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Message Publié : 14 Mai 2014 18:09 
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Alain.g a écrit :
il y a aussi le peu d'appétence des jeunes pour le travail manuel : 70 % souhaitent devenir fonctionnaires.


Si on pouvait éviter de sortir les poncifs, on n'est pas au Café du Commerce. Diverses statistiques montrent que ce que désirent les jeunes, c'est un métier qui garantit d'avoir du travail et de bien gagner sa vie. Du coup, les jeunes qui réussissent font en priorité des Grandes Écoles de commerce ou de banque. Avec un peu de chance, on devient traider à la City de Londres ou à Wall Street et on gagne un salaire à 6 chiffres.

Les écoles d'ingénieur peinent à recruter, les écoles de la Haute Administration ont aussi de plus en plus de mal.

Chez les jeunes qui ont moins de réussite dans les études, la possibilité de devenir "fonctionnaire" offre surtout l'avantage d'avoir un travail "garanti". Il y a des gens qui font du travail manuel dans la Fonction Publique. Il y a même certains métiers manuels qui ne trouvent des débouchés que dans la fonction publique, c'est le cas pour l'ébénisterie d'art et quelques métiers qui forment des spécialistes triés sur le volet qui s'occupent de restaurer des objets anciens avec des savoirs-faire qui ont disparu depuis longtemps. En fait, vu comme évoluent certaines branches industrielles, bientôt, il n'y aura que dans la fonction publique qu'on fera du vrai travail manuel. Les autres branches industrielles sont largement mécanisées et tendent à se numériser et robotiser à marche forcée. Dans ces conditions, ce qui manque en France, c'est le technicien supérieur formé sur le "tas" et qui comprend la mécanique. Là, la France ne doit pas être tellement en retard, vu qu'il y a pas mal d'élèves-ingénieurs en alternance.

Mais, le soucis est la gestion de ces jeunes. Peu rémunérés pendant leur formation, certains comprennent vite que dès qu'ils auront obtenu leur diplômes, ils "coûteront" trop cher et seront renvoyés. C'est là la plus grande différence avec l'Allemagne. En Allemagne, on essaye de garder les gens qui possèdent du savoir-faire. En France, à l'école anglo-saxonne, on regarde le coût du travail et on vire les gens qui coûtent trop cher. Les entreprises françaises qui restent dans bien des secteurs industriels sont les entreprises qui ont su garder ces compétences et développer des centres d'ingénierie. Et ils n'ont pas de problèmes pour trouver des jeunes gens motivés, même si elles leur demandent de mettre les mains dans le cambouis.

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Message Publié : 14 Mai 2014 18:14 
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Georges Duby
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Merci de commenter le poncif, un poncif est et reste malgré tout une idée, un thème, et on ne pouvait le passer sous silence dans ce sujet.

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Message Publié : 14 Mai 2014 18:38 
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Georges Duby
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Un article sur le site de l'IFRAP, un Institut de recherche sur l'administration et l'action publique à http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CDAQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.ifrap.org%2FLe-role-de-l-Etat-dans-la-crise-de-la-machine-outil-francaise%2C1315.html&ei=T6dzU_ylHKmV0AXnzIDQBQ&usg=AFQjCNEip18yYFBRrv1TWJ0kiFK_RVoxlA&bvm=bv.66699033,d.d2k&cad=rja

Un extrait:
Comme on vient de le voir, sans être très brillante, l’industrie de la machine-outil, dans les années soixante-dix, ne se tenait encore pas trop mal ; et aujourd’hui, il ne reste presque plus rien. Trois entreprises semblent émerger du lot : COMAU, filiale de l’italien COMAU (Groupe Fiat), qui a repris Renault Machines-Outils, la SCEMM (autrefois Citroën et aujourd’hui groupe Process Conception Ingenierie), qui fabriquent essentiellement pour les besoins de l’industrie automobile, et Forest-Liné, qui travaille essentiellement pour l’industrie aéronautique. Comme le disait le porte-parole de la profession aux Échos, il s’agit d’une stratégie de « niches », ce qui peut, bien sûr, faire des entreprises, mais sûrement pas une industrie. .....

" La responsabilité des hommes:
Restent les hommes : « il n’y a de richesses que d’hommes ». Et les Français n’aiment pas leur industrie, même s’ils sont très fiers quand l’A380 décolle ou quand Ariane met en orbite des satellites américains. Un récent sondage indique que 70 % des jeunes souhaitent devenir fonctionnaires : beau résultat de 30 années de politique d’assistance ! Si on ajoute à ces 70 % ceux qui vivent dans l’agriculture et qui veulent y rester, ceux qui choisissent les professions libérales ou commerciales, etc., que reste-t-il pour l’industrie ? Et, si l’on retire l’automobile, l’aéronautique et aujourd’hui l’informatique, rêves de tous les petits garçons ?
Pour en revenir à la mécanique, même si aujourd’hui les pannes de voiture sont, le plus souvent, de nature électronique, dans l’imagerie populaire, le mécanicien reste le garagiste avec ses mains dans le cambouis. Au point que l’on a pu entendre le professeur Paul Germain, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, déclarer en remettant, en 1975, son rapport sur la mécanique au président Giscard d’Estaing : « Jusqu’ici, je savais que la mécanique était une science et j’ai découvert, grâce à cette étude, que c’était aussi une industrie ! » Pas étonnant que fort peu de diplômés des grandes écoles choisissent ce secteur. Et on a pu entendre un ingénieur du génie maritime répondre à l’un de ses camarades qui lui parlait machines-outils : « Bien sûr, pour faire un bateau, il faut des machines, mais ceci n’est pas le problème des ingénieurs militaires, c’est celui des ingénieurs de direction de travaux » (merci, en passant, pour ce corps remarquable). Heureusement, l’excellente formation des Arts et Métiers amenait des ingénieurs très compétents, mais plus formés, à l’époque, à la fabrication qu’à la recherche, aux études ou à la gestion. "

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Message Publié : 14 Mai 2014 18:40 
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Pierre de L'Estoile
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Pierma a écrit :
Isidore a écrit :
Avant Renualt Ghosn était chez Michelin.

Vous avez raison, j'ai vérifié.

J'ai lu l'histoire de ce débauchage du patron de VAG Espagne dans l'Usine Nouvelle il y a déjà bien longtemps, je pense qu'il devait s'agir d'un autre membre de la task-force envoyée au japon, et que j'ai confondu.


Peut-être confondez vous avec Jose Ignacio Lopez de Arriortua qui avait été débauché par VAG suite à son travail chez GM en Espagne et en Allemagne notamment en ce qui concerne les achats. Il a été accusé d'être parti avec des secrets industrielss et fut évincé très vite de VAG. C'était en 1993.

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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Message Publié : 14 Mai 2014 20:22 
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Alain.g a écrit :
Merci de commenter le poncif, un poncif est et reste malgré tout une idée, un thème, et on ne pouvait le passer sous silence dans ce sujet.


Je ne passe pas sous silence le sujet. Je sais que dans l'industrie on a le plus grand mal à trouver des ingénieurs. Pas parce que les jeunes gens intelligents sont tous fonctionnaires. Non! Mais parce qu'ils vont dans les filières "d'avenir". Et ni la fonction publique, ni l'industrie ne sont vues comme des filières d'avenir ... Pourquoi aller s'embêter dans des filières où l'on aura des paye à 4 chiffres, alors qu'il y a des secteurs avec des payes à 6 chiffres. Dans l'industrie, un ingénieur d'une grande école en début de carrière dépasse rarement les 5000 €. Un trader débutant se vantait de faire 30 000 € à la télé l'autre jour dans un reportage sur les expatriés londoniens ... Sans les primes, of course. Dans la fonction publique, il aura combien ? 2000 € ? 2500 € ?

Bien entendu, quand on descend dans le niveau d'éducation, l'embauche dans la fonction publique ou assimilée est souvent vue comme un jackpot. Mais, ce n'est pas ce que rêvent de faire les jeunes gens. Selon un sondage paru dans le Figaro, ils ne sont que 20% a vouloir faire un métier en lien avec la fonction publique : http://www.lefigaro.fr/societes/2010/12/14/04015-20101214ARTFIG00771-les-entreprises-qui-font-rever-les-adolescents.php Il me semblait avoir lu que vous lisiez le Figaro. Cet article a du vous échapper. C'est pour cela que vous continuez à véhiculer ce vieux poncif. QUi comme tous les poncif est cru par une forte proportion des gens alors qu'il est totalement erroné.

Citer :
Entre rêve et inquiétude, les adolescents affichent une vision de leur avenir professionnel à la fois marquée par les paillettes médiatiques et par la crise économique.

Les géants de l'informatique -Apple, Microsoft et Google- côtoient l'Éducation nationale et Air France, dans leur palmarès des grandes entreprises dans lesquelles ils aimeraient travail­ler, selon une étude réalisée par l'Observatoire de la parentalité en entreprise auprès de 500 jeunes âgés de 14 à 17 ans.

«C'est la génération Internet. En toute logique, ils s'identifient aux nouveaux entrepreneurs de la toile», constate Sabine de Beaulieu, déléguée générale de Jeunesse et Entreprises, une association qui œuvre pour le rapprochement du monde de l'entreprise et du monde de l'Éducation. «Il y a quelques années, les résultats auraient été très différents. Le secteur public attirait 30% des lycéens dans une enquête menée par notre association en 2002, poursuit-t-elle. Cette évolution est logique, car les écoles ont commencé à ouvrir leurs portes aux chefs d'entreprise.»

L'Éducation nationale, la Défense ou les hôpitaux restent cependant une référence pour 20% des adolescents interrogés. «Leur présence dans ce classement révèle un besoin de sécurité, mais aussi une envie de s'engager dans un métier qui a du sens», commente Jérôme Ballarin , président de l'observatoire. Avec Air France et la SNCF, aux quatrième et cinquième places, le secteur des transports attire toujours autant. Une fascination sans doute liée au développement du tourisme, mais aussi un peu «enfantine», selon le psychanalyste François Richard, responsable de l'équipe de recherche sur l'adolescence de l'université Paris-7 Diderot. «Hôtesse de l'air, pilote, conducteur de train: ce sont les métiers préférés des petits», rappelle-t-il. Enfin, 25% des adolescents évoquent pêle-mêle des grandes marques connues à l'international ou omniprésentes dans leur vie quotidienne, comme Total ou Bouygues.


Le sondage précédent, en 2002 donnait 30% des jeunes qui rêvaient de la fonction publique. Le chiffre est en constante diminution.

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Message Publié : 14 Mai 2014 21:25 
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Georges Duby
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Narduccio a écrit :
Mais, ce n'est pas ce que rêvent de faire les jeunes gens. Selon un sondage paru dans le Figaro, ils ne sont que 20% a vouloir faire un métier en lien avec la fonction publique : http://www.lefigaro.fr/societes/2010/12/14/04015-20101214ARTFIG00771-les-entreprises-qui-font-rever-les-adolescents.php Il me semblait avoir lu que vous lisiez le Figaro. Cet article a du vous échapper. C'est pour cela que vous continuez à véhiculer ce vieux poncif. QUi comme tous les poncif est cru par une forte proportion des gens alors qu'il est totalement erroné.
Vous faites une confusion entre le rêve des jeunes gens, dans lequel la fonction publique n'occupe effectivement qu'une place réduite, avec ce qu'ils recherchent comme emploi une fois arrivés à l'âge du travail. Les jeunes rêvent à des emplois ... de rêve ! C'est bien le commentaire du sondage que vous citez.
Le sondage dont je fais état est une approche des réalités. Comme maire d'une petite ville, j'en ai eu des centaines de fois la confirmation, en recevant des jeunes et des moins jeunes, qui venaient solliciter un emploi communal ou dans une administration d'Etat, alors que parfois ils avaient un emploi dans une entreprise. Argument: la sécurité.
Le LEP de la ville avait des sections de mécanique, il a fallu les reconvertir en qualité de l'eau, faute d'effectif suffisant (5 ou 6 élèves), car presque personne de la région n'y était inscrit, tant le travail manuel était écarté par les collégiens.
Il n'y a donc pas poncif en la matière, mais une triste réalité, tout ce qui est manuel est rejeté et le besoin de sécurité a pris une importance considérable. Je connais bien le sujet également à titre de fonctionnaire concerné par les problèmes d'emploi, cette fois.

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Message Publié : 15 Mai 2014 9:20 
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Il serait bien de revenir au sujet, et en respectant la limite chronologique, même si j'admets qu'elle n'est pas facile à tenir

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 15 Mai 2014 11:21 
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Eginhard
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Au delà du déficit d'image de l'industrie dans son ensemble pour les élites actuellement, pourquoi la machine en particulier attirait beaucoup moins (d'hommes, de capitaux ?) que d'autres secteurs industriels à produits "finis".
On a vu que la France n'a pas de tradition de machine outil (son apogée est entre 1950 et 1970) mais cela ne l'a pas empéchée d'avoir de belles industries et paradoxallement très consommatrices de ce type d'équipement.


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Message Publié : 15 Mai 2014 16:39 
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Alain.g a écrit :
Le sondage dont je fais état est une approche des réalités.


Justement, j'aimerais bien voir ce sondage, puisque çà fait des heures que je le cherche. Il s'avère qu'il semble que ce n'est pas cela que recherchent les jeunes qui sont dans un cursus scolaire. Ni les jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi. Peut-être les jeunes de 30 ans qui ont enchainé 10 ans de galères ?

Si je replace notre discussion dans son contexte, il me semble que des gens, dont vous semblez faire partie, prétendent que les jeunes n'apprennent plus des métiers manuels puisqu'ils rêvent de devenir fonctionnaire et que c'est cela qui cause un sacré problème à notre industrie. Quand je fait une recherche, je ne trouve que des choses qui disent l'inverse. Les jeunes ne rêvent pas de devenir fonctionnaires. Pour leurs études, dans un premier temps, ils privilégient les carrières qui les font rêver. Dans un second, souvent une fois le bac en poche ou pas, ils tendent à aller vers les filières qui promettent des gros salaires. Lorsqu'ils le peuvent.

Bien sûr, les concours de l'administration attirent un tas de postulants. Souvent au point où il faut accepter de postuler plus bas que son propre niveau. Un gars qui a un bac et qui postule sur un niveau bac, sera surpris de constater que la salle est pleine à 80% de gens qui ont bac +2 ou +3, voire plus ... Bien entendu, ses chances d'arriver dans une place éligible à un poste dans ses conditions sont minimes. Bien sûr, ceux qui peuvent avoir un piston vont tenter de décrocher un travail dans la fonction publique. Enfin, pas tant que çà, je me souviens des articles qui parlaient d'une ville qui avait décidé que même ses éboueurs devaient être français ... et qui n'arrivait pas à en embaucher, même avec des salaires attractifs.

Mais, on s'éloigne notablement du sujet de départ. Si les jeunes trouvaient des emplois dans le secteur privé, ils seraient sûrement moins nombreux pour postuler dans le public, le jour où ils en ont marre de la précarité. Il y a des jeunes qui a 30 ans, ont déjà 4 ou 5 plans sociaux à leur actif. Et cela n'aime pas à s'installer dans la vie.

Les industriels se plaignent qu'ils ne trouvent pas de jeunes formés aux métiers qu'ils ont besoin. J'en sais quelque chose, je travaille dans une boite qui forme les jeunes qu'elle embauche. Et pour certaines filières, le jeune qui rentre chez nous, il a au minimum 18 mois de formations. Le gars qui va me remplacer dans 3 ans a été embauché il y a 5 ans (enfin, ils sont une quinzaine du même "paquet".) Nous allons ouvrir une école de métiers en concertation avec nos sous-traitants pour former des gens à bosser chez nous. Et dans cette école, on devrait former environ 25 000 robinetiers, soudeurs, ... Mais, il ne travailleront pas à EDF, mais chez les entreprises sous-traitantes. Qui seront libres de les utiliser aussi dans d'autres industries que le nucléaire.

Le déficit en ingénieurs est tellement important qu'EDF a recours à 50% au recrutement interne pour former ses cadres. Et ce n'est pas moi qui m'en plaindrait.

Mais, il semblerait qu'en fait, le problème ce n'est pas le nombre de jeunes "éligibles" à suivre une formation d'ingénieurs, mais la capacité des écoles de la filière à former le nombre de gens nécessaires aux besoins.

Donc, le souci n'est pas les "jeunes qui font que rêver à devenir fonctionnaires", mais bien la capacité de formation des écoles (au sens large) dédiées aux
filières techniques. S'il faudrait investir de l'argent pour diminuer la salaire des jeunes et augmenter la compétitivité de l'industrie française, c'est là qu'il faut injecter de l'argent et des moyens. Mais, comme "on" rêvait de faire de la France un pays de services, on a beaucoup économisé là-dedans et on a investit dans d'autres secteurs. Les allemands ont fait un autre choix et malgré un coût du travail presque aussi élevé que le notre, ils restent compétitifs.

Le problème des "poncifs", c'est qu'ils masquent la réalité, donc on ne fait pas les bons choix.

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Message Publié : 15 Mai 2014 18:49 
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Grégoire de Tours
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D'abord, je me permets humblement de déplorer le fait que la remarque de Jean-Marc Labat ne s'applique pas à l'ensemble de la communauté de Passion-histoire.

Ensuite j'aimerais revenir sur ce point:

Le bonapartiste a écrit :
On a vu que la France n'a pas de tradition de machine outil (son apogée est entre 1950 et 1970) mais cela ne l'a pas empéchée d'avoir de belles industries et paradoxallement très consommatrices de ce type d'équipement.


Oui, c'est une remarque intéressante. Pourquoi est-ce que certains ne se sont donc pas lancés dans le "créneau"? Est-ce que vous avez des idées?

Enfin, cet article pourrait alimenter la discussion: http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _36_1_1700

Concernant l'après 1945, cet article signale par exemple (p.36) que c'est l'ensemble de cette industrie qui aurait eu besoin d'un sérieux rajeunissement. Mais que cela n'a pas été fait.

Et sa conclusion est intéressante, puisqu'elle met bien en avant des questions de coût: il était moins rentable de concevoir et construire une unité spéciale que de l'acheter chez des spécialistes étrangers. Quant à l'état, il n'aurait pas encouragé ce type d'industrie avec une protectionniste efficace.

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Message Publié : 15 Mai 2014 19:37 
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Adulith a écrit :
D'abord, je me permets humblement de déplorer le fait que la remarque de Jean-Marc Labat ne s'applique pas à l'ensemble de la communauté de Passion-histoire.


Je me permet d'intervenir. En fait, hier soir, avant d'aller me coucher, j'avais écrit mon message et je pensais l'avoir envoyé. Ce soir, en rentrant du boulot, quand j'ai "réveillé" mon ordi en appuyant sur la touche entrée, le message est parti. Je n'ai vu qu'ensuite le message de Jean-Marc. Si cela vous gène qu'il soit posté après le message de Jean-Marc, je peux le supprimer et en écrire un autre qui respecte les bornes chronologiques. Je ne demande aucun passe droit. Je suis un contributeur comme les autres.

Mais, ce qui serait bien, ce serait qu'on arrête avec les poncifs et qu'on parle du fond du dossier. Quand j'étais en terminale, donc en 1978, un de mes professeur nous a parlé des difficultés de l'industrie de l'époque. Conformément à ce que certains ont posté, la force des français était dans les créneaux spécialisés. La technique de pointe avec des machines pointues faites à quelques exemplaires. A l'époque, l'Allemagne faisait déjà des machines en séries. Très grandes séries en fait. 40 ans plus tard, il faut constater que l'industrie française cultive toujours sa culture de niche. Ceux qui font de la série sont les allemands, les indiens, les chinois, ... L'industrie française s'est repliée sur une industrie de niche.

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Message Publié : 15 Mai 2014 20:56 
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Jean Mabillon
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Je crois que le manque d'industrie de la machine-outil est une des conséquences de la défaite de 1870......Jusque là ,pour la fabrication de fusils et d'armes à grande échelle,la France du second empire était capable de produire tout elle même pour les Chassepots en 1866 or brutalement,il faut payer des milliards à la Prusse qui ne vont pas s'investir dans l'industrie et,20 ans plus tard,quand il faut fabriquer en 1886 ,en grande quantité des nouveaux fusils et des canons.La France se tourne alors vers les Etats Unis pour acheter des machines,c'est plus rapide.....et ,nous n'avons pas à investir pour leur fabrication.....


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Message Publié : 15 Mai 2014 21:04 
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Grégoire de Tours
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@Narduccio, autant nous concentrer sur le sujet.

La dernière explication de Sir Peter rejoint mon dernier message en effet. Mais est-ce que ce type d'industrie demande un personnel particulièrement qualifié et spécialisé? Question naïve, mais fondamentale pour que je comprenne mieux.

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Message Publié : 15 Mai 2014 21:24 
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Jean Mabillon
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A mon sens oui,le problème sera patent dans le domaine de l'aéronautique de 1934 à 1940 : pas de machines pour produire des avions et,quand on se met à acheter des machines à l'étranger,nous n'avons pas de personnel formé à leur utilisation ,pour leur fabrication;mieux vaut ne pas en parler,il faut non seulement dominer de la trés fine mécanique ,mais aussi le domaine des qualités d'aciers,leur production et leur usinage .


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Message Publié : 15 Mai 2014 23:52 
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Adulith a écrit :
La dernière explication de Sir Peter rejoint mon dernier message en effet. Mais est-ce que ce type d'industrie demande un personnel particulièrement qualifié et spécialisé? Question naïve, mais fondamentale pour que je comprenne mieux.


Il faut bien voir que nous sommes dans ce qu'on pourrait nommer l'industrie de pointe. Pour obtenir des pièces d'une qualité industrielle, il faut des machines précises. Et pour obtenir ces machines, il faut un savoir-faire qui n'est pas à la portée de tout le monde.

Quand on parle d'usiner le filetage l'âme du canon du fusil, il faut usiner de manière assez précise un tuyau dans sa longueur. Sachant que plus le forêt est long, plus il a tendance à flamber et à dévier de l'axe de forage. Il faut donc percer avec la force nécessaire pour pénétrer dans la pièce. Mais en même temps, il faut maîtriser l'avance du foret pour éviter qu'il ne commence à dévier.

Mulhouse sera un moment un centre industriel français leader des machines textiles. Des industriels mulhousiens envoient leurs enfants en voyage d'étude en Angleterre. Ceux-ci reviendront avec le savoir-faire et ils vont aider au développement de cette industrie. Ils feront des machines textiles, ils feront des machines à vapeur, ils feront des locomotives. Pour les besoins de l'industrie textile, ils participeront à l'invention de la chimie des couleurs. Et quand les lois du Second Empire favoriseront l'industrie lyonnaise, ils iront à Bâle et ils participeront à la naissance des géants de l’industrie chimique. Et comme il n'y a pas de centres de formation adaptés, ils développeront l'apprentissage et des écoles spécialisées intégrées aux industries. Écoles qui deviendront indépendantes par la suite. En 1872, ils se replieront sur Belfort, ce qui donnera naissance à Alsthom. Ils iront aussi à Paris, comme les parents d'Edgar Brandt, qui créera l'entreprise qui deviendra Thomson-Brandt et qui est maintenant intégrée à Thalès.

Mais, il faut bien comprendre qu'on est vraiment à la pointe de l'industrie de l'époque. Pour la chimie, il y avait 3 centre, Lyon, Mulhouse et le Nord. Ces 3 centres dépendent de l'industrie textile qui s'est développée dans ces régions. Il me semble que c'est la même chose pour les machines textiles et pour les machines-outils qui servent à construire ces machines. Les machines textiles paraissent simples maintenant. Mais, à l'époque, c'était le summum de ce qu'on savait faire. Une machine à produire du tricot en bande, c'est des centaines de crochets qui prennent, nouent, relâchent du fil au bon rythme sans accrocs. certaines peuvent faire des torsades ou des motifs compliqués. C'est le début de l'automatisation. Les personnes qui travaillent dans l'industrie textile n'ont pas besoin d'un grand savoir-faire. Sauf pour celles qui règlent et entretiennent les machines. Mais, chez les fabricants de machines, il faut des ouvriers qui connaissent bien leur métier pour usiner parfaitement des pièces qui vont être soumises à des contraintes assez importantes. Mais, toute cette industrie va disparaitre. Pour l’industrie mulhousienne, ce sont les conséquences de l'annexion à l'Allemagne. Mulhouse était spécialisé dans les étoffes fines pour les modistes parisiennes. Et tout à coup, le marché français lui est interdit à cause des droits de douanes et il n'y a pas en Allemagne de marché équivalent. L'industrie textile du Nord prendra la relève. Et ce sont les destructions des guerres de 14-18 et de 39-45 qui la mettront à mal. Dès les années 1970, la machine-outil française s'est repliée dans des secteurs de pointe. Les machines-outils "courantes" seront américaines et allemandes. Puis japonaises, italiennes, coréennes, chinoises, indiennes, ....

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