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Message Publié : 10 Avr 2005 13:38 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
Le monde paysan a eu plusieurs accès de fièvre, au cours de l'histoire.
Evènements moins organisés que les révoltes ouvrières, plus spontanés, plus terribles, mais aussi plus éphémères.
savez-vous nous en rappeler quelques-uns (parfois connus seulement localement).
voici par exemple la révolte des vignerons du midi en 1907:

Citer :
En 1900, le vignoble français couvre 1,7 million d'hectares et le Midi méditerranéen a accru sa prééminence : il représente 27 % du vignoble. La surproduction entraîne un effondrement des prix. Pour faire face à la crise, ouvriers, petits exploitants et gros propriétaires cherchent à unir leurs efforts. Cette union se met en place autour du vigneron Marcellin Albert, qui, en 1907, impose un thème unificateur : s'il y a surproduction c'est à cause de la fraude par sucrage suscitée par les négociants - capitalistes « parasitaires » - et les betteraviers du Nord. Le mouvement s'intensifie le 9 juin, 600 000 manifestants sont rassemblés à Montpellier. Le lendemain, Albert décrète la grève de l'impôt et la démission collective des municipalités. Une semaine plus tard, près de la moitié des communes du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées Orientales ont suivi le mot d'ordre. Clemenceau transfère alors ses troupes dans les grandes villes du Midi pour maintenir l'ordre. A Béziers, les soldats du 17' régiment de ligne, pour beaucoup issus de la région, désobéissent à l'autorité militaire et entrent dans la légende, popularisés par la célèbre chanson en hommage aux Glorieux soldats du l7e. Le président du Conseil gagne cependant la partie en profitant de la candeur de Marcellin Albert avec qui il traite et à qui il donne un billet de cent francs pour son voyage de retour, faisant aussitôt connaître la « vénalité » du personnage. De retour au pays, Albert est discrédité, et la jacquerie s'éteint aussi vite qu'elle a commencé.

(D'après Jean-Michel Gaillard, « Les fièvres du Midi rouge », l’Histoire n° 213, pp. 38-40.)

_________________
"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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Message Publié : 10 Avr 2005 13:55 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
Message(s) : 1903
Localisation : village des Pyrénées
A l'origine du mot jacquerie ?

Citer :
21 mai 1358
Grande jacquerie contre les seigneurs
Des paysans du Beauvaisis (nord du Bassin parisien) se révoltent contre les taxations royales et seigneuriales (il faut alors payer la rançon du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais). Ils se regroupent en bande, pillent et incendient les châteaux, tuent les nobles. La révolte s'étend, menée par Etienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris. Mais le roi de Navarre, Charles le Mauvais, écrasera les "Jacques" à Meaux le 10 juin. Le mot "jacquerie" vient de "Jacques" le surnom des paysans, des vilains.


je trouve aussi par hasard le 24 avril 2000: (l'Humanité)

Citer :
Entre 150 et 200 chasseurs ont manifesté violemment samedi matin lors de l’inauguration d’une déchetterie à Ault, près d’Abbeville (Somme). L’objet de leur colère : la présence du député socialiste Vincent Peillon, auquel ils reprochent d’avoir voté le projet de loi Voynet sur la chasse. Contraint d’être évacué par hélicoptère, Vincent Peillon a réclamé hier " des poursuites pénales contre une trentaine de voyous qui prennent prétexte de la chasse ". " Il faut faire respecter la loi, car ces voyous violents, qui ont envoyé des gendarmes à l’hôpital, plastronnaient trois heures plus tard en bloquant une route et en lançant des oufs sur les automobilistes ", a-t-il ajouté.

" De telles attitudes nuisent à l’objectif et à l’aspiration des chasseurs, qui est le juste droit à préserver cette forme de loisir garantissant l’accès du plus grand nombre à cette cause inaliénable héritée de la Révolution française ", ont précisé Maxime Gremetz, député communiste de la Somme, et Guy Champion, président du groupe PCF au conseil général. Les Verts du département ont eux aussi " condamné fermement ces actes de violence ". " Ces groupes extrémistes et violents semblent bénéficier de l’impunité la plus totale ", alors que " les responsables d’associations de chasseurs au gibier d’eau qui organisent ces opérations sont pourtant connus de tous ", affirment-ils.

Pour Jean-Louis Soufflet, président de l’association des chasseurs de gibiers d’eau, il s’agit d’une " jacquerie ", d’un acte " spontané. Toutes les exactions physiques sont condamnables, mais la colère des chasseurs, je la comprends ", a-t-il ajouté.

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Message Publié : 10 Avr 2005 14:24 
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Eginhard
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Inscription : 25 Mai 2004 21:35
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Localisation : Paris
dédé a écrit :
Le monde paysan a eu plusieurs accès de fièvre, au cours de l'histoire.
Evènements moins organisés que les révoltes ouvrières, plus spontanés, plus terribles, mais aussi plus éphémères.
savez-vous nous en rappeler quelques-uns (parfois connus seulement localement).
voici par exemple la révolte des vignerons du midi en 1907:

La révolte des vignerons de 1907 n'est peut-être justement plus une jacquerie, elle est, pour la première fois dans le monde paysan peut-être, une révolte plus "moderne" (cf la discussion sur la IIIe République).
Jusque là, le monde paysan vit dans une relative autarcie et sans véritable opinion politique (M. Agulhon fait remarquer qu'on doit plutôt parler de mentalité que d'opinion). Les jacqueries témoignent de la violence d'un monde de culture orale, du monde de la rumeur et de la peur.
La révolte de 1907 est une manifestation géante où l'on ne se révolte ni contre l'inconnu ni contre l'Etat, mais pour réclamer des aides de l'Etat. Elle annonce les méthodes d'action directe paysanne qui se seront appliquées de façon massive dans les années 30, et ce jusqu'à nos jours.


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Message Publié : 10 Avr 2005 14:29 
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Eginhard
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Inscription : 25 Mai 2004 21:35
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Localisation : Paris
A propos de jacqueries, on pourrait parler du drame de Hautefaye e, 1870 sur lequel vous avez ouvert un sujet. Cet événement est qualifié par Alain Corbin de "monadnock", c'est-à-dire de butte témoin. Ce serait le dernier reliquat de ces jacqueries d'Ancien Régime qui disparaissent du monde paysan à partir du milieu du XIXè siècle.


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Message Publié : 11 Avr 2005 7:40 
Peut on dire que les révoltes des Bagaudes étaient des révoltes paysannes ou des Jacqueries avant la lettre?


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Message Publié : 02 Déc 2006 18:24 
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Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
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Localisation : Lorraine
Casimir a écrit :
Peut on dire que les révoltes des Bagaudes étaient des révoltes paysannes ou des Jacqueries avant la lettre?

On peut si peu le dire, que personne ne l'a dit !
:lol: :lol:


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Message Publié : 02 Déc 2006 19:41 
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Plutarque
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Inscription : 05 Nov 2006 13:27
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Dédé a écrit :
Des paysans du Beauvaisis (nord du Bassin parisien) se révoltent contre les taxations royales et seigneuriales (il faut alors payer la rançon du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais). Ils se regroupent en bande, pillent et incendient les châteaux, tuent les nobles. La révolte s'étend, menée par Etienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris.


Juste une petite rectification, la Jacquerie n'est (me semble-t-il) pas menée par Etienne Marcel. Etienne Marcel est à Paris et il a déjà fort à faire avec la révolte parisienne qu'il a suscitée.
Evidemment la Jacquerie l'arrange puisqu'elle contribue à dégager les voies vers Paris, tenues par les hommes du dauphin, mais il ne peut pas la soutenir ouvertement s'il tient à son "alliance" avec Charles de Navarre !
A. Demurger estime que le seul lien entre la révolte parisienne et la Jacquerie de 1358 est le rejet général de la noblesse dont on considère qu'elle ne tient pas son rang : on la tient responsable de la défaite contre l'Angleterre et de la capture du roi à Poitiers, roi qu'elle ne fait rien pour aller libérer, comme il serait de son devoir, et qui se contente d'exercer "pilles et roberies" contre le peuple.

Citer :
"monadnock", c'est-à-dire de butte témoin


Monadnock ? C'est de quelle langue ? Je n'avais pas relevé l'expression...
Sinon le livre dont il est question est Le village des cannibales d'Alain Corbin, j'en profite pour le citer, il vaut le détour.

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"L'insécurité, voilà ce qui fait penser."
Albert Camus


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Message Publié : 03 Déc 2006 8:21 
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Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
cette affaire d'Hautefaye devrait être enseignée en instruction civique, pour illustrer ce que peut provoquer la rumeur. J'ai le livre de Corbin qui explique bien la genèse de l'affaire. mais le roman "Hautefaye, l'année terrible" nous plonge au coeur de l'évènement. voir http://passion-histoire.net/phpBB3_Fr/v ... =hautefaye

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Message Publié : 03 Déc 2006 12:33 
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Eginhard
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Inscription : 09 Mai 2006 21:43
Message(s) : 717
Plus oultre a écrit :
Monadnock ? C'est de quelle langue ?

« L'un des mots pittoresques, mal définis et peu utiles de la géomorphologie classique, du nom indien d'un sommet du Massachusetts : relief résiduel, plus ou moins isolé, subsistant du côté des têtes de sources (sens restrictif pour certains auteurs), ou grâce à la dureté de la roche (avec le précédent, si l'on prend le sens large), ou des deux origines associées ».

Si vous avez l'impression de ne rien comprendre, c'est normal, la définition est extraite du détestable Les mots de la géographie. Dictionnaire critique de Roger BRUNET, Robert FERRAS et Hervé THÉRY.

_________________
« Le luxe [...] corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; [...] il ôte à l’État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion. »


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Message Publié : 03 Déc 2006 14:51 
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Plutarque
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Inscription : 05 Nov 2006 13:27
Message(s) : 135
Merci à vous deux, je ne connaissais pas le livre de Marbek, qui apparemment a devancé celui de Corbin sur la question.
Quant à monadnock si si j'ai compris, d'ailleurs tout s'éclaire du seul fait de savoir que c'est simplement un mot usuel de la barbare géomorphologie (cuestas, boutonnières, Günz, Mindel, Riese, Würm, karsts, dolines, lapiez et j'en passe, savoureux vocabulaire, R. brunet ou pas...) :lol:

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Message Publié : 26 Mai 2007 13:52 
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Thucydide
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Inscription : 21 Jan 2006 15:17
Message(s) : 57
Localisation : Paris
On peut également citer le titre de l'ouvrage traduit d'Anatoli Ado "Paysans en Révolution. Terre, pouvoir et jacquerie, 1789-1794". Le terme de "jacquerie" a été généralisé au XIXe siècle par Hippolyte Taine, me semble-t-il. Mais il faut rester très prudent pour ne pas dénaturer les évènements auxquels il se rapporte : en 1358, une insurrection préméditée d'une riche bourgeoisie terrienne du nord de la France, et en rien une révolte de la misère paysanne. Le mot lui-même vient d'un sobriquet duquel l'aristocratie nommait les hommes en veste courte (la jaque ou jaquette).
Parler de jacquerie pour le moindre évènement paysan de contestation est un abus de langage, que commettent même les historiens !

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"Les médiocrités croient égaler le génie quand elles dépassent la raison." (Lamartine)


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