Alain.g a écrit :
J'entends bien l'argument du contre-effet de la colonisation, c'est l'argument classique pour expliquer la situation espagnole, il est indéniable mais je suis frappé par ailleurs par la manière très particulière qu'ont les espagnols d'être religieux, passionnément et anti-religieux, tout aussi passionnément, n'est-ce pas une conséquence de la conquête musulmane suivie de la Reconquista, un double traumatisme dont je me demandais s'il n' avait pas produit des effets néfastes durables en déséquilibrant l' Espagne, empêchant ce sentiment de confiance qui a permis de développer une économie moderne.
Il est vrai que, si l'Inquisition a eu tant de succès en Espagne, c'est à cause de ce contexte de mixité religieuse qui la caractérisait. Et qu'ensuite l'Inquisition a eu un effet sclérosant pour la culture et la société ce qui ne favorise pas le développement économique.
Mais cela fait une cascade de causalités un peu trop longue pour que cela soit rigoureux. Ca revient à un raisonnement du type : A a été un des facteurs de B, B est un facteurs de C, C a pu en partie causé D... donc A a causé D. Moui.
Et les Espagnols ne sont pas les seuls à être passionément religieux. Les Américains le sont bien autant.
Pour la mentalité de la Reconquête, qui est assurément un trait de l'Espagne médiévale et renaissance, cela a aussi été un moteur de découvertes. On sait bien que l'expédition de Colomb, partie l'année de la chute de la Grenade, peut être vue comme un prolongement de la Reconquista. Les Espagnols du XVe siècle avaient sûrement, pourrait-on dire, une mentalité de la Frontière. Comme les Américains du XIXe siècle avec la conquête de l'Ouest. Pourtant, eux, cela ne les a guère desservis.
Bref, si l'Espagne s'était ressaisie au XIXe siècle, qu'elle avait été le phare de la Révolution Industrielle, je nous verrais bien aujourd'hui nous extasier sur à quel point cette mentalité de la Reconquête caractéristique des Espagnols avait été le moteur de son envie de découvertes, de repousser les limites du connu, au coeur du progrès économique.
De mentalités collectives (si tant est qu'elles existent) au Moyen-Âge, je pense qu'on peut tirer tout et son contraire pour les situations actuelles.