encore dans une certaine mesure les femmes qui ne s'y conforment pas, quoique beaucoup moins qu'auparavant.
Mais certains considèrent que, du fait de ce conditionnement, les femmes ont l'impression de choisir volontairement quelque chose que la culture en fait leur impose. Comme pour le mariage, le travail domestique, les soins de beauté, les métiers dits féminins, ou même le voile ou l'excision etc.
Et les maltraitances à enfant, tout en n'étant pas la norme, sont loin d'être aussi exceptionnelles qu'on le croit: en France, un enfant meurt tous les jours de maltraitance.
Ce qui me pose problème dans les raisonnements téléologiques qui constituent l'essentiel du fil, c'est leur caractère déterministe rigide et absolu: au départ de ces raisonnements figure le postulat que la nature sait ce qu'elle fait, qu'elle a des buts et utilise les moyens adéquats pour les atteindre, etc.
C'est un postulat de départ parfaitement indémontré, et donc les raisonnements qui en découlent sont complètement antiscientifique; on est dans l'anthropomorphisme le plus primaire, on prête à la nature des comportements humains, une volonté, des calculs, une stratégie, un vaste plan d'ensemble.
C'est à la limite d'une vision cosmogonique religieuse: Dieu sait ce qu'il fait, il n'y a pas de hasard, tout existe pour une raison. En fait, c'est l'habillage pseudo-scientifique, le recyclage moderne d'une pensée de type fondamentalement religieux.
Je l'ai déjà souligné: la nature fait de nombreuses erreurs de design, la plupart des espèces sont "mal fichues", si des ingénieurs humains moyennement doués étaient en charge de la conception du vivant, ils auraient évité des masses de grossières erreurs de conception. On a des organes qui ne servent à rien, ou plus à rien, des formes de vies apparaissent puis disparaissent sans raison claire, on a l'impression de tatonnements, d'approximations, d'essais plus ou moins ratés, tout cela dans un mode de gestion du biologique qui relève d'un gaspillage éhonté.
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Les femmes actuelles descendent de femmes qui avaient la capacité d'avoir des enfants jusqu'à 55 ans et pas au-delà; les femmes qui ont eu des enfants jusqu'à 65 ans ont eu une descendance moins importante et leur faculté n'a pas été sélectionnée. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela (plus ou moins convaincantes) :
- elles s'occupent moins de "tous" leurs enfants car elles en ont trop, en tout cas plus que celles qui en ont jusqu'à 55 ans;
- elles s'occupent moins de "tous" leurs enfants car plus âgées, plus fatiguées ;
- elles meurent avant d'avoir pu élever les enfants qu'elles ont eu après 65 ans et s'occuper de leurs enfants plus âgés ;
- elles ont plus d'enfants en moins bonne santé ou handicapés qui leur demandent un plus grand investissement qu'elles ne peuvent donner à leurs autres enfants;
- elles ne peuvent s'occuper des enfants de leurs enfants.
Ce genre de raisonnement déterministes primaires renvoie essentiellement à la mentalité de celui qui les tient--désireux de trouver à tout prix de l'ordre dans le chaos cosmique, de croire que tout existe pour une raison, de voir quasiment une grande pensée organisatrice à l'oeuvre dans l'univers--pas à la réalité.