Diablophil a écrit :
Michiel Adriansoon a écrit :
vous appelez "productivité" le coefficient multiplicateur entre le coût du travail et la valeur de la production correspondante (dans des exemples où la production n'emploie ni matières premières ni "capital physique"...). On n'a donc pas de raison de s'étonner que la part du travail dans la valeur ajoutée soit ici égale à 1/"productivité", il s'agit là de la définition que vous avez retenue initialement pour ce terme.
Ma définition de la productivité est exactement la même que celle que vous avez donnée. Nous pouvons si vous le souhaitez oter l'hypothèse (qui n'avait pas d'autre but que de simplifier la démonstration) que les entreprises données en exemple n'utilisent ni matières premières, ni consommations intermédiaires, ni capital physique, et vous verrez que le résultat (qui est de montrer que le fait qu'un entreprise utilise plus ou moins de travail qu'une autre ne présume en rien de la différence entre leurs coefficients de travail respectifs) sera identique.
en fait, je pensais aussi qu'appeler "productivité" le rapport "valeur-ajoutée"/"travail" et montrer ensuite que dans ce cas, le rapport "travail"/"valeur-ajouté" est égal à 1/"productivité" ressemble peut être plus à des mathématiques élémentaires qu'à une démonstration économique...
Diablophil a écrit :
Michiel Adriansoon a écrit :
"]je pense que le mot "productivité du travail" ne correspond pas réellement au concept décrit. Pour moi, on peut parler sans ambiguïtés de "productivité du travail", lorqu'on parle par exemple de nombre de tonnes de charbon extraites par heure de technicien, où éventuellement ramener ce tonnage à un équivalent monétaire en utilisant le cours moyen du charbon, on aura alors une productivité en € par heure dans un contexte commercial donné (cours du charbon...). Dés qu'on veut parler d'un rapport entre les valeurs, exprimées en unités monétaires, du travail fourni et des produits réalisés, on rentre dans un jeux commercial complexe, aussi bien de l'entreprise par rapport à ses salariés, que de l'entreprise par rapport à ses clients. Dans ce cadre le mot "productivité" me parait inadapté, sauf peut être dans des secteurs excessivement matures, où les cours sont considérés comme très stables et la conccurence particulièrement importante.
Je comprend bien votre objection, mais admettez qu'avec ce genre de réserves, il serait bien difficile de mener une analyse économique, quelle qu'elle soit.
Je pense que ce propos serait plus clair si on parlait plutôt de proportions entre rémunération du travail/capital/rente dans l'ensemble des rémunérations versées par l'entreprise, y compris après redistribution par l'état et y compris en comptant à priori comme rémunération du capital, la partie des bénéfices de l'entreprise réinvestie directement par elle-même, considérant que ces sommes sont réputées devoir générer des plus-values pour les détenteurs de parts sociales.
Dans ce cas :
- les taxes peuvent êtres considérées comme des rémunérations versées par l'entreprise à des travailleurs/capitalistes/rentiers, dont l'usage n'est pas décidé librement par eux-mêmes mais par l'état à leur place
- la valeur ajoutée correspond à l'ensemble de ces rémunérations (libres ou non...), plus les amortissements.
Diablophil a écrit :
Michiel Adriansoon a écrit :
à partir de la décomposition de la valeur ajouté d'une entreprise travaillant dans un secteur très mature en "quantité de travail" et "productivité du travail" (<=> ratio valeur ajoutée/"quantité de travail") vous nous proposez un exemple de société innovante "typique", avec une "quantité de travail" double et une "productivité de travail" également double. On comprends, à lire ces 2 exemples, que le patron de l'entreprise innovante est réputé apprécier et rémunèrer justement les apports de ses salariés à leur vraie valeur, alors qu'il est réputé être lui-même en position privilégiée par rapport à ses clients, puisqu'il peut apparement utiliser un coéfficient multiplicateur double de celui qui existe dans les secteurs matures alors même que ses frais annexes ne sont pas plus élevés.
Cette démonstration et les exemples qui l'accompagnent n'ont bien entendu aucune valeur autre que logique. Je me proposais simplement de démontrer que le fait qu'une entreprise utilise plus de travail qu'une autre ne permet aucunement de déduire que le coefficient de travail de la première est plus élevé que la seconde. Mais je ne suis pas sûr de bien vous comprendre, pourriez-vous être plus clair s'il-vous-plait ?
je pense qu'il y plusieurs remarques élémentaires pour essayer de "dégrossir" la question des rémunérations relatives tavail/capital/rente.
"Coefficient de capitalisation" : il parait clair que, toutes choses égales par ailleurs, une entreprise qui a besoin d'investissements importants par salarié, versera une proportion plus importante des "ses rémunérations" à "ses capitalistes" qu'une entreprise demandant sensiblement moins de capitaux par salarié. Cela peut se justifier par exemple par la rémunération du risque que prennent les investisseurs à confier leurs capitaux, puisque cette rémunération dépend du montant des capitaux et pas de la valeur ajoutée ou du chiffre d'affaire.
"Position commerciale" : les positions commerciales d'entreprises différentes peuvent être assez différentes, à la fois vis à vis de leurs salariés ("surenchère salariale"...), et, bien évidemment, vis à vis de leurs clients ("maturité des produits"...). A noter quand même que les entreprises n'existent durablement que si elles arrivent à tirer un bénéfice raisonnable de leur activité. De même, dans un système conccurentiel, un secteur permettant des bénéfices anormalements élevés à vocation à se saturer assez vite par développement des acteurs existants ou par arrivée de nouveaux acteurs.
Dans ces conditions, on peut croire que, hors phénomènes de croissance décroissance significative, la plus grande partie de l'avantage commercial que des entreprises peuvent tirer de la faible maturité de certains produits (innovation, luxe....) a vocation a être "perdu" par leurs dirigeants au bénéfice de leurs salariés, qui bénéficient eux aussi de la faible maturité du secteur.
......
Diablophil a écrit :
Michiel Adriansoon a écrit :
-en 1960 on partait d'une économie libérale pour aller progressivement vers une économie de plus en plus administrée et de moins en moins efficace. Le "bon souvenir" de cette époque doit donc probablement autant, sinon plus, au fonctionnement réel (ie libéral) de l'économie de 1960 qu'au discours politique des années 60, favorable à une économie administrée. Par ailleurs, l'effet "nostalgie/age d'or" a peut être aussi pour effet de faire admirer cette époque un peu plus qu'elle ne le mérite.
-en 1980 on vivait dans une économie très administrée et assez irationelle: génératrice de très lourdes inefficacités qui pesaient de plus en plus sur la richesse et sur le revenu réel des ménages.
Je suis très intéressé par ce que vous dites là, pourriez-vous développer et/ou donner des références (quitte à ouvrir un nouveau sujet) ?
A++
à l'époque on parlait beaucoup de "stagflation", cad d'une économie qui fonctionnait avec des taux d'inflation à 2 chiffres (dailleurs confiscatoires pour les économies des salariés...) sans générer de croissance.
Le discours économique qui a suivi ("supply siders"...) était assez largement une manière "politiquement correcte" de dire que beaucoup d'entreprises étaient administrées et non pas gérées, et qu'on se berçait d'illusions en croyant qu'on pourrait continuer longtemps à s'en tirer en dopant les chevaux avec les anabolisants du dr. Keynes plutot qu'en y installant des jockeys dignes de ce nom....