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Message Publié : 04 Fév 2014 18:50 
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Georges Duby
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L'histoire du syndicalisme manque de réflexions générales expliquant l'évolution française.
Celle-ci est décrite souvent comme particulière puisqu'on arrive à la fin du 20è siècle à un syndicalisme français très différent des autres et se signalant par un aspect assez violent, des grèves dures avec destruction de biens, atteintes sur les personnes, menaces, séquestration des dirigeants et d' autre part un refus de négocier, une crainte existentielle de signer des accords, sauf cas particuliers, dans les conflits sociaux. Refus qui décourage l'investissement et la création d'emplois voire le déplacement des usines. Les syndicats n'ont pas d'adhérents hors de la fonction publique. Ils présentent des demandes irréalisables à dessein.
D'où vient la singularité du syndicalisme français dans les pays développés ? J'ai des éléments mais insuffisants à expliquer ce phénomène dans notre histoire politique et syndicale. Des éléments peut-être anciens. L'affaire semble venir de loin mais il semble y avoir continuité de comportement ?

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 04 Fév 2014 20:30 
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Une des particularités du syndicalisme français est son organisation. En effet à l'inverse de la plupart des pays développés (surtout du nord) le syndicalisme français est son organisation interprofessionnelle. Quelles conséquences ? Quand on regarde leur composition, on s'aperçoit du poids énorme de la fonction publique et du secteur publique dans ces organisations. Et ça explique beaucoup de choses ! D'abord leur méfiance vis à vis des entreprises, leur opposition quasiment acharnée d'une retraite (même partielle) par capitalisation, et leur retour systématique au gouvernement pour régler les problèmes (même si celui-ci n'en a pas les moyens)
Cette situation fait que la plupart de leurs options et de leur choix se situe sur un plan idéologique et non pragmatique.

Il est certain que si le syndicalisme se situait sur un plan strictement professionnel les choix auraient certainement été différents

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme


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Message Publié : 04 Fév 2014 20:55 
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Georges Duby
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Bien vu, mais il y a aussi dont on a parlé dans un autre sujet, le comportement de la gauche radicale et de la droite qui, dans les années 1890 et 1900, jusqu'à 1920 même, ont retardé volontairement de satisfaire aux besoins d'une condition ouvrière maltraitée, en masquant leur choix sous couvert de l'affaire Dreyfus puis de la lutte contre les congrégations et l'anticléricalisme et enfin avec Clémenceau la répression très dure, au nom de l'ordre républicain, des grèves par le premier flic de France, l'ancien radical Clémenceau. Pendant ce temps GB et Allemagne progressent.
Ce positionnement politique anti-social très visible, avec le recul a eu pour effet de créer une ambiance agressive de lutte des classes qui dure encore à certains égards à la fin du 20è siècle dans le syndicalisme et inspirait encore le patronat, à mon avis, dans les années 1960-70. Plusieurs ouvrages confirment cette analyse pour le syndicalisme.

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Message Publié : 05 Fév 2014 7:54 
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Philippe de Commines
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Bonjour

Une "sorte" d'héritage de votre révolution de 1789 ??

En Europe, seul votre pays a eu une révolution de cette ampleur.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 05 Fév 2014 15:12 
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Hugues de Hador a écrit :
En Europe, seul votre pays a eu une révolution de cette ampleur.

Alors, qu'est-ce qu'une révolution ?...

Je me demandais également si les syndicats français étaient les seuls à affirmer le mythe des "acquis sociaux obtenus grâce aux luttes sociales", car à approfondir l'Histoire, les acquis n'ont été inventés et octroyés que par des décideurs saufs de toute pression "sociale", en tout cas immédiate et directe.

Les luttes sociales n'ont rien conquis, sinon des heurts, des licenciements et des morts de manifestants.


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Message Publié : 05 Fév 2014 17:08 
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Vous oubliez un peu vite les congés payés (occupation des usines au début du Front Populaire) et les Comités d'Entreprise (grève générale de Mai 68 - assortie d'une augmentation du SMIG de 30%)

C'est tout de même extravagant : dans les deux cas on est face à un patronat qui ne veut pas lâcher la moindre évolution (est-ce si fou que de demander une semaine de congés payés dans l'année ?) au motif que cela signifierait sa ruine, et qui au premier signe d'une agitation générale quasi-révolutionnaire se précipite, à la demande du gouvernement, pour céder en trois jours à toutes les demandes des grévistes.

Autre cas de figure : les réformes de la Libération, lancées par De Gaulle dans un contexte d'effacement spectral du patronat (menacé partout, à tort ou à raison, de nationalisations pour collaboration) d'unanimité nationale... et de milices révolutionnaires armées, au moins dans un premier temps.

Etonnez vous que les ouvriers en concluent que les évolutions doivent s'arracher et que négocier ne sert à rien : cela correspond à leur expérience concrète sur un siècle !

Je partage l'analyse faite par Alain.g :
- en Allemagne, Bismarck a fait accepter par le patronat une pratique sociale avancée pour l'époque, pour éviter que les ouvriers soient "contaminés" par les idées socialistes - ou même simplement républicaines. Il semble que le patronat ait compris l'importance de ce choix politique - opposé en apparence à son intérêt financier - et que les syndicats aient accepté de jouer le jeu. En tout cas la tradition de syndicats forts et de négociations réalistes est fortement ancrée outre-Rhin. (Il ne faudrait pas s'imaginer non plus que le dialogue patrons-syndicats y soit un long fleuve tranquille : les rapports de force y jouent comme partout. Simplement des syndicats aussi représentatifs ont un force de frappe plus dissuasive que des syndicats très minoritaires.)

- En France ce choix politique n'a jamais eu lieu, peut-être paradoxalement parce que les républicains n'étaient pas en mesure de faire entendre son importance au patronat. (Il faut un conservateur politique insoupçonnable - et vigoureux - comme Bismarck, pour faire comprendre aux milieux patronaux que la générosité sociale vaut mieux que la révolution.)

A l'arrivée on a bien en France une vision héritée de la lutte des classes, mais cette vision n'est pas l'apanage des seuls syndicats. Historiquement, le patronat français s'inscrit parfaitement dans cette lutte des classes, parfois jusqu'à la caricature : que n'a-t-on pas entendu après Mai 68 sur les comités d'entreprise : instauration des soviets, mainmise des syndicats sur l'entreprise... (En somme, la dictature du prolétariat !) A l'usage il s'est avéré que c'était un lieu de dialogue entre direction et employés qui pouvait rendre bien des services et permettre un dialogue et un échange d'informations constructif. Ses dernières évolutions (les lois Auroux, qui sont peut-être hors limite chronologique ?) ont provoqué les mêmes cris d'orfraie patronaux pour déboucher de la même façon sur une amélioration des relations.

Il n'est pas anodin que la naissance des CE ait été imposée au cours des négociations de Grenelle par la CFDT (et peut-être la CFTC) plus réformiste, alors que la CGT qui ne rêvait que lutte des classes n'en voyait pas l'utilité.

Autre constante sur cette période d'un siècle : l'intervention de l'état pour suppléer à l'absence de compromis et imposer des évolutions. Cela a commencé avec le droit d'association, les limites horaires ou l'âge minimum pour travailler. Mais c'est devenu là aussi caricatural : syndicats et organisations patronales refusent de s'entendre (drapés dans leur jeu de rôle) en sachant parfaitement que l'état interviendra pour arbitrer entre deux positions l'une et l'autre excessives. Tout cela n'est pas très sain.

En somme, séquelle de l'histoire, la France traîne une tradition de syndicats révolutionnaires et d'organisations patronales réactionnaires. On se souvient de ce mot de Raymond Aron excédé :"Ce pays ne fait pas de réformes, il ne fait que des révolutions !"

A noter que le faible taux de syndicalisation dans les entreprises est directement lié à ce face à face : nombreux sont les ouvriers qui estiment que les syndicats "ne les défendent pas". Echo d'une situation séculaire où effectivement les syndicats n'ont aucune chance d'obtenir quoi que ce soit, et cercle vicieux manifeste. (Dans certains pays européens, l'adhésion à un syndicat est obligatoire de longue date - je crois que c'est le cas des Pays Bas, par exemple - ce qui garantit à la fois leur représentativité et leur pouvoir de négociation.)

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Message Publié : 05 Fév 2014 17:21 
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Philippe de Commines
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Bonjour

Pierma a écrit :
En somme, séquelle de l'histoire, la France traîne une tradition de syndicats révolutionnaires et d'organisations patronales réactionnaires. On se souvient de ce mot de Raymond Aron excédé :"Ce pays ne fait pas de réformes, il ne fait que des révolutions !"


Ca rejoint un peu ma question.

Pour Géopolis :

Geopolis a écrit :
Hugues de Hador a écrit :
En Europe, seul votre pays a eu une révolution de cette ampleur.

Alors, qu'est-ce qu'une révolution ?...


Ce n'était, de ma part, en rien, une critique de 1789.

Bien à tous.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 05 Fév 2014 18:36 
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Hugues de Hador a écrit :

Geopolis a écrit :
Hugues de Hador a écrit :
En Europe, seul votre pays a eu une révolution de cette ampleur.

Alors, qu'est-ce qu'une révolution ?...


Ce n'était, de ma part, en rien, une critique de 1789.

Bien à tous.

C'est vrai, au delà du domaine social, qu'il y a eu longtemps, depuis 1789, un antagonisme violent entre droite (royaliste ou bonapartiste) et gauche.(républicaine voire socialiste.)

La bipolarisation est un phénomène qui remonte très loin et qui s'est conservé, alors même que les grands partis de droite comme de gauche n'ont plus grand chose à voir avec leurs prédécesseurs : tous sont républicains, alors que royalistes et même communistes (dans la version révolutionnaire) ont disparu.

mais la culture demeure. J'y verrais aussi volontiers un effet de l'élection du président au suffrage universelle - élection qui est nécessairement clivante - si on ne constatait pas la même persistance d'opposition frontale dans le domaine des relations sociales.

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Message Publié : 05 Fév 2014 18:40 
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Pierma a écrit :
et les Comités d'Entreprise (grève générale de Mai 68 - assortie d'une augmentation du SMIG de 30%)


Faux ! le CE , c'est 1945 et plus exactement l'ordonnance du 22 février 1945 et la loi du 16 mai 1946. En 1968 c'est la reconnaissance de la section syndicale d'entreprise (jusque là seul le syndicat professionnel était habilité à négocier)




Pierma a écrit :


En somme, séquelle de l'histoire, la France traîne une tradition de syndicats révolutionnaires et d'organisations patronales réactionnaires. On se souvient de ce mot de Raymond Aron excédé :"Ce pays ne fait pas de réformes, il ne fait que des révolutions !"


peut être, mais ce n'est plus adapté à la situation actuelle (disons avant 1991 pour rester dans les limites de la charte lol ) ou les patrons ne se trouvent plus en France ni même en Europe et ou il est si simple de fermer une entreprise en france, pour en ouvrir une autre ailleurs

Pierma a écrit :
A noter que le faible taux de syndicalisation dans les entreprises est directement lié à ce face à face : nombreux sont les ouvriers qui estiment que les syndicats "ne les défendent pas". Echo d'une situation séculaire où effectivement les syndicats n'ont aucune chance d'obtenir quoi que ce soit, et cercle vicieux manifeste. (Dans certains pays européens, l'adhésion à un syndicat est obligatoire de longue date - je crois que c'est le cas des Pays Bas, par exemple - ce qui garantit à la fois leur représentativité et leur pouvoir de négociation.)


C'est surtout le fait que les syndicats sont des organisations professionnelles ou les capacités de négociations se font par branches, ce qui garantit une meilleure adéquation aux problèmes d'autant que souvent les salariés sont également actionnaires pour leur retraite, soit directement, soit par l'intermédiaire d'organismes dont les fonds de pension. Ce qui fait que les organisations syndicales sont beaucoup plus impliquées dans la gestion des entreprises. les salariés s'y retrouvent davantage.

En France l'organisation en interprofessionnelle rend les négociations beaucoup plus rigides. On négocie pour tous, fonctionnaires, secteur publique et secteur privé. Or un même accord ne correspond pas forcément aux besoins de tous les secteurs. De plus la composition des organes dirigeants donne une large majorité aux syndiqués de la fonction publique et du secteur publique au dépens du secteur privé. Or le secteur publique n'aime pas beaucoup le privé et ses idées sur le fonctionnement et les besoins des entreprises sont souvent caricaturales. Celà n'est pas le must pour définir des objectifs valables. En outre sur les sujet sensibles (régime sécurité sociale et retraite), le secteur publique n'est absolument pas sur le même plan que le secteur privé. Etonnez vous après ça que les problèmes soient mal évalués. Et étonnez vous que les salariés du privé ne se reconnaissent pas dans les organisations syndicales.


En France, au contraire, l'

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Message Publié : 05 Fév 2014 19:30 
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Elgor a écrit :
Pierma a écrit :
et les Comités d'Entreprise (grève générale de Mai 68 - assortie d'une augmentation du SMIG de 30%)


Faux ! le CE , c'est 1945 et plus exactement l'ordonnance du 22 février 1945 et la loi du 16 mai 1946. En 1968 c'est la reconnaissance de la section syndicale d'entreprise (jusque là seul le syndicat professionnel était habilité à négocier)

Au temps pour moi. En même temps on est étonné que cette reconnaissance n'ait pas été accordée plus tôt.

Concernant le CE, j'ai le souvenir du tollé patronal contre les lois Auroux, dont le bilan au final est plutôt satisfaisant pour toutes les parties.

Je suis tout à fait d'accord sur ce que vous dites du poids excessif des syndicats de la fonction publique. Je me demande à quand remonte cette situation, qui pénalise un dialogue réaliste pour ce qui concerne les entreprises.

Savez-vous à quand remonte la notion de convention collective ?

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Message Publié : 05 Fév 2014 19:39 
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Pierma a écrit :

Savez-vous à quand remonte la notion de convention collective ?


elles ont été instituées en 1936 (accords matignon)

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Message Publié : 05 Fév 2014 21:34 
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Polybe
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Pierma a écrit :

Je suis tout à fait d'accord sur ce que vous dites du poids excessif des syndicats de la fonction publique. Je me demande à quand remonte cette situation, qui pénalise un dialogue réaliste pour ce qui concerne les entreprises.



La loi du 19 octobre 1946 relative au statut général de la fonction publique accorde officiellement aux fonctionnaires le droit syndical (et le droit de grève). Cela montre que ce "déséquilibre" en faveur de la fonction publique est récent.

Pourtant, il existait des syndicats d'instituteurs dans les années 30 (SNI), étaient-ils "illégaux"? Quel était leur poids?


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Message Publié : 06 Fév 2014 12:55 
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Georges Duby
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Bartholomeus a écrit :
La loi du 19 octobre 1946 relative au statut général de la fonction publique accorde officiellement aux fonctionnaires le droit syndical (et le droit de grève). Cela montre que ce "déséquilibre" en faveur de la fonction publique est récent.
Pourtant, il existait des syndicats d'instituteurs dans les années 30 (SNI), étaient-ils "illégaux"? Quel était leur poids?
La loi de 1946 confirme en fait des droits anciens arrachés et institue une règle générale qui abroger l'ancienne interdiction générale du syndicalisme et droit de grève des fonctionnaires énoncée au 19è siècle, en 1884.
C'est au début du 20è siècle qu'apparait l'idée chez les fonctionnaires qu'en faisant pression sur les parlementaires ils peuvent obtenir des avantages de carrière (F. Goguel, la politique des partis sous la IIIè République). Les premiers syndicats naissent chez les instituteurs et les postiers malgré l'interdiction de 1884 et les refus des gouvernements. Ils demandent à être admis dans les bourses du travail. Refus de Clémenceau. Adhésion des fonctionnaires à la CGT. Clémenceau révoque des fonctionnaires. Incidents à la Chambre avec les députés socialistes et certains radicaux qui défendent les fonctionnaires.
Les premiers syndicats de fonctionnaires sont révolutionnaires, les adhérents souvent anti-militaristes malgré leur "patriotisme apparent" dit Goguel comme on verra en 1914 malgré ce qu'on dit des instituteurs patriotes d'avant 1914. Pétain en parlera comme général entre les deux guerres.
Les postiers réclament également le droit de grève. Les gouvernements de gauche procèdent à des révocations (300) de grévistes. les cheminots se mettent en grève à leur tour en 1910. Briand mobilise (sic) les grévistes et fait arrêter les saboteurs.
L'époque est dure comme on voit, car Briand passe pour être à l'origine un socialiste modéré tendance Jaurès, bien que connu comme un défenseur de la grève générale. Briand évolue, s'éloigne de Jaurès et des socialistes en 1910 quand il veut interdire les grèves et mobilise des cheminots. Sa carrière rappelle celle de Millerand socialiste de plus en plus centriste.

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Message Publié : 06 Fév 2014 21:16 
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Pierma a écrit :
Vous oubliez un peu vite les congés payés (occupation des usines au début du Front Populaire) et les Comités d'Entreprise (grève générale de Mai 68 - assortie d'une augmentation du SMIG de 30%)

Qui réclamait les congés payés ? Les comités d'entreprise sont inventés en 1941 (Wikipedia). Le salaire minimum, c'est aussi le gouvernement de Vichy (2012, Le Point 2091, 86-87).
Pierma a écrit :
C'est tout de même extravagant : dans les deux cas on est face à un patronat qui ne veut pas lâcher la moindre évolution (est-ce si fou que de demander une semaine de congés payés dans l'année ?) au motif que cela signifierait sa ruine, et qui au premier signe d'une agitation générale quasi-révolutionnaire se précipite, à la demande du gouvernement, pour céder en trois jours à toutes les demandes des grévistes.

C'est exagéré, les acquis sociaux sont tous introduits par des patrons paternalistes avant d'être répandus par divers gouvernements.
Pierma a écrit :
Autre cas de figure : les réformes de la Libération, lancées par De Gaulle dans un contexte d'effacement spectral du patronat (menacé partout, à tort ou à raison, de nationalisations pour collaboration) d'unanimité nationale... et de milices révolutionnaires armées, au moins dans un premier temps.

Surtout, la victoire soviétique portait le marxisme dans l'air du temps, sauf aux USA, mais de quelles réformes parlez-vous, qui n'existaient pas auparavant ?


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Message Publié : 06 Fév 2014 22:18 
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Je parle de l'assurance maladie et des retraites.

L'argument selon lequel les évolutions sociales existaient déjà dans quelques grandes entreprises ne peut suffire à masquer le fait qu'elles n'existaient pas, pour la majorité des employés.

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