C'est tout à fait louable de vouloir appeler un chat un chat, et je suis d'accord avec vous. Mais encore faut-il s'assurer des prémisses dont on part.
En l'occurence, j'aurais tendance à nuancer :
Polycarpe de M. a écrit :
Le socialisme est une doctrine bien définie, qui possède multiples influences, et qui par essence se donne pour but de former une nouvelle société.
Evidemment, si vous commencez par poser que le socialisme se donne pour but de changer la société, alors plusieurs implications logiques en découlent.
La première, c'est que le socialisme devient alors une doctrine
essentiellement révolutionnaire. Or, comme avec le concept de "révolution" s'associe aisément celui de "violence", il n'en faut pas beaucoup plus pour dénier toute légitimité politique au socialisme. Les mots ont un sens, en théorie politique plus qu'ailleurs.
Seconde implication, corollaire : Le socialisme est une doctrine qui a, disons, deux siècles. On peut sans doute proposer qu'elle s'est toujours plus ou moins opposée doctrinairement, dans ses différentes versions, au libéralisme, voire, au capitalisme (si l'on considère que le capitalisme est une doctrine, ce qu'ont fait effectivement un certain nombre de socialistes). Lorsque vous dites que le socialisme, par essence, veut "former une nouvelle société", vous partez donc implicitement du principe que la société
est capitaliste et/ou libérale.
Or, c'est une prémisse que ne partagent pas les théoriciens socialistes, et que, je crois, on n'est pas obligé de partager d'ailleurs. Une société n'est pas monocolore. D'ailleurs, une "société", c'est à peine si ça existe. Une société, c'est des hommes et des femmes, engagés dans des relations familiales, sociales, économiques, politiques, etc. Un élément qu'on retrouve dans plusieurs théories socialistes, et qui me semble donc, personnellement, assez propre à la doctrine socialiste dans son ensemble, c'est
justement le souci de
ne pas réduire l'ensemble des relations humaines et sociales aux seules relations économiques -ce qui, en revanche, caractérise assez bien la doctrine libérale.
En conséquence,
l'essence de la doctrine socialiste, comme vous dites, c'est moins de former une
nouvelle société -comme si la société actuelle était (et avait toujours été, depuis 200 ans) capitaliste et/ou libérale- que de
préserver des espaces de fraternité et de solidarité humaines face à la pénétration des mécanismes du marché dans des aspects toujours croissants de l'existence, et même de les
valoriser et de les développer autant que possible.