Camille l'uchronique a écrit :
Est-ce parce qu'ils se considéraient plus Plantagenêt que Rollonides?
Je ne peux faire que des suppositions, mais le choix du prénom de l'héritier était un choix politique marquant la continuité de la dynastie (même si il faut faire la part du hasard et de la forte mortalité infantile).
Les ancêtres et les premiers successeurs de Guillaume sont surtout des Guillaumes. Les premiers Plantagenêts sont plutôt des Geoffroy. Or on ne trouve comme vous le dites, ni Guillaumes, ni Geoffroys parmi les rois suivants...
Je vous propose la piste suivante. Le dernier successeur mâle direct du Conquérant est un Henri, Henri Ier Beauclerc qui règne sur l'Angleterre et la Normandie pendant 40 ans.
Après lui, c'est la guerre civile (entre les Blois et les Anjou), qui dure une vingtaine d'années.
Les Blois sont plutôt des Thibaut et quelques Henri (même si là nous avons un Etienne qui monte sur le trône) ; les Anjou sont plutôt des Foulque et des Geoffroy (Plantagenêt).
Or il se trouve que c'est un Henri de la branche Anjou qui monte finalement sur le trône après cette guerre civile sous le nom de Henri II. Il a donc la chance de pouvoir afficher une continuité dynastique (puisque le prénom est un marqueur dynastique) remontant au dernier roi incontesté d'avant la guerre civile.
Son premier fils (né après son accession au trône et son mariage avec Aliénor) est un... Guillaume. On voit déjà que seul peut-être le hasard a décidé de la quasi-disparition des Guillaumes, puisque l'héritier meurt en bas âge. Le prénom des fils suivants est intéressant : Henri (comme son père et Henri Ier) , Richard (comme plusieurs ducs de Normandie), Geoffroy (le prénom plantagenêt). C'est richard qui survivra et inspirera ensuite deux autres Richards...
Néanmoins il y a ensuite 6 autres Henris en moins de 400 ans. Le succès de "Henri" est à mon avis lié à ces deux premiers ducs-rois Henri Ier et Henri II. Par la suite, appeler l'héritier Henri permet de faire remonter sa légitimité jusqu'à Henri II mais aussi, par-delà la guerre civile dynastique, à Henri Ier; le long règne de ces deux Henri a dû certainement faire une référence dans l'imaginaire collectif et en tout cas dynastique. Ajoutons qu'à partir de Henry IV il y a encore un autre intérêt, c'est de faire coïncider la tradition des Lancastre avec celle des Plantagenêt ; et idem à partir de Henry VII avec les Tudor.
L'autre prénom star de la période, c'est Edouard : sept en 300 ans ! La question de base, c'est de savoir ce qui a pu passer par la tête de Henri III pour qu'il n'appelle pas son fils aîné Henri, Richard ou Geoffroy... Peut-être la volonté d'effacer pour de bon les prénoms de ses oncles défunts, pour lui qui était le fils d'un Jean de mauvaise mémoire ? Mais ensuite, le long règne d'Edouard Ier (35 ans) avec le rétablissement d'une puissante autorité royale inaugure une nouvelle référence dynastique, dont se réclameront à partir d'Edouard IV les rois de la guerre des deux roses.
Donc je ne parlerais pas d'un refus du prénom "Guillaume" mais plutôt d'une prépondérance symbolique de "Henri" et "Edouard", et dans une moindre mesure de "Richard" pour expliquer que sur une période de 400 ans (1154-1553) seuls ces 3 prénoms sont ceux des rois d'Angleterre.
Après, quand on rajoute ensuite les femmes et les Ecossais, ça complique encore un peu la donne.....