duduche19 a écrit :
On peut être précis tout en étant concis.
La démonstration, je vous prie. Mettez juste les grandes lignes.
sauf que les ouvrages de références les plus concis correspondant à ces concepts totalisent plusieurs centaines ou plusieurs milliers de pages...
Pour essayer d'être concis, je donne un ordre de raisonnement qui n'est pas forcément l'ordre suivi effectivement par l'auteur en son temps...
Ricardo réfléchit à l'origine des rémunérations et des revenus dans l'Angleterre du début XIXème. Il identifie clairement des rémunérations :
1- liées au travail "pur sucre" : par exemple le salaire journalier d'un ouvrier agricole
2- liées à la rente "pur sucre" : par exemple le fermage à long terme d'une exploitation agricole n'incluant pas les bâtiments & aménagements (çà existe en droit britannique...)
3- liées aux activités industrielles, hors travail et rente. Il s'agit typiquement de la rémunération d'un artisan ou patron de PME une fois déduite la "valeur" de son travail (point 1) et les coûts, imputés ou non, correspondant à la rente qui sont éventuellement inclus dans son activité (typiquement : loyers imputés ou non)
Ensuite Ricardo démontre que toutes les rémunérations réelles sont en fait des combinaisons de 1, 2 & 3 dans des proportions variées.
Pour un type de terre agricole donné, il établit des rêgles claires montrant la valeur de la rente associée à cette terre. Ces règles partent du rendement des cultures que l'on peut faire sur ces terres, comparé au rendement des "moins bonnes terres" que l'on cultive effectivement sur la période.
Pour faire synthétique : la moins bonne terre effectivement cultivée donne une rente = 0 mais rémunère le travail nécessaire pour cette culture, toutes les autres terres donnent une rente qui est égale au rendement de ces terres moins la valeur du travail nécessaire à la cultiver. Le travail étant considéré comme substituable, la valeur de ce travail est la même quelque soit la terre, donc en pratique égale à la rémunération apportée par la moins bonne terre effectivement cultivée (% de rente = 0...). Cette valeur peut évoluer dans le temps, essentiellement selon la démographie, puisque la démographie peut amener des défrichages ou des abandons de terres agricoles.
Les "capitalistes" sont typiquement des artisans ou des patrons de PME industrielles. Il investissent dans des ateliers, des stocks et de la trésorerie et ils ont souvent des employés, salariés ou payés à la tâche, qui reçoivent des rémunérations correspondantes à leur seul travail. Les "capitalistes" travaillent le plus souvent dans leurs entreprises et reçoivent donc dans ces cas une rémunération de leur travail, apprécié à la "valeur" du travail salarié équivalent. Dans tous les cas, ils reçoivent une rémunération supplémentaire liée à leur investissement dans la PME et au risque qu'ils prennent en faisant celà. Cette rémunération-ci est le 3ème type "de base" identifié par Ricardo.
La rémunération des employés de la PME est déterminée essenciellement par la valeur du travail "de base": ie. celui des ouvriers agricoles, revu éventuellement à la hausse si la PME demande des qualifications particulières, rares ou coûteuses à développer.
Sur la durée Ricardo considère que:
- la rémunération du travail de base et celle de la rente sont déterminées par la démographie. En pratique, si le nombre de travailleurs agricoles augmente, leur revenu baisse et la rente augmente en proportion. Par contre si leur nombre baisse, leur revenu augmente et la rente baisse.
- la rémunération des "capitalistes" est liée au fait que leurs produits sont originaux et modérément substistuables. Il prévoit une baisse de leur rémunération au motif que leurs produits deviendrait de plus en plus substituables ce qui doit avoir pour effet de peser sur, puis d'éliminer, leurs marges. Aujourd'hui on parlerait de "maturité indéfiniement croissante" des produits industriels....
Aujourd'hui, le raisonnement de Ricardo "tient très bien la route" pour les salaires et la rente agricoles, avec cette remarque que la population agricole a plutôt baissée et que les progrès techniques (engrais, machinisme.....) ont eu pour effet d'augmenter la production agricole à travail constant. Pour les industriels, il parait clair que le mécanisme prévu de croissance indéfinie de la maturité des produits manufacturés ne s'est pas produit.....