Historiquement, la lutte contre la délinquance consiste en premier lieu à centraliser l'exercice de la violence légitime, c'est-à-dire lutter contre la vengeance personnelle et la vendetta. Dans trois civilisations remarquables : les royaumes germaniques de l'Antiquité tardive, le monde scandinave et le monde musulman, on voit s'installer des systèmes de compensation financière, le "prix du sang" (weirgild, diya), pour pacifier un peu les relations entre les clans et les tribus.
Dans le même mouvement, le recours à des arbitres neutres permet de fluidifier le traitement des litiges : c'est ce que Mahomet vient faire à Médine.
Signalons que les sanctions scandinaves sont bien pensées : la pire est la proscription, qui exclut le condamné de la communauté et donne à toute personne le droit de le tuer, et lui interdit de lui venir en aide. Un proscrit peut abandonner son état en ramenant la tête de deux autres proscrits : impossible dans ces conditions de faire confiance à des compagnons d'infortune !
Au Moyen Age, les sanctions sont soigneusement échelonnées : il y a une distinction stricte entre basse justice, avec des châtiments corporels (fouet, pilori) et la haute justice pour les condamnés à mort (pendaison, roue, décapitation...). Dans les réflexions, c'est moins la douceur qui est invoquée que la nécessité d'être juste. C'est pourquoi les souverains ont à coeur de se montrer exerçant la justice. Saint Louis, en plus de son imagerie du chêne, fait de sa cour de justice la cour d'appel de toutes les cours seigneuriales, donnant ainsi le droit à tous ses sujets d'en appeler à la justice de leur roi.
Après en terme de nudge, on peut signaler qu'un des moyens de l'Eglise pour diminuer la délinquance des seigneurs trop turbulents est de les envoyer se faire tuer en croisade
!