alain.g a écrit :
J'ajoute pour Snake et Bergame qu'ils me paraissent confondre les théories sur le droit et la philosophie du droit avec le droit positif en vigueur en France [...]
Hitler a accédé comme Pétain au pouvoir légalement mais ils sont ensuite sortis complètement de la légalité, en créant à la place d'un régime démocratique, un régime à caractère fasciste, sans pluralité de partis, sans assemblée du peuple souverain élue , Hitler passant outre à une légalité qu'il méprise en se proclamant Fuhrer du Reich, confondant dès la mort d' Hindenburg les fonctions de chancelier et de Président de la République ...
Je suis d'accord sur le fond avec snake, ce sont des choses qui se discutent. Mais je suis aussi bien d'accord lorsqu'il dit qu'un certain nombre de préceptes qui nous paraissent évidents aujourd'hui ne sont communément acceptés en Occident qu'à partir de la seconde moitié du XXe s.
Mais ce à quoi je réponds, principalement, c'est à ce que je sens de dogmatique dans les positions de mes interlocuteurs, dogmatisme que alain.g explicite maintenant. Ce dogme, il peut être résumé ainsi : Légalité = démocratie. Et pas n'importe quelle démocratie, la démocratie qui repose sur les principes de la séparation des pouvoirs, de l'assemblée représentative élue -ne manque que le "rule of law" et nous aurons la parfaite définition de la démocratie
libérale.
Il s'agit donc pour vous, alain.g, d'ériger un certain nombre de préceptes effectivement communément acceptés
aujourd'hui en France (en Occident d'une manière générale) au rang de norme universelle et éternelle, à partir de laquelle vous jugez des régimes passés ou non-occidentaux.
Aujourd'hui, en France, on considère effectivement que la séparation des pouvoirs est un principe fondamental du droit constitutionnel. En 1930, ce n'était pas forcément le cas -Weimar en témoigne-, et la "séparation des pouvoirs" était vue par certains constitutionnalistes comme un affaiblissement du pouvoir -ce qu'il est d'ailleurs, objectivement, je crois, indépendamment du fait que l'on considère que ce soit une bonne ou une mauvaise chose.
De la même manière, lorsque vous semblez équivaloir "légalité" et "pluralité de partis", ou "légalité" et "assemblée du peuple souverain" : vous faites des équivalences qui sont sans doute valables pour vous et réfèrent à vos convictions personnelles, et ont du sens aujourd'hui -puisque nous vivons actuellement sous une constitution qui, effectivement, les associe- mais n'ont pas un caractère universel ni éternel.
A moins bien sûr que vous ne nous fassiez part de votre croyance en un droit naturel des hommes, valable pour tout homme du seul fait qu'il soit homme. Ce avec quoi, d'ailleurs, moi, je serais plutôt d'accord. Mais ce serait là de la philosophie, et ce ne répondrait plus en rien à notre question de départ qui, elle, est historique.
Et qui est, je vous le rappelle : "Le retour de De Gaulle s'est-il fait dans la légalité ?" A comprendre bien entendu : Dans ce qui était
alors la légalité -et pas ce qu'elle est
aujourd'hui.
Par ailleurs, je suis étonné des multiples références à Pétain et Hitler dans cette discussion, mais s'il faut dire les choses, je ne vois aucune raison de considérer pour ma part la prise du pouvoir par Hitler comme illégale -de même que celle de Pétain. Encore une fois, le régime nazi a beau ne pas avoir été démocratique -certes non !- je ne vois pas trop en quoi cela change quoique ce soit à la
légalité de la prise du pouvoir par Hitler -la question de sa
légitimité étant différente.
Mais je vais même aller au fond des choses, et vous dire qu'en ce cas précis, même la question de la légitimité du régime nazi ne me paraît pas évidente à trancher, et pour ma part, je penche plutôt du côté de l'idée que le régime nazi était parfaitement légitime. Ce pour une raison bien simple : Je ne vois pas trop quel autre critère de légitimité on peut proposer que le soutien populaire. Or, on ne peut ignorer que le régime nazi a bénéficié d'un large soutien populaire jusqu'à la fin.