Les premières références citées sont polémiques, orientées, et ne reflètent pas la diversité de la science économique.
Pour revenir au débat originel, il est normal que le stock d'or n'ait pas été et n'ait jamais été égal au PIB, à la richesse produite. Cela n'était pas nécessaire.
Je vais tenter d'expliquer différemment ce que d'autres ont déjà expliqué dans cette discussion.
Le PIB est une création de richesses renouvelées à chaque instant : la voiture produite aujourd'hui n'est pas la même que la voiture produite demain et vos vacances à la plage cet été ne sont pas le même service que votre voyage à Londres pour aller étudier au British museum. Ce sont autant de biens et services différents.
Alors que la masse monétaire (quels que soient les agrégats pris en compte : aujourd'hui, on parle de M1, M2, M3, ...etc), c'est une unité de compte. Personne ne peut faire de différence entre l'argent qu'il y a aujourd'hui sur votre compte et celui qu'il y avait il y a 2 ans sur votre compte. Les instruments monétaires sont un stock, qui peut évoluer, certes, mais un stock quand même.
Donc, ce qui est déterminant pour la monnaie, ce n'est pas uniquement l'évolution de sa masse mais aussi sa vitesse de circulation.
Quand la France produit 1850 milliards d'euros de PIB en 1 année, il n'y a pas besoin d'un stock de monnaie en circulation de 1850 milliards d'euros. Pourquoi ? Parce que le même billet de 20 euros circule et va être utilisé successivement par plusieurs personnes. Je retire mes billets de banque au distributeur automatique et je m'achète 3 magazines au kiosque du coin, puis je vais boire à la terrasse d'un café place de la Sorbonne.
Mon billet de 20 euros n'a pas disparu avec mes consommations. Il va être réutilisé par ceux auprès desquels je l'ai dépensé.
Ce qui compte, c'est que, psychologiquement, tout le monde soit d'accord avec le fait que mon billet de 20 euros vaut bien 20 euros.
Cela a de très fortes chances d'être le cas tant qu'on ne commence pas à avoir de doutes sur le pouvoir d'achat de mes 20 euros. Si des gens commencent à faire marcher la planche à billets et qu'on se retrouve tous avec des liasses de billets plein les poches alors même que la production achetable n'a pas foncièrement augmenté, il y a inflation : dépréciation de la monnaie. Et là, l'argent va vous brûler les doigts : vous allez anticiper une poursuite de sa dépréciation et fuir la monnaie pour convertir ce que vous avez en biens dont la valeur est plus solide.
Des problèmes comparables peuvent se poser même quand votre économie est très saine : en croissance et sans inflation forte. Ca a été précisément le cas avec la crise de l'étalon or.
Ces problèmes se posent précisément quand les instruments monétaires ne sont pas seulement des instruments monétaires mais sont aussi des biens susceptibles d'avoir une valeur propre variant au gré de l'offre et de la demande.
Tel était précisément le cas de l'or. L'or sert notamment à faire des bijoux. Il avait depuis la plus haute antiquité une valeur qui n'était pas que monétaire mais intrinséquement reconnue : celle d'un métal précieux.
A partir de là, à compter du moment où des gens suffisamment informés avaient connaissance du fait que le stock d'or détenu par des banques centrales était très inférieur à la masse monétaire en circulation et que la monnaie était convertible en or, il était rationnel et profitable de demander à convertir ses dollars en or, pour revendre ensuite l'or à un prix beaucoup plus élevé.
Imaginez que des magasins à prix régulés vendent la tablette de chocolat à 2 euros (ils ont un énorme stock de cacao en réserve
) alors que partour ailleurs les tablettes de chocolat se vendent à 20 euros l'unité. Eh bien vous allez acheter un maximum de tablettes à 2 euros l'unité pour les revendre beaucoup plus cher. Avec à la clé un bénéfice énorme.
Et pendant ce temps, celui qui continue à vendre sa tablette à 2 euros gère très mal ses actifs : il pourrait vendre son chocolat 10 fois plus cher !!! Il se fait plumer par des petits malins.
Donc, il finit par rétablir la vérité des prix et par déréguler ses prix irréalistes pour les aligner sur ceux du marché. Et il arrête ainsi de faire à bon compte la fortune de spéculateurs peu scrupuleux.