Yongle a écrit :
Les néocolonialismes (États-Unien pour l’Amérique du Sud et européen pour l’Afrique) ainsi que la corruption indigène sont des réalités qui ne doivent pas être écartées de votre raisonnement.
Ces deux réalités peuvent se conjuguer pour former un obstacle durable au développement.
Le cas du Congo Kinshasa (ex-Congo belge, ex-Zaïre, aujourd'hui RDC : République démocratique du Congo) cité plus haut est emblématique.
C'est le plus grand pays africain pour la surface (accessoirement c'est aussi le deuxième pays francophone le plus peuplé du monde, derrière la France) et celui qui dispose du sous-sol le plus riche.
Dans un autre contexte ce pourrait être un atout pour un développement rapide.
Hé bien c'est le contraire qui se produit : ces richesses sont devenues une malédiction, qui nourrissent le pillage par des sociétés occidentales, la corruption du dictateur - qui touche directement sa part sur les gains de ces sociétés - la guerre civile - les mouvements rebelles exploitent localement l'extraction minière, qui finance l'achat d'armes- et l'intrusion des pays voisins, comme on le voit depuis 10 ans au Kivu (est du Congo) où le Rwanda voisin est devenu un des premiers vendeurs d'or au monde... alors qu'il n'y a pas d'or au Rwanda ! (2 millions de morts au Kivu depuis 10 ans)
La plaisanterie congolaise a commencé avec Mobutu, ex-sergent de l'armée belge qui a éliminé, avec l'aide des Belges, le premier président à peu près démocratiquement élu, Patrice Lumumba, peu après l'indépendance. Mobutu met en place le modèle standard du dictateur africain : contrats avec des sociétés étrangères, protection militaire et revenus personnels associés, financement d'une solide garde républicaine qui ne sert qu'à éviter des coups d'états, et clientélisme orienté uniquement vers sa propre tribu. Lorsqu'il est renversé par une coalition rebelle dirigée par Laurent Désiré Kabila, celui commence des réformes, organise des élections... et reprend le modèle de son prédécesseur.
Aujourd'hui la RDC évolue lentement vers une situation plus démocratique et commence à disposer des ressources permettant d'entretenir une armée efficace, pour éliminer les rebelles et les parasites extérieurs de toute sorte, mais c'est un long chemin.
cirios a écrit :
C'est encore un autre problème de la colonisation. Différents groupes ethniques qui se sont fait la guerres depuis des décennies sont d'un coup enfermés dans des frontières arbitrairement décidées.
Mais est-ce que la démocratie et le modèle de république ne devrait pas régler ce genre de problème ?
Si on veut être cynique, la démocratie et le modèle de république sont des institutions que les africains ont appris à mettre en avant pour se conformer au discours de leurs sponsors occidentaux et bénéficier des aides au développement. Dans certains pays, ce n'est qu'un jeu d'apparences, où chaque parti politique correspond en réalité à une tribu ou à un groupe ethnique, le but du jeu étant de placer son candidat comme président, pour détourner le budget du pays au profit exclusif de sa tribu.
Malgré tout, la pratique démocratique commence à faire son chemin dans les esprits et dans la réalité, et on voit de plus en plus des élites africaines qui comprennent que l'espoir de développement est là. (L'Afrique réussit tout de même depuis plusieurs années une croissance économique de 5% par an.) Cette évolution est encouragée par l'Union Africaine et par l'ONU, elle existe tant bien que mal dans plusieurs pays d'Afrique noire, mais elle n'empêche pas le persistance du modèle de "fausse démocratie."
Si vous voulez un exemple désolant de dérive dans ce style, jetez un oeil sur le Zimbabwé de Robert Mugabé. Cet homme qui a mis mis fin au régime d'apartheid aurait pu être le Mandela de la Rhodésie.(l'ancien nom du pays) Hé bien il est tombé dans l'ornière habituelle, et ce pays prospère a été déserté par les blancs et a sombré dans la pauvreté. Avant, l'exploitation agricole et minière profitait aux blancs, mais les noirs exploités mangeaient au moins à leur faim, aujourd'hui la misère ne profite à personne et la famine est endémique.