Alain.g a écrit :
La logique est qu'un royaume est une unité soumise durablement à un souverain avec des règles définies par l'écrit ou la coutume. L'empire est un rassemblement moins durable et extensible de royaumes ou de principautés, moins défini dans ses règles qu'un royaume, etc.
Cela me semble le type même d'explication
a posteriori : Les empereurs ne se sont jamais fait désigner et/ou couronner comme tels
parce qu'ils anticipaient sur le fait que leur institution ne durerait pas ! Vous avez le sentiment que Bonaparte choisit l'Empire parce qu'il se dit : "Un empire, c'est moins durable qu'un royaume" ? Non, il choisit l'empire parce que l'empire a une
signification particulière dans l'histoire occidentale des idées politiques.
Je n'arrive pas à retrouver qui a dit que l'empereur est d'abord porteur de
l'imperium. C'est vrai et cela veut dire plusieurs choses :
- La signification de la fonction royale est religieuse, le roi est en relation avec le divin d'une manière ou d'une autre. L'empereur, lui, est choisi,
élu par les hommes, et singulièrement, par l'armée ("élu" au sens originel de l'"acclamation", ancêtre du plébiscite). Sa signification est donc militaire.
- L'empire est donc, effectivement, le résultat d'une conquête. Par contraste, la royauté est un don (des dieux), et par conséquent, une possession personnelle.
- Mais si l'empire se constitue par la conquête, sa
finalité n'est pas la guerre, bien au contraire, c'est la paix. C'est ce que les légistes du MO appelaient le
kat-echon, disons l'espace, ou plus exactement la communauté des hommes au sein de laquelle règne la paix. C'est en cela que l'empire prévaut sur le royaume : Les royaumes étant des possessions personnelles, ils sont inscrits dans une lutte perpétuelle qui vise à l'élargissement de leur territoire ou l'accroissement de leurs ressources. En ramenant la pluralité à l'unité, l'empire restaure en même temps la paix à l'intérieur de ses frontières, et la garantit aussi longtemps qu'il est empire. Le modèle étant bien sûr la
pax romana.
- Aussi, la relation de l'empereur au(x) roi(s) n'est-elle pas, le plus souvent, d'ordre hiérarchique. L'empereur est plutôt un
primus inter pares, et a le rôle d'un arbitre dans les conflits entre monarques. A l'image d'Octave/Auguste, sa prééminence ne repose pas sur le pouvoir (potestas), mais sur l'autorité (auctoritas). C'est également cette autorité spirituelle que signifie la symbolique du couronnement par le pape.
D'où, le conflit entre l'empereur germain, couronné par le pape, et le roi de France, dont le royaume lui a été garanti, non pas par le pape, mais directement par Dieu -dit la doctrine de l'époque.
PS : Une constitution,
par définition, est écrite. Une "constitution coutumière", c'est un oxymoron.