J'ouvre ce sujet suite à la discussion sur
l'antisémitisme d'Hiter.
Selon J. Attali, dans
Les Juifs, le monde et l'argent, les Juifs sont à l'origine du capitalisme en raison de leur religion qui leur permet le prêt à intérêt et les encourage à s'enrichir. (Je simplifie à l'extrême d'après le résumé de Noacyl, je précise que je n'ai personnellement pas lu ce livre).
On retrouve en partie les mêmes arguments avec la pensée protestante, qui pour qui l'enrichissement personnel est signe d'élection divine (voir en particulier M. Weber).
Je souhaiterais discuter de ces idées de l'influence de la religion sur le développement du capitalisme.
I. Le commerce des Juifs dans l'Antiquité
D'après l'Anicen Testament, les Hébreux n'ont rien de spécialement commerçants. Il s'agit plutôt d'un peuple guerrier, à l'exception de Joseph qui sauve l'Egypte en inventant les greniers (!) pour les années de vaches maigres et devient un riche courtisan de pharaon. Le royaume d'Israël a certes l'atout historique de se situer sur la route des caravanes entre l'Egypte, la Mésopotamie et l'Asie Mineure, mais les prédispositions au commerce s'arrêtent là.
Après la diaspora, les Juifs se disséminent en petites communautés dans tout le bassin méditerranéen. Ils tissent des liens commerciaux entre eux. Ici, peut-on dire qu'il y ait une différence de pratique avec les comptoirs Grecs et Phéniciens ?
II. Au Moyen-Age
Ici, les Juifs sont connus pour leur pratique du prêt à intérêt.
Mais plusieurs organisations, à commencer par l'Eglise Catholique, savent manier les fonds. L'ordre des Templiers brassait des sommes colossales, en particulier au moyen de la lettre de change - l'ancêtre du chèque.
Les banquiers Lombards étaient des créanciers de la Couronne de France.
De plus, les commerçants musulmans et Vénitiens, qui lançaient des expéditions commerciales lointaines (en caravane de chameaux ou en bateau, le principe est le même), devaient forcément comprendre le principe de l'investissement : ils devaient être capables de rassembler des fonds, puis d'en redistribuer le bénéfice à leur créancier.
En fait, la question à se poser est : au Moyen-Age, dans les mondes chrétiens et musulmans, y avait-il confusion entre le prêt à des individus pour l'achat de produits de première nécessité (ce qu'on pourrait appeler le "crédit à la consommation") et la prise de participation dans une entreprise (l'investissement) ? Il me semble que même le religieux le plus obtus est capable de condamner l'un... et de participer à l'autre.
III. Protestantisme et capitalisme
A la Renaissance, c'est l'essor des pays de religion protestante comme l'Angleterre et les Pays-Bas qui interpellent. Pourtant, les exemples ne manquent pas de catholiques ayant fait fortune, comme les Függer d'Augsbourg.
D'ailleurs, tout les pays ayant connu la Réforme n'ont pas forcément "décollé".
Qu'en pensez-vous ?
NB : ce sujet pourrait aussi bien trouver sa place dans "Histoire des religions", "Histoire de la pensée et des idées".