Au cours d'une conférence, on m'a expliqué que l'excedent commercial allemande avait évolué sommairement de la façon suivante.

En 1945, un nouveau d'exportation égale à zéro.
Dès 1949/50, reprise d'un courant d'exportation.
1955 : atteinte de l'équilibre exterieur puis croissance régulière de l'excédent commercial avec un coup d'arrêt entre 1973 et 1983 puis reprise de l'accroissement de l'excedent.
Dans le même temps le cours du Mark est passé de 1 franc en 1958 à 3,3 francs en 1990.

Le sujet étant annexe (car l'exposé était centré sur la France) , l'orateur n'a pas développé les causes de cette évolution.

Pourriez vous me donner votre avis non seulement sur le rapide retour à l'équilibre (que je pense lié au "miracle allemand") mais surtout sur la façon dont l'Allemagne a su surmonter ensuite les obstacles majeurs que furent les chocs pétroliers, la concurrence japonaise et enfin l'appréciation constante du mark ?

Et puis une question secondaire : pourquoi l'après-guerre n'a-t-elle pas été marquée par une ambiance germanophobe en Europe qui aurait pu freiner les exportations allemandes ?

A mon avis deux explications peuvent être proposées (juste avec des connaissances générales sur l'économie allemande, donc rien de spécifique):
- l'Allemagne a toujours bénéficié d'une bonne compétitivité hors-prix (la fameuse "Deutsche Qualität"), ce qui explique qu'elle puisse maintenir des excédents commerciaux alors même que le deustche mark (ou l'euro à l'heure actuelle) s'apprécie
- Dans le contexte historique, l'Allemagne est en reconstruction pendant les Trente Glorieuses donc son appareil industriel est à la pointe de la technologie. Dans tous les pays, la croissance économique est forte, donc il doit y avoir une forte demande extérieure qui participe à une croissance allemande positive, ce qui n'est plus le cas de 1973 à 1983.

J'espère que ça peut un peu vous aider.

Un autre état d'esprit. Des cotisations sociales peu importantes pour des retraites pas très mirobolantes. Des entreprises moins asphyxiées par les politiciens.
Je suis monté sur la tour TV de l'ex-RDA, à Berlin. On vous prend sans ménagement toute bouteille de liquide à boire pour la mettre à la poubelle. Vous n'avez rien à dire. En France, il y aurait sans doute eu une perte de temps en blabla.
L'Allemagne est à prendre en exemple pour ce qui est gestion et organisation. Ils ont une bonne locomotive; nous non.

Ca, c'est une image construite après coup. Au début de son redressement, si on prend le secteur automobile pour exemple, les entreprises allemandes vont produire des petits véhicules sous licence anglaise ou ... italienne. Ils vont faire comme de nombreux pays qui se construisent ou se reconstruisent une industrie, ils vont copier leurs voisins. Ensuite, ils choisiront l'option marketing de la qualité allemande, de la robustesse. A force de travailler ce sillon, ils ont réussi à convaincre tous les consommateurs européens que leurs produits sont plus robustes, mais dans les enquêtes des associations de consommateurs européennes, ce ne sont pas les produits allemands qui sont aux premières places en ce qui concerne la fiabilité. Même s'ils sont souvent placés plus honorablement que les véhicules français. Les Audi ou les BMW des années 60 n'étaient pas réputées pour leur robustesse. Contrairement à Mercedes qui avait une forte image de voiture solide. Même que certains n'en achetaient pas parce que justement, à force de se dire robustes, elles étaient perçues comme la voiture du bourgeois bon père de famille qui gère son argent de manière économe. C'était la voiture des notaires de campagnes ou des médecins qui devaient rouler sur des routes cabossées et qui désiraient des véhicules qui présentent bien et qui tiennent dans le temps. Il suffit de voir les films français de l'époque, les rares véhicules allemands qu'on y voit sont des Mercedes et ce sont souvent des personnages falots qui sont au volant. Il n'y a que dans "L'emmerdeur" que Lino Ventura conduit un petit coupé BMW. Hé oui, à l'époque la marque n'avait pas de grosses berlines à son catalogue.

C'est dans les années 80, que l'image des BMW et des Audi va devenir celle qu'on connait aujourd'hui. Et l'une des locomotives de ce changement d'image sera la Golf GTI. Elle changea radicalement l'image des véhicules allemands en présentant un véhicule sportif accessible au plus grand nombre. Quand j'avais 18 ans en 1977, nous ne rêvions pas d'avoir une voiture allemande, à part Porsche, éventuellement. Mais, c'était au delà de nos possibilités financières. Puis la Golf GTI est arrivée, puis les victoires des Audi en rallye et les BMW série 3. Et petit à petit, avoir une berline allemande est devenu le symbole de la réussite.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

Bien que ne connaissant pas vraiment le sujet, je pense à une autre explication (qui viendrait en plus de celles déjà données): les pays qui se redressent "miraculeusement" sont aussi les vaincus (mais pas seulement), mais surtout ceux qui sont en première ligne en cas de conflit avec l'est (Allemagne, Japon, Corée du sud). La manne déversée part les Etats Unis n'est sans doute pas pour rien dans ce miracle (tout comme elle a compté mais sans doute dans une moindre mesure dans le redressement français).
Autre atout pour l'Allemagne et le Japon: pas de décolonisation...

Autre atout également pour l'Allemagne et le Japon: Pas de nationalisations

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais

Il y a une autre raison qui est un peu liée : les forces armées des pays en question sont des forces d'auto-défense. Pendant que la France dépensait de l'argent pour avoir une armée capable de se projeter partout dans le monde, l'Allemagne n'avait pas ce soucis. En fait, çà fait une différence de plusieurs points du PIB...

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Appelez-moi Charlie

Dans le cas de l'Allemagne, vous êtes très mal renseigné. Une partie des actions de BMW appartiennent à l'état de Bavière, par exemple. De nombreuses collectivités régionales et locales sont actionnaires des grosses entreprises allemandes. C'était le cas de pratiquement tous les producteurs et distributeurs d'électricité. Mais, comme il s'est toujours agit de sociétés de droits privés, les ventes et les achats d'actions se sont fait de manière moins visibles qu'en France. Mais, les grandes sociétés allemandes sont soutenues par les autorités locales des endroits où elles ont leurs usines. Mais, les aides se sont souvent faites avec des prises de participation. Alors qu'en France, on a souvent subventionné à fond perdus. Du coup, en Allemagne, les élus n'aident pas des entreprises qui n'en valent pas la peine : on ne joue pas avec l'argent public en Allemagne. Mais, une entreprise qui traverse une passe difficile trouvera toujours de l'argent public, en contrepartie, des représentants des élus siègent au conseil d'administration.

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L'Allemagne de l'après-guerre dispose de grands avantages qu'elle va optimiser:
- Fort potentiel industriel préservé
- Main d'ouvre qualifiée excédentaire gonflée par des réfugiés de l'Est
- Une monnaie longtemps sous-évaluée qui dope les exportations, puis surévaluée qui attire les capitaux et les investissements
- L'aide américaine justifiée par la rivalité avec L'Est
- la demande mondiale en forte croissance
- absence de dépenses militaires au début

La production quadruple de 1950 à 1970 d'autant plus que la RFA a adopté:
1/ la priorité aux entreprises qui sont aidées par l'Etat dans un marché mondial bien identifié; la RFA vise le monde par ses entreprises, le gouvernement abaisse les impots pour stimuler les industriels perçus comme des acteurs prioritaires. La France fait l'inverse. L'Allemagne rejette la planification et le dirigisme, idoles françaises
2/ Le syndicalisme coopère avec l'industriel, il n'est pas contre l'entreprise ennemi capitaliste de classe mais recherche des avantages dans un système économique accepté. La RFA a adopté "l'Economie sociale de marché"

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Pour en avoir parlé avec un ami allemand de ma famille il me semble aussi que les banques allemandes ont + fortement financé les entreprises industrielles que leurs homologues françaises. Il me semble aussi que le système financier allemand est + décentralisé et moins concentré que le système financier français.

Enfin l'excédent commercial allemand peut aussi s'expliquer par le fait que les allemands préfèrent acheter allemand.

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Situation normale dans l'immédiat après-guerre, le conflit ayant brisé les communications, mais les exportations allemandes en 1939 étaient déjà très basses pour deux raisons principales:
1. La production de guerre monopolisait les intrants et le contrôle des changes empêchait l'importation des matières premières nécessaires au industries d'exportation.
2. La crise avait fait s'effondrer la demande française, anglaise et surtout américaine.
Ces deux raisons disparaissent bien sûr en 1945 et vont donc permettre une reprise de l'industrie allemande.


Ici, il faut distinguer deux aspects de la question:
1. Pourquoi les exportations européennes augmentent en général?
2. Pourquoi les exportations allemandes augment en particulier?

Dans le premier cas, il faut considérer l'effet énorme de l'accumulation de capital aux Etats Unis en 1945. Disposant de quelque chose comme 75% du stock d'or, la monnaie américaine est si forte et si demandée en raison du système de Bretton Woods que les Américains importent des produits européens pour presque rien. Cet état de fait étant renforcé par le Plan Marshall, la demande extérieure pour les produits européen est immense.

Dans le cas de l'Allemagne en particulier, deux causes sont particulièrement importantes. D'une part l'avantage allemand en termes d'énergie. La production de charbon allemande est bien supérieure à celle de tous les autres états de la future CEE réunis. D'autre part, à bien des égards l'appareil de production allemand ressemble à celui des Etats Unis, à ce titre ils ont sans doute bénéficié plus complètement du transfert de compétence depuis les EU sur lequel est fondé le rattrapage des 30 Glorieuses.

Un autre aspect a sans doute joué: le transfert de population post-WWII a sans doute permis à l'Allemagne de posséder une main d'œuvre abondante et d'une forte demande intérieure. Mais c'est une supposition, je n'ai jamais rien lu dans ce sens.


Le coup d'arrêt de 73 s'explique facilement d'abord en termes monétaire puisque le turbo de la demande américain s'arrête soudainement avec la fin de la parité or-dollar, la fin de la politique de Big Society de Johnson et la fin de la Guerre du Vietnam. Le renchérissement de l'énergie frappe aussi bien sûr durement une économie où l'industrie a un si grand rôle.
La restauration d'un système monétaire stable et la baisse du prix de l'énergie ramènent logiquement la croissance en Allemagne.


Là c'est le résultat purement politiques des tentatives keynésiennes en France dans les années 70-80 qui entraînent une inflation à deux chiffres pendant que l'Allemagne ne s'approche que de 5%.


- L'Allemagne est moins dépendante que d'autres du pétrole grâce au charbon.
- Je ne suis pas sûr que la concurrence japonaise se soit exercée dans les secteurs clefs de l'économie allemande (machine-outils) ni dans les mêmes gammes. Les Etats Unis ou la France on du souffrir plus.
- Les exportations allemandes sont souvent caractérisées par une forte spécialisation et une faible élasticité de la demande. Si vous importez une machine à faire le papier qui coûte 1 milliards de marks, un peu plus ou un peu moins ce n'est pas vraiment la question.


The beauty of the market economy baby

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Labore Fideque

Sur le 1/: Vous trouverez dans Berstein 1945-73, T 2, la mention de l'importance d'une main d'oeuvre qualifiée excédentaire en RFA grâce en partie aux réfugiés de l'Est. J'en ai parlé plus haut.
Pour le 2/: Il y a eu les nombreuses dévaluations françaises de la 4è République, mais la force du mark est surtout fondée dans l'afflux des liquidités mondiales qui se portent massivement vers la RFA et les excédents extérieurs. La France est épuisée par ses guerres extérieures. La RFA a du réévaluer sa monnaie à 3 reprises, 61, 69 et 71 et accepter un système flottant de change très réévaluatif du mark de fait.
3/ Comme facteur de sa prospérité, le libéralisme a certainement joué un énorme rôle en RFA mais il faut toutefois ajouter que le pays profite à plein du boom économique mondial lié à la guerre de Corée.
J'ajoute qu'il n'y a pas de sentiment germanophobe après guerre en Europe de l'Ouest. C'est le contraire, l'ennemi est à l'Est, la RFA ne pense plus à la guerre, elle est devenue pacifiste et coopérative.

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Possible, possible. Je n'ai juste jamais vu de preuve bien établie, mais je ne demande qu'à apprendre. Un petit doute quand même. Quant à Berstein....


Bons arguments, pas supporté par les chiffres malheureusement ici (cinquième graph)

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Labore Fideque

De wikipwedia:

Assistance économique, du 3 avril 1948 au 30 juin 1952 (en millions de dollars de l'époque).

Pays Total Dons Prêts
Allemagne, (RFA) 1 390,6 1 173,7 216,9

France 2 713,6 2 488,0 225,6

Ceci ajouter a des depenses en forces armees pour l Allemagne inferieures a celles de la France, lui donnnet un net avantage quant a la capacite d invertir des fonds dans le secteur civil.

En 2003 les pays aqui se sont le plus beneficies des aides de l UE etaient l Espagne, l Italie et l Allemagne!

N oublions pas non plus qu une bonne partie de la reunification allemande a ete payee par l UE.

Berstein est une base et sur le fond, c'est un point bien établi que la RFA bénéficié d'une forte émigration de personnel qualifié en provenance de la RDA.
Votre graphe est sur l'inflation alors que mon argumentation porte sur la comparaison des politiques monétaires concernant la conduite de la monnaie. J'ai en effet appuyé sur le fait que d'un côté vous avez une politique de prix extérieurs illisible avec des dévaluations fréquentes, une monnaie instable qui se dévalue constamment, ce qui discrédite le pays.
De l'autre côté en RFA, la décision d'avoir des prix extérieurs les plus stables possibles, une situation de force et une monnaie haute pour le prestige du pays et pour attirer des capitaux. L'Allemagne, qui pratique une politique de l'offre, fait de ses exportations et de sa monnaie un objectif prioritaire, en soi, combinée à la qualité des produits. Pour la France, sous la 4è République, il s'agit d'une résultante: à la fin si problème on dévalue pour corriger les prix.
Dès lors la comparaison des inflations, dont vous faites état et que j' ai écartée pour montrer les avantages acquis par la RFA, n'est pas un élément probant pour expliquer la différence entre les deux économies qui va aller en s'accroissant.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.