Eneru a écrit :
La problématique est donc la suivante :
- soit on accepte un pouvoir souverain, et les avancées comme les "reculades" ont toutes les chances d'être "grandioses" ;
- soit on accepte un pouvoir morcelé, où les choses vont se faire petit à petit.
Et la question finale est de savoir lequel est le plus avantageux à long terme ? Pour ce qui est de l'histoire moderne, il semblerait que la petitesse et la diversité politique/climatique/etc. offerte par l'Europe lui a permis de grimper en haut du podium, pour un temps du moins.
De toute manière la taille des Etats ne fait pas tout : si on regarde la Grèce antique, il y a des Athènes, des Corinthe, des Sparte, des Egine, etc, donc plein de modèles divers, qui ont obtenu des résultats économiques, politiques et culturels divers. La Renaissance italienne sans la papauté, ce n'est pas grand chose non plus. L'Europe moderne, c'est aussi les "échecs" de la Péninsule ibérique et d'une grande partie de l'Europe centrale, totalement largués économiquement dès le XVIIIe siècle. Pour en revenir au féodalisme, celui-ci est d'ailleurs divers en Europe, on ne retrouve pas les mêmes systèmes socio-économiques partout ; rien qu'en France et en Angleterre, il y a certes des similitudes, mais en fin de compte ce n'est pas pareil. De la même manière, les deux pays s'industrialisent plus tard, mais pas pareil.
La situation vaut pour le Japon. A la fin de l'ère Edo, même le pouvoir central du
Bakufu Tokugawa semble largué par certaines régions (
han). Finalement, c'est la réutilisation de ces dynamiques à l'époque Meiji par un pouvoir central unifié qui permet de tirer le tout vers le haut. En Occident, la puissance qui finit par triompher dans l'industrialisation est celle des Etats-Unis, qui est une Europe occidentale unie et stable, en paix après 1865, et avec en plus des ressources naturelles exceptionnelles.
Bon, en fin de compte on dérive du sujet initial, issu apparemment d'une interrogation faite en passant et avec un "peut-être" dans un ouvrage sur un autre sujet ... J'en reviens à mes impressions de départ : les similitudes entre Japon et Europe modernes sont à chercher ailleurs que dans un modèle de société médiévale semblable, dont les deux sont finalement sortis au moment où ils amorcent leur grande période de croissance économique. De la même manière qu'on constate qu'en Europe il y a différente voies vers la modernité économique, on sait que c'est pareil dans le reste du monde, et il est inutile donc de chercher une seule et unique manière d'être devenu moderne, le développement économique n'arrive jamais par une simple transposition d'un modèle, chaque pays a des conditions propres, auxquelles cette croissance est adaptée pour marcher, sinon ça foire (regardez la Russie depuis le XIXe siècle).