Le protestantisme s'est facilement installé là où il y avait une certaine défiance envers le pouvoir romain. En Tchéquie, il y a eu la guerre contre les Hussites, en Allemagne, les échecs des empereurs germaniques contre Rome sont si récents que certains princes ont sans toute favorisé ce qui aurait pu contrecarrer l'Eglise. Il faut penser qu'en 1560, la mort de Frédéric II date de deux siècles et demi, soit la révolution française pour nous, cela reste encore vivace chez certains princes qui y voient un bon moment pour instaurer leur pouvoir.
Mais, il faut aussi voir plus haut dans le passé dans la division culturelle au niveau des frontières de l'Empire romain. Le protestantisme s'est installé là où les germains n"ont pas été romanisés (sauf la Suisse, mais c'est une autre situation.) Bref, revenons au sujet essentiel. Le protestantisme encourage effectivement les actes, et la volonté personnelle de réussir. Car le point central chez les Calvinistes, et les Luthériens, c'est que chaque acte sur Terre est pris en compte. Alors que chez les Catholiques, on peut rattraper les "points"perdus par une bonne confession.
Dans le cas de l'Espagne, effectivement, la religion a pu donner un poids assez fort : l'Inquisition a continué a exister jusqu'à l'entrée de Napoléon à Madrid. Mais, les rois espagnols reposaient sur l'Eglise pour contrôler ce pays aux cultures et langues différentes et récemment unifiée par les mariages.
Comme la présence importante de l'Eglise et de la Monarchie étouffe toute initiative, cela aurait pu scléroser la société espagnole. Cependant, ceci est valable au XVII et XVIIIe siècles, et pas au XVIe siècle. Car, la pression grandissante des deux pouvoir va de pair avec les échecs successifs des Hasbourgs, puis de la passivité des Bourbons espagnols qui ne font que suivre les décisions de Versailles.
Or, justement, le tarissement de l'or américain a fait que l'Espagne ne s'est pas préparée à cela. Cette impréparation s'explique qu'au sortir d'une guerre de sept siècles, où toute une société est tournée vers la Croisade, ils trouvent subitement tout un continent et des mines fabuleuses, cela a fait tourner les têtes -> Style baroques et chargés des églises espagnoles montre tout le luxe excessif, comparé aux églises françaises.
S'appuyer sur les mines américaines pour financer la société, c'est en fait scier sur la branche où on est assis. L'Espagne est devenue progressivement rentière, et comme cette richesse rend inutile toute initiative en faveur du commerce, cela paralyse progressivement l'Espagne. Et, en plus, les échecs en diplomatie, et en stratégie : pertes des territoires du nord, et de l'Europe centrale, montée en puissance de la France malgré une guerre civile de 30 ans, et surtout puissance maritime anglaise au XVII, et surtout au XVIIIe siècles.
Ensuite, l'Espagne, depuis l'invasion musulmane, n'a jamais été un pays marchand, mais un pays en guerre, contrairement aux Flandres qui se sont développés grâce aux marchands et marins frissons dès le VIe siècle.
Les Lombards, ce sont surtout des italiens de la région de Milan et tout ceux qui sont au nord de Rome, et donc, cette région de l'Italie a toujours été ouverte au commerce contrairement aux montagnes du centre et surtout du sud qui est exposée aux Barbaresques dès le XVe siècle. Et en plus, le sud de l'Italie a été une possession aragone, puis espagnole et enfin sous influence espagnole entre la fin du Moyen-Age et le début de l'ère napoléonienne.
Il est vrai que la religion a pu paralyser toute initiative économique, mais il ne faut pas oublier le pouvoir royal et nobiliaire. Or en Espagne, les nobles sont assez puissants pour préserver leurs privilèges. C'est tout le contraire en Allemagne où la division extrême du territoire a permis à des marchands de profiter de la rivalité entre princes, et en Flandre où les villes sont quasiment indépendantes par rapport aux princes (CF les échecs des Bourguignons de mater les villes flamandes.)
En Angleterre, au XVIe siècle, c'est un royaume assez pauvre suite aux pertes des territoires français et à la guerre civile des Rose. Ainsi, pour redresser la barre, Elizabeth I et ses successeurs ont mis les gaz sur le commerce pour avoir justement un trésor rempli.
La France, elle est dans une position intermédiaire, balançant entre les bourgeois et les nobles. Richelieu a voulu encourager le commerce, et Colbert également. Mais, à la mort de Colbert, toute initiative économique semble être mal vue, surtout après le scandale de Law.
Bref, pour terminer, c'est une conjonction de situations et d'initiatives qui a fait que l'Espagne a manqué le coche.
Pour répondre au sujet des pays musulmans. Il ne faut pas oublier que le commerce américain et maritime par le Cap de Bonne Espérance leur a fait énormément du mal. Ensuite, le progrès technologique européen, et les vols technologiques dès le XIIIe siècle envers la Chine (vers a soie etc....) a fait que le commerce continental est devenu de plus en plus inutile. Donc, moins de rentrées d'argent, donc pauvreté donc intégrisme...
Je termine ici mon long avis sur ce point.
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Il n'existe pas une histoire, mais des histoires qui font l'Histoire.
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