Drouet Cyril a écrit :
Prisma a écrit :
En tous cas de tout temps les hommes politiques ont veillé au grain pour que la presse ne dise pas trop de sottises :
« Réprimez un peu les journaux, faites-y mettre de bons articles, faites comprendre aux rédacteurs des Débats et du Publiciste que le temps n’est pas éloigné où, m’apercevant qu’ils ne me sont pas utiles, je les supprimerai avec tous les autres et je n’en conserverai qu’un seul ; … que le temps de la Révolution est fini et qu’il n’y a plus en France qu’un parti ; … que je ne souffrirai jamais que les journaux disent ni fassent rien contre mes intérêts. »
Napoléon Bonaparte, Lettre à Fouché, 22 Avril 1804.
Il ne s'agit pas à proprement parlé de "bourdes", mais d'une presse placée sous le contrôle de l'Etat.
Un exemple de « bêtise » qui n’échappa pas à la vigilance impériale :
Le 10 mars 1808, le Journal de l’Empire rapportait des informations provenant d’Hambourg (1er mars) :
« On pense que le roi de Suède avec le secours des Anglais pourra mettre une armée de 100 000 hommes Sur pied. Mais a-t-il une artillerie et des munitions nécessaires pour assurer les opérations d'une semblable armée ? L'attaque des puissances alliées contre la Scanie est à la vérité très hasardeuse ; les flottes anglaises peuvent la retarder longtemps. Du coté de la Norvège ou les avantages du terrain sont contre la Suède, il n'y a pas assez, de forces disponibles pour l'attaquer avec vigueur. La Finlande est protégée par ses lacs et ses marais. Mais enfin puisque le corps suédois sous les ordres de M. de Bergenstrale prend la route de Tornéo, il est évident que les Russes ou même les Français sauraient bien suivre le même chemin, dans le sens inverse pour pénétrer en Suède.
Ce sera une époque bien curieuse, et même sans exempte dans l'histoire, que celle ou l'on verra les Européens combattre, eu même temps et pour la même cause sous le cercle polaire, en Laponie, et sous l'équateur dans l'Indostan. »
Le jour même, Napoléon avertissait Fouché :
« Témoignez mon mécontentement au rédacteur du Journal des débats (sic), qui n’imprime dans cette feuille que des bêtises. Il faut être bien niais pour dire, dans un article de Hambourg, que le roi de Suède peut mettre, avec le secours de l’Angleterre, une armée de 100 000 hommes sur pied. Faites-lui faire un article dans son numéro de demain pour se moquer de ces 100 000 hommes. Le roi de Suède n’en peut pas mettre sur pied plus de 15 000 ; les Anglais ne lui en fourniront point, si ce n’est quelques régiments de déserteurs. Il est donc ridicule d’attirer l’attention sur une lutte pareille. La Suède perdra la Finlande : voila ce qu’il y a de plus clair. Nos journaux sont en vérité bien bêtes, et cette bêtise a de l’inconvénient, parce que cela donne une importance morale à des princes qui ne sont rien. »
Conformément aux ordres, le Journal de Paris publia dès le lendemain cet article sensé venir encore d’Hambourg et daté du 2 mars :
« Les préparatifs continuent contre la Suède et ils sont tellement calculés, qu'avant trois mois Gustave aura perdu son trône, s'il ne revient pas enfin à une politique plus éclairée.
Les Anglais, dont certaines feuilles annoncent l'arrivée avec emphase, n'ont encore débarqué que quelques misérables bataillons allemands. Ils ne s'exposeront pas à envoyer des troupes nationales dans un pays où elles n'arriveraient que pour être prisonnières. Certains journaux ont exagéré d une manière absurde les forces et les ressources de la Suède. Elle peut à peine mettre sur pied 40 000 hommes, encore la plupart sont-ils très mal armés.
Une grande partie de ces troupes est composée de milices sur le dévouement desquelles on ne peut guère compter, l'opinion du peuple étant fortement prononcée contre la guerre.